Le ciment conventionnel permet de produire les bétons d'aujourd'hui. Cette production est fortement émettrice de CO2.
L'objectif de l'accord de Paris, adopté le 12 décembre 2015, a pour ambition de réduire les émissions de CO2. Le calcul du coût associé à la réduction de chaque tonne de CO2 permet d'estimer la facilité économique du processus par secteur : c'est le coût d'abattement.
France Stratégie publie en mai 2023 la sixième partie du rapport sur les coûts d'abattement, consacrée à la décarbonation du ciment.
Le ciment en France aujourd'hui
Le ciment en France est utilisé pour deux tiers par le secteur du bâtiment et un tiers par les travaux publics.
La production de ciment est responsable de près de 3% des émissions françaises de CO2 (10 millions de tonnes par an) et de 7,4% au niveau mondial. Depuis 1974, dans les pays déjà largement urbanisés, le secteur du ciment connaît une diminution tendancielle de ses volumes.
La principale source d'émissions de CO2 dans la fabrication du ciment provient de la production de son principal élément, le clinker. Ces émissions sont ainsi réparties :
- émissions directes totales (820 kilogrammes de CO2 par tonne de clinker produite) :
- émissions dites "de procédé", par la décarbonation du carbonate de calcium (525 kilogrammes par tonne de clinker produite). Il s'agit de CO2 "non énergétique", qui ne provient pas de la combustion d'une énergie fossile ;
- émissions énergétiques, par le chauffage des matériaux (un tiers des émissions) ;
- consommation électrique du processus (60 kilogrammes de CO2 par tonne de clinker produite).
Le ciment est extrêmement émissif au regard de son prix : 100 euros par tonne de ciment pour 6,5 kilogrammes de CO2 par euro de matériau. Un baril de pétrole destiné à être brûlé présente un ratio identique quand il s'échange pour 73 euros.
L'intensité en CO2 du ciment par unité monétaire de produit est similaire à celle des énergies fossiles.
Comment décarboner le ciment ?
Le rapport identifie plusieurs voies de décarbonation du secteur :
- des actions sur les besoins en ciment :
- maîtrise des besoins en surfaces ;
- évitement de la construction neuve ;
- typologies de bâti plus sobres en matériaux de construction ;
- modes constructifs alternatifs au béton (bois, pierre, brique…) ;
- optimisation de la quantité de matériaux employés ;
- la décarbonation de la production :
- incorporation aux ciments d'une part d'argiles calcinées, avec des émissions réduites (coût de la tonne de CO2 évitée en calcul socioéconomique particulièrement faible au regard de la valeur de l'action pour le climat, de l'ordre de 25 euros) ;
- production de clinker en y adjoignant la capture et le stockage géologique du CO2 produit (coût de la tonne de CO2 évitée de l'ordre de 135 à 215 euros en calcul socioéconomique, significatif mais "acceptable").
Le point de vue de l'intérêt général
La valeur de l'action pour le climat correspond à 120 euros par tonne de CO2 évitée (€/tCO2eq) en 2022. Elle augmentera progressivement jusqu'en 2050, avec une valeur de 250 €/tCO2eq en 2030. Tout coût inférieur à cette valeur fait sens pour la collectivité.