"Plus de 9 actifs interrogés sur 10 considèrent qu’il existe (parfois ou souvent) des discriminations dans l’emploi" et "35% des enquêtés déclarent avoir fait l’objet d’un traitement défavorable ou discriminatoire au cours des cinq dernières années". Les conclusions du 18e baromètre des discriminations dans l’emploi, réalisé par le Défenseur des droits avec l’Organisation internationale du travail (OIT), publié en décembre 2025, montrent qu'elles touchent essentiellement les jeunes et les personnes perçues comme d'origine étrangère.
L’emploi constitue le domaine dans lequel les discriminations sont les plus fréquemment rapportées dans les enquêtes et les réclamations adressées au Défenseur des droits. En 2024, près d’une saisine sur deux reçues par l’institution en matière de discrimination concernait l’emploi.
L'âge et l'origine, premiers facteurs de discriminations
Lors de la recherche d'un emploi, en 2024, 42% des personnes discriminées évoquent le critère de l'âge. Les jeunes de 18 à 24 ans ont deux fois plus de risque que les 45-54 ans dans la recherche d'emploi comme dans le déroulement de carrière.
21% des personnes discriminées à l'embauche évoquent le critère de l'origine ou de la couleur de peau. Les personnes perçues comme noires, arabes ou maghrébines ont un risque 2,8 fois plus élevé que les personnes blanches de subir une discrimination (chiffre en hausse par rapport à 2016). Les personnes handicapées ainsi que les personnes LGBT ont respectivement 1,7 fois et 1,9 fois plus de risque de rapporter des expériences de discrimination dans la recherche d’emploi.
Dans le déroulement de carrière, le premier motif de discrimination est le sexe pour 41% des personnes. Selon l'enquête, "être une femme double le risque de déclarer une discrimination par rapport aux hommes" en 2024 contre 1,6 fois en 2016. Le rapport souligne que "les femmes diplômées d’un master ou d’un doctorat sont plus discriminées que les femmes ayant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat (un "plafond de verre" qui empêche l'accès des femmes aux postes à responsabilité).
L'enquête relève par ailleurs des "questions et comportements inappropriés plus souvent rapportés" : une personne sur deux rapporte avoir fait l’objet de questions personnelles illégales lors d’un entretien (embauche, concours par exemple). Les jeunes sont fréquemment interrogés sur leur âge, leur apparence physique ou leur quartier de résidence et les jeunes femmes sur leurs projets de parentalité.
Au travail, 34% des personnes déclarent avoir fait l'objet de comportements stigmatisants (contre 25% en 2016), notamment sexistes (20% des actifs qui y sont confrontés, contre 14% en 2016), racistes, handiphobes, homophobes ou liés à la religion.
Comment mieux lutter contre les discriminations dans l'emploi ?
Le Défenseur des droits préconise des plans d'action transversaux et pluriannuels contre les discriminations qui seraient mis en place dans le cadre du dialogue social pour permettre notamment de :
- formaliser un diagnostic ;
- sensibiliser et former le personnel à tous les niveaux (direction, RH, managers) ;
- promouvoir l'objectivité, la transparence et la traçabilité des procédures de recrutement et de promotion ;
- prévenir et traiter les signalements qui sont "trop rarement" suivis d'enquêtes et de sanctions.
Il suggère également de renforcer les politiques d'égalité femme-homme dans les entreprises et les administrations, notamment en respectant l'obligation légale de mise en place d'actions, en améliorant l'index égalité et en garantissant le principe "salaire égal pour un travail de valeur égale".
Enfin, le rapport recommande d'intensifier les politiques de diversité grâce à des campagnes de testing à l'embauche.
