En novembre 2020, selon une enquête statistique, 2,8% des 15 ans ou plus déclarent avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois (2,5 % des hommes et 3,1 % des femmes). Cette proportion est plus forte chez les jeunes avec 5% des 15-24 ans (3,6% des hommes et 6,4% des femmes).
C'est ce que révèle en particulier l’Observatoire national du suicide (ONS) qui a publié, en septembre 2022, un rapport sur les premiers effets de la crise sanitaire (2020-2021) concernant le risque suicidaire.
Une dégradation de la santé mentale
La santé mentale de la population a globalement décliné dès mars 2020 (troubles anxio-dépressifs, détresse psychologique…) avant de s’améliorer progressivement en milieu d’année. La santé mentale a pu être affectée par :
- la baisse du lien social, qui a amplifié l’isolement et déstructuré les routines collectives ;
- le repli sur la sphère familiale avec parfois une augmentation du stress, de l’anxiété et du risque de violence intrafamiliale ;
- la peur de la contamination et le sentiment d’incertitude ;
- la perte d’un proche victime du Covid-19 et, le cas échéant, l’impossibilité de faire son deuil (procédures funéraires modifiées).
Mais un recul des conduites suicidaires
En 2020, la France a enregistré :
- une diminution des décès par suicide au cours des deux confinements (-20% et -8% respectivement par rapport aux années précédentes), ce qui confirme une tendance constatée depuis le début des années 1990 ;
- une baisse du recours aux soins pour lésions auto-infligées (automutilations, tentatives de suicide) au premier semestre par rapport aux années précédentes. Le sentiment de partager une épreuve collective, le moindre accès à certains moyens létaux, une surveillance accrue par les proches et une adaptation du système de soins psychiatriques ont pu atténuer le risque suicidaire. Les actes suicidaires, moins nombreux (-10%), sont néanmoins plus graves (utilisation accrue de moyens violents, hospitalisation plus fréquente en soins intensifs). Depuis l’automne 2020, les gestes suicidaires augmentent fortement chez les adolescentes et les jeunes femmes ;
- une hausse des passages aux urgences pour idées suicidaires après le premier confinement. La fréquence de ces idées baisse au sein de la population générale, sauf parmi les moins de 25 ans.
Des catégories de population plus exposées au risque suicidaire
Le taux de tentative de suicide des femmes de 15 à 19 ans faisant partie des 25% les plus pauvres de la population est huit fois plus élevé que le taux observé pour les hommes du même âge appartenant aux 25% les plus aisés.
Ainsi, la crise sanitaire a particulièrement altéré la santé psychique :
- des jeunes (notamment des étudiants), plus susceptibles de développer des pensées morbides et suicidaires que les autres classes d’âge. La pandémie a aggravé la vulnérabilité des enfants, alors que l’offre de soins pédopsychiatriques était déjà en grande difficulté ;
- des femmes ;
- des personnes seules et des familles monoparentales ;
- des plus précaires, surtout des personnes sans emploi et des occupants de logements exigus ou insalubres ;
- des individus atteints d’une maladie chronique ou d’un handicap ;
- des personnes souffrant du Covid-19 ;
- des travailleurs "de première ligne" (personnels soignants…), qui contribuent à fournir des biens et des services de première nécessité. Ils ont connu un stress professionnel et une peur de la contamination exacerbés.