Texte intégral
Libération - 19 décembre 1997
Libération : À quoi sert Jacques Dondoux ?
Jacques Dondoux : Essentiellement, il est là pour aider les PME à gagner des marchés à l’étranger, notamment en les poussant à utiliser le commerce électronique. Pour l’instant, ça ne représente pas grand-chose dans le commerce extérieur. Mais la révolution est en marche. Bientôt, il sera déterminant dans la concurrence internationale. Les PME ne peuvent pas se contenter du Minitel qui est un machin trop franco-français.
Libération : Allez-vous proposer des mesures d’encouragement ?
Jacques Dondoux : Nous allons créer un label « exportateurs sur la toile » pour les sites français. Ce sera une référence, un peu comme la norme NF. Le label donnera une garantie sur le sérieux de la boîte. Par exemple, si elle reçoit un e-mail en anglais, on sera certain qu’elle y répondra. Les critères seront liés au Web, et non à l’entreprise elle-même. Pour les PME labellisées, nous prévoyons en outre une aide au financement de leurs sites. Nous allons dégager 20 millions de francs sur deux ans en redéployant les dépenses du secrétariat d’État. Nous pensons que les acheteurs étrangers seront sensibles à ce label. Cette mesure sera mise en place au premier trimestre 1998. Il n’y a aucune raison d’attendre.
Libération : Les restrictions à l’usage de la cryptographie sont souvent présentées comme un frein au développement du commerce électronique.
Jacques Dondoux : Déjà, en 1930, on n’avait pas le droit d’envoyer des télégrammes cryptés. Les gars dans les centraux télégraphiques voyaient arriver des ordres d’agents de change. Du coup, ils jouaient en Bourse et on a été obligé d’autoriser le codage pour les agents de change. Aujourd’hui, nous sommes toujours plus sévères que la plupart des pays comparables à la France. Économiquement, on ne peut pas tenir la position actuelle. Il faut une sorte de petite révolution culturelle. L’histoire qu’on sort à chaque fois, c’est la bande à Baader. Mais à côté de ça, il y a une montagne de transactions commerciales. Il faut tenir compte de la demande des entreprises. De la même manière, il faut donner une valeur juridique aux messages électroniques. Dans ma mairie de Saint-Agrève, en Ardèche, on envoie nos délibérations de conseil municipal à la sous-préfecture par courrier électronique. Ils nous donnent leur accord en retour. La législation doit faciliter ce genre de procédure. À Condition d’y ajouter un certain nombre de sécurités, la transaction électronique doit avoir la même valeur que le papier.
Libération : Le retard français reste donc d’actualité…
Jacques Dondoux : C’est un problème idéologique qui touche tous les Français. On est assez réticent vis-à-vis des technologies. Sur le fond, notre retard est indéniable, notamment dans l’investissement dans les nouveaux moyens de communication et l’informatique. Mais la prise de conscience est enclenchée. Il faut y aller ! Une autre réticence, c’est la langue. Il faut que nous apprenions à recevoir des lettres, et notamment des courriers électroniques, en langue étrangère. Dans le commerce extérieur, l’anglais sera une annexe du français et non une langue étrangère, à proprement parler.
Libération : Vous êtes l’inventeur du système de tarification du Minitel, le fameux Kiosque. Pensez-vous qu’il faille le transposer à l’Internet ?
Jacques Dondoux : On sera obligé de faire la même évolution sur l’Internet. Mais pas forcément avec une tarification au temps passé. Je pense plutôt à un kiosque « à l’acte », par micro-paiement, avec sécurité des transactions. Le marché est dominé par les habitudes américaines et leur manière de rédiger les pages. Ils ont la moitié des sites. Si on fait quelque chose de spécifique à la France, ça ne marchera pas.
Site Internet du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie - 22 décembre 1997
Entretien avec le journal « La Montagne »
La Montagne : Depuis plusieurs mois, le commerce extérieur et ses bons résultats sont le moteur d’un début de reprise. Peuvent-ils continuer, longtemps encore, à jouer ce rôle si la consommation intérieure tardait à reprendre, de façon significative ?
