Interview de M. Thierry Mariani, secrétaire d'Etat chargé des transports et co-fondateur de la Droite populaire, à RMC le 28 septembre 201, sur les propositions de la Droite populaire concernant les transports, les allocations sociales, la Justice, la fiscalité et le droit de vote des étrangers.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN Thierry MARIANI, bonjour.
 
THIERRY MARIANI Bonjour.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ministre des Transports, membre fondateur de la Droite populaire, 42 députés, je crois, de l’UMP.
 
THIERRY MARIANI Absolument !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est cela ! Bien, Thierry MARIANI, vous vous transformez en mouvement ouvert aux citoyens. Ca veut dire quoi ? Ce n’est pas un parti puisque vous faites toujours partie de l’UMP, mais c’est pour être plus entendu au sein de l’UMP.
 
THIERRY MARIANI Absolument. Tout simplement, écoutez, il n’y est pas question de se transformer en parti, on est au sein de l’UMP et on y est bien, simplement au sein de l’UMP il y avait des courants d’idées centristes, il y a des courants d’idées chrétiens démocrates, il y a des courants d’idées libéraux, eh bien il était temps, je pense, qu’il y ait un courant d’idées clairement identifié à droite dans la tradition républicaine mais qui assume très clairement ses convictions.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, je regarde les 80 propositions que vous présentez, réunies autour de douze grands thèmes. J’en prends : instaurer une TVA protection de l’emploi dans les domaines industriels et agricoles. C’est-à-dire ?
 
THIERRY MARIANI Et aussi les transports.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Les transports, oui.
 
THIERRY MARIANI Je vous prends un exemple très concret.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y !
 
THIERRY MARIANI Je suis ministre des Transports. Aujourd’hui, est-ce qu’on peut avoir éternellement des entreprises de transports qui survivent et qui sont les mieux-disants écologiques, les mieux-disants sociaux, les mieuxdisants en termes de temps de travail, et qui en même temps sont confrontés à la concurrence de pays soit de l’Union européenne à des coûts relativement bien plus bas, je pense par exemple à la Roumanie ou à la Bulgarie, soit des pays à l’extérieur de la communauté européenne ? Il faut rétablir les conditions de concurrence équivalentes, c’est tout ce qu’on demande.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est-à-dire que vous instaurez une TVA… je ne comprends pas très bien.
 
THIERRY MARIANI Une TVA, c’est-à-dire en clair de faire en sorte que certaines charges qui pèsent aujourd’hui sur les salaires, par exemple, soient transférées sous forme de TVA, c’est-à-dire que pour le consommateur ça change strictement, pour le client ça change strictement rien puisque ce qu’il y a en plus d’un côté vient en moins de l’autre, et par contre ça rétabli des conditions de concurrence équitables pour que les entreprises ne se délocalisent pas à l’étranger.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Soumission des revenus du capital, dividendes, plus-values immobilières, au barème de l’impôt sur le revenu, c’est l’une de vos propositions.
 
THIERRY MARIANI On est en période de crise.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
 
THIERRY MARIANI On est en période où la France a des dettes, et je pense que tout le monde doit y participer quels que soient ses revenus. C’est le sens des propositions des parlementaires.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ce n’est pas dans le budget, ça, 2012.
 
THIERRY MARIANI Ce n’est pas dans le budget, mais vous savez c’est une contribution. Le programme de l’UMP, le programme du candidat sera celui qu’il choisira, mais en ce qui concerne l’UMP on est en ce moment en période de débats, chacun apporte, j’allais dire ses idées, et puis on verra celles qui sont retenues.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, voilà, on verra celles qui sont retenues. Alors, je vois encore création d’un registre national centralisé des allocataires sociaux.
 
THIERRY MARIANI Ecoutez, dans notre groupe, Dominique TIAN, député des Bouches du Rhône, a beaucoup travaillé sur les fraudes sociales. C’est par exemple faire en sorte qu’il y ait une sorte de numéro unique, comme cela existe en Suède. En Suède, c’est un pays tout à fait, je pense démocratique. Ca permet simplement de retrouver plus facilement qui bénéficie de quoi et d’éviter les doublons quand ils sont volontaires, c’est-à- dire en clair d’éviter les fraudes.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, terminé le dogme de 80 % de bacheliers par tranche d’âge.
 
THIERRY MARIANI Parce qu’aujourd’hui on sait très bien que le bac c’est un diplôme qui a perdu de sa valeur, et l’apprentissage fait partie de ces filières, on voit ce qui se passe en Allemagne et qui débouche réellement sur des emplois. Le but c’est pas d’avoir le bac, le but c’est d’avoir un emploi, c’est d’avoir une formation, et arrêter ce dogme stupide qui avait été imposé à un moment. Il vaut mieux des gens ayant une bonne formation professionnelle avec un emploi que des gens ayant un bac qui débouche sur rien, parce que très souvent ils l’ont passé, j’allais dire au rabais, ils n’arrivent à rien ensuite.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Autour du thème « Garantir la justice sociale », vous proposez une taxe sur les revenus supérieurs à 250 000 €/an. Ca, c’est le gouvernement qui le propose aussi, là, j’ai vu. Mais vous, vous voulez qu’elle soit pérennisée
 
THIERRY MARIANI Ecoutez, je crois que l’essentiel aujourd’hui c’est de retrouver notre équilibre financier et d’arrêter finalement que les impôts des Français servent à payer les dettes que nous avons contracté, de gauche et de droite, il y a des années. …
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et ça continue.
 
