Texte intégral
Madame la députée-maire, chère Brigitte BARÈGES,
Monsieur le ministre [Jean-Michel BAYLET si présent],
Madame et messieurs les parlementaires,
Monsieur le préfet [Fabien SUDRY],
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le directeur général de loffice de protection des réfugiés et apatrides [Jean-François CORDET],
Monsieur le directeur général de loffice français de limmigration et de lintégration [Jean GODFROID],
Je suis venu aujourdhui à Montauban pour parler de lavenir de notre système dasile.
Cela faisait plusieurs semaines que Brigitte BAREGES, votre députée-maire malertait sur les tensions perceptibles ici autour des questions liées à la demande dasile.
En allant visiter le CADA de Monclar de Quercy, puis le centre-ville de Montauban, jai pu mesurer à la fois lengagement de ceux qui oeuvrent quotidiennement au service de cette fierté nationale quest lasile, mais aussi des difficultés qui sont rencontrées localement sur ce sujet.
Je le dis sans exagération ni volonté polémique : notre système dasile est en danger. Comme ministre en charge de lasile, je souhaite engager les réformes qui sont aujourdhui nécessaires.
Lexplosion de la demande dasile est la principale cause de ce danger.
En trois ans, elle a augmenté de près de 50% à léchelle nationale, pour atteindre près de 53.000 demandes en 2010. Elle augmente encore en 2011. La France est ainsi le deuxième pays du monde, après les Etats-Unis, pour la demande dasile et le premier pays dEurope.
Dans le passé, notre pays a déjà connu deux crises de lasile, en 1989 et en 2003. Ainsi, la demande dasile a plus que doublé entre 1987 et 1989, passant de 28 000 à 61 000. Elle a de nouveau connu une accélération importante du fait de la situation en ex-Yougoslavie, passant de 30 000 en 1999 à 52 000 en 2003.
Face à ces deux crises, des réformes ont été mises en uvre, comme la révision de la législation sur le séjour des étrangers, la suppression du droit au travail des demandeurs dasile, ou encore la réforme des procédures dexamen des demandes dasile. Ces mesures ont alors fait la preuve de leur efficacité.
Laugmentation enregistrée aujourdhui présente une particularité : elle ne se traduit pas par un nombre plus important de personnes obtenant le statut de réfugié.
Ce constat accrédite lidée que notre système dasile est détourné par des abus, par des demandes formulées à des fins dimmigration économique, qui sappuient fréquemment sur des filières organisées.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lévolution de la demande dasile a évolué à laune des crises nationales ou internationales qui ont contraint des populations à fuir répressions politiques, guerres civiles, violence armée.
Souvenons-nous de lexode de milliers de ressortissants hongrois fuyant la répression soviétique à la suite du soulèvement de Budapest en 1956. Souvenons-nous, aussi, de leurs voisins tchèques réprimés par les troupes du pacte de Varsovie lors du printemps de Prague de 1968. Notre pays senorgueillit de toujours les compter sur son territoire ; ils sont aujourdhui devenus citoyens européens à part entière.
Souvenons-nous des peuples martyrs du Sud-Est asiatique, contraints de sentasser dans des bateaux de fortune, les « boat-people », cherchant à échapper aux camps de rééducation. Notre pays les a protégés, et 30.000 vivent aujourdhui chez nous.
De même, 15.000 réfugiés originaires dex-Yougoslavie vivent en France après avoir fui lépuration ethnique. De même, à la suite des conflits en Afrique centrale, la France accueille 20.000 ressortissants de ces contrées.
La France a toujours su offrir sa protection aux opprimés et aux victimes des régimes bafouant les droits de lhomme. Cest notre honneur. Mais il ne faut pas, pour autant, manquer de lucidité.
Aujourdhui, en effet, une partie très importante de la demande dasile nest plus déterminée par les risques que les demandeurs sont susceptibles dencourir dans leur pays. De nombreuses demandes émanent de ressortissants de pays devenus démocratiques, ou qui se sont résolument engagés, et progressent rapidement, sur la voie de la démocratie.
Ce sont ainsi les fondements de lasile qui sont sapés et qui minent un droit, une tradition, à laquelle notre pays dans son entier est profondément attaché. Cette situation met en péril lensemble de notre système dasile, au détriment des demandeurs de bonne foi :
* les délais dexamen des demandes dasile ont dérivé. De 15 mois en moyenne en 2007, ils sont passés à près de 20 mois en 2010. Cette dérive constitue une aubaine pour les personnes utilisant la demande dasile dans le seul but de se maintenir sur notre territoire. Les demandeurs dasile de bonne foi, réellement en danger dans leur pays, sont les premières victimes de ces détournements ;
* nos capacités dhébergement sont saturées. Le Gouvernement a pourtant mobilisé des moyens très importants, qui pèsent sur les finances publiques : en 2011, nous avons satisfait toutes je dis bien toutes- les demandes de moyens supplémentaires formulées par les préfets. Dès septembre, cest-à-dire bien avant la période hivernale, jai délégué une dernière enveloppe de crédits dun montant de 37 M qui couvre les besoins complémentaires recensés par les préfets. Au total, la dépense dhébergement représente, pour lannée, une dépense de 334 millions deuros. Globalement, nous dépensons chaque année un demi-milliard deuros pour faire vivre le droit dasile.
