Texte intégral
Europe 1 : Jeudi 1 juin 1995
F.-O. Giesbert : Trente-quatrième membre du gouvernement dans l'ordre protocolaire mais vous n'avez pas fini de monter, on n'a pas fini d'entendre parler de vous.
H. Gaymard : Si vous le dites.
F.-O. Giesbert : Qui êtes-vous H. Gaymard ?
H. Gaymard : Comme tous les Savoyards je n'aime pas beaucoup parler de moi, j'ai 35 ans, issu d'un milieu de commerçants et d'agriculteurs, je suis depuis deux an dans la République comme député de Savoie et comme conseiller général depuis l'année dernière. J'essaie d'être un élu, en membre du gouvernement, proche du terrain et avec les pieds sur terre.
F.-O. Giesbert : Pendant la campagne de Chirac vous étiez l'homme du programme et aujourd'hui ?
H. Gaymard : Homme du programme c'est beaucoup dire car nous étions beaucoup. J. Chirac m'a seulement demandé de travailler avec lui il y a environ un an pour mettre en forme tout le travail qui avait été fait par de nombreux experts parlementaires et élus. C'est le rôle que j'ai tenu pendant toute la campagne. Aujourd'hui, je suis secrétaire d'État aux Finances dans le gouvernement Juppé, dans le domaine qui est le mien, c'est-à-dire derrière A. Madelin, sur les sujets qui sont de sa compétence et également sur les sujets de concurrence, de consommation, de marchés publics, qui sont des sujets de vie quotidienne pour les Français. J'essayerai d'être ce que J. Chirac nous a demandé d'être, c'est-à-dire des ministres des secrétaires d'État proches du terrain pour faire bouger les choses.
F.-O. Giesbert : N'avez-vous pas le sentiment que le gouvernement a trop promis et qu'il ne pourra pas tout tenir ?
H. Gaymard : J'étais dans ceux qui ont contribué à élaborer le programme de J. Chirac derrière lui et nous n'avons pas tout promis. Nous avons seulement dit, derrière J. Chirac, que, dans ce pays, il y avait des choses à faire et que nous pouvions les faire. Je crois que la tâche du gouvernement telle que l'a dite A. Juppé dans sa déclaration de politique générale, est précisément de s'attaquer aux problèmes et de prendre, si j'ose dire, le taureau par les cornes.
F.-O. Giesbert : Il y a aussi des déficits, la dette de l'État avec 3 000 milliards de francs vous croyez vraiment que le gouvernement Juppé a une marge de manœuvre ?
H. Gaymard : Tout ça ne se fera pas en deux jours. S'agissant du déficit et de la dette, nous payons surtout les folies Rocard puisqu'en 88, Juppé, Chirac, Balladur avaient laissé une gestion nickel du point de vue des finances publiques avec un déficit en réduction et Rocard à l'époque, sans doute pour préparer son dessein présidentiel, s'est engagé dans la réhabilitation de la dépense publique, à savoir toujours dépenser plus.
F.-O. Giesbert : E. Balladur a conclu…
H. Gaymard : E. Balladur, dans le cadre du gouvernement des deux ans qui viennent de s'écouler, a commencé à redresser la situation au plan budgétaire mais c'était très difficile compte tenu de ce qui avait été fait entre 88 et 93 et notamment, il faut bien le dire, dans les deux dernières années du gouvernement de la gauche avec le budget truqué de 93.
F.-O. Giesbert : Mais depuis deux ans la dette de l'État a considérablement augmenté.
H. Gaymard : Nous sommes dans une situation qui est ce qu'elle est. Pour l'instant, le gouvernement travaille et nous travaillons, avec A. Madelin et F. d'Aubert qui sont en première ligne sur ce sujet, pour préparer le collectif budgétaire que l'on découvrira dans trois semaines environ.
F.-O. Giesbert : Vous ne voulez pas polémiquer avec E. Balladur et N. Sarkozy ?
H. Gaymard : Je n'ai jamais conçu la politique comme une polémique mais comme le service des autres.
F.-O. Giesbert : Ce que vous serez condamné à faire, quand même, avec ce qui vous est légué, n'est-ce pas tout simplement, comme toujours, des économies alors que les Français veulent avant tout des sous ?