THIERRY MARIANI Je crois que jusqu’à ce que la France retrouve une situation financière satisfaisante, c’est une idée que nous avons.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon. Et puis, l’instauration d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu à 45 %.
 
THIERRY MARIANI C’est l’une des propositions qui fait…qui, je le sais, ne fait pas l’unanimité au sein de notre groupe, mais l’idée est la même, c’est en fait de rétablir le plus rapidement possible un équilibre des finances. Et je constate que le gouvernement, et le projet de budget qui sera présenté tout à l’heure va exactement dans ce sens.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allocations familiales dès le premier enfant, là aussi ça ne fait pas l’unanimité, vous le savez.
 
THIERRY MARIANI Non, mais la politique familiale doit rester une priorité. Si la France aujourd’hui à une situation un peu particulière par rapport à nos voisins européens c’est parce qu’on a une natalité qui est forte et souvent… le coût de la natalité se manifeste dès le premier enfant. Donc, on souhaite, effectivement, que la politique familiale soit encouragée dès le premier enfant.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Fiscalisation des allocations familiales ou pas ?
 
THIERRY MARIANI Nous n’y sommes pas favorables.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous n’y êtes pas favorables. Bien, institution, dans le domaine de la sécurité, d’un seuil incompressible égal aux deux tiers de la peine prononcée.
 
THIERRY MARIANI Ce sont des propositions entre autres émises par Jean-Paul GARRAUD, qui au sein de notre groupe a beaucoup travaillé sur les questions de justice, et lui-même magistrat. Je crois que tous les Français n’admettent plus que certains délinquants soient libérés au bout d’une période assez courte. Deux tiers des périodes incompressibles, c’est ce qui existe dans certains pays. Vous savez, en matière d’environnement il y a le principe de précaution, je crois que les honnêtes citoyens ont droit aussi au principe de précaution.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Suppression de toutes les subventions aux associations venant en aide aux sans-papiers, je vois aussi.
 
THIERRY MARIANI Quand on est sans-papiers on bénéficie de l’AME, c’est-à-dire des soins de santé nécessaires, et c’est tout à fait bien, il n’est pas questions de le revoir. Simplement, de là à ce que contribuable finance en plus des associations qui permettent aux sans-papiers d’essayer de contourner la loi, ça s’appelle du masochisme ou de la stupidité. C’est ce qu’on veut supprimer.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, enfin des associations qui aident les sans-papiers aussi ça existe, Thierry MARIANI, non ?
 
THIERRY MARIANI Alors, mais, on ne parle pas des associations humanitaires.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon !
 
THIERRY MARIANI On parle des associations…non, non, pas du tout, que ce soit clair.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon, alors il faut préciser les choses. Bien, et Thierry MARIANI, une dernière chose, vous êtes tout à fait opposé au droite de vote des étrangers, même résidant en France depuis plus de dix ans.
 
THIERRY MARIANI Ecoutez, si on veut devenir Français on peut le devenir à condition de le demander, de parler le français, d’avoir un casier judiciaire vierge, au bout de cinq ans. Si on est en France depuis dix ans, ça veut dire que depuis cinq ans on aurait pu devenir Français, qu’on n’a pas souhaité le devenir. C’est tout à fait respectable, mais dans ce cas-là droit à participer à la vie civique, municipale ou nationale. C’est une proposition que le PS mettra en place si il est majoritaire aux présidentielles et aux législatives, c’est une proposition sur laquelle les députés de la Droite populaire sont très clairs : pas de droite de vote aux élections locales pour les non- Français et les non-Européens.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il faudra convaincre Nicolas SARKOZY sur ce point puisqu’il y est assez favorable, j’ai entendu.
 
THIERRY MARIANI Oh, je crois que depuis Nicolas SARKOZY a évolué.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a évolué, il n’est plus favorable.
 
THIERRY MARIANI Il a été très clair su cette question. Et puis, je vois la petite remarque que vous faites, il avait émis effectivement dans un de ses livres qu’il n’y était pas hostile à condition de réciprocité.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ! Non, non, pas que dans un livre, publiquement.
 
THIERRY MARIANI Oui, mais à condition de réciprocité.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. On a passé d’ailleurs le petit son de Nicolas SARKOZY tout à l’heure. Merci Thierry MARIANI dans tous les cas.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 4 octobre 2011