Texte intégral
Monsieur le président de lAssociation des Maires de France,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de lAssemblée nationale,
Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les maires,
Je veux vous dire que je suis heureux de madresser à nouveau à lassemblée générale de lAssociation des Maires de France. Je connais limportance de ce rendez-vous républicain qui permet léchange et le débat entre les pouvoirs publics et chacun dentre vous.
Nous avons voulu que cette année 2011 soit celle des outre-mer et permettez-moi donc de saluer avec amitié la présence de nombreux maires et adjoints venus des départements et des collectivités ultramarines. Je mesure les exigences de leur engagement. Plus encore que dans lHexagone, ils doivent faire face à des situations sociales difficiles, à des besoins toujours croissants déquipements publics et de services, à des risques naturels.
Avec Claude Guéant et Marie-Luce Penchard, je rends hommage à ces élus, qui, comme vous tous, sont les relais de notre République et de sa devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Ces trois mots ont un sens pour eux comme ils en ont un pour nous tous.
Depuis 2008, nous avons dû affronter trois crises majeures : la crise quon a appelée des subprimes puis celle de lendettement des États et aujourdhui, dune certaine façon, la crise de lEurope.
Jai déjà eu loccasion de dire que de mon point de vue, ces trois crises nen faisaient quune et révélaient une sorte de crise de civilisation et je veux en dire un mot à vous qui êtes des élus de la nation qui tenez entre vos mains une part de notre souveraineté nationale.
Je crois que lhistoire retiendra que les années 2008-2012 ont marqué la fin de la suprématie occidentale et le basculement vers lAsie dune grande partie de léconomie mondiale.
Cette mondialisation, ce nest pas un phénomène nouveau, cest en réalité un mouvement de lhistoire qui fait que des civilisations naissent ou renaissent quand dautres déclinent. Les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, demain, les pays du printemps arabe et lAfrique réclament leur part de la richesse mondiale. Et je veux dire quil est inutile et jai même envie de dire injuste de parler de compétition déloyale. La compétition était-elle loyale quand, à lépoque, nous exploitions les richesses naturelles de ces pays pour les transformer chez nous en biens de consommation que nous leur revendions ?
Devant le mouvement inéluctable de rattrapage des pays émergents, nous aurions dû transformer notre société, moderniser lorganisation de notre État et de notre territoire, accentuer notre productivité. Mais nous avons hésité. Nous avons perdu une part de nos richesses du fait de la concurrence sans, finalement, rien changer dans notre façon de vivre. Alors nous nous sommes endettés et nous nous sommes endettés comme la plupart de nos partenaires européens et comme pratiquement tous les grands pays industrialisés. Et désormais, cest toute lEurope qui doit surmonter une crise politique et financière qui est une crise qui met en danger soixante années de construction européenne.
Avec le président de la République, nous avons choisi notre stratégie. Dun côté, il faut plus dEurope politique pour résoudre cette crise, et de lautre, il faut continuer de moderniser la France et de réduire ses déficits.
LEurope dabord. Dans lurgence, nous mettons en place des instruments financiers pour résister à la spéculation et pour répondre à la peur des investisseurs. Cest lobjet du Fonds européen de stabilité financière relayé par les débats qui ont toujours cours autour du rôle central de la Banque européenne. Mais la crise européenne a révélé autre chose, elle a révélé un grave défaut de gouvernance. Et finalement, cest là le nud du problème que nous affrontons aujourd'hui parce quaprès tout, des pays endettés, il y en a dautres. Les États-Unis sont plus endettés que nous. La Grande-Bretagne aura, cette année, un déficit de près de 9 % et pourtant, cest sur la zone euro que la foudre sest abattue. Et si elle sest abattue sur la zone euro, cest parce quau fond, les investisseurs ont senti quil y avait là une fragilité, une fragilité dans notre organisation politique.
Les compromis que nous avons élaborés depuis des années pour tenter de concilier les intérêts de chacun en Europe nont pas résisté à la violence de la réalité que nous devons affronter. Nous nous sommes dotés dune monnaie commune mais nous avons maintenant besoin des institutions politiques et financières qui peuvent seules assurer la pérennité de cette monnaie.
Dans lattente dune modification profonde des traités européens qui est nécessaire mais qui prendra nous le savons tous du temps, aujourd'hui, seule une union intergouvernementale très forte au sein de la zone euro nous permettra de résister aux coups qui ébranlent les liens que nous avons patiemment tissés depuis la Seconde Guerre mondiale entre les puissances européennes. Et vous savez bien quau cur de cette union intergouvernementale resserrée, il y a la France et lAllemagne. Le rapprochement franco-allemand, ce nest pas seulement un projet en soi, cest en vérité un point de départ pour entraîner lensemble du continent vers une nouvelle frontière, une zone euro puissante dont les économies, progressivement, convergent et qui ensuite éclaire le chemin de lUnion européenne dans la confrontation avec les nouvelles puissances.
LEurope doit se renforcer, elle doit se réinventer, mais chaque État doit aussi, dans ce contexte, faire son devoir. Tous les pays européens se sont engagés dans des politiques rigoureuses, parfois même nous le voyons autour de nous dans des politiques drastiques. Quils soient gouvernés par la droite ou par la gauche, le défi est le même, il faut maîtriser les dépenses publiques et il faut asseoir la croissance sur des principes sains et durables.
En France, depuis 1975, nous vivons à crédit. Cest ce cercle vicieux que nous devons stopper de toute urgence. Pour arriver à "0 déficit" dici 2016, qui est lengagement que nous avons pris, il faudra économiser plus de cent milliards deuros. Je veux dire quil est impensable de faire cela en augmentant exclusivement les impôts. Cela reviendrait à tripler limpôt sur le revenu ou à doubler la TVA. Il ny a donc pas dautre solution que de diminuer les dépenses et de moderniser nos structures si nous voulons, dans la durée, réussir la réduction de notre endettement.
