Depuis les années 1960, les inégalités salariales ont globalement baissé dans le secteur privé. Toutefois, "la France apparaît comme une exception", selon l'étude de l'Insee parue le 3 janvier 2024 (les inégalités se sont plutôt creusées dans les autres pays développés). Néanmoins, si les écarts de salaires ont diminué au sein des entreprises (intra-entreprises) de 2002 à 2019, ils ont augmenté entre entreprises (inter-entreprises) sur la même période.
Plusieurs facteurs sont à l'origine des écarts de salaires inter-entreprises : différences de profils des employés et politique salariale propre à chaque entreprise, agissent l'un sur l'autre.
La diversité des profils recrutés
La composition de la main-d'œuvre d'une entreprise explique en partie les inégalités salariales. Le recrutement de profils divers explique 20% des inégalités de salaire entre 2002 et 2007 et 27% entre 2014 et 2019, selon l'Insee.
Les entreprises emploient des personnes qui n'ont pas le même profil. D'abord, une différence de professions. Ensuite, des niveaux de diplômes, d'expériences, de performances… jouent sur la rémunération.
Par exemple, une société composée essentiellement de cadres aura un salaire moyen supérieur à celui d’une entreprise qui emploie en majorité des ouvriers.
Par ailleurs, les salariés pouvant obtenir des salaires de même niveau "ont de plus en plus tendance à se regrouper dans les mêmes entreprises". L'Insee souligne une hausse de cette "concentration salariale", à l'origine de 26,5% des inégalités sur la période 2014-2019.
Une politique salariale propre à chaque employeur
Les entreprises n'offrent pas toutes les mêmes niveaux de rémunération. Certains employeurs proposent des salaires plus ou moins élevés que d'autres. En étudiant l'évolution des salaires dans le parcours professionnel d'une personne, l'Insee a constaté que la "diversité des politiques de rémunération contribue à hauteur de 6% à 7% des inégalités de salaire".
Différences de profils professionnels et de politique salariale sont liées. Les salariés aux profils les plus valorisés sur le marché du travail tendent à travailler pour les employeurs "les plus généreux". Ce phénomène représente 12% à 13% des inégalités de salaire entre entreprises.
Par ailleurs, les salaires sont parfois "plus élevés pour compenser de moins bonnes conditions de travail, ou plus faibles du fait d’avantages non monétaires" (services, cadeaux, par exemple).
L'Insee pointe aussi "des choix discrétionnaires" des entreprises : "les plus productives en particulier ont tendance à partager une partie de leurs profits avec leurs salariés, par exemple pour des raisons de relations sociales et de gestion des ressources humaines au sein de l’entreprise."