Jacques Dondoux : Le commerce extérieur n’est plus le seul moteur de la reprise. Au troisième trimestre, nos importations ont augmenté plus vite que nos exportations, et c’est la consommation des ménages et l’investissement des entreprises qui ont tiré notre économie. La demande domestique est en train de se redresser en France, comme en Europe, et c’est un bon signe pour l’avenir.
Cela étant, nos exportations sont très dynamiques, en forte croissance depuis le milieu de 1996. C’est un mouvement qui va se poursuivre. Peut-être pas au même rythme, qui serait difficile à soutenir longtemps. Mais les chiffres de signature de grands contrats depuis le début de l’année, et les carnets de commandes des exportateurs, laissent prévoir une croissance encore solide de nos exportations dans les prochains mois.
Du côté des importations, il serait logique que la reprise se traduise par une croissance plus forte, qui est déjà apparente dans les derniers mois.
La Montagne : En quoi l’euro peut-il être une chance pour le commerce extérieur ?
Jacques Dondoux : Du point de vue des entreprises qui exportent, l’euro c’est d’abord un facteur d’incertitude en moins. Et en Europe, c’est le complément logique du marché unique. Nos entreprises ont déjà su mettre à profit l’unification des marchés européens. Elles sont bien placées pour tirer aussi tous les avantages de l’euro.
Mais l’euro sera aussi une garantie de taux d’intérêts faibles. C’est essentiel pour l’investissement et la croissance. Et naturellement, plus d’investissement, c’est nécessaire pour que la productivité de nos entreprises progresse. À moyen terme, c’est aussi de cela que dépendra la compétitivité de nos entreprises sur les marchés étrangers.
La Montagne : La future loi sur les 35 heures risque-t-elle d’affaiblir la compétitivité des entreprises françaises et donc d’avoir des répercussions sur le commerce extérieur ?
Jacques Dondoux : Je rappellerai que dans notre pays, 12 % de la population active est sans emploi.
La RTT est donc un des moyens que le Gouvernement compte utiliser pour réduire le chômage.
La loi Robien était un pas dans la bonne direction, mais un pas insuffisant. Au bout d’un an, elle a contribué à créer ou seulement maintenir 17 000 emplois : c’est trop peu, par rapport aux 3 millions de chômeurs.
Le Gouvernement a donc voulu aller plus loin en fixant un calendrier. On négocie entreprise par entreprise ; on conclut des accords ; on en fait le bilan et on fixe pour l’an 2000 les conditions exactes du passage de l’heure légale à 35 heures.
Certains diront que c’est trop lent, d’autres trop rapide, mais je crois que c’est bien ciblé.
C’est un juste milieu entre le vœu pieux et l’obligation brutale.
Au total, on peut dire que si les entreprises lisent vraiment la loi et ne se laissent pas abuser par certaines déclarations de campagne du CNPF, on va aller dans une situation que je qualifierais de « gagnante » :
- « gagnante » pour les chômeurs : le Gouvernement attend à terme plusieurs centaines de milliers de nouveaux emplois ;
- « gagnante » pour les salariés qui peuvent acquérir du temps libre ;
- « gagnante » pour les entreprises qui vont pouvoir négocier un aménagement du travail conforme à leurs contraintes, par exemple, la saisonnalité de leurs marchés.
C’est pourquoi, en tant que ministre du commerce extérieur, je crois que les 35 heures ne nuiront absolument pas à notre compétitivité. Lionel Jospin l’a clairement indiqué : les 35 heures ne devront pas entraîner une aggravation des coûts des entreprises. Si les entreprises et leurs salariés les utilisent pour mettre au point des organisations du travail plus performantes, les 35 heures seront un atout. C’est le cas dans beaucoup d’entreprises que j’ai visitées.
La Montagne : Dans les régions, l’administration que vous représentez semble peu active ; moins présente en tout cas. Ne croyez-vous qu’un effort permettrait de développer un réel potentiel qui ne demande que cela ?
Jacques Dondoux : Mon administration est, vous le savez, représentée en régions, par les directions régionales du commerce extérieur (DRCE). Ce sont des petites équipes, certes, mais qui sont les relais des 160 postes d’expansion économique (PEE) réparties dans le monde et qui emploient près de 1 700 agents… C’est assez normal que pour le commerce extérieur on trouve plus de monde à l’étranger qu’en France.