Du fait de la saturation de nos capacités dhébergement, ce sont aujourdhui les structures dhébergement durgence sociale qui sont de plus en plus occupées par des demandeurs dasile alors quelles sont dédiées, en principe, à lhébergement des sans-abri pendant la période hivernale. Jen ai parlé récemment avec Benoist APPARU.
Des élus de tous bords malertent sur ces tensions. A Angers, à Dijon, à Rennes, des difficultés croissantes sont constatées.
Aujourdhui, les personnes réellement en danger de persécution pâtissent de cette situation. Je ne laccepte pas car lasile est une tradition que la France fait vivre depuis des siècles et dont elle a toutes les raisons dêtre fière.
Le droit dasile nous vient de ce quil y a de plus beau et de plus cher dans notre histoire. Il nous vient des Grecs qui appelaient asulon ce qui est inviolable et qui, les premiers, lont expérimenté. Il a traversé le Moyen-âge français, pendant lequel des immunités pouvaient bénéficier à des personnes poursuivies et persécutées, qui étaient alors recueillies dans des monastères ou des couvents. Il a été affirmé avec force à la Révolution. Et en 1946, cinq ans avant la signature de la convention de Genève, le préambule de notre Constitution a proclamé que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit dasile sur les territoires de la République ».
Cest cela que je veux sauvegarder.
Nous devons aujourdhui nous donner les moyens de discerner les demandes dasile opportunistes. Nous devons améliorer la gestion des conditions daccueil des demandeurs dasile, pour, notamment, mieux les répartir sur le territoire. Et nous devons tirer les conséquences des décisions définitives de rejet.
La France accueille les demandeurs dasile, elle protège les réfugiés, mais les déboutés du droit dasile sont des étrangers en situation irrégulière comme les autres.
Dautres pays en Europe, parce quils sont confrontés aux mêmes difficultés, se sont ou vont sengager sur la même voie. Il en va ainsi en Grande-Bretagne.
Il en va de même dans dautres pays, comme lAllemagne ou la Belgique, qui ont amorcé une réforme de leur système dasile dès les années 1990. Les Pays-Bas envisagent aussi de réformer leur système dasile. Il sagit donc dun mouvement densemble dans lequel je souhaite inscrire la France.
Nous devons, dabord, nous donner les moyens de mieux discerner les demandes dasile infondées qui portent préjudice aux demandeurs de bonne foi.
Dans cet esprit, la question dune extension de la liste des pays dorigine sûrs doit être posée. Les ressortissants de ces pays peuvent bien sûr demander lasile en France, mais leur demande est alors examinée selon une procédure accélérée.
Il sagit dun outil prévu par le droit européen. Le Kosovo était devenu la première nationalité de demande dasile, sans véritable justification au regard de la situation intérieure de ce pays. Grâce aux mesures que nous avons prises, ce nest plus le cas : son inscription sur la liste a fait baisser de plus de 38% de la demande dasile kosovare.
Lévolution de la situation intérieure de chacun des pays doit nous amener régulièrement à revisiter la liste pour en vérifier la pertinence. En fonction des éléments nouveaux dont nous disposons, il faut se poser régulièrement la question de son extension. Et cest au conseil dadministration de lOFPRA de décider.
LArménie pourrait intégrer cette liste. Elle figure en effet toujours parmi les dix premières nationalités de demande dasile en France, alors même que la crise politique qui a frappé ce pays en 2008 est aujourdhui surmontée. La mesure damnistie annoncée en mai dernier en atteste.
La question peut se poser aussi pour le Bangladesh. Il sagit cette année de la première nationalité de demande dasile, alors que la situation du pays a évolué et ne le justifie pas. Un rapport récent de lOFPRA, qui a dépêché une mission dobservation sur place, me lindique.
Je pense aussi au Monténégro et à la Moldavie. Leur inscription sur la liste des pays sûrs serait une mesure de cohérence, en raison des liens de ces pays avec lUnion européenne.
Ces mesures seront proposées prochainement à lapprobation du conseil dadministration de lOFPRA, car un consensus semble se dégager dans les institutions appelées à se prononcer sur la situation dans ces pays. Le conseil dadministration délibèrera ; il me semble, en tout état de cause, que la question de ces pays doit être posée.
Je demande aussi au secrétaire général à limmigration et à lintégration de favoriser lélaboration dune doctrine commune à lOFPRA et à la cour nationale du droit dasile sur la situation des pays dorigine, comme cela existe au Royaume-Uni et en Allemagne.
Dissuader les demandes infondées, cest aussi mieux appliquer le règlement de Dublin pour décharger notre système dasile.
Ce texte nous permet de faire réadmettre dans un autre Etat européen un demandeur dasile qui a transité par cet Etat avant dentrer en France. Il faut en exploiter toutes les potentialités.
Je souhaite donc que nous nous donnions les moyens juridiques de sanctionner les comportements de soustraction à la réadmission . Je souhaite également que nous engagions la négociation daccords administratifs avec nos principaux partenaires sur ce sujet, comme le permet le règlement Dublin, afin de simplifier les procédures et de réduire les délais dinstruction des requêtes.
Dissuader les demandes infondées, cest enfin leur réserver un traitement procédural qui ne doit pas être le même que pour les demandes de bonne foi.
