Aux côtés de l’administration pénitentiaire, de nombreux acteurs publics ou associatifs interviennent également en faveur de l’accompagnement et de la réinsertion des personnes placées sous main de justice.
La Direction de l’administration pénitentiaire
La Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) relève du ministère de la justice depuis 1911. Elle regroupe différents services :
- une direction centrale organisée, depuis un arrêté du 29 mai 2019, en deux grands services, le service des métiers et le service de l'administration. Le service des métiers est notamment chargé d'élaborer les politiques de prise en charge des personnes condamnées et prévenues et de coordonner les politiques de sécurité et de prévention de la violence. Le service des métiers gère les moyens humains, matériels, budgétaires et immobiliers de l'administration pénitentiaire. L'inspection des services pénitentiaires, qui était rattachée à la direction centrale de l'administration pénitentiaire, a fusionné en 2017 avec l'inspection générale de la justice (IGJ) ;
- des services déconcentrés comprenant, au 1er janvier 2025, 10 directions interrégionales, 186 établissements pénitentiaires et 103 services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) ;
- un service à compétence nationale, le service national du renseignement pénitentiaire (SNRP), créé par un arrêté du 29 mai 2019. Ce service, entré en fonction le 15 juin 2019, remplace le bureau central du renseignement pénitentiaire inauguré en avril 2017. Il comprend 10 cellules interrégionales et des délégations locales ;
- un établissement public, l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP). Localisée à Agen, l’école assure la formation initiale et continue de tous les personnels pénitentiaires : personnels de direction, d’insertion et de probation, de surveillance, administratifs et techniques.
Le service de l’emploi pénitentiaire (SEP), basé à Tulle, a été intégré en décembre 2018 à l’agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice. Cette nouvelle agence est directement rattachée au garde des Sceaux, ministre de la justice, et, pour sa gestion administrative et financière, à la direction de l'administration pénitentiaire. Elle est chargée de développer le travail d'intérêt général ainsi que la formation professionnelle, le travail et l'insertion professionnelle des publics pénitentiaires.
Une autre agence est également au service de l'administration pénitentiaire : l'agence publique pour l'immobilier de la justice (APIJ). Elle assure la maîtrise d’ouvrage des opérations de construction, de réhabilitation, de restauration, d’exploitation ou de réutilisation des bâtiments pénitentiaires.
Quel est le budget de l'administration pénitentiaire ?
Pour faire fonctionner ses services, l’administration pénitentiaire était dotée en 2023 d’un budget annuel de 4,2 milliards d'euros (300 millions de plus que l'année précédente) - 4,7 milliards en crédits de paiement, soit 42% du budget alloué au ministère de la justice. Ce budget a doublé en 15 ans, puisqu'il était de 1,9 milliard en 2009. (Source : Références Statistiques Justice 2024).
Les personnels pénitentiaires
Pour assurer ses missions, l’administration pénitentiaire fait appel à différents métiers : personnels de direction, administratifs et techniques, de surveillance et d’insertion et de probation.
Plus de 44 000 agents travaillent pour l’administration pénitentiaire afin d’assurer la prise en charge, au 1er octobre 2024, de presque 254 000 personnes placées sous main de justice (Source : Chiffres-clés de la Justice 2024).
Les surveillants
Au sein de l’administration pénitentiaire, les personnels de surveillance (surveillants, gradés, officiers) sont les plus nombreux. Ils représentent près de 30 000 fonctionnaires et stagiaires, soit un peu plus de 70% de l’ensemble du personnel pénitentiaire.
Le code pénitentiaire définit le cadre de leurs fonctions et ses limites. Les personnels de surveillance "constituent, sous l'autorité des personnels de direction, d'une des forces dont dispose l’État pour assurer la sécurité intérieure. Dans le cadre de leur mission de sécurité, ils veillent au respect de l'intégrité physique des personnes privées de liberté et participent à l'individualisation de leur peine ainsi qu'à leur réinsertion [...]. Ils assurent également la protection des bâtiments abritant les administrations centrales du ministère de la justice" (article L113-4).
