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Microprocesseurs : le retard de l'UE confirmé

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Coûts élevés de l’énergie, manque de main d’œuvre qualifiée, dépendance aux importations des matières premières continuent de nuire à la compétitivité européenne face à l’Asie dans le secteur des semi-conducteurs. Selon la Cour des comptes européenne, l'objectif d'en produire 20% au niveau mondial en 2030 ne sera pas atteint.

Smartphones, voitures, satellites, matériels militaires... les microprocesseurs sont essentiels aux équipement électroniques. Communément appelés "puces",  les microprocesseurs sont de petits appareils électroniques fabriqués à partir de matériaux semi-conducteurs (en général du silicium).

La Cour des comptes européenne a publié, le 28 avril 2025, un rapport qui évalue la stratégie de l’Union européenne (UE) en matière de microprocesseurs.

Un règlement né dans l'urgence

En février 2022, constatant la pénurie mondiale de semi-conducteurs due à la pandémie de Covid-19, la Commission européenne a présenté un paquet stratégique pour renforcer l’écosystème européen des semi-conducteurs. Il a été suivi par l’adoption du règlement sur les semi-conducteurs de 2023.

Quelle part du marché mondial des semi-conducteurs pour l'UE d'ici 2030 ?

Pour la Cour des comptes européenne, l'UE devrait atteindre 11,7% de la part du marché mondial des semi-conducteurs d'ici 2030, soit un peu plus de la moitié de son objectif qui visait à en produire 20% au niveau mondial en 2030.

Connu aussi sous le nom de "Chips Act", le règlement sur les semi-conducteurs européen a donné un nouvel essor à la politique menée dans ce domaine. Conçu dans l'urgence, il ne s'appuie pas sur une "analyse d'impact et manque d'objectifs clairs", estime la Cour.

Le rapport constate, entre autres, que :

  • le règlement a annoncé 43 milliards d’euros au moins d’investissements publics, "susceptibles d’attirer et de mobiliser des investissements privés d’un volume équivalent. Cependant, la majeure partie de ces fonds proviennent des ressources propres de l’industrie ou des budgets nationaux, la Commission n’apportant qu’une petite partie (environ 10% du financement public) du montant total" ;
  • "la Commission ne dispose que d’informations partielles sur le financement total que l’industrie reçoit et utilise, ce qui réduit sa capacité à suivre l’évolution de la situation et à repérer les lacunes et les doublons" ;
  • la stratégie européenne est en concurrence directe avec les initiatives menées par d'autres pays comme Taïwan, le Japon ou encore les États-Unis.

Une stratégie européenne à revoir

Face à ce constat, la Cour propose de :

  • confronter d'ici fin 2025 la stratégie en place à la réalité du terrain ;
  • travailler d'ici fin 2026 sur une prochaine stratégie concernant les semi-conducteurs.

Dans ses réponses au rapport de la Cour des comptes européenne, la Commission européenne consent à confronter l'action européenne sur les semi-conducteurs "à la réalité du terrain" lors du réexamen de la stratégie européenne en septembre 2026. La Commission affirme également vouloir commencer "avant la fin de 2026" une révision du Chips Act