Le régime de la procédure prioritaire nous permet déjà en partie de répondre à cet objectif. Je souhaiterais quavec lOFPRA et la CNDA, on explore la possibilité daller plus loin. Cela permettrait de distinguer, parmi les décisions de lOFPRA, celles qui correspondent à des demandes manifestement infondées. Une décision de refus de séjour pourrait être prise plus rapidement par le préfet.
Dans un contexte budgétaire difficile, nous devons améliorer la gestion des conditions daccueil des demandeurs dasile.
De loi de finances en loi de finances, nous avons considérablement investi pour mettre à niveau ces conditions daccueil.
Le Gouvernement a renforcé les moyens de loffice français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et de la cour nationale du droit dasile (CNDA), afin de réduire les délais dinstruction : 45 agents supplémentaires pour lOFPRA, et doublement en 2 ans du nombre de rapporteurs à la CNDA. Ce renforcement est intervenu au début de lannée 2011, et sera poursuivi en 2012.
Ces efforts commencent à porter leurs fruits. Ils permettent denvisager que la durée moyenne globale dexamen des demandes soit ramenée à 12 mois dès 2012. Je veux rendre un hommage particulier aux agents et aux juges de ces deux institutions, qui mettent leur talent au service dune mission difficile.
Nous finançons 21.500 places en centre daccueil des demandeurs dasile. Il faut y ajouter 20.000 places dhébergement durgence spécifiquement dédiées aux demandeurs dasile. Et nous finançons une allocation temporaire dattente à 37.000 demandeurs.
En 2011, laccueil des demandeurs dasile représentera un budget de près de 500 millions deuros, à la charge de lEtat. Les dotations budgétaires sont réévaluées dannée en année afin de prendre en compte la croissance de la demande dasile.
Les efforts budgétaires simposent à tous et la modération des dépenses publiques simpose aussi à notre politique dasile.
Je proposerai donc prochainement des mesures législatives réduisant la dynamique de la dépense daccueil des demandeurs dasile. Le droit européen ouvre des solutions que nous pouvons utiliser.
Ainsi, le droit européen exige quune personne souhaitant demander lasile le fasse « dans les meilleurs délais raisonnables » après son entrée sur le territoire. En Grande-Bretagne, une demande est considérée tardive, trois jours après lentrée sur le territoire. Je retiens, quant à moi, le seuil de 90 jours. Ce délai est cohérent avec la durée dun visa de court séjour. Et il prend en compte le temps qui peut être nécessaire, psychologiquement, pour verbaliser le fond de la demande : il sagit là dune préoccupation dhumanité vis-à-vis de ceux qui ont souffert de persécutions dans leur pays. Au-delà de ce délai, lhébergement du demandeur tardif ne serait plus assuré dans les structures dédiées aux demandeurs dasile.
De même, les demandeurs dasile qui fraudent ou ne coopèrent pas loyalement avec ladministration peuvent, aujourdhui, continuer de bénéficier dun hébergement ou dune prestation sociale. Nous proposerons au Parlement de suspendre le droit aux prestations dans ces cas.
De manière plus générale, la gestion des structures daccueil des demandeurs dasile doit être revue.
En août dernier, jai instauré de nouvelles normes de gestion des structures dhébergement des demandeurs dasile. Ces normes sont majoritairement acceptées comme des normes de bonne gestion. Elles touchent, notamment, aux missions des centres daccueil des demandeurs dasile et au ratio dencadrement dans ces centres.
Ce dispositif va être complété.
Les préfets seront ainsi encouragés, lorsque cela savère nécessaire, à moduler les moyens alloués aux gestionnaires de CADA accueillant des demandeurs dasile déboutés. La générosité qui inspire et doit inspirer notre politique de lasile, nexclut pas la lucidité sur les détournements et les effets daubaine qui mettent en péril notre dispositif daccueil.
De même, nous irons plus loin dans la standardisation des missions assurées par les CADA et les plateformes daccueil. Par exemple, les conditions de financement de « laide au récit des demandeurs dasile » doivent être harmonisées afin de mettre fin aux dérives constatées sur le terrain.
Enfin, le droit à hébergement des demandeurs dasile, ne donne pas le droit de choisir son lieu dhébergement.
Les demandeurs dasile choisissent la France pour ce quelle représente, et aussi parce quelle leur garantit un examen loyal, attentif et contradictoire de leur dossier. Mais le choix de la France ne doit pas forcément devenir un choix du lieu précis de la place dhébergement financée par lEtat. Ladministration doit pouvoir décider du lieu de lhébergement temporairement à disposition du demandeur dasile, qui pourra, ensuite, sétablir où il le souhaite si le statut de réfugié lui est accordé.
Or, nous constatons, localement, des logiques dagrégation communautaire qui se renforcent. Il en va ainsi dans des villes, moyennes ou grandes, où nous constatons des détournements du droit à hébergement. Par ailleurs, nous savons aussi que la saturation des capacités dhébergement touche certaines régions plus que dautres. Nous devons mieux répartir, territorialement, lhébergement des demandeurs dasile.
