La Banque centrale européenne (BCE) se réunit en principe toutes les six semaines pour décider de la politique monétaire. Lors de sa réunion du 17 octobre 2024, tenue à Ljubljana en Slovénie, elle a décidé d’un nouveau desserrement monétaire, le troisième cette année après ceux de juillet et de septembre 2024. Le principal taux directeur, la facilité de dépôt, sera réduit de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) pour passer à 3,25% à partir du 23 octobre 2024.
Baisse de l’inflation mais inquiétude sur la croissance
La principale tâche de la BCE est d’assurer la stabilité de la monnaie. C'est pourquoi l’inflation ne doit pas dépasser l'objectif fixé de 2%. Pour lutter contre l’inflation élevée en 2022 et 2023 qui avait dépassé 10%, la BCE a nettement relevé ses taux. Or, maintenant, le taux d’inflation annuel pour la zone euro est tombé à 1,8% en septembre 2024 – un an auparavant il était encore à 4,3% – et l’assouplissement monétaire se confirme.
En France, avec un taux de 1,2% en septembre 2024, la hausse des prix a encore plus ralenti qu’en zone euro. Néanmoins, la note de conjoncture de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du 10 octobre 2024 fait état d’un retour fragile de la croissance en France. Si "l’épisode inflationniste est terminé", les ménages n’ont pas encore intégré cette situation : "le taux d’épargne se situe, mi-2024, trois points au-dessus de son niveau de 2019". Les créations d’emplois sont peu dynamiques, insuffisantes pour résorber la hausse de la population active. Le taux de chômage devrait ainsi repartir à la hausse d'ici la fin 2024.
Stabilité monétaire ou croissance : quel objectif pour la BCE ?
La nouvelle baisse des taux de 25 points de base – 75 depuis le début de l’année – était attendue depuis la publication, le 10 octobre 2024, du précédent compte rendu de la réunion de politique monétaire : la BCE y fait part à quatre reprises d’une inquiétude sur la croissance. Elle a d’ailleurs réduit ses prévisions de croissance de la zone euro, pour cette année et pour 2025 et 2026.
Si la lutte contre l’inflation semble maîtrisée, la BCE maintient son action essentiellement pour deux raisons :
- d’abord, parce que certaines franges de l’inflation inquiètent toujours (celle des services se situe encore à 4%) ;
- ensuite, parce que la BCE a un objectif secondaire, celui de soutenir la croissance si son premier mandat, la stabilité des prix, est rempli.
La tâche paraît cependant difficile avec une croissance de la zone euro peu dynamique : elle est derrière celle du reste de l’Union européenne et surtout derrière celle des États-Unis. En plus, la situation sur le front de la croissance est très contrastée en Europe entre les grands pays de la zone euro : récession en Allemagne, forte hausse en Espagne, l’Italie et la France se situant entre les deux.