Bien sûr, leffort relève dabord et avant tout de lÉtat et nous lassumons. Nous lassumons notamment cette année à travers lun des budgets les plus rigoureux depuis laprès-guerre qui prolonge quatre années de réforme de lÉtat, de réduction de ses personnels et de gel des dépenses. Mais cet effort, vous savez quil ne peut pleinement réussir que sil engage aussi toute la nation, à tous les niveaux. Et il est indispensable, dans ce contexte, que les collectivités locales, qui représentent un peu plus de 20 % de la dépense publique, y participent. Et je veux dire que dire cela, ce nest en aucune façon mettre les collectivités en accusation. LÉtat est au demeurant mal placé pour sériger en juge.
Non, dire cela, cest appeler à une prise de conscience générale et à un sursaut national. Cest faire appel à lintelligence des élus pour identifier les dépenses indispensables, pour faire les économies possibles, pour mutualiser les actions. Nos gestions la gestion de lÉtat, celle des collectivités locales sont intimement liées et il est donc absurde de jouer les uns contre les autres. Depuis de nombreuses années, lÉtat sendette, notamment pour financer les dotations de fonctionnement quil verse aux collectivités.
Pour nos partenaires européens, pour les marchés, pour les investisseurs, la situation des finances publiques, cest juste la réalité et il faut voir la vérité en face si on veut ensemble trouver des solutions qui nous permettront de redresser notre pays. La situation des finances publiques dans notre pays sapprécie au regard des budgets de lÉtat, des collectivités locales et des organismes sociaux. Il ny a pas de distinction, il ny a pas de séparation, il y a une seule France qui doit être unie dans leffort.
Jamais la question des finances publiques naura été à ce point au centre de notre avenir commun. Je mesure combien cette stricte discipline budgétaire qui nous est imposée contrarie notre vieille culture politique qui a souvent consisté à penser que lintendance suivra toujours nos idéaux. Eh bien je vous propose délever la question au niveau moral. Se désendetter, cest se libérer dune logique asservissante qui nest pas digne dune grande nation comme la nôtre. Se désendetter, cest conserver la maîtrise de notre destin politique, économique et social. En un mot, se désendetter, cest garantir à la République le pouvoir dagir selon sa conscience et non sous la pression extérieure. Se désendetter, cest enfin protéger nos enfants du plus cruel des maux, celui de payer une faute que leurs parents ont commise.
Nous devons être solidaires pour restaurer notre équilibre budgétaire, comme nous sommes solidaires pour faire face aux chocs qui ont touché les collectivités locales au cours des différentes phases de la crise. Et je veux dabord évoquer la question de laccès au financement des collectivités locales. Je sais quil sagit dun sujet de préoccupation essentiel pour vous. Jacques Pélissard a eu dailleurs loccasion de venir men parler à plusieurs reprises. Nous avons déjà apporté plusieurs réponses et dautres sont à létude.
Nous avons mobilisé trois milliards deuros sur les fonds dépargne des Français pour permettre de financer, à la fin de 2011 et au début de 2012 les projets dinvestissement des collectivités et des hôpitaux publics. Ces fonds sont distribués par la Caisse des Dépôts et Consignations et par le réseau bancaire et ils sont dès à présent mobilisables.
Jai bien entendu votre inquiétude sur la question de savoir si ces fonds seraient suffisants par rapport aux besoins des collectivités. Je vous indique dès aujourd'hui que nous sommes prêts, avec la Caisse des Dépôts et Consignations, à porter à cinq milliards le niveau de ces fonds pour faire en sorte que les dépenses de la fin de lannée et du début de lannée 2012 soient assurées.
Mais au-delà de cette mesure qui nest quune mesure durgence, nous sommes en train de constituer, avec la Caisse des Dépôts et la Banque Postale, un véritable pôle public destiné à prendre le relais auprès de vous de ce que le Crédit local de France puis Dexia ont pu être pendant des années. Cet établissement sera opérationnel dès le début de lannée prochaine et il proposera des offres qui seront complémentaires de celles des banques commerciales et qui seront un gage de simplicité, de sûreté et de transparence dans laccès au financement.
Vous avez, Monsieur le président Pélissard, pris linitiative de créer une Agence de financement des collectivités locales. Comme vous lavez indiqué, des travaux préparatoires approfondis ont été menés par vos équipes. Il y a eu un débat à lAssemblée nationale récemment et jai demandé aux ministres de préparer un rapport au Parlement pour la mi-février.
Je veux vous dire que jaccorde une très grande attention à cette initiative. Je sais limportance que vous y attachez et il me semble quil y a là un élément qui permettrait à la fois dassurer un complément avec la mise en place du pôle public et qui, en même temps, symboliserait cette mutualisation des moyens que, par ailleurs, nous appelons de nos vux.
Certains dentre vous sont plus particulièrement touchés par les conséquences des emprunts toxiques. Comme je my étais engagé devant vous il y a deux ans, lÉtat a signé avec le secteur bancaire une charte des bonnes pratiques parce quil faut dabord veiller à ce que les erreurs du passé ne se reproduisent pas aujourd'hui. Nous avons ensuite mis en place une médiation des emprunts toxiques. Nous avons cherché à faciliter lémergence de solutions qui ne peuvent pas être globales mais qui sont à rechercher au cas par cas, collectivité par collectivité.
À ce jour, je veux dire que cette médiation a été saisie dune centaine de contrats de prêts. Il y a eu environ 20 % dabandons de la médiation à linitiative de la collectivité et il y a eu, pour un tiers des contrats restants, une solution définitive qui est intervenue.
Je veux aujourd'hui vous inviter en tout cas ceux qui sont concernés par cette question à saisir la médiation et à accepter les restructurations de dettes tant que cest encore possible, cest-à-dire avant que les frais financiers ne senvolent.
