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Zone euro : la BCE ralentit la hausse des taux d'intérêt

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

La Banque centrale européenne (BCE) a relevé, le 15 décembre 2022, pour la quatrième fois depuis juillet dernier, les taux d'intérêt en zone euro. Cette nouvelle hausse est de 50 points de base, après deux hausses plus fortes de 75 points de base.

À partir du 21 décembre 2022, le principal taux de refinancement passe en Zone euro de 2% à 2,5%. La Banque centrale européenne (BCE) rejoint ainsi la Réserve fédérale américaine (FED) qui avait remonté ses taux de 50 points de base le 14 décembre 2022. Cette décision fait suite à une première décision d'un relèvement des taux prise en juillet 2022, puis d'une nouvelle décision prise en septembre et d'une troisième prise en octobre. Depuis juillet 2022, l'augmentation cumulée s'élève à 250 points de base en Zone euro. C'est la plus forte progression des taux depuis la création de l'euro en 1999 en si peu de temps.

Un resserrement monétaire qui se voit sur la masse monétaire

L'objectif de cette hausse des taux d'intérêt est la lutte contre l'inflation. La BCE vise à ralentir la vitesse de circulation de l'argent et à restreindre la masse monétaire disponible pour diminuer le volume de crédit distribué par les banques commerciales. Le taux d'inflation en rythme annuel de la zone euro ressort en novembre 2022 à 10%, après 10,6% en octobre 2022, mais ce repli est davantage dû à la récente baisse des prix du pétrole et du gaz.

L'effet de la hausse des taux sur l'inflation prend généralement beaucoup de temps pour se manifester. En revanche, l'action de la BCE se voit déjà si on regarde l'évolution de la masse monétaire. Celle-ci s'analyse à travers des "agrégats" appelés M1 à M3, M1 étant la masse la plus restreinte et la plus liquide, contenant les billets, pièces et comptes courants, M3 l'agrégat le plus large comptant M1, M2 plus les dépôts à plus long terme (au-delà de deux ans). C'est surtout à partir de ce dernier agrégat que les banques centrales conduisent leur politique monétaire.

En octobre 2022, le taux de croissance annuel de M3 n'est plus que de 5,1% en zone euro après 6,3% en septembre. Pour M1, l'évolution est encore plus marquante : le taux de croissance est passé de 5,6% en septembre à 3,8% en octobre. C'est la plus faible expansion depuis dix ans.

L'euro profite de l'action de la BCE

Le taux de change, quant à lui, réagit plus rapidement à des variations du taux d'intérêt. Ce dernier représente une forme de rémunération d'une monnaie. Depuis le printemps dernier, elle est plus élevée pour le dollar que pour l'euro. Non seulement, les taux de la FED sont supérieurs à ceux de la BCE, mais l'action de la FED a été aussi plus vigoureuse (hausse des taux américains de 400 points de base depuis le printemps contre 250 en zone euro).

Cet effet, conjugué aux perspectives macroéconomiques longtemps plus faibles en zone euro par rapport aux États-Unis, a contribué à faire baisser l'euro depuis un an. La chute de l'euro a même conduit la monnaie européenne à la parité avec le dollar à l'été 2022, niveau encore franchi à la baisse en septembre 2022 pour atteindre 0,95 dollar. Un euro plus faible renchérit tous les produits importés de la zone dollar, notamment le pétrole qui est libellé en dollar. La faiblesse de l'euro a donc accentué l'inflation en zone euro.

Depuis fin septembre, l'euro remonte et retrouve un niveau de 1,06 dollar pour 1 euro. Cette évolution se conjugue avec les dernières remontées des taux de la BCE. Les facteurs qui influent sur le taux de change sont toujours nombreux, mais sans l'action de la BCE le cours de l'euro aurait probablement poursuivi sa descente avec un effet sur l'inflation – et ainsi pour les consommateurs et entreprises – encore plus négatif.