H. Gaymard : Je crois que les hommes publics, les élus, doivent tenir un langage de responsabilité et de vérité. Nous sommes depuis des décennies dans une logique de toujours plus et d'empilement des dépenses, un peu comme un gâteau mille-feuilles. La logique de J. Chirac et du gouvernement Juppé c'est de dire toujours mieux. Nous avons un grand défi devant nous, en liaison notamment avec le Parlement et avec son président P. Séguin, d'arriver à une meilleure efficacité de la dépense publique. C'est ce qu'a proposé J. Chirac avec son audit des finances publiques.
F.-O. Giesbert : Pendant la campagne J. Chirac s'en est beaucoup pris aux experts, aux technocrates, et à ce qu'il appelle « la pensée unique ». Certains disent qu'ils voient revenir cette pensée unique. Ont-ils raison ?
H. Gaymard : Je ne pense pas qu'ils ont raison. Il y a deux choses : 1/ Nous sommes dans un monde de plus en plus complexe donc sur tous les sujets, tous, il faut bien des experts et des gens qui travaillent et qui connaissent les sujets techniquement. 2/ Le rôle des ministres et des secrétaires d'État, du reste c'est ce que nous a dit J. Chirac à l'occasion du premier Conseil des ministres, c'est d'être des politiques, sur le terrain et d'introduire ce paramètre politique dans les décisions publiques.
F.-O. Giesbert : Ça commence à bouger au plan social. Hier les cheminots étaient dans la rue, les salariés d'Elf-Aquitaine ont chahuté leur patron. Sentez-vous un risque d'explosion sociale ?
H. Gaymard : Je pense que répondre à cette question de cette manière n'est pas très facile ni très opportun. Nous avons constaté, ces derniers jours, certaines manifestations que vous avez citées, il y en avait d'autres comme EDF. Il y a actuellement une certaine crainte, une certaine peur, notamment dans les services publics à monopole, de certains effets possibles, de certaines propositions de la Commission européenne. Sur ce sujet, tant A. Juppé que F. Fillon, hier, à l'Assemblée nationale, ont dit ce qu'était la position du gouvernement à savoir que nous avons des services publics qui marchent bien. Bien entendu ils doivent s'adapter au monde concurrentiel dans lequel nous vivons mais nous maintiendrons la tradition de qualité et de proximité de notre service public à la française. Dans le secteur privé, c'est vrai qu'il y a certains mouvements mais je crois que pour l'instant il faut rester serein.
F.-O. Giesbert : En écoutant J. Chirac pendant la campagne, on avait Je sentiment qu'il voulait s'en prendre à l'argent qui dort. Est-ce que la fiscalité ne va pas, désormais, privilégier avant tout les revenus du travail et frapper davantage les revenus du capital ?
H. Gaymard : On verra ça dans le cadre du collectif budgétaire dans quelques semaines et dans la loi de finances pour 1996. Il semble clair que sans remettre en cause les avantages dont bénéficie l'épargne, il faut davantage diriger l'épargne vers l'emploi productif.
F.-O. Giesbert : L'impôt sur les grandes fortunes pourrait augmenter ?
H. Gaymard : C'est une question à laquelle je ne peux pas répondre, je ne suis pas ministre du Budget.
RMC : Mercredi 5 juillet 1995
P. Lapousterle : Chargé des finances, vous n'avez pas de chance : c'est toujours ce qui manquent les finances, non ?
H. Gaymard : Oui, toujours.
P. Lapousterle : Vous n'êtes surpris de la toute petite durée d'état de grâce, on a l'impression que ce gouvernement a déjà des ennuis et des problèmes ?
H. Gaymard : C'est quelque chose que l'on disait déjà avant le résultat de l'élection présidentielle, que quel que soit l'élu et son Premier ministre, il n'y aurait pas d'état de grâce en comparaison avec ce qu'on a pu connaître en 1981 parce que le pays est adulte, n'accepte pas qu'on lui dise n'importe quoi et est bien conscient de la difficulté de la situation et de la nécessité de prendre le cap et de s'y tenir pour redresser notre pays. Il n'y a pas d'état de grâce, c'est plutôt bon signe dans la mesure où les réveils, au lendemain des états de grâce, sont souvent très douloureux.
P. Lapousterle : Cela dit, les juges y sont peut-être pour beaucoup ?
H. Gaymard : Je suis actuellement sur le terrain une grande partie de la semaine dans ma circonscription et je suis frappé que ce qui intéresse nos compatriotes, ce sont les problèmes concrets, l'emploi, le logement, l'état des routes, comment assurer l'avenir de ses enfants et pas forcément le clapotis de la vie politique mais les sujets de fond.