Parmi nos marges de manuvre, il y a la péréquation. Nous lavons mise en place lannée dernière pour les départements. Le projet de loi de finances pour 2012 prévoit de létendre aux communes et aux intercommunalités. Dès 2012, deux cent cinquante millions deuros seront redistribués aux intercommunalités et aux communes ayant à la fois les ressources les plus faibles et les charges les plus importantes au regard du revenu par habitant de leur population. Ce critère est particulièrement favorable aux zones rurales. Le régime de montée en puissance de cette péréquation a été porté de cinq à six ans par lAssemblée nationale. Nous avons donc franchi, sous cette législature, un pas essentiel : nous inscrivons désormais durablement la péréquation dans une gestion équitable de la décentralisation.
Jusquen 2010, cette péréquation nintervenait quà la marge. Elle intervenait sur la progression de lensemble des dotations. Désormais, que ce soit sur les droits de mutation pour les départements ou que ce soit sur le Fonds de péréquation des recettes fiscales intercommunales, la péréquation concerne une partie significative des ressources des départements et du secteur communal.
Dans le domaine des finances locales, la réforme de la taxe professionnelle se met en place conformément aux objectifs. Elle avait un objectif clair, supprimer un impôt qui grevait les investissements des entreprises. Chacun s'accordait d'ailleurs à dire que c'était un impôt qui nuisait à notre compétitivité puisqu'il frappait l'investissement et non pas la valeur ajoutée. Deux ans après la réforme, les résultats sont globalement conformes à nos attentes. La charge fiscale sur le secteur industriel sest allégée et les principales contributions supplémentaires viennent des activités financières.
La réforme de la fiscalité locale reposait sur un principe clair de compensation aux collectivités locales. LÉtat a ainsi garanti quaucune collectivité ne verrait ses recettes diminuer du fait de la réforme de la taxe professionnelle. Il verse pour cela une dotation de compensation aux collectivités qui verraient leurs recettes fiscales diminuer. Je veux dire que cet engagement, nous le respectons et nous le respecterons. Il conduit lÉtat à revoir à la hausse de près dun milliard deuros le montant de la dotation de compensation versée en 2011. En loi de finances pour 2011, elle était prévue à hauteur de 2,5 milliards, elle sera finalement de près de 3,4 milliards. Ce montant est pris en compte dans le projet de loi de finances rectificative qui a été transmis au Parlement et le montant de la dotation de compensation versée à chaque collectivité lui a été notifié au début du mois de novembre.
Je sais que beaucoup dentre vous à juste titre se plaignent de la complexité de cette réforme de la taxe professionnelle et même si ce nest pas le cas partout dun appui parfois distant des services territoriaux de lÉtat. Cest la raison pour laquelle jai donné les instructions très précises et très fermes aux services financiers de lÉtat pour quils renforcent le concours quils vous apportent, en lien avec les associations départementales des maires.
À la demande du président de la République, à votre demande, nous avons ouvert le chantier des normes. Dès lété 2010, nous avons mis en place le moratoire sur les normes nouvelles applicables aux collectivités locales. La Commission consultative dévaluation des normes a commencé à fonctionner. Je veux dire que son regard, qui est celui des élus, a obligé les administrations à mieux doser et à mieux adapter leurs propositions de normes aux réalités de la vie des collectivités et aux moyens dont elles disposent. Cest une évolution progressive qui doit se poursuivre et qui doit, comme le président Pélissard la souhaité à linstant, samplifier dans les années qui viennent.
Je veux indiquer aussi que le travail considérable du sénateur Éric Doligé qui a identifié près de deux cent quatre-vingts mesures de simplification, sera de ce point de vue déterminant. Cest un immense chantier que nous avons ensemble ouvert. Nous avons aussi fait évoluer notre politique daménagement du territoire. Cela a commencé avec la création des pôles de compétitivité et des pôles dexcellence rurale.
Les Assises des territoires ruraux organisées en 2010 ont donné lieu à plusieurs décisions importantes. Il y a dabord eu la deuxième génération des pôles dexcellence rurale avec deux cent trente-cinq millions deuros à lappui, parce que vous aviez plébiscité la première génération qui avait donné de bons résultats. Il y a ensuite la mobilisation des investissements davenir pour le haut et le très haut débit qui est évidemment déterminant pour développer les services à nos concitoyens et les activités économiques dans les zones rurales. Nous avons lancé à lété 2010 un programme national qui rassemble tous les opérateurs privés, les collectivités territoriales et lÉtat pour atteindre lobjectif de 100 % des foyers couverts par le très haut débit. Neuf cents millions deuros sont aujourdhui disponibles pour soutenir les projets des collectivités qui sinscrivent en complémentarité avec linitiative privée. Je souhaite que les premières décisions de financement puissent être prises avant la fin de cette année. Et je rappelle que pour la première fois, les licences de quatrième génération de téléphonie mobile qui seront attribuées au tout début de lannée 2012, prévoient un déploiement simultané dans les territoires urbains et dans les territoires ruraux.
Il y a enfin la décision de financer les maisons médicales rurales, parce que vous savez bien que cette mise en commun des Cabinets médicaux et des services paramédicaux est essentielle pour maintenir une offre de soins de proximité. Deux cent trente et une maisons sur les deux cent soixante qui ont été financées, sont dores et déjà installées sur le territoire. Au cours de lannée 2011, ce sont presque cent projets supplémentaires qui ont été soutenus par lÉtat. Ce programme se poursuivra jusquen 2013.