Cest un problème qui se pose tout particulièrement à Montauban. Brigitte BAREGES men a parlé à plusieurs reprises. Il faut reconnaître que la mise en place de la plateforme daccueil a suscité un afflux important de demandeurs dasile, hors de proportion avec la taille et la capacité daccueil de lagglomération de Montauban. Ne nous cachons pas les choses : lexistence de la plateforme est certainement à lorigine des difficultés constatées ici.
Il faut reconnaître aussi que la présence dune plateforme à Montauban nest pas indispensable. Dans la majorité des régions, il ny a quune seule plateforme, souvent implantée au chef-lieu de région. Dans certains cas, on a créé une seconde plateforme parce que la région est très densément peuplée, ou quil existe deux pôles urbains importants. Mais ce nest pas le cas de la région Midi-Pyrénées.
Il faut reconnaître, enfin, que le choix de Montauban pose une vraie question au regard de la géographie de la région. Il y a déjà une plateforme à Toulouse, et on en a installé une deuxième à 60 kilomètres de là, dans la ville de préfecture la plus proche, alors que le bon sens aurait commandé de veiller à un meilleur équilibre territorial.
Pour toutes ces raisons, jai décidé de supprimer la plateforme daccueil de Montauban. Ses missions seront reprises par celle de Toulouse.
Cela ne veut pas dire que Montauban et le Tarn-et-Garonne naccueilleront plus de demandeurs dasile. Ils prendront toute leur part, dans le cadre de la régionalisation de lhébergement des demandeurs dasile. Voilà une évolution qui me paraît conforme à la justice et au pragmatisme.
Plus largement, je souhaite améliorer, à léchelle nationale, la manière dont nous gérons les prestations daccueil des demandeurs dasile.
Jentends rationaliser lhébergement des demandeurs dasile. Nous nous doterons, dici la fin de lannée, dun dispositif national de contrôle et de régulation pour casser les logiques de regroupement communautaire, parfois suscitées par des filières qui senrichissent sur la misère humaine.
A cette fin, les préfets de région auront rapidement la possibilité de gérer lintégralité des places dhébergement dédiées aux demandeurs dasile. Ils pourront affecter ces demandeurs entre les départements dune même région ou au besoin envisager, dans le cadre dune régulation nationale supervisée par le secrétariat général à limmigration et à lintégration et lOFII, leur hébergement dans une autre région .
De même, les préfets devront remettre en gestion centrale, à Paris, 30% de leurs places dhébergement libérées dans lannée. Ces places seront gérées de manière à sassurer que lhébergement des demandeurs dasile ne nourrit aucun regroupement communautaire .
Nous proposerons au Parlement que le refus dune offre raisonnable dhébergement soumise par ladministration à un demandeur dasile entraîne le retrait du droit à hébergement et du droit à percevoir lallocation temporaire dattente.
Parce que nous respectons le droit dasile, nous devons éloigner les déboutés.
Quand la procédure de demande dasile aboutit à un rejet, comme cest majoritairement le cas, les personnes déboutées doivent rentrer dans leur pays dorigine.
Un demandeur dasile débouté est un étranger en situation irrégulière et na pas le droit de se maintenir sur notre territoire.
Il a eu de multiples occasions, avant dêtre définitivement débouté, de défendre son dossier. Lorsque lOFPRA rejette une demande, le demandeur peut saisir la CNDA qui procède à une analyse entièrement nouvelle de son dossier. Si la CNDA confirme la décision de rejet, le demandeur peut à nouveau saisir lOFPRA, dans le cadre de la procédure de réexamen. On ne devient donc pas débouté par hasard. Notre procédure donne toutes leurs chances aux demandeurs dasile.
Jai demandé récemment au directeur général de lOFII de mettre en uvre un plan de visite systématique des CADA pour proposer une aide au retour volontaire aux personnes déboutées .
Ces visites se sont déroulées entre le 10 octobre et le 10 novembre. Chaque CADA a été visité par les directions territoriales de lOFII et les préfectures. Chaque demandeur dasile débouté a pu être informé de la possibilité offerte de quitter le territoire avec un pécule.
En décembre de cette année, afin de soulager les structures dhébergement durgence de droit commun, lOFII étendra ce plan de visite aux centres dhébergement et de réinsertion sociale de la région parisienne.
Je souhaite aussi que les préfectures soient informées plus rapidement des décisions de lOFPRA et de la CNDA. Elles doivent être, sans délai, en mesure de tirer les conséquences des décisions de rejet définitif. Je demande donc au secrétaire général à limmigration et à lintégration daccélérer le calendrier du projet informatique engagé en ce sens.
Mesdames, Messieurs,
Je le redis : le droit dasile est un bien précieux dont nous sommes fiers, et nous voulons le préserver. Nous ne sommes pas les seuls à nous faire cette réflexion. Dautres pays dEurope sont en train de réformer leur système dasile pour éviter les abus et les détournements. Ne craignons pas dagir nous-mêmes.
La réalité, cest la saturation de notre système et donc, à terme, sa mise en péril. Devant cette réalité, les hommes politiques seraient coupables de rester passifs : le « je men fiche » aboutira au « si javais su ».
