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Les inégalités de durée de retraite persistent malgré les réformes

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Dans la plupart des régimes de retraite, le montant de pension croît avec l’âge de départ. Les diverses réformes des retraites ont développé des dispositifs d’anticipation du taux plein pour permettre aux assurés les plus usés par le travail de partir plus tôt. Mais quel est l'impact de ces réformes sur la durée de vie effective à la retraite ?

Un dossier publié le 26 novembre 2024 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) mesure les écarts d’espérance de vie selon l’âge de début de carrière et l’âge d’atteinte du taux plein. Il porte sur les personnes nées de 1930 à 1950, c’est-à-dire les dernières générations ayant bénéficié de la retraite à 60 ans.

Retraite à taux plein à 60 ans : pour qui ?

À l’origine du système de retraite, en 1945, le taux plein est obtenu en cas de départ à 65 ans. Il est possible de partir dès 60 ans, mais avec une pension plus faible en général.

Les dispositifs d’anticipation de départ à taux plein créés par la suite reposent surtout sur l’inaptitude au travail puis, à la suite des réformes de 1975 à 1983, sur la réalisation d’une carrière complète. Ce critère de durée vise à avantager ceux qui ont commencé à travailler plus jeunes, supposés avoir une moins bonne santé et une moindre espérance de vie. La proportion d’assurés pouvant partir à la retraite au taux plein dès 60 ans a progressé, passant de 20% pour la génération née en 1906 à plus de 60% pour celles nées de 1930 à 1950.

Le taux plein à 60 ans bénéficie davantage :

  • aux hommes car :
    • parmi les générations les plus anciennes, ils sont plus souvent retraités d’un régime spécial ou de la fonction publique,
    • parmi les générations plus récentes, ils sont plus nombreux à valider une carrière complète ;
  • aux retraités ayant les plus fortes pensions et non pas aux plus défavorisés, qui ont généralement une espérance de vie plus courte.

Une espérance de vie réduite pour ceux qui ont commencé à travailler tôt

Certains assurés ont une espérance de vie à 60 ans inférieure à la moyenne de leur génération. Il s’agit de ceux qui :

  • sont devenus invalides ou reconnus inaptes (4 à 5 ans de moins que la moyenne) ;
  • ont commencé à cotiser avant 16 ans (2 à 3 ans de moins ). L’espérance de vie s’accroît en fonction de l’âge de début de carrière jusqu’à 18 ans pour les femmes et 20 ans pour les hommes. Elle est ensuite à peu près constante, quel que soit l’âge du premier emploi. Les barèmes déterminant l’âge de départ à taux plein, établis au fil des réformes, ne corrigent pas ces inégalités ; ils tendent à les "surcorriger" en "sens contraire".

L’espérance de vie en retraite décroît selon l’âge du taux plein

Pour les assurés non inaptes, l’espérance de vie au moment de l’atteinte du taux plein diminue à mesure que l’âge auquel ils peuvent partir à ce taux augmente. Ainsi, la durée de la retraite des femmes est de :

  • 32,6 ans lorsqu’elles partent au taux plein à 56 ans ;
  • 29,5 ans quand elles l’atteignent à 60 ans ;
  • 24,8 ans à 65 ans ;
  • 24,4 ans pour les ex-invalides.

L’espérance de vie en retraite reste décroissante en fonction de l’âge d’atteinte du taux plein si on la rapporte à la durée de carrière ou si l’on considère uniquement l’espérance de vie sans perte d’autonomie.