D’autre part, dans le domaine du commerce extérieur, le rôle de l’administration est de rapprocher, coordonner les autres intervenants qui sont nombreux et utiles : je pense en particulier aux régions, aux chambres de commerce, à la COFACE ou au CFCE. Mon ambition n’est donc pas de faire une OPA administrative sur tous les dispositifs d’appui, mais de les faire mieux travailler ensemble.
La Montagne : À une époque où se multiplient embargos, interdictions, sanctions économiques, comment, dans votre esprit, concilier morale, politique et commerce international ?
Jacques Dondoux : Vous évoquez les embargos et les menaces de sanction. Je ne conteste pas le droit des États-Unis de déterminer leur politique vis-à-vis de Cuba ou de l’Iran, même s’il me semble que le maintien de relations commerciales est une meilleure méthode pour aider ces pays à évoluer vers plus de démocratie. Mais nous n’avons pas de raison d’accepter que le sujet doit tranché, de manière extraterritoriale, par le congrès américain. Sur tous ces sujets l’objectif doit être de renforcer la concertation et les règles multilatérales.
J’étais à l’OCDE, jeudi 17 décembre, avec Dominique Strauss-Kahn et Élisabeth Guigou, pour présider la cérémonie de signature de la convention contre la corruption dans les échanges internationaux. Nous avons convenu, avec nos partenaires de l’OCDE, et déjà quelques autres pays qui ont décidé de se joindre à nous, de faire un premier pas pour lutter plus efficacement contre la corruption dans les échanges internationaux. C’est un changement de direction, et je crois qu’il est important.
Les Échos - 8 janvier 1998
Les Échos : Quel bilan peut-on dresser du commerce extérieur français en 1997 ?
Jacques Dondoux : L’excédent commercial a doublé par rapport à l’année précédente à structure égale, c’est-à-dire en ne prenant pas en compte les échanges avec les DOM-TOM. Le solde positif sur les dix premiers mois de l’année a été de 150 milliards de francs, contre 89 milliards de francs pour l’ensemble de l’année précédente. La progression a été régulière au fil des mois. Sur les neuf premiers mois de l’année, le montant des grands contrats a dépassé de 30 % celui enregistré sur la même période de 1996.
Les Échos : Quelles sont les perspectives pour 1998, compte tenu notamment de la crise asiatique ?
Jacques Dondoux : Pour 1998, nous nous dirigeons vers une stabilisation de l’excédent à un niveau assez proche de la situation actuelle. Le redémarrage de la croissance, en entraînant un surcroît d’importations, devrait avoir un effet négatif sur l’excédent. La crise asiatique va, d’autre part, handicaper les exportations françaises, notamment pour les marchandises de luxe, alors que les produits en provenance de cette région bénéficieront d’une plus grande compétitivité. Les chefs d’entreprise ont pris conscience de ces nouvelles données. Mais ils réalisent que la situation actuelle leur offre en même temps une occasion d’aller « faire leur marché » en investissant en Asie. Ils pourront profiter, à cet égard, de l’accord sur les services financiers conclu le 13 décembre dans le cadre de l’OMC, qui permettra une ouverture des marchés de l’assurance, de la banque et de la bourse à niveau mondial. La crise asiatique devrait par ailleurs contribuer au maintien du dollar à un niveau élevé, ce qui constitue un point positif pour les échanges extérieurs français.
Les Échos : Les marchés émergents restent-ils une priorité pour le commerce extérieur français ?
Jacques Dondoux : Oui. Nous continuons d’alléger le dispositif de soutien au commerce extérieur en Europe pour le renforcer dans les pays émergents. Il faut rappeler que le quart de la progression des exportations françaises depuis 1990 a été effectué avec ces pays, alors qu’ils ne représentent que 12 % de nos ventes à l’extérieur. Ce n’est pas parce qu’ils subissent des bourrasques qu’il ne faut pas y aller. L’Asie de l’Est pourra se rétablir rapidement si elle sait tirer les leçons de la crise et mettre en œuvre les réformes de structure. À court terme, les entreprises doivent, bien sûr, être prudentes. Mais c’est un pari qui peut être fécond pour elles. En Amérique latine également, la situation apparaît très intéressante. Ce sont des pays porteurs d’avenir. Ils ont ressenti une vive déception quand le Congrès américain a refusé au président Clinton la possibilité de signer par la procédure rapide (« fast track ») des accords de libre-échange avec eux. Ils se rendent compte aujourd’hui que l’Union européenne est plus ouverte.