Face à une précédente crise du droit dasile, en 2003, le Gouvernement sétait donné les moyens dune réponse appropriée. Nous devons mettre à jour ces instruments aujourdhui détournés par la hausse des demandes dasile infondées. Je vous remercie.Source http://www.interieur.gouv.fr, le 1er décembre 2011
Monsieur le ministre [Jean-Michel BAYLET si présent],
Madame et messieurs les parlementaires,
Monsieur le préfet [Fabien SUDRY],
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le directeur général de loffice de protection des réfugiés et apatrides [Jean-François CORDET],
Monsieur le directeur général de loffice français de limmigration et de lintégration [Jean GODFROID],
Je suis venu aujourdhui à Montauban pour parler de lavenir de notre système dasile.
Cela faisait plusieurs semaines que Brigitte BAREGES, votre députée-maire malertait sur les tensions perceptibles ici autour des questions liées à la demande dasile.
En allant visiter le CADA de Monclar de Quercy, puis le centre-ville de Montauban, jai pu mesurer à la fois lengagement de ceux qui oeuvrent quotidiennement au service de cette fierté nationale quest lasile, mais aussi des difficultés qui sont rencontrées localement sur ce sujet.
Je le dis sans exagération ni volonté polémique : notre système dasile est en danger. Comme ministre en charge de lasile, je souhaite engager les réformes qui sont aujourdhui nécessaires.
Lexplosion de la demande dasile est la principale cause de ce danger.
En trois ans, elle a augmenté de près de 50% à léchelle nationale, pour atteindre près de 53.000 demandes en 2010. Elle augmente encore en 2011. La France est ainsi le deuxième pays du monde, après les Etats-Unis, pour la demande dasile et le premier pays dEurope.
Dans le passé, notre pays a déjà connu deux crises de lasile, en 1989 et en 2003. Ainsi, la demande dasile a plus que doublé entre 1987 et 1989, passant de 28 000 à 61 000. Elle a de nouveau connu une accélération importante du fait de la situation en ex-Yougoslavie, passant de 30 000 en 1999 à 52 000 en 2003.
Face à ces deux crises, des réformes ont été mises en uvre, comme la révision de la législation sur le séjour des étrangers, la suppression du droit au travail des demandeurs dasile, ou encore la réforme des procédures dexamen des demandes dasile. Ces mesures ont alors fait la preuve de leur efficacité.
Laugmentation enregistrée aujourdhui présente une particularité : elle ne se traduit pas par un nombre plus important de personnes obtenant le statut de réfugié.
Ce constat accrédite lidée que notre système dasile est détourné par des abus, par des demandes formulées à des fins dimmigration économique, qui sappuient fréquemment sur des filières organisées.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lévolution de la demande dasile a évolué à laune des crises nationales ou internationales qui ont contraint des populations à fuir répressions politiques, guerres civiles, violence armée.
Souvenons-nous de lexode de milliers de ressortissants hongrois fuyant la répression soviétique à la suite du soulèvement de Budapest en 1956. Souvenons-nous, aussi, de leurs voisins tchèques réprimés par les troupes du pacte de Varsovie lors du printemps de Prague de 1968. Notre pays senorgueillit de toujours les compter sur son territoire ; ils sont aujourdhui devenus citoyens européens à part entière.
Souvenons-nous des peuples martyrs du Sud-Est asiatique, contraints de sentasser dans des bateaux de fortune, les « boat-people », cherchant à échapper aux camps de rééducation. Notre pays les a protégés, et 30.000 vivent aujourdhui chez nous.
De même, 15.000 réfugiés originaires dex-Yougoslavie vivent en France après avoir fui lépuration ethnique. De même, à la suite des conflits en Afrique centrale, la France accueille 20.000 ressortissants de ces contrées.
La France a toujours su offrir sa protection aux opprimés et aux victimes des régimes bafouant les droits de lhomme. Cest notre honneur. Mais il ne faut pas, pour autant, manquer de lucidité.
Aujourdhui, en effet, une partie très importante de la demande dasile nest plus déterminée par les risques que les demandeurs sont susceptibles dencourir dans leur pays. De nombreuses demandes émanent de ressortissants de pays devenus démocratiques, ou qui se sont résolument engagés, et progressent rapidement, sur la voie de la démocratie.
Ce sont ainsi les fondements de lasile qui sont sapés et qui minent un droit, une tradition, à laquelle notre pays dans son entier est profondément attaché. Cette situation met en péril lensemble de notre système dasile, au détriment des demandeurs de bonne foi :
* les délais dexamen des demandes dasile ont dérivé. De 15 mois en moyenne en 2007, ils sont passés à près de 20 mois en 2010. Cette dérive constitue une aubaine pour les personnes utilisant la demande dasile dans le seul but de se maintenir sur notre territoire. Les demandeurs dasile de bonne foi, réellement en danger dans leur pays, sont les premières victimes de ces détournements ;
* nos capacités dhébergement sont saturées. Le Gouvernement a pourtant mobilisé des moyens très importants, qui pèsent sur les finances publiques : en 2011, nous avons satisfait toutes je dis bien toutes- les demandes de moyens supplémentaires formulées par les préfets. Dès septembre, cest-à-dire bien avant la période hivernale, jai délégué une dernière enveloppe de crédits dun montant de 37 M qui couvre les besoins complémentaires recensés par les préfets. Au total, la dépense dhébergement représente, pour lannée, une dépense de 334 millions deuros. Globalement, nous dépensons chaque année un demi-milliard deuros pour faire vivre le droit dasile.