P. Lapousterle : M. Péricard disait, de la part des parlementaires de votre majorité, qu'il y avait impatience et inquiétude chez beaucoup d'entre eux à propos du plan Juppé ?
H. Gaymard : Sur le rôle parlementaire, l'ère des godillots est terminée depuis longtemps, c'est une bonne chose et le rôle des parlementaires, c'est de dire au gouvernement : voilà ce que nous ressentons sur le terrain et voilà ce que nous attendons. Ce qui est vrai, c'est que le pays a besoin d'entendre des signaux forts, que ce gouvernement vient de donner des premiers signaux forts avec le collectif budgétaire et le plan emploi et que nous devons, notamment au cours de la session parlementaire d'automne, avec la loi de finances pour 1996 et toutes les lois qui sont en préparation, nous engager sur le chemin du redressement du pays.
P. Lapousterle : Le rythme vous semble bon ?
H. Gaymard : On a eu des élections municipales qui ont été fixées par le précédent gouvernement. Pendant cette campagne, l'attention a été monopolisée par cette actualité politique et que peut-être les choses ne sont pas allées assez vite. C'était fatal compte tenu de la date des municipales. Regardons de l'avant et oublions le passé.
P. Lapousterle : Parlons de l'opération vacances 1995 dont vous êtes le responsable pour protéger le consommateur. Sur quoi vont s'exercer les contrôles ?
H. Gaymard : Avec cette opération vacances, qui est une opération interministérielle, il faut absolument améliorer les contrôles de qualité et de loyauté des transactions. Il faut éviter que les prix flambent, que l'on serve dans les assiettes des produits avariés, que dans les linéaires des magasins on trouve des produits qui ne soient pas frais. C'est un travail très concret, au quotidien, pour que les vacances de nos compatriotes se passent dans les meilleures conditions possibles à la fois du point de vue de la santé, de l'alimentation et du sport.
P. Lapousterle : Avec les chiffres de l'an dernier on voit qu'il y a beaucoup de fraudeurs ?
H. Gaymard : Oui, mais le chiffre baisse. On se rend compte qu'entre l'opération 1993 et celle de 1994, les infractions constatées ont diminué de moitié. Ces opérations préventives, basées sur l'information et la répression sont efficaces et nous avons l'intention en 1995 de poursuivre dans cette voie.
P. Lapousterle : Vous avez assez d'inspecteurs pour le faire ?
H. Gaymard : On n'a jamais assez de tout. On travaille toujours avec des effectifs tendus mais c'est une question qui ne concerne pas seulement cette opération-là, c'est l'ensemble des effectifs des fonctionnaires de l'État. Nous avons beaucoup de travail pour améliorer l'efficacité de l'affectation des fonctionnaires là où il y en a besoin.
P. Lapousterle : La nouveauté de 1995 par rapport aux autres années ?
H. Gaymard : La nouveauté, c'est que nous communiquons de manière plus intense pour bien faire savoir à tous les Français que cette opération est en cours, de manière à ce que les opérations se fassent de la meilleure manière possible. C'est une opération très importante parce que nous avons pu constater au cours des années précédentes de nombreux abus. Maintenant ces opérations font partie des opérations normales de l'activité de notre ministère. C'est une très bonne chose.
P. Lapousterle : Les syndicats se plaignent que vous ne créez pas assez d'emplois ?
H. Gaymard : Actuellement, nous avons un certain nombre d'emplois très importants répartis sur l'ensemble et qu'il faut améliorer l'efficacité de nos fonctionnaires.
France 3 : Mercredi 5 juillet 1995
L. Bignolas : Que pouvez-vous faire de plus avec votre dispositif Vacances ?
H. Gaymard : Ce qui me paraît important, c'est qu'au moment où les Français partent en vacances, c'est qu'ils soient sûrs, sur leurs lieux de vacances, d'avoir une alimentation de qualité, des équipements publics dans lesquels la sécurité est assurée et que, quand ils sont sur leurs lieux de vacances, la loyauté et la sincérité des transactions soient respectées. Donc, c'est l'objectif de cette opération qui se renouvelle cette année. L'année dernière, nous avons dressé – les 3 200 agents sur le terrain – un certain nombre de procès-verbaux qui ont donné lieu à certaines poursuites. Ce que nous avons constaté, c'est que d'une année sur l'autre, les infractions avaient été divisées par deux. Ce qui veut donc dire que cette action a un effet préventif évident.