Mesdames et Messieurs les maires, La décentralisation cela nest pas un dogme. Cest une démarche qui progresse et qui sadapte aux contraintes et aux enjeux de chaque époque. Notre organisation territoriale na dailleurs jamais cessé dévoluer et il serait paradoxal quen plein coeur de la mondialisation qui vient bousculer tous nos territoires, nous choisissions le statu quo et lémiettement de nos politiques locales, là où tout nous appelle à plus de cohérence territoriale et à plus de synergie des actions publiques.
Je sais que la réforme des collectivités territoriales a fait naître des inquiétudes parce quelle bouscule des traditions. Mais les buts de cette réforme sont légitimes, et la méthode qui est employée est raisonnable.
Nous avons voulu que cette réforme soit progressive et nous avons voulu quelle ne remette pas en cause les principes même de notre organisation. Vous savez bien, tous ceux qui côtoient dautres pays européens que bien de ces pays ont choisi des méthodes bien plus radicales pour regrouper les collectivités, pour regrouper les territoires. Cela nest pas le choix que nous avons fait parce que cest un choix qui nest pas conforme à notre tradition, à notre histoire, à notre géographie.
Nous avons privilégié la rationalisation de lintercommunalité et le rapprochement entre départements et régions, par le conseiller territorial. La loi aurait pu décider de son application quasi immédiate. Nous avons privilégié une période de transition jusquen 2014. Il était et il est essentiel de créer des entités plus puissantes : cest dailleurs tout lesprit de la réforme de lintercommunalité, dont je veux rappeler quelle a été engagée par Jean-Pierre Chevènement.
Je veux rappeler nos objectifs : Dune part, il sagit de réaliser une couverture intégrale du territoire par des intercommunalités, car on ne peut pas imaginer quà lavenir, compte tenu du développement de lintercommunalité, il y ait des territoires, il y ait des communes qui restent complètement à lécart de cette coopération. Et dautre part, il sagissait davoir des intercommunalités qui puissent mettre plus de moyens en commun pour offrir de meilleurs services à nos concitoyens. Tout en rationalisant les coûts.
Jai été longtemps maire et je connais les nécessités du regroupement communal que jai largement pratiqué en Sarthe. Mais je sais aussi les obstacles quil faut savoir franchir par la conviction, par le dialogue et par leffet dentraînement. Ma philosophie est très claire. Quand on a un accord suffisamment large, il faut avancer parce que les hésitations de quelques-uns ne peuvent pas éternellement bloquer la volonté fédératrice de tous les autres. Mais quand cet accord nest pas suffisamment robuste et consensuel, alors il faut prendre le temps nécessaire pour y travailler.
Je vois ici dans la salle, les élus de la communauté de communes de Brûlons et celle de Loué dans la Sarthe, ils brûlent damour depuis longtemps les uns pour les autres, pourquoi les empêcherions-nous de sunir dans les meilleurs délais. Mais je ne crois pas aux mariages forcés. Et je veux dire que partout où cest nécessaire, jai souhaité que le temps vous soit accordé pour que se dégagent des majorités délus en faveur des projets. Et ces majorités, Mesdames et Messieurs les Maires, seront constatées par la consultation des Commissions départementales de coopération intercommunale, même après la date du 31 décembre prochain. Cest ce que jai écrit récemment au président Pélissard.
Comme lui, jai la conviction que les élus doivent se faire entendre jusquau bout de la démarche. Cest un engagement que je prends et les ministres de lIntérieur et des collectivités locales ont donné des instructions aux préfets, pour que cet engagement soit respecté.
Jacques Pélissard a déposé une proposition de loi pour ajuster la réforme de lintercommunalité. Elle a déjà été examinée en commission, à lAssemblée nationale. Je suis et je veillerai à ce quelle soit inscrite à lordre du jour du Parlement.
Mesdames et Messieurs les Maires, dans cette salle, toutes les sensibilités politiques sont représentées et elles incarnent la vigueur de notre démocratie locale. Mais au-delà des logiques de Partis, au-delà de nos différences, vous savez bien quil y a des questions essentielles qui nous transcendent. Il faut adapter notre pays à la mondialisation si nous voulons préserver le meilleur de notre héritage. Et cela ne se fera pas sans quelques sacrifices. Il faut renforcer notre compétitivité et notre productivité pour aller chercher la croissance. Il faut réduire nos dépenses publiques pour retrouver des marges de manuvre et cela passe par une rationalisation de nos structures étatiques et locales.
Que nous soyons de droite, de gauche, du centre ou sans étiquette, nous avons ensemble un devoir de lucidité et un devoir daction. Lépoque que nous vivons peut nous sembler cruelle parce quelle déchire le voile de beaucoup dillusions anciennes. Mais cest un moment de vérité qui doit aussi nous apparaître salutaire. Salutaire, parce quil nest jamais bon de se réfugier dans le songe dune grandeur passée qui est contestée par des continents entiers qui réclament leur part de progrès.
Salutaire, parce que la France a des atouts et des forces dont chacun dentre nous détient une parcelle.
Parce que vous êtes, Mesdames et Messieurs les Maires, des élus plébiscités par les Français, vous avez, face aux bouleversements actuels un rôle de repère qui est plus éminent que jamais.
Génération après génération, le maire représente la permanence républicaine. Et cette permanence est dautant plus précieuse que les mutations du monde nous font ressentir le besoin de préserver ce quil y a de plus essentiel dans nos traditions et dans nos valeurs.
Pour moi, les maires de France sont bien plus que les interprètes de leurs communes. Ils sont bien plus que les gestionnaires de notre quotidien. Ils sont des élus dune vieille et belle Nation qui doit se battre pour se redresser et pour se relancer. Je vois en chacun dentre vous un acteur de notre redressement économique et financier parce que je ne dissocie pas nos devoirs.
Nous sommes tous au service de la République, et la République, aussi diverse soit-elle, na quun seul destin.