Du fait de la saturation de nos capacités dhébergement, ce sont aujourdhui les structures dhébergement durgence sociale qui sont de plus en plus occupées par des demandeurs dasile alors quelles sont dédiées, en principe, à lhébergement des sans-abri pendant la période hivernale. Jen ai parlé récemment avec Benoist APPARU.
Des élus de tous bords malertent sur ces tensions. A Angers, à Dijon, à Rennes, des difficultés croissantes sont constatées.
Aujourdhui, les personnes réellement en danger de persécution pâtissent de cette situation. Je ne laccepte pas car lasile est une tradition que la France fait vivre depuis des siècles et dont elle a toutes les raisons dêtre fière.
Le droit dasile nous vient de ce quil y a de plus beau et de plus cher dans notre histoire. Il nous vient des Grecs qui appelaient asulon ce qui est inviolable et qui, les premiers, lont expérimenté. Il a traversé le Moyen-âge français, pendant lequel des immunités pouvaient bénéficier à des personnes poursuivies et persécutées, qui étaient alors recueillies dans des monastères ou des couvents. Il a été affirmé avec force à la Révolution. Et en 1946, cinq ans avant la signature de la convention de Genève, le préambule de notre Constitution a proclamé que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit dasile sur les territoires de la République ».
Cest cela que je veux sauvegarder.
Nous devons aujourdhui nous donner les moyens de discerner les demandes dasile opportunistes. Nous devons améliorer la gestion des conditions daccueil des demandeurs dasile, pour, notamment, mieux les répartir sur le territoire. Et nous devons tirer les conséquences des décisions définitives de rejet.
La France accueille les demandeurs dasile, elle protège les réfugiés, mais les déboutés du droit dasile sont des étrangers en situation irrégulière comme les autres.
Dautres pays en Europe, parce quils sont confrontés aux mêmes difficultés, se sont ou vont sengager sur la même voie. Il en va ainsi en Grande-Bretagne.
Il en va de même dans dautres pays, comme lAllemagne ou la Belgique, qui ont amorcé une réforme de leur système dasile dès les années 1990. Les Pays-Bas envisagent aussi de réformer leur système dasile. Il sagit donc dun mouvement densemble dans lequel je souhaite inscrire la France.
Nous devons, dabord, nous donner les moyens de mieux discerner les demandes dasile infondées qui portent préjudice aux demandeurs de bonne foi.
Dans cet esprit, la question dune extension de la liste des pays dorigine sûrs doit être posée. Les ressortissants de ces pays peuvent bien sûr demander lasile en France, mais leur demande est alors examinée selon une procédure accélérée.
Il sagit dun outil prévu par le droit européen. Le Kosovo était devenu la première nationalité de demande dasile, sans véritable justification au regard de la situation intérieure de ce pays. Grâce aux mesures que nous avons prises, ce nest plus le cas : son inscription sur la liste a fait baisser de plus de 38% de la demande dasile kosovare.
Lévolution de la situation intérieure de chacun des pays doit nous amener régulièrement à revisiter la liste pour en vérifier la pertinence. En fonction des éléments nouveaux dont nous disposons, il faut se poser régulièrement la question de son extension. Et cest au conseil dadministration de lOFPRA de décider.
LArménie pourrait intégrer cette liste. Elle figure en effet toujours parmi les dix premières nationalités de demande dasile en France, alors même que la crise politique qui a frappé ce pays en 2008 est aujourdhui surmontée. La mesure damnistie annoncée en mai dernier en atteste.
La question peut se poser aussi pour le Bangladesh. Il sagit cette année de la première nationalité de demande dasile, alors que la situation du pays a évolué et ne le justifie pas. Un rapport récent de lOFPRA, qui a dépêché une mission dobservation sur place, me lindique.
Je pense aussi au Monténégro et à la Moldavie. Leur inscription sur la liste des pays sûrs serait une mesure de cohérence, en raison des liens de ces pays avec lUnion européenne.
Ces mesures seront proposées prochainement à lapprobation du conseil dadministration de lOFPRA, car un consensus semble se dégager dans les institutions appelées à se prononcer sur la situation dans ces pays. Le conseil dadministration délibèrera ; il me semble, en tout état de cause, que la question de ces pays doit être posée.
Je demande aussi au secrétaire général à limmigration et à lintégration de favoriser lélaboration dune doctrine commune à lOFPRA et à la cour nationale du droit dasile sur la situation des pays dorigine, comme cela existe au Royaume-Uni et en Allemagne.
Dissuader les demandes infondées, cest aussi mieux appliquer le règlement de Dublin pour décharger notre système dasile.
Ce texte nous permet de faire réadmettre dans un autre Etat européen un demandeur dasile qui a transité par cet Etat avant dentrer en France. Il faut en exploiter toutes les potentialités.
Je souhaite donc que nous nous donnions les moyens juridiques de sanctionner les comportements de soustraction à la réadmission . Je souhaite également que nous engagions la négociation daccords administratifs avec nos principaux partenaires sur ce sujet, comme le permet le règlement Dublin, afin de simplifier les procédures et de réduire les délais dinstruction des requêtes.
Dissuader les demandes infondées, cest enfin leur réserver un traitement procédural qui ne doit pas être le même que pour les demandes de bonne foi.
