Dans un avis adopté le 19 octobre 2022 sur la précarité alimentaire , le Conseil national de l’alimentation (CNA) livre les conclusions de sa réflexion sur la prévention et la lutte contre la précarité alimentaire (ou insécurité alimentaire).
Précarité alimentaire, aide alimentaire : de quoi s'agit-il ?
L'article L266-1 du code de l’action sociale et des familles (introduit par la loi "Egalim" du 30 octobre 2018) définit la lutte contre la précarité alimentaire qui "vise à favoriser l'accès à une alimentation sûre, diversifiée, de bonne qualité et en quantité suffisante aux personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale".
Pour sa part, l’article L266-2 du code de l'action sociale et des familles apporte une définition de l'aide alimentaire qui "a pour objet la fourniture de denrées alimentaires aux personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale, assortie de la proposition d'un accompagnement".
L’ampleur de la précarité alimentaire en France est difficilement quantifiable. Les statistiques relatives à la pauvreté ou à l'aide alimentaire permettent de s'en approcher. Mais, toutes les personnes pauvres ne sont pas nécessairement en situation de précarité alimentaire. Inversement, les personnes ayant un revenu supérieur au seuil de pauvreté peuvent se retrouver en situation d'insécurité alimentaire. Par ailleurs, toutes les personnes en situation de précarité alimentaire ne demandent pas à bénéficier de l’aide alimentaire ou n’y sont pas éligibles.
D’après la dernière étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le nombre de recourants à l’aide alimentaire était compris entre 2 et 4 millions de personnes en 2021 (en France métropolitaine).
L'aide alimentaire : indispensable mais pas suffisante
Les politiques publiques centrées sur l’aide alimentaire ne permettent pas de répondre à tous les enjeux de la précarité alimentaire. L'aide alimentaire a une dimension principalement "palliative" et place les personnes qui y sont inscrites dans un état de dépendance.
Le CNA rappelle par exemple le rôle essentiel de la restauration collective et notamment de la restauration scolaire dans la lutte contre la précarité alimentaire. Elle favorise une alimentation à coût modéré grâce à la tarification sociale et permet de faire évoluer les habitudes alimentaires.
Selon le CNA, la question de la précarité alimentaire nécessite une approche globale qui devrait se concrétiser par :
- la reconnaissance d’un droit à l’alimentation (droit d’être à l’abri de la faim) en droit français et en droit européen ;
- la construction d’une démocratie alimentaire pour favoriser un accès de toutes et tous à une alimentation compatible avec un système alimentaire durable.
L'avis mentionne aussi l'existence d'un projet de sécurité sociale de l’alimentation en cours de construction avec, par exemple, un crédit de 150 euros par personne et par mois sur la carte Vitale qui serait utilisé uniquement pour des achats alimentaires.
En conclusion, le CNA recommande principalement :
- de considérer l'alimentation comme un droit fondamental ;
- de mieux connaître la précarité alimentaire en impliquant les personnes concernées ;
- d'améliorer l'accès à l’aide alimentaire et la qualité des denrées distribuées ;
- de développer les initiatives complémentaires ou alternatives à l’aide alimentaire (épiceries solidaires, jardins partagés…).