Mesdames et Messieurs les maires, cest ce message dunité et de volonté que je voulais aujourdhui partager avec lAssemblée des maires de France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 23 novembre 2011
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de lAssemblée nationale,
Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les maires,
Je veux vous dire que je suis heureux de madresser à nouveau à lassemblée générale de lAssociation des Maires de France. Je connais limportance de ce rendez-vous républicain qui permet léchange et le débat entre les pouvoirs publics et chacun dentre vous.
Nous avons voulu que cette année 2011 soit celle des outre-mer et permettez-moi donc de saluer avec amitié la présence de nombreux maires et adjoints venus des départements et des collectivités ultramarines. Je mesure les exigences de leur engagement. Plus encore que dans lHexagone, ils doivent faire face à des situations sociales difficiles, à des besoins toujours croissants déquipements publics et de services, à des risques naturels.
Avec Claude Guéant et Marie-Luce Penchard, je rends hommage à ces élus, qui, comme vous tous, sont les relais de notre République et de sa devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Ces trois mots ont un sens pour eux comme ils en ont un pour nous tous.
Depuis 2008, nous avons dû affronter trois crises majeures : la crise quon a appelée des subprimes puis celle de lendettement des États et aujourdhui, dune certaine façon, la crise de lEurope.
Jai déjà eu loccasion de dire que de mon point de vue, ces trois crises nen faisaient quune et révélaient une sorte de crise de civilisation et je veux en dire un mot à vous qui êtes des élus de la nation qui tenez entre vos mains une part de notre souveraineté nationale.
Je crois que lhistoire retiendra que les années 2008-2012 ont marqué la fin de la suprématie occidentale et le basculement vers lAsie dune grande partie de léconomie mondiale.
Cette mondialisation, ce nest pas un phénomène nouveau, cest en réalité un mouvement de lhistoire qui fait que des civilisations naissent ou renaissent quand dautres déclinent. Les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, demain, les pays du printemps arabe et lAfrique réclament leur part de la richesse mondiale. Et je veux dire quil est inutile et jai même envie de dire injuste de parler de compétition déloyale. La compétition était-elle loyale quand, à lépoque, nous exploitions les richesses naturelles de ces pays pour les transformer chez nous en biens de consommation que nous leur revendions ?
Devant le mouvement inéluctable de rattrapage des pays émergents, nous aurions dû transformer notre société, moderniser lorganisation de notre État et de notre territoire, accentuer notre productivité. Mais nous avons hésité. Nous avons perdu une part de nos richesses du fait de la concurrence sans, finalement, rien changer dans notre façon de vivre. Alors nous nous sommes endettés et nous nous sommes endettés comme la plupart de nos partenaires européens et comme pratiquement tous les grands pays industrialisés. Et désormais, cest toute lEurope qui doit surmonter une crise politique et financière qui est une crise qui met en danger soixante années de construction européenne.
Avec le président de la République, nous avons choisi notre stratégie. Dun côté, il faut plus dEurope politique pour résoudre cette crise, et de lautre, il faut continuer de moderniser la France et de réduire ses déficits.
LEurope dabord. Dans lurgence, nous mettons en place des instruments financiers pour résister à la spéculation et pour répondre à la peur des investisseurs. Cest lobjet du Fonds européen de stabilité financière relayé par les débats qui ont toujours cours autour du rôle central de la Banque européenne. Mais la crise européenne a révélé autre chose, elle a révélé un grave défaut de gouvernance. Et finalement, cest là le nud du problème que nous affrontons aujourd'hui parce quaprès tout, des pays endettés, il y en a dautres. Les États-Unis sont plus endettés que nous. La Grande-Bretagne aura, cette année, un déficit de près de 9 % et pourtant, cest sur la zone euro que la foudre sest abattue. Et si elle sest abattue sur la zone euro, cest parce quau fond, les investisseurs ont senti quil y avait là une fragilité, une fragilité dans notre organisation politique.
Les compromis que nous avons élaborés depuis des années pour tenter de concilier les intérêts de chacun en Europe nont pas résisté à la violence de la réalité que nous devons affronter. Nous nous sommes dotés dune monnaie commune mais nous avons maintenant besoin des institutions politiques et financières qui peuvent seules assurer la pérennité de cette monnaie.
Dans lattente dune modification profonde des traités européens qui est nécessaire mais qui prendra nous le savons tous du temps, aujourd'hui, seule une union intergouvernementale très forte au sein de la zone euro nous permettra de résister aux coups qui ébranlent les liens que nous avons patiemment tissés depuis la Seconde Guerre mondiale entre les puissances européennes. Et vous savez bien quau cur de cette union intergouvernementale resserrée, il y a la France et lAllemagne. Le rapprochement franco-allemand, ce nest pas seulement un projet en soi, cest en vérité un point de départ pour entraîner lensemble du continent vers une nouvelle frontière, une zone euro puissante dont les économies, progressivement, convergent et qui ensuite éclaire le chemin de lUnion européenne dans la confrontation avec les nouvelles puissances.
LEurope doit se renforcer, elle doit se réinventer, mais chaque État doit aussi, dans ce contexte, faire son devoir. Tous les pays européens se sont engagés dans des politiques rigoureuses, parfois même nous le voyons autour de nous dans des politiques drastiques. Quils soient gouvernés par la droite ou par la gauche, le défi est le même, il faut maîtriser les dépenses publiques et il faut asseoir la croissance sur des principes sains et durables.
En France, depuis 1975, nous vivons à crédit. Cest ce cercle vicieux que nous devons stopper de toute urgence. Pour arriver à "0 déficit" dici 2016, qui est lengagement que nous avons pris, il faudra économiser plus de cent milliards deuros. Je veux dire quil est impensable de faire cela en augmentant exclusivement les impôts. Cela reviendrait à tripler limpôt sur le revenu ou à doubler la TVA. Il ny a donc pas dautre solution que de diminuer les dépenses et de moderniser nos structures si nous voulons, dans la durée, réussir la réduction de notre endettement.