Le régime de la procédure prioritaire nous permet déjà en partie de répondre à cet objectif. Je souhaiterais quavec lOFPRA et la CNDA, on explore la possibilité daller plus loin. Cela permettrait de distinguer, parmi les décisions de lOFPRA, celles qui correspondent à des demandes manifestement infondées. Une décision de refus de séjour pourrait être prise plus rapidement par le préfet.
Dans un contexte budgétaire difficile, nous devons améliorer la gestion des conditions daccueil des demandeurs dasile.
De loi de finances en loi de finances, nous avons considérablement investi pour mettre à niveau ces conditions daccueil.
Le Gouvernement a renforcé les moyens de loffice français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et de la cour nationale du droit dasile (CNDA), afin de réduire les délais dinstruction : 45 agents supplémentaires pour lOFPRA, et doublement en 2 ans du nombre de rapporteurs à la CNDA. Ce renforcement est intervenu au début de lannée 2011, et sera poursuivi en 2012.
Ces efforts commencent à porter leurs fruits. Ils permettent denvisager que la durée moyenne globale dexamen des demandes soit ramenée à 12 mois dès 2012. Je veux rendre un hommage particulier aux agents et aux juges de ces deux institutions, qui mettent leur talent au service dune mission difficile.
Nous finançons 21.500 places en centre daccueil des demandeurs dasile. Il faut y ajouter 20.000 places dhébergement durgence spécifiquement dédiées aux demandeurs dasile. Et nous finançons une allocation temporaire dattente à 37.000 demandeurs.
En 2011, laccueil des demandeurs dasile représentera un budget de près de 500 millions deuros, à la charge de lEtat. Les dotations budgétaires sont réévaluées dannée en année afin de prendre en compte la croissance de la demande dasile.
Les efforts budgétaires simposent à tous et la modération des dépenses publiques simpose aussi à notre politique dasile.
Je proposerai donc prochainement des mesures législatives réduisant la dynamique de la dépense daccueil des demandeurs dasile. Le droit européen ouvre des solutions que nous pouvons utiliser.
Ainsi, le droit européen exige quune personne souhaitant demander lasile le fasse « dans les meilleurs délais raisonnables » après son entrée sur le territoire. En Grande-Bretagne, une demande est considérée tardive, trois jours après lentrée sur le territoire. Je retiens, quant à moi, le seuil de 90 jours. Ce délai est cohérent avec la durée dun visa de court séjour. Et il prend en compte le temps qui peut être nécessaire, psychologiquement, pour verbaliser le fond de la demande : il sagit là dune préoccupation dhumanité vis-à-vis de ceux qui ont souffert de persécutions dans leur pays. Au-delà de ce délai, lhébergement du demandeur tardif ne serait plus assuré dans les structures dédiées aux demandeurs dasile.
De même, les demandeurs dasile qui fraudent ou ne coopèrent pas loyalement avec ladministration peuvent, aujourdhui, continuer de bénéficier dun hébergement ou dune prestation sociale. Nous proposerons au Parlement de suspendre le droit aux prestations dans ces cas.
De manière plus générale, la gestion des structures daccueil des demandeurs dasile doit être revue.
En août dernier, jai instauré de nouvelles normes de gestion des structures dhébergement des demandeurs dasile. Ces normes sont majoritairement acceptées comme des normes de bonne gestion. Elles touchent, notamment, aux missions des centres daccueil des demandeurs dasile et au ratio dencadrement dans ces centres.
Ce dispositif va être complété.
Les préfets seront ainsi encouragés, lorsque cela savère nécessaire, à moduler les moyens alloués aux gestionnaires de CADA accueillant des demandeurs dasile déboutés. La générosité qui inspire et doit inspirer notre politique de lasile, nexclut pas la lucidité sur les détournements et les effets daubaine qui mettent en péril notre dispositif daccueil.
De même, nous irons plus loin dans la standardisation des missions assurées par les CADA et les plateformes daccueil. Par exemple, les conditions de financement de « laide au récit des demandeurs dasile » doivent être harmonisées afin de mettre fin aux dérives constatées sur le terrain.
Enfin, le droit à hébergement des demandeurs dasile, ne donne pas le droit de choisir son lieu dhébergement.
Les demandeurs dasile choisissent la France pour ce quelle représente, et aussi parce quelle leur garantit un examen loyal, attentif et contradictoire de leur dossier. Mais le choix de la France ne doit pas forcément devenir un choix du lieu précis de la place dhébergement financée par lEtat. Ladministration doit pouvoir décider du lieu de lhébergement temporairement à disposition du demandeur dasile, qui pourra, ensuite, sétablir où il le souhaite si le statut de réfugié lui est accordé.
Or, nous constatons, localement, des logiques dagrégation communautaire qui se renforcent. Il en va ainsi dans des villes, moyennes ou grandes, où nous constatons des détournements du droit à hébergement. Par ailleurs, nous savons aussi que la saturation des capacités dhébergement touche certaines régions plus que dautres. Nous devons mieux répartir, territorialement, lhébergement des demandeurs dasile.