L. Bignolas : Donc, de ce côté-là, on persévère, on intensifie les contrôles.
H. Gaymard : On contrôle et on informe. Ce n'est pas uniquement de la répression.
L. Bignolas : Mais pour les prix, rien ?
H. Gaymard : Les prix sont libres. Mais ce qu'il faut sanctionner, ce sont les abus notamment par rapport aux utilisations des produits notamment dans la chaîne alimentaire.
L. Bignolas : On a l'impression que certains veulent déstabiliser le Premier ministre ?
H. Gaymard : La vie politique, la vie publique est faite d'événements divers. Ce qui m'a intéressé quand je suis entré dans la vie politique il y a deux ans, c'est d'abord d'être le plus proche des gens, d'être à l'écoute et d'essayer de régler les problèmes de ce pays. J. Chirac vient d'être élu président de la République, un gouvernement vient d'être nommé, et notre tâche prioritaire aux uns et aux autres, c'est d'être sur le terrain pour relayer les attentes des Français et pour faire les réformes dont le pays a besoin.
L. Bignolas : On a tout de même l'impression qu'il y avait des affaires avant, et qu'il y en a maintenant.
H. Gaymard : Les affaires, si j'ose dire, suivent leur cours, puisque nous avons une justice indépendante et qui fait son travail avant les élections et après. C'est à la justice à se prononcer en toute indépendance. Ce que je voudrais dire, s'agissant des logements d'A. Juppé, je trouve qu'on a vraiment l'impression d'une chasse à l'homme. A. Juppé loue des appartements du domaine privé de la Ville de Paris, que je sache, ce ne sont pas des HLM. Et je trouve qu'on lui fait un mauvais procès. Je trouve que dans le pays, et c'est souvent le cas en France, on aime beaucoup les petites choses pour éviter de poser et de régler les grands problèmes. Je crois que ce qui est important, c'est de régler les grands problèmes.
Le Parisien : 8 juillet 1995
Le Parisien : Cet été, les Français vont encore se serrer la ceinture. Ceux qui ont la chance de partir déclarent qu'ils vont dépenser moins que l'année dernière. Quelles mesures seront prises pour les utiliser au mieux leur budget ?
Hervé Gaymard : Comme chaque été, l'Opération Vacancier est mise en place dans trente-huit départements touristiques et sur le réseau autoroutier. Le but est de contrôler la qualité des produits et la loyauté des transactions. On va donc veiller à ce que les conditions les meilleures soient réunies afin que les vacanciers ne se fassent pas « racketter » pendant cette période propice. Au-delà de l'aspect répressif, la prévention et la présence sur le terrain sont importantes. Mais le rôle du ministère des Finances n'est pas de dire au consommateur devenu adulte ce qu'il doit faire.
Le Parisien : Quelles sont vos priorités ?
Hervé Gaymard : Il faut être très vigilant sur la qualité de la chaîne alimentaire. Des produits avariés peuvent provoquer des problèmes médicaux très graves. Un autre aspect important concerne la sécurité des équipements. Le 20 juin, j'ai envoyé une instruction aux préfets pour que celle des piscines soit vérifiée dans chaque commune. C'est en cours. La sécurité sur les aires de jeux publiques ou privées est également l'objet d'une surveillance accrue.
Le Parisien : Les Opérations Vacances sont-elles toujours utiles ?
Hervé Gaymard : Depuis leur existence, on constate une diminution des infractions. L'an dernier, 36 000 vérifications ont été effectuées dont près de 35 000 dans le secteur à risques de la restauration. Au total, 53 établissements fermés (contre 76 en 1993) et 16,5 de denrées saisies (contre 33 en 1993). Le taux d'infraction est passé à 15,3 % contre 16,8 % en 1996. En règle générale, les infractions sont moins nombreuses et moins graves. Les consommateurs sont devenus plus exigeants et les commerçants plus soucieux de s'adapter à leur demande. Les règles d'hygiène sont mieux respectées le taux d'infractions en la matière, relevées dans 9 000 établissements, reculant de 20 % en 1992 à 16,8 %. Même constat pour le respect de l'information du client. Par contre, certains points noirs demeurent. Une fois sur trois la législation sur les soldes n'est pas respectée. Et près de 6 % des hôtels contrôlés affichent un nombre d'étoiles erroné !
Le Parisien : Et la valse des étiquettes ?
Hervé Gaymard : Les prix sont libres depuis 1996. Notre rôle se limite à sanctionner les comportements abusifs et la déloyauté des transactions. Pour le contrôle des étiquettes, je compte sur l'autorégulation. Quand c'est mauvais ou trop cher, le consommateur n'y va plus. À nous d'intervenir quand la clientèle est captive ou la concurrence bafouée ! Le démantèlement du contrôle des prix n'a jamais voulu dire que c'est la loi de la jungle qui prime.