Bien sûr, leffort relève dabord et avant tout de lÉtat et nous lassumons. Nous lassumons notamment cette année à travers lun des budgets les plus rigoureux depuis laprès-guerre qui prolonge quatre années de réforme de lÉtat, de réduction de ses personnels et de gel des dépenses. Mais cet effort, vous savez quil ne peut pleinement réussir que sil engage aussi toute la nation, à tous les niveaux. Et il est indispensable, dans ce contexte, que les collectivités locales, qui représentent un peu plus de 20 % de la dépense publique, y participent. Et je veux dire que dire cela, ce nest en aucune façon mettre les collectivités en accusation. LÉtat est au demeurant mal placé pour sériger en juge.
Non, dire cela, cest appeler à une prise de conscience générale et à un sursaut national. Cest faire appel à lintelligence des élus pour identifier les dépenses indispensables, pour faire les économies possibles, pour mutualiser les actions. Nos gestions la gestion de lÉtat, celle des collectivités locales sont intimement liées et il est donc absurde de jouer les uns contre les autres. Depuis de nombreuses années, lÉtat sendette, notamment pour financer les dotations de fonctionnement quil verse aux collectivités.
Pour nos partenaires européens, pour les marchés, pour les investisseurs, la situation des finances publiques, cest juste la réalité et il faut voir la vérité en face si on veut ensemble trouver des solutions qui nous permettront de redresser notre pays. La situation des finances publiques dans notre pays sapprécie au regard des budgets de lÉtat, des collectivités locales et des organismes sociaux. Il ny a pas de distinction, il ny a pas de séparation, il y a une seule France qui doit être unie dans leffort.
Jamais la question des finances publiques naura été à ce point au centre de notre avenir commun. Je mesure combien cette stricte discipline budgétaire qui nous est imposée contrarie notre vieille culture politique qui a souvent consisté à penser que lintendance suivra toujours nos idéaux. Eh bien je vous propose délever la question au niveau moral. Se désendetter, cest se libérer dune logique asservissante qui nest pas digne dune grande nation comme la nôtre. Se désendetter, cest conserver la maîtrise de notre destin politique, économique et social. En un mot, se désendetter, cest garantir à la République le pouvoir dagir selon sa conscience et non sous la pression extérieure. Se désendetter, cest enfin protéger nos enfants du plus cruel des maux, celui de payer une faute que leurs parents ont commise.
Nous devons être solidaires pour restaurer notre équilibre budgétaire, comme nous sommes solidaires pour faire face aux chocs qui ont touché les collectivités locales au cours des différentes phases de la crise. Et je veux dabord évoquer la question de laccès au financement des collectivités locales. Je sais quil sagit dun sujet de préoccupation essentiel pour vous. Jacques Pélissard a eu dailleurs loccasion de venir men parler à plusieurs reprises. Nous avons déjà apporté plusieurs réponses et dautres sont à létude.
Nous avons mobilisé trois milliards deuros sur les fonds dépargne des Français pour permettre de financer, à la fin de 2011 et au début de 2012 les projets dinvestissement des collectivités et des hôpitaux publics. Ces fonds sont distribués par la Caisse des Dépôts et Consignations et par le réseau bancaire et ils sont dès à présent mobilisables.
Jai bien entendu votre inquiétude sur la question de savoir si ces fonds seraient suffisants par rapport aux besoins des collectivités. Je vous indique dès aujourd'hui que nous sommes prêts, avec la Caisse des Dépôts et Consignations, à porter à cinq milliards le niveau de ces fonds pour faire en sorte que les dépenses de la fin de lannée et du début de lannée 2012 soient assurées.
Mais au-delà de cette mesure qui nest quune mesure durgence, nous sommes en train de constituer, avec la Caisse des Dépôts et la Banque Postale, un véritable pôle public destiné à prendre le relais auprès de vous de ce que le Crédit local de France puis Dexia ont pu être pendant des années. Cet établissement sera opérationnel dès le début de lannée prochaine et il proposera des offres qui seront complémentaires de celles des banques commerciales et qui seront un gage de simplicité, de sûreté et de transparence dans laccès au financement.
Vous avez, Monsieur le président Pélissard, pris linitiative de créer une Agence de financement des collectivités locales. Comme vous lavez indiqué, des travaux préparatoires approfondis ont été menés par vos équipes. Il y a eu un débat à lAssemblée nationale récemment et jai demandé aux ministres de préparer un rapport au Parlement pour la mi-février.
Je veux vous dire que jaccorde une très grande attention à cette initiative. Je sais limportance que vous y attachez et il me semble quil y a là un élément qui permettrait à la fois dassurer un complément avec la mise en place du pôle public et qui, en même temps, symboliserait cette mutualisation des moyens que, par ailleurs, nous appelons de nos vux.
Certains dentre vous sont plus particulièrement touchés par les conséquences des emprunts toxiques. Comme je my étais engagé devant vous il y a deux ans, lÉtat a signé avec le secteur bancaire une charte des bonnes pratiques parce quil faut dabord veiller à ce que les erreurs du passé ne se reproduisent pas aujourd'hui. Nous avons ensuite mis en place une médiation des emprunts toxiques. Nous avons cherché à faciliter lémergence de solutions qui ne peuvent pas être globales mais qui sont à rechercher au cas par cas, collectivité par collectivité.
À ce jour, je veux dire que cette médiation a été saisie dune centaine de contrats de prêts. Il y a eu environ 20 % dabandons de la médiation à linitiative de la collectivité et il y a eu, pour un tiers des contrats restants, une solution définitive qui est intervenue.
Je veux aujourd'hui vous inviter en tout cas ceux qui sont concernés par cette question à saisir la médiation et à accepter les restructurations de dettes tant que cest encore possible, cest-à-dire avant que les frais financiers ne senvolent.