Les surveillants de prison ont donc une double mission :
- une mission de garde et de surveillance ;
- une mission de réinsertion des personnes détenues, aux côtés des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP).
Depuis plusieurs années, l'administration pénitentiaire rencontre des difficultés de recrutement mais aussi de fidélisation des surveillants. Le métier connaît un déficit d'attractivité lié à ses conditions d'exercice (cadre vétuste de certaines prisons, salaires modestes en début de carrière, violences carcérales, manque de reconnaissance, horaires décalés, etc.).
Les revalorisations successives du métier de surveillants
- Un protocole d'accord est signé en janvier 2018 avec les organisations syndicales, à la suite d'un vaste mouvement social des surveillants. Il prévoit diverses revalorisations indemnitaires, la création d'une prime de fidélisation ainsi que 1 100 emplois supplémentaires de surveillants d'ici 2021.
- En 2022, les surveillants pénitentiaires bénéficient d'évolutions statutaires et indemnitaires grâce à la fusion des grades de surveillant/surveillant principal et de brigadier en un grade unique. La carrière des surveillants est revalorisée : les indices de rémunération augmentent au début et en fin de carrière. Ces réformes visent à accroître l'attractivité du métier afin d'atteindre les objectifs de recrutement.
- La loi du 20 novembre 2023 d'orientation et de programmation du ministère de la justice a alloué des crédits supplémentaires pour embaucher par contrat de nouveaux "surveillants adjoints" de prison, afin de faire fonctionner les dernières prisons construites. La loi de programmation contient également des mesures permettant des accélérations de carrière, une rémunération plus attractive et le recrutement d'agents contractuels en renfort pour pallier les postes vacants.
Les personnels d'insertion et de probation
Les personnels d’insertion et de probation, avec 5 300 agents (hors élèves et stagiaires), représentent près de 14% de l’ensemble du personnel pénitentiaire. Ils travaillent au sein des services pénitentiaires d’insertion et de probation. Créés en 1999, ces services départementaux ont remplacé en les fusionnant les comités de probation et d’assistance aux libérés (CPAL) et les services socio-éducatifs des établissements pénitentiaires.
Les personnels des SPIP peuvent exercer leur mission en prison comme en milieu ouvert. Le code pénitentiaire définit leur rôle : préparer la réinsertion des personnes détenues et prévenir la récidive.
En prison, les personnels d’insertion et de probation accompagnent les personnes dans le cadre d’un "parcours d’exécution de la peine" (PEP). Ils aident à l'exécution de la décision judiciaire en proposant au juge de l’application des peines des mesures d’aménagement de peine suivant la situation du condamné. Ils préparent à la sortie de prison en facilitant l’accès des personnes incarcérées aux dispositifs d’insertion et de droit commun (logement, soin, formation, travail, etc.). Ils sont aussi chargés de lutter contre la désocialisation en prison (accompagnement des détenus tout au long de leur peine, participation à la lutte contre l’illettrisme, l’indigence, au repérage des conduites à risques et à la prévention du suicide).
En milieu ouvert, les personnels d’insertion et de probation interviennent dans le cadre d’un mandat judiciaire. Ils apportent à l’autorité judiciaire les éléments d’évaluation nécessaires à la préparation et à la mise en œuvre des condamnations, et contrôlent le respect par les personnes condamnées de leurs obligations. Ils aident les personnes condamnées à comprendre la peine et mettent en place des programmes de prévention de la récidive (PPR). Ils impulsent avec elles une dynamique de réinsertion sociale. Dans le cadre des politiques publiques, ils favorisent l’accès des personnes placées sous main de justice aux dispositifs d’insertion sociale et professionnelle.
Avec les surveillants, les personnels d’insertion et de probation ont donc un rôle essentiel à jouer dans l’institution pénitentiaire. Si le nombre de créations de postes de conseillers d’insertion et de probation a sensiblement augmenté ces dernières années, leur charge de travail reste toutefois très importante en raison de l’augmentation de la population pénale et des missions qui leur sont confiées.