Les Échos : Comment les instances multilatérales peuvent-elles contribuer au développement des échanges commerciaux de la France ?
Jacques Dondoux : Nous bénéficions de deux éléments favorables. D’une part, l’Union européenne parle désormais d’une seule voix. Leon Brittan avait ainsi un mandat de négociation ferme lors des discussions de Genève sur l’ouverture des services financiers. D’autre part, les entreprises françaises disposent aujourd’hui, avec les procédures de l’OMC, de règles protectrices en cas de différend commercial avec un État. Le désaccord que nous avions avec le Japon sur la taxation des spiritueux français par ce pays a ainsi été arbitré en notre faveur devant l’OMC. Une nouvelle réunion ministérielle de l’OMC va se tenir à Genève en mai, qui évoquera en particulier la question des normes sociales, comme le travail des enfants. Il faut mettre en place des programmes rapides d’alphabétisation. C’est la responsabilité de l’Organisation internationale du travail, mais il faut une bonne concertation avec l’OMC. Nous souhaitons par ailleurs continuer à travailler sur le thème de la corruption, après l’accord conclu en décembre à Paris dans le cadre de l’OCDE. Certains pays vont notamment poser la question du secret bancaire.
Les Échos : Comment va évoluer le réseau de soutien au commerce extérieur ?
Jacques Dondoux : Notre souci est de réorienter le Centre français du commerce extérieur vers une mission d’information, avec pour cible privilégiée les petites et moyennes entreprises, tandis que le CFME-ACTIM assurera les actions de promotion. L’accroissement de la présence des PME françaises à l’étranger est une priorité. Lors de l’exposition Francia 2000 que j’ai inaugurée en novembre à Santiago du Chili, 276 sociétés françaises étaient présentes, dont une majorité de PME. Cet effort sera poursuivi cette année, avec l’organisation de grandes expositions à Moscou, aux Philippines, en Indonésie, au Japon.
Les Échos : De quelle manière comptez-vous encourager les entreprises françaises à se tourner davantage vers l’étranger ?
Jacques Dondoux : Il faut davantage explorer les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l’information. Le commerce électronique ouvre aux entreprises, notamment aux PME, les portes des marchés extérieurs : avec Internet, le monde est à portée de mains. Le site Internet du commerce extérieur va être considérablement renforcé, en liaison avec les 160 postes d’expansion économique français dans le monde. Il donnera des informations sur l’état de chaque marché, sur les sociétés françaises présentes, sur le réseau local des conseillers français du commerce extérieur. Il fournira la liste des personnes originaires de ce pays et ayant effectué des études en France. Nous allons, d’autre part, éditer un CD-ROM et étudier la mise en place d’un numéro vert du commerce extérieur. Un label sera décerné aux sociétés exportatrices disposant d’un site Internet de qualité. Des personnes employées dans le cadre des emplois-jeunes pourront être utilisées pour aider les PME à se positionner sur Internet. Après le rapport Lorentz sur le commerce électronique, nous avons confié, avec Dominique Strauss-Kahn et mes collègues de Bercy, une mission de réflexion sur l’information économique et les nouvelles technologies à Monsieur Patrick Lefas. Des propositions nous seront faites à la fin du premier trimestre.
Les Échos : Comment le passage aux 35 heures influera-t-il sur la compétitivité des entreprises françaises à l’étranger ?
Jacques Dondoux : Je dis, depuis le début, que ce problème a été tranché par le peuple à l’occasion des élections de mai-juin 1997. Le passage aux 35 heures doit être fait de manière intelligente. Le Gouvernement a pris un bon chemin. Cette réforme sera discutée à l’intérieur des entreprises. À terme, et si une souplesse nécessaire est donnée aux entreprises dans l’organisation du travail, elle devrait rendre les sociétés françaises plus compétitives et peut créer des centaines de milliers d’emplois.
La Tribune - 12 janvier 1998
La Tribune : Quelle place a le commerce électronique dans votre secrétariat d’État ?