Parmi nos marges de manuvre, il y a la péréquation. Nous lavons mise en place lannée dernière pour les départements. Le projet de loi de finances pour 2012 prévoit de létendre aux communes et aux intercommunalités. Dès 2012, deux cent cinquante millions deuros seront redistribués aux intercommunalités et aux communes ayant à la fois les ressources les plus faibles et les charges les plus importantes au regard du revenu par habitant de leur population. Ce critère est particulièrement favorable aux zones rurales. Le régime de montée en puissance de cette péréquation a été porté de cinq à six ans par lAssemblée nationale. Nous avons donc franchi, sous cette législature, un pas essentiel : nous inscrivons désormais durablement la péréquation dans une gestion équitable de la décentralisation.
Jusquen 2010, cette péréquation nintervenait quà la marge. Elle intervenait sur la progression de lensemble des dotations. Désormais, que ce soit sur les droits de mutation pour les départements ou que ce soit sur le Fonds de péréquation des recettes fiscales intercommunales, la péréquation concerne une partie significative des ressources des départements et du secteur communal.
Dans le domaine des finances locales, la réforme de la taxe professionnelle se met en place conformément aux objectifs. Elle avait un objectif clair, supprimer un impôt qui grevait les investissements des entreprises. Chacun s'accordait d'ailleurs à dire que c'était un impôt qui nuisait à notre compétitivité puisqu'il frappait l'investissement et non pas la valeur ajoutée. Deux ans après la réforme, les résultats sont globalement conformes à nos attentes. La charge fiscale sur le secteur industriel sest allégée et les principales contributions supplémentaires viennent des activités financières.
La réforme de la fiscalité locale reposait sur un principe clair de compensation aux collectivités locales. LÉtat a ainsi garanti quaucune collectivité ne verrait ses recettes diminuer du fait de la réforme de la taxe professionnelle. Il verse pour cela une dotation de compensation aux collectivités qui verraient leurs recettes fiscales diminuer. Je veux dire que cet engagement, nous le respectons et nous le respecterons. Il conduit lÉtat à revoir à la hausse de près dun milliard deuros le montant de la dotation de compensation versée en 2011. En loi de finances pour 2011, elle était prévue à hauteur de 2,5 milliards, elle sera finalement de près de 3,4 milliards. Ce montant est pris en compte dans le projet de loi de finances rectificative qui a été transmis au Parlement et le montant de la dotation de compensation versée à chaque collectivité lui a été notifié au début du mois de novembre.
Je sais que beaucoup dentre vous à juste titre se plaignent de la complexité de cette réforme de la taxe professionnelle et même si ce nest pas le cas partout dun appui parfois distant des services territoriaux de lÉtat. Cest la raison pour laquelle jai donné les instructions très précises et très fermes aux services financiers de lÉtat pour quils renforcent le concours quils vous apportent, en lien avec les associations départementales des maires.
À la demande du président de la République, à votre demande, nous avons ouvert le chantier des normes. Dès lété 2010, nous avons mis en place le moratoire sur les normes nouvelles applicables aux collectivités locales. La Commission consultative dévaluation des normes a commencé à fonctionner. Je veux dire que son regard, qui est celui des élus, a obligé les administrations à mieux doser et à mieux adapter leurs propositions de normes aux réalités de la vie des collectivités et aux moyens dont elles disposent. Cest une évolution progressive qui doit se poursuivre et qui doit, comme le président Pélissard la souhaité à linstant, samplifier dans les années qui viennent.
Je veux indiquer aussi que le travail considérable du sénateur Éric Doligé qui a identifié près de deux cent quatre-vingts mesures de simplification, sera de ce point de vue déterminant. Cest un immense chantier que nous avons ensemble ouvert. Nous avons aussi fait évoluer notre politique daménagement du territoire. Cela a commencé avec la création des pôles de compétitivité et des pôles dexcellence rurale.
Les Assises des territoires ruraux organisées en 2010 ont donné lieu à plusieurs décisions importantes. Il y a dabord eu la deuxième génération des pôles dexcellence rurale avec deux cent trente-cinq millions deuros à lappui, parce que vous aviez plébiscité la première génération qui avait donné de bons résultats. Il y a ensuite la mobilisation des investissements davenir pour le haut et le très haut débit qui est évidemment déterminant pour développer les services à nos concitoyens et les activités économiques dans les zones rurales. Nous avons lancé à lété 2010 un programme national qui rassemble tous les opérateurs privés, les collectivités territoriales et lÉtat pour atteindre lobjectif de 100 % des foyers couverts par le très haut débit. Neuf cents millions deuros sont aujourdhui disponibles pour soutenir les projets des collectivités qui sinscrivent en complémentarité avec linitiative privée. Je souhaite que les premières décisions de financement puissent être prises avant la fin de cette année. Et je rappelle que pour la première fois, les licences de quatrième génération de téléphonie mobile qui seront attribuées au tout début de lannée 2012, prévoient un déploiement simultané dans les territoires urbains et dans les territoires ruraux.
Il y a enfin la décision de financer les maisons médicales rurales, parce que vous savez bien que cette mise en commun des Cabinets médicaux et des services paramédicaux est essentielle pour maintenir une offre de soins de proximité. Deux cent trente et une maisons sur les deux cent soixante qui ont été financées, sont dores et déjà installées sur le territoire. Au cours de lannée 2011, ce sont presque cent projets supplémentaires qui ont été soutenus par lÉtat. Ce programme se poursuivra jusquen 2013.
Mesdames et Messieurs les maires, La décentralisation cela nest pas un dogme. Cest une démarche qui progresse et qui sadapte aux contraintes et aux enjeux de chaque époque. Notre organisation territoriale na dailleurs jamais cessé dévoluer et il serait paradoxal quen plein coeur de la mondialisation qui vient bousculer tous nos territoires, nous choisissions le statu quo et lémiettement de nos politiques locales, là où tout nous appelle à plus de cohérence territoriale et à plus de synergie des actions publiques.