En juin 2025, le Gérald Darmin, garde des Sceaux, a lancé les États généraux de l'insertion et de la probation (EGIP). L'objectif est d'analyser l'évolution et les missions des SPIP au sein de la chaîne pénale, afin de faire émerger des pistes pour améliorer l'accompagnement des personnes placées sous main de justice.
Déontologie des personnels
Le personnel pénitentiaire est soumis à des règles déontologiques. Ces règles, auparavant inscrites dans le code de procédure pénale, figurent depuis décembre 2010 dans le code de déontologie du service public pénitentiaire. Ce code impose aux personnels pénitentiaires toute une série de devoirs (devoir de réserve, respect absolu des personnes qui leurs sont confiées par l’autorité judiciaire et de leurs droits, interdiction à leur égard de toute forme de violence ou d’intimidation, de discrimination, de dénomination injurieuse, interdiction du droit de grève, etc.).
Certaines dispositions de ce code s’appliquent également aux personnels non pénitentiaires et aux associations qui concourent au service public pénitentiaire.
Les partenaires institutionnels et associatifs
L’administration pénitentiaire fait appel depuis très longtemps à des partenaires institutionnels et associatifs pour mettre en œuvre sa mission de réinsertion et de prévention de la récidive. La loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 prévoit que le service public pénitentiaire "est assuré par l’administration pénitentiaire sous l’autorité du garde des sceaux, ministre de la justice, avec le concours des autres services de l’État, des collectivités territoriales, des associations et d’autres personnes publiques ou privées" (codifié à l'article L111-1 du code pénitentiaire). Le rôle de ces partenaires est important tant en milieu fermé qu’en aménagement de peine et en milieu ouvert.
Les partenaires institutionnels
Divers intervenants sont présents en prison : les enseignants, les personnels de santé, les aumôniers, des structures culturelles, etc.
Les enseignants sont entrés dans les prisons en 1964. Ils exercent aujourd'hui au sein d‘unités locales d’enseignement (ULE). L'enseignement en prison s’adresse en priorité aux plus jeunes (mineurs et jeunes adultes) et aux adultes sans qualification, ni diplôme, notamment les illettrés et les non francophones (16% de la population pénale présentait une fragilité importante dans la maîtrise de la langue française en 2022-2023). D'après le bilan annuel de l'enseignement en milieu pénitentiaire 2022-2023, 43 716 personnes détenues ont été scolarisées (29% de la population totale écrouée pendant l'année). L'ensemble des mineurs étaient scolarisés sur des parcours adaptés.
La santé est également présente en prison. Depuis la loi du 18 janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale, la prise en charge sanitaire et l’organisation des soins en milieu pénitentiaire relèvent du ministère de la santé. En milieu pénitentiaire, les médecins, psychologues et infirmiers travaillent au sein d’unités sanitaires implantées dans chaque établissement ou de services médico-psychologiques régionaux (SMPR). En milieu hospitalier, le personnel médical soigne les détenus dans des unités sécurisées ou spécialement aménagées.
La religion occupe aussi une place en prison. Depuis la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l’État, l’administration pénitentiaire doit organiser l’accès au culte des personnes détenues. En 2018, 1 655 aumôniers et auxiliaires intervenaient en détention (+36% par rapport à 2012).
D'autres partenaires agissent encore en détention : le ministère de la culture et les collectivités locales pour organiser des activités ou évènements culturels ou encore les organismes sociaux, France Travail et les missions locales par le biais d’actions concernant l’accès aux droits et la préparation à la sortie.
Le réseau des partenaires associatifs
De nombreuses associations conventionnées par l’administration pénitentiaire s’occupent des personnes détenues et sortants de prison.
Au niveau central, l’administration pénitentiaire travaille en complémentarité avec plusieurs associations, têtes de réseau. Ces associations œuvrent dans de nombreux domaines en faveur des détenus : enseignement, formation, culture, sport, écoute et soutien, maintien des liens familiaux, éducation à la santé par le biais de la prévention, accompagnement pour préparer la sortie de prison ou des aménagements de peine, accompagnement des personnes âgées, isolées, handicapées, hospitalisées, lutte contre toute forme de discrimination....
Toutes ces interventions ont pour objectif la prévention de la récidive et l’inclusion sociale.