Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Les Echos" le 1er juillet 2005, sur le projet de loi habilitant le gouvernement à prendre, par ordonnance, des mesures d'urgence pour l'emploi, et le débat interne à l'UMP notamment sur le "contrat de nouvelle embauche".

Prononcé le 1er juillet 2005

Intervenant(s) : 

Circonstance : Examen du projet de loi d¿habilitation à l'Assemblée nationale à partir du 28 juin 2005

Média : Energies News - Les Echos - Les Echos

Texte intégral

Q - Comprenez-vous l'amertume des élus - y compris à l'UMP - qui regrettent, avec les ordonnances, que le Parlement soit dessaisi d'un sujet aussi essentiel que l'emploi ?
R - La procédure des ordonnances n'empêche pas le dialogue entre le gouvernement et les parlementaires. D'ailleurs, les députés s'expriment. La quasi-totalité des députés UMP votera la loi d'habilitation. Le 29 mai, les Français ont fait connaître leurs inquiétudes, voire leur détresse. Il y a urgence : c'est un texte important qui vise à faire bouger ce qui doit bouger.
L'attitude irresponsable de l'opposition qui a pris l'habitude de déposer des " murs d'amendements " sur les textes importants fait qu'aujourd'hui au minimum six mois sont nécessaires pour passer de l'intention à l'application d'une décision.
Q - Ce plan emploi est-il à même de remplir les deux dernières années du quinquennat ?
R - L'emploi est la première préoccupation des Français, nous avons tous un devoir de réussite, derrière Dominique de Villepin. L'immobilisme est toujours la solution la plus confortable, mais elle conduit aux pires déconvenues. On s'apercevra vite que le contrat nouvelle embauche est une excellente initiative. A titre personnel, je pense qu'il serait bon d'utiliser la procédure de l'expérimentation. Cela aurait l'avantage de rassurer ceux qui ont des inquiétudes.
Q - Est-ce à dire que, tel quel, le contrat nouvelle embauche est trop brutal ?
R - C'est la caricature qu'en fait l'opposition. Beaucoup de députés UMP estiment que l'expérimentation ne freinerait pas le développement de ce nouveau contrat, lequel ne remet pas en cause le droit du travail.
Q - Quels sont les chantiers que vous jugez prioritaires jusqu'en 2007 ?
R - Les Français veulent que nous nous occupions des problèmes quotidiens qui les concernent directement : emploi, pouvoir d'achat, sécurité, logement... Il faut également une politique industrielle dynamique et coordonnée, en insistant sur l'innovation, en réfléchissant à un aménagement de la fiscalité pour favoriser l'investissement industriel, et alléger celle qui pèse sur les entreprises soumises à la concurrence mondiale, pour les aider à maintenir l'emploi en France.
Il faut, aussi, une mobilisation de l'administration avec une culture du résultat en faveur de l'emploi : il n'est pas acceptable que des entreprises se trouvent en difficulté parce que des décisions administratives se font attendre ou ne sont pas cohérentes.
Q - L'année dernière, le gouvernement avait réagi à la fronde des élus UMP sur l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en repoussant le dossier de quelques mois. Faut-il s'y atteler ?
R - Ce n'est pas un dossier prioritaire. Mais il est vrai qu'il faut réfléchir à des mécanismes permettant de maintenir l'investissement, c'est-à-dire l'emploi, sur le territoire national.
Q - Le contrôle du groupe UMP est devenu un enjeu majeur entre chiraquiens et sarkozistes. Comment entendez-vous gérer cette question ?
R - Plus on se rapprochera des échéances de 2007, plus il y aura d'enjeux, et c'est normal. Aujourd'hui, il nous faut réussir la législature et le quinquennat de Jacques Chirac.
Ma priorité est d'éviter toutes divisions, qui conduiraient inéluctablement à un échec collectif. J'y mettrai toute mon énergie. Je suis le garant de l'unité du groupe UMP.
Q - Il n'empêche que vous vous affichez, ce week-end, avec Nicolas Sarkozy.
R - Le principe de cette rencontre était prévu de longue date. Je me réjouis que les militants UMP de Haute-Savoie reçoivent le président de notre parti.
Q - Les députés du groupe sont-ils dupes de l'opération de séduction menée par le Premier ministre ?
R - Vous dites " opération de séduction " ; nous, nous disons qu'il travaille et qu'il fait tout pour réussir. Son écoute est une condition du succès du gouvernement et de sa majorité.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 4 juillet 2005)