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Orientation des étudiants : une inadéquation avec le marché du travail ?

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

Sur les dernières décennies, la France enregistre une amélioration du taux de diplômés de l'enseignement supérieur et, parallèlement, voit ses gains de productivité baisser. Selon une récente étude, cette donnée s'explique par l'inadéquation entre l'orientation des jeunes et les besoins présents et futurs du marché du travail.

Dans une étude publiée le 4 juin 2024, la Direction générale du Trésor (DGT) revient sur les lacunes du système d'orientation scolaire et universitaire dont l'impact économique se répercute d'une part sur le coût des formations et, d'autre part, sur l'insertion des jeunes sur le marché du travail.

Un système d'orientation avec des "défaillances"

L'étude révèle des "défaillances" du système d'orientation dont les effets se répercutent directement sur les ruptures, les réorientations ou les redoublements des étudiants dans leur parcours d'étude. De fait, 37% des étudiants redoublent au moins une fois, un quart se réoriente au cours de leur parcours et seulement 36% d'entre eux obtiennent leur licence en trois ans (durée théorique de la formation). Cet "échec" est en partie lié à un déficit d'information et à une certaine "rigidité" de l'offre de formation dans la mesure où moins de la moitié des étudiants se déclarent bien accompagnés dans leur choix d'orientation. 

Par ailleurs, la carte des formations proposée par les établissements ne prend pas suffisamment en compte les besoins du marché du travail. De ce fait, à la rentrée 2022, les licences en arts, lettres, langues et sciences humaines représentaient un tiers du total des universités (337 818 étudiants) alors même que les licences en sciences fondamentales et applications faisant l'objet d'une forte demande sur le marché du travail comptaient seulement 150 228 étudiants. 

D'un point de vue économique, cela engendre des coûts élevés pour les collectivités puisque la dépense budgétaire perdue s'élève à 500 millions d'euros uniquement pour la première année de licence et serait de l'ordre de 3 à 4 milliards d'euros concernant les réorientations, les redoublements ou les sorties sans diplôme.

Concilier aspirations individuelles et besoins du marché du travail

Cette insuffisance d'adéquation entre les formations dispensées et les besoins du marché du travail ne permet pas d'assurer sereinement l'insertion des diplômés dans la mesure où 83% des étudiants diplômés ne sont en emploi que deux ans après l'obtention de leur diplôme en 2022.

En outre, cette distorsion entre compétences acquises et besoins du marché du travail se traduit également par un taux de chômage plus élevé, un excédent d'emplois non pourvus et une faible "productivité globale des facteurs". Dès lors, les entreprises sont confrontées à des difficultés de recrutement et sont parfois contraintes de baisser leur standard de recrutement ce qui a un effet sur le niveau de rémunération. 

Dans un contexte de renforcement du système d'orientation, l'étude de la DGT propose de :

  • donner plus de visibilité à certains parcours d'études et professionnels (métiers industriels en forte tension en 2022 notamment) ; 
  • renforcer la confiance des candidats dans leur capacité à accéder à ces parcours ; 
  • diffuser des informations claires et lisibles ; 
  • favoriser un accompagnement humain plus présent dans les établissements à travers notamment l'intervention d'exemples à suivre (femmes ingénieures afin de déconstruire les stéréotypes) ; 
  • améliorer l'allocation des places offertes, dans la continuité de la loi d'orientation des étudiants, en vue d'orienter les jeunes d'une meilleure manière ; 
  • parfaire l'adéquation entre la répartition des places de formation et les besoins du marché du travail. 

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