Le rapport conjoint de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) publié en octobre 2023 analyse le système de prévention et de lutte contre le décrochage scolaire en France. Il s'intéresse au dispositif "Tous droits ouverts" (TDO) mis en expérimentation dans certaines académies pour "raccrocher" les jeunes en situation ou en risque de rupture scolaire.
Les rapporteurs font observer que le court délai d’expérimentation (six mois) ne permet pas d’évaluer les effets de la mise en œuvre de TDO. Toutefois, les rapporteurs peuvent se prononcer sur les "conditions favorables au déploiement de TDO, la valeur ajoutée de la démarche, ses perspectives et ses limites".
Absentéisme et perte de lien avec l'établissement scolaire
La spécificité du parcours TDO est de faire intervenir "tous les partenaires au sein d’un territoire" (éducation, acteurs locaux, élus, préfets…) et d’explorer toutes les possibilités d’action, y compris en marge du système scolaire, pour éviter une rupture totale des jeunes décrocheurs. L'originalité du dispositif est de prendre mieux en compte les spécificités de chaque jeune et "d'encourager les hybridations entre les parcours scolaires et les dispositifs du monde de l'insertion".
Les jeunes repérés pour l’expérimentation sont issus de différents niveaux (collège, lycée de voie professionnelle, voie générale ou technologique). Ils sont identifiés par l'absentéisme chronique ou la perte de lien avec l’établissement.
Pour une large proportion de ces jeunes, la situation est la conséquence d’une orientation contrainte dans le parcours scolaire (dès la troisième), qui peut résulter d’un manque de capacité d’accueil dans la filière initialement choisie par l'élève.
Les situations de décrochage sont plus souvent observées dans les filières professionnelles.
Des rapporteurs favorables au déploiement du dispositif
Si les rapporteurs se montrent favorables à la mise en œuvre du dispositif de raccrochage notamment dans la période de "transition entre l'obligation d'instruction jusqu'à 16 ans et l'obligation de formation pour les 16-18 ans", ils rappellent l'importance de ne pas externaliser des situations qui devraient être résolues dans l'éducation nationale. Par ailleurs, les rapporteurs formulent une série de recommandations parmi lesquelles :
- être vigilant à ce que l’entrée en TDO ne soit pas ressenti par l’élève comme une "relégation", en permettant par exemple un retour vers le cycle scolaire ;
- ne pas imposer aux élèves l’entrée en TDO ;
- associer le corps enseignant à toutes les étapes du processus TDO (depuis le repérage du décrochage jusqu’au retour dans un cycle de formation) ;
- s’appuyer sur des structures de réinsertion déjà existantes ;
- tenir compte des caractéristiques des territoires associés au dispositif TDO et des capacités d’engagement des acteurs locaux ;
- mieux repérer les élèves pouvant bénéficier du dispositif TDO grâce par exemple à une cellule de veille dans les lycées (qui se réunit tous les 15 jours).