Selon la Cour des comptes, sur 47 pays comparés en matière de publications en IA, la France se situe au 10e rang au niveau mondial et au 2e rang au niveau européen.
Au moment où l’intelligence artificielle occupe une part croissante dans les investissements mondiaux (12% du total des investissements mondiaux en 2018, contre 3% en 2011), la Cour des comptes a ainsi voulu évaluer, dans un rapport remis le 3 avril 2023, les effets de la première stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (SNIA) mise en place en 2018.
Les rapporteurs se sont intéressés en particulier aux volets recherche et enseignement supérieur qui constituent deux axes majeurs en matière de financement.
Un manque d'efficience de la stratégie nationale en IA
Dans ces deux volets, recherche et enseignement supérieur, qui constituent un tiers du budget de la SNIA pour la période 2018-2022 (573 millions d’euros sur un total de 1,527 milliard d’euros), la Cour des comptes évoque un manque d’efficience.
Ce manque d'efficience se manifeste notamment par la faible progression – voir le recul – du nombre d’élèves ou d'étudiants dans des filières qui préparent à l’IA, que cela soit dans l’enseignement scolaire en terminale générale (enseignement scientifique, mathématiques) ou dans l’enseignement supérieur (très peu de formations spécialisées en IA en licence ou en Diplôme universitaire technologique).
En revanche, une croissance plus forte dans les filières de spécialisation à l’IA au niveau des masters et des doctorats a été constatée depuis 2020 (+35%).
Une accélération de la stratégie en IA pour renforcer la formation des chercheurs
En ce qui concerne la recherche, la Cour des comptes évoque plusieurs problématiques, dont la pérennisation des financements. Pour certains instituts, ils sont accordés sur de courtes durées après appels à projet. La Cour des comptes craint des effets de rupture dans la formation des jeunes chercheurs ou la poursuite des programmes de recherche.
Elle appelle également les pouvoirs publics à renforcer leurs attentes à l’égard des trois centres d’excellence en IA (Institut polytechnique de Paris avec HEC Paris, Sorbonne université, université Paris-Saclay), qui répondent à d’autres modèles de financement que les instituts interdisciplinaires en IA (3IA) soumis, eux, à des appels à projets.
Par conséquent, si la France a évité un décrochage scientifique sur l'IA avec sa stratégie mise en place en 2018, la "stratégie d’accélération", second volet pour la période 2022-2025, est recentrée sur un objectif de formation des talents en IA, avec un budget plus conséquent (776 millions d'euros).
Outre l’attractivité des talents, ce second volet fixe comme priorité la prise en compte des enjeux sociétaux. Il prévoit que la recherche soit axée sur les limites de confiance à l’égard de l’IA et sur la frugalité de son utilisation.