Le Parisien : Le vacancier ne devrait pas échapper à la hausse de la TVA, probablement avance au 1er août. Ne craignez-vous pas son incidence sur la consommation ?
Hervé Gaymard : Toutes les études montent que la répercussion sur les prix se limitera à une hausse de 0,8 ou 0,9 %. L'incidence sur les achats ne sera pas très grande. La reprise de la consommation des ménages dépendra de leur confiance en l'avenir. Si le chômage et les taux d'intérêt baissent, elle repartira. Je ne crois pas à une relance artificielle, malsaine et inefficace. Rien ne prouve que si on donne massivement du pouvoir d'achat, il soit immédiatement réinjecté dans le commerce. Je préfère des mesures très ciblées comme celles prises dernièrement en faveur du logement.
Le Parisien : N'est-ce pas dommage qu'il n'y ait plus de ministre de la Consommation en titre ?
Hervé Gaymard : Je le suis ! Je crois même que je suis le premier ministre chargé de ce secteur ayant compétence sur tous les services, dont les marchés publics. Je compte m'intéresser de très près à la consommation. Trois gros dossiers sont en cours : amélioration du dispositif de lutte contre le surendettement des ménages ; droit de la concurrence ; conditions d'attribution des marchés publics. La procédure actuelle en la matière doit être simplifiée et clarifiée. Il y a beaucoup trop d'ambiguïté sur les critères de choix, ce qui complique le travail des élus locaux. Je veux aussi créer un nouveau partenariat avec les associations de consommateurs.
Le Parisien : Pourquoi ?
Hervé Gaymard : Le consumérisme a évolué depuis les années 70. Il faut aller vers plus de concertation avec les associations. On est sorti d'une certaine forme de société de consommation. Depuis la guerre du Golfe, les consommateurs font de la résistance. Ils achètent moins, même quand ils ont les moyens. Ils le font avec plus de discernement et moins de boulimie. La société ne s'est pas encore adaptée à cette évolution.
Europe 1 : Lundi 17 juillet 1995
V. Parizot : Vous préférez parler de contrôle ou de surveillance ?
H. Gaymard : Cette opération vacances, que nous rééditons cet été, comme l'année dernière, est surtout liée au contrôle de la qualité des produits qui sont servis dans nos assiettes, notamment à la sécurité des équipements et bien entendu, à garantir la loyauté des transactions. Vous avez parlé de valse des étiquettes, je ne sais pas si on peut employer ce terme dans la mesure où, comme vous le savez, depuis maintenant 1986, les prix sont libres et que l'arbitrage des prix se fait beaucoup par les consommateurs.
V. Parizot : Quels sont les moyens dont vous disposez ?
H. Gaymard : Nous avons des moyens permanents puisque les agents de la direction générale de la Concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes travaillent tout au long de l'année dans l'ensemble des départements français pour contrôler la qualité des produits, la sécurité des équipements, la loyauté des transactions mais il se trouve que pendant cette période d'été, nous mettons le paquet sur 38 départements qui sont les plus touristiques et où nous renforçons nos contrôles et nos conseils.
V. Parizot : Comment réagissent les professionnels du tourisme ou les commerçants ?
H. Gaymard : On ne voit jamais arriver les contrôleurs d'un bon œil. L'idée qui est la nôtre, c'est que ce ne soit pas seulement un contrôle mais aussi un conseil des partenaires et des intervenants. Ce que je constate c'est que, en deux ans, les sanctions ou les contraventions ont diminué de moitié. Donc, je crois qu'il y a, dans cette opération, un aspect prévention qui est très important. Il ne s'agit pas seulement de sanctionner mais de conseiller et de prévenir.
V. Parizot : Est-il possible de demander à un commerçant qui fait l'essentiel de son chiffre d'affaires en trois mois de ne pas faire valser les étiquettes ?
H. Gaymard : Je me rends compte qu'on a quand même une très grande maturité des consommateurs. On a eu deux décennies où on était en pleine société de consommation et tout le monde constate que depuis au moins cinq ans, les comportements des consommateurs changent et qu'ils régulent eux-mêmes l'activité. Il y a toujours des comportements abusifs, c'est tout à fait clair et nous sommes là pour les sanctionner mais je crois aussi qu'on est entré dans une nouvelle phase de la consommation où les consommateurs font de la résistance.