Un rapport sénatorial du 10 juillet 2024 dresse un état des lieux de l’aide alimentaire fournie par la France dans le cadre de l’aide publique au développement (APD) et avance des pistes d’amélioration.
Une aide alimentaire mondiale croissante
L’aide alimentaire peut prendre la forme :
- de livraisons directes de vivres ;
- de transferts financiers ou de bons alimentaires. Les organisations internationales privilégient désormais ce type d’aide.
La gouvernance internationale de l’aide alimentaire repose sur :
- la convention de Londres (2012) ;
- des organisations internationales :
- le Programme alimentaire mondial, axé sur l’aide d’urgence, qui est le principal opérateur international d’assistance alimentaire,
- l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture,
- le Fonds international pour le développement agricole ;
- les instances multilatérales de dialogue (G20, G7…), à l’origine d’initiatives communes.
En 2022, environ 735 millions de personnes dans le monde ont souffert de la faim (+17% depuis 2019) avec 55% de personnes sous-alimentées en Afrique (soit 282 millions de personnes) et 38% en Asie (soit 402 millions de personnes). La faim a progressé de 48,5% en Afrique de 2015 à 2022. Les crises alimentaires se multiplient sous l’effet de l’instabilité géopolitique, du changement climatique et des chocs économiques.
Toutefois, l'aide alimentaire internationale se développe depuis les années 2010. Elle provient à 70% des États-Unis. Depuis 2019, la France augmente son aide alimentaire, qui s’élève à 347 millions d'euros en 2023, dans un double objectif : venir en aide aux populations menacées mais aussi renforcer son influence dans le monde et ses relations avec les pays bénéficiaires. Cependant, au niveau des contributions européennes, la France se situe après après l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède.
Une aide française qui passe par plusieurs canaux
L’aide alimentaire de la France transite par différents canaux d’aide humanitaire :
- l’aide alimentaire programmée, pilotée par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE). Dédiée à la lutte contre l’insécurité alimentaire, elle est dotée de 225 millions d’euros en 2024 (+32% par rapport à 2023) ;
- le Fonds d’urgence humanitaire et de stabilisation, géré par le MEAE. Il a vu ses crédits multipliés par douze depuis 2014 et a versé 47,8 millions d’euros pour l’aide alimentaire en 2023 ;
- les contributions volontaires aux Nations unies.
Ces trois outils n’ont pas de mandat formalisé et sont peu coordonnés. La dispersion des crédits complique la visibilité et l’évaluation de l’aide.
La France recourt de plus en plus aux acteurs internationaux pour financer l’aide alimentaire car ils ont une large expertise et peuvent mobiliser les bailleurs et coordonner les opérateurs. Ses contributions multilatérales à la sécurité alimentaire ont été multipliées par trois depuis 2018, atteignant 252,93 millions d’euros en 2023.
Comment valoriser et rationaliser l’aide alimentaire française ?
Le rapport préconise de :
- mieux mesurer et promouvoir cette aide ;
- clarifier et mieux articuler les instruments concourant à cette politique en précisant leurs mandats d’intervention et en assurant une coordination au niveau de l’administration centrale ;
- continuer à soutenir l’influence française au sein des organisations internationales en valorisant l’expertise des entreprises françaises en matière d’alimentation.