Cest un problème qui se pose tout particulièrement à Montauban. Brigitte BAREGES men a parlé à plusieurs reprises. Il faut reconnaître que la mise en place de la plateforme daccueil a suscité un afflux important de demandeurs dasile, hors de proportion avec la taille et la capacité daccueil de lagglomération de Montauban. Ne nous cachons pas les choses : lexistence de la plateforme est certainement à lorigine des difficultés constatées ici.
Il faut reconnaître aussi que la présence dune plateforme à Montauban nest pas indispensable. Dans la majorité des régions, il ny a quune seule plateforme, souvent implantée au chef-lieu de région. Dans certains cas, on a créé une seconde plateforme parce que la région est très densément peuplée, ou quil existe deux pôles urbains importants. Mais ce nest pas le cas de la région Midi-Pyrénées.
Il faut reconnaître, enfin, que le choix de Montauban pose une vraie question au regard de la géographie de la région. Il y a déjà une plateforme à Toulouse, et on en a installé une deuxième à 60 kilomètres de là, dans la ville de préfecture la plus proche, alors que le bon sens aurait commandé de veiller à un meilleur équilibre territorial.
Pour toutes ces raisons, jai décidé de supprimer la plateforme daccueil de Montauban. Ses missions seront reprises par celle de Toulouse.
Cela ne veut pas dire que Montauban et le Tarn-et-Garonne naccueilleront plus de demandeurs dasile. Ils prendront toute leur part, dans le cadre de la régionalisation de lhébergement des demandeurs dasile. Voilà une évolution qui me paraît conforme à la justice et au pragmatisme.
Plus largement, je souhaite améliorer, à léchelle nationale, la manière dont nous gérons les prestations daccueil des demandeurs dasile.
Jentends rationaliser lhébergement des demandeurs dasile. Nous nous doterons, dici la fin de lannée, dun dispositif national de contrôle et de régulation pour casser les logiques de regroupement communautaire, parfois suscitées par des filières qui senrichissent sur la misère humaine.
A cette fin, les préfets de région auront rapidement la possibilité de gérer lintégralité des places dhébergement dédiées aux demandeurs dasile. Ils pourront affecter ces demandeurs entre les départements dune même région ou au besoin envisager, dans le cadre dune régulation nationale supervisée par le secrétariat général à limmigration et à lintégration et lOFII, leur hébergement dans une autre région .
De même, les préfets devront remettre en gestion centrale, à Paris, 30% de leurs places dhébergement libérées dans lannée. Ces places seront gérées de manière à sassurer que lhébergement des demandeurs dasile ne nourrit aucun regroupement communautaire .
Nous proposerons au Parlement que le refus dune offre raisonnable dhébergement soumise par ladministration à un demandeur dasile entraîne le retrait du droit à hébergement et du droit à percevoir lallocation temporaire dattente.
Parce que nous respectons le droit dasile, nous devons éloigner les déboutés.
Quand la procédure de demande dasile aboutit à un rejet, comme cest majoritairement le cas, les personnes déboutées doivent rentrer dans leur pays dorigine.
Un demandeur dasile débouté est un étranger en situation irrégulière et na pas le droit de se maintenir sur notre territoire.
Il a eu de multiples occasions, avant dêtre définitivement débouté, de défendre son dossier. Lorsque lOFPRA rejette une demande, le demandeur peut saisir la CNDA qui procède à une analyse entièrement nouvelle de son dossier. Si la CNDA confirme la décision de rejet, le demandeur peut à nouveau saisir lOFPRA, dans le cadre de la procédure de réexamen. On ne devient donc pas débouté par hasard. Notre procédure donne toutes leurs chances aux demandeurs dasile.
Jai demandé récemment au directeur général de lOFII de mettre en uvre un plan de visite systématique des CADA pour proposer une aide au retour volontaire aux personnes déboutées .
Ces visites se sont déroulées entre le 10 octobre et le 10 novembre. Chaque CADA a été visité par les directions territoriales de lOFII et les préfectures. Chaque demandeur dasile débouté a pu être informé de la possibilité offerte de quitter le territoire avec un pécule.
En décembre de cette année, afin de soulager les structures dhébergement durgence de droit commun, lOFII étendra ce plan de visite aux centres dhébergement et de réinsertion sociale de la région parisienne.
Je souhaite aussi que les préfectures soient informées plus rapidement des décisions de lOFPRA et de la CNDA. Elles doivent être, sans délai, en mesure de tirer les conséquences des décisions de rejet définitif. Je demande donc au secrétaire général à limmigration et à lintégration daccélérer le calendrier du projet informatique engagé en ce sens.
Mesdames, Messieurs,
Je le redis : le droit dasile est un bien précieux dont nous sommes fiers, et nous voulons le préserver. Nous ne sommes pas les seuls à nous faire cette réflexion. Dautres pays dEurope sont en train de réformer leur système dasile pour éviter les abus et les détournements. Ne craignons pas dagir nous-mêmes.
La réalité, cest la saturation de notre système et donc, à terme, sa mise en péril. Devant cette réalité, les hommes politiques seraient coupables de rester passifs : le « je men fiche » aboutira au « si javais su ».
Face à une précédente crise du droit dasile, en 2003, le Gouvernement sétait donné les moyens dune réponse appropriée. Nous devons mettre à jour ces instruments aujourdhui détournés par la hausse des demandes dasile infondées. Je vous remercie.Source http://www.interieur.gouv.fr, le 1er décembre 2011