Je sais que la réforme des collectivités territoriales a fait naître des inquiétudes parce quelle bouscule des traditions. Mais les buts de cette réforme sont légitimes, et la méthode qui est employée est raisonnable.
Nous avons voulu que cette réforme soit progressive et nous avons voulu quelle ne remette pas en cause les principes même de notre organisation. Vous savez bien, tous ceux qui côtoient dautres pays européens que bien de ces pays ont choisi des méthodes bien plus radicales pour regrouper les collectivités, pour regrouper les territoires. Cela nest pas le choix que nous avons fait parce que cest un choix qui nest pas conforme à notre tradition, à notre histoire, à notre géographie.
Nous avons privilégié la rationalisation de lintercommunalité et le rapprochement entre départements et régions, par le conseiller territorial. La loi aurait pu décider de son application quasi immédiate. Nous avons privilégié une période de transition jusquen 2014. Il était et il est essentiel de créer des entités plus puissantes : cest dailleurs tout lesprit de la réforme de lintercommunalité, dont je veux rappeler quelle a été engagée par Jean-Pierre Chevènement.
Je veux rappeler nos objectifs : Dune part, il sagit de réaliser une couverture intégrale du territoire par des intercommunalités, car on ne peut pas imaginer quà lavenir, compte tenu du développement de lintercommunalité, il y ait des territoires, il y ait des communes qui restent complètement à lécart de cette coopération. Et dautre part, il sagissait davoir des intercommunalités qui puissent mettre plus de moyens en commun pour offrir de meilleurs services à nos concitoyens. Tout en rationalisant les coûts.
Jai été longtemps maire et je connais les nécessités du regroupement communal que jai largement pratiqué en Sarthe. Mais je sais aussi les obstacles quil faut savoir franchir par la conviction, par le dialogue et par leffet dentraînement. Ma philosophie est très claire. Quand on a un accord suffisamment large, il faut avancer parce que les hésitations de quelques-uns ne peuvent pas éternellement bloquer la volonté fédératrice de tous les autres. Mais quand cet accord nest pas suffisamment robuste et consensuel, alors il faut prendre le temps nécessaire pour y travailler.
Je vois ici dans la salle, les élus de la communauté de communes de Brûlons et celle de Loué dans la Sarthe, ils brûlent damour depuis longtemps les uns pour les autres, pourquoi les empêcherions-nous de sunir dans les meilleurs délais. Mais je ne crois pas aux mariages forcés. Et je veux dire que partout où cest nécessaire, jai souhaité que le temps vous soit accordé pour que se dégagent des majorités délus en faveur des projets. Et ces majorités, Mesdames et Messieurs les Maires, seront constatées par la consultation des Commissions départementales de coopération intercommunale, même après la date du 31 décembre prochain. Cest ce que jai écrit récemment au président Pélissard.
Comme lui, jai la conviction que les élus doivent se faire entendre jusquau bout de la démarche. Cest un engagement que je prends et les ministres de lIntérieur et des collectivités locales ont donné des instructions aux préfets, pour que cet engagement soit respecté.
Jacques Pélissard a déposé une proposition de loi pour ajuster la réforme de lintercommunalité. Elle a déjà été examinée en commission, à lAssemblée nationale. Je suis et je veillerai à ce quelle soit inscrite à lordre du jour du Parlement.
Mesdames et Messieurs les Maires, dans cette salle, toutes les sensibilités politiques sont représentées et elles incarnent la vigueur de notre démocratie locale. Mais au-delà des logiques de Partis, au-delà de nos différences, vous savez bien quil y a des questions essentielles qui nous transcendent. Il faut adapter notre pays à la mondialisation si nous voulons préserver le meilleur de notre héritage. Et cela ne se fera pas sans quelques sacrifices. Il faut renforcer notre compétitivité et notre productivité pour aller chercher la croissance. Il faut réduire nos dépenses publiques pour retrouver des marges de manuvre et cela passe par une rationalisation de nos structures étatiques et locales.
Que nous soyons de droite, de gauche, du centre ou sans étiquette, nous avons ensemble un devoir de lucidité et un devoir daction. Lépoque que nous vivons peut nous sembler cruelle parce quelle déchire le voile de beaucoup dillusions anciennes. Mais cest un moment de vérité qui doit aussi nous apparaître salutaire. Salutaire, parce quil nest jamais bon de se réfugier dans le songe dune grandeur passée qui est contestée par des continents entiers qui réclament leur part de progrès.
Salutaire, parce que la France a des atouts et des forces dont chacun dentre nous détient une parcelle.
Parce que vous êtes, Mesdames et Messieurs les Maires, des élus plébiscités par les Français, vous avez, face aux bouleversements actuels un rôle de repère qui est plus éminent que jamais.
Génération après génération, le maire représente la permanence républicaine. Et cette permanence est dautant plus précieuse que les mutations du monde nous font ressentir le besoin de préserver ce quil y a de plus essentiel dans nos traditions et dans nos valeurs.
Pour moi, les maires de France sont bien plus que les interprètes de leurs communes. Ils sont bien plus que les gestionnaires de notre quotidien. Ils sont des élus dune vieille et belle Nation qui doit se battre pour se redresser et pour se relancer. Je vois en chacun dentre vous un acteur de notre redressement économique et financier parce que je ne dissocie pas nos devoirs.
Nous sommes tous au service de la République, et la République, aussi diverse soit-elle, na quun seul destin.
Mesdames et Messieurs les maires, cest ce message dunité et de volonté que je voulais aujourdhui partager avec lAssemblée des maires de France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 23 novembre 2011