Jacques Dondoux : Le commerce électronique doit être une chance pour développer nos exportations. Je pense que cette année devrait voir, après le doublement de 1997, au mieux une stabilisation de notre excédent commercial. Le commerce électronique accroît la zone de chalandise des entreprises à l’échelle du monde. En Ardèche, dans ma commune de Saint-Agrève, une entreprise réalise de la sous-traitance électronique, elle a ainsi pu obtenir des commandes de sous-ensembles de firmes de Hong Kong grâce à l’internet.
La Tribune : Le rapport Lorentz fait état de l’imprécision de la doctrine française en matière de commerce électronique par rapport à celle des États-Unis, qu’en pensez-vous ?
Jacques Dondoux : Ne prenons pas de retard vis-à-vis des autres nations. Il faut y aller. Je souhaite que nous soyons plus pragmatiques. Le commerce électronique a une dimension mondiale et est devenu rapidement un enjeu des négociations internationales. Ce débat reste morcelé entre des organisations internationales à vocation généraliste comme l’OCDE, l’OMC (Organisation mondiale du commerce) ou la CNUCED (conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), des organisations plus spécialisés comme l’UIT (Union internationale des télécommunications) et enfin de grandes conférences internationales comme celles de Bonn et de Turku. Les travaux actuels restent, le plus souvent, à un stade exploratoire, mais ils contribuent à la formation d’un consensus. C’est ainsi qu’ont été adoptées la déclaration de Bonn du 7 juillet dernier, endossée par les ministres des 29 pays européens et la déclaration conjointe de l’Europe et des États-Unis, entérinée lors du sommet transatlantique du 5 décembre. Il est urgent d’affirmer une véritable doctrine européenne vis-à-vis d’une position américaine très affirmée et volontaire. Les mois à venir devraient se traduire par une accélération des travaux internes à l’Union européenne.
La Tribune : Quelles mesures concrètes envisagez-vous à l’égard des entreprises dans ce domaine ?
Jacques Dondoux : Dans le cadre du plan gouvernemental sur la société de l’information, j’ai décidé d’une action de promotion et de sensibilisation par un mécanisme destiné à promouvoir une image internationale dynamique de la France : « Le exportateurs de la Toile ». Il s’agira de délivrer sous des conditions strictes en cours de définition, un label aux entreprises les plus innovantes en ce domaine. Nous voulons créer une sorte d’émulation collective avec des « success stories » d’entreprises. Les PME pourront bénéficier d’une aide au financement de leur site, dotée de 20 millions de francs sur deux ans, que nous financerons par le redéploiement de crédits au commerce extérieur. Nous allons mettre en place au premier trimestre 1998 un site Internet rendant accessible les informations dont nous disposons, notamment dans les 160 postes d’expansion économique avec des conseils sur les aides, les clients à contacter… La mise à disposition de l’information économique doit être efficace et rapide et entre dans les nouvelles orientations du rôle du Centre français du commerce extérieur. Comme pour la mission réalisée par Francis Lorentz, nous avons demandé avec Dominique Strauss-Kahn, à Patrick Lefas de conduire une mission de réflexion sur ces sujets et de nous faire des propositions d’ici la fin du premier trimestre 1998.
La Tribune : Comment pallier le déficit des entreprises françaises du secteur des technologies de l’information ?
Jacques Dondoux : Le fonds pour le capital-risque mis en place par Dominique Strauss-Kahn y concourt. Même si on ne va pas changer le rapport de force avec les grandes entreprises de logiciel américaines. Par ailleurs, j’ai demandé au CFME-ACTIM qui organise les foires et les salons à l’étranger, d’orienter davantage les opérations prévues dans ce secteur en 1998 et ses crédits d’intervention augmenteront de 15 millions de francs. Il est essentiel que nos entreprises profitent au mieux de l’ouverture des marchés mondiaux, ce que permettra l’accord intervenu à l’organisation mondiale du commerce sur les télécommunications récemment ratifié par notre Parlement. Cet accord permet de rétablir une situation qui serait, sans lui, déséquilibrée : l’Union européenne a décidé d’ouvrir la concurrence à la téléphonie vocale en Europe. Il est essentiel d’obtenir de nos partenaires hors d’Europe des engagements comparables.