Texte intégral
Ce qui nous réunit aujourd'hui, la prévention et la lutte contre la violence dans le sport, constitue un triste paradoxe. Quoi de plus contradictoire en effet que d'associer sport et violence tant l'un et l'autre sont porteurs de significations fondamentalement opposées.
Les jeux olympiques qui viennent de s'achever ont illustré tout ce que le sport peut apporter de fraternité, de courage, de respect de l'adversaire, de dépassement de soi, autant de vertus que la violence vient salir et bafouer.
C'est, hélas, quelquefois, une réalité que les pouvoirs publics, mais avec eux l'ensemble de ceux qui organisent ou participent à la vie sportive, ne peuvent ignorer.
Au-delà des événements sportifs de grande ampleur, et il y en a eu beaucoup cette année pour lesquels des mesures de sécurité spécifiques sont mises en place, c'est, je dirai, le sport " au quotidien ", le sport pratiqué dans nos villes et dans nos banlieues, souvent par des jeunes, qu'il faut protéger et préserver de la violence.
Vous avez rappelé, Madame la Ministre, les incidents intervenus en Seine Saint-Denis en avril 1999 : je n'y reviendrai pas. Ils ont été le révélateur d'une situation, certes pas totalement nouvelle mais qu'il n'était plus possible d'admettre : dans aucun domaine il ne peut y avoir de fatalité à la violence, de banalisation de la violence.
Cette violence nous ne la rencontrons pas que dans nos stades ou nos gymnases : elle est trop présente dans notre société, violence gratuite ou acquisitive qui touche souvent les plus fragiles. C'est contre elle que nous devons lutter sans relâche.
C'est par une approche globale des problèmes de sécurité mêlant, tout à la fois, prévention, dissuasion et sanction, que nous parviendrons à lutter efficacement contre la délinquance. Cette approche implique obligatoirement une démarche partenariale qui doit associer la police et la justice bien sûr, mais aussi l'éducation nationale, les collectivités territoriales, les transporteurs, les bailleurs, les travailleurs sociaux et les milieux associatifs et, au cas particulier du sport, les fédérations sportives.
Cette démarche partenariale, cette "coproduction de sécurité", trouve sa traduction concrète tout à la fois dans la police de proximité et dans les contrats locaux de sécurité.
Cette démarche s'intègre naturellement dans les dispositifs mis en place pour prévenir et lutter contre la violence dans le sport.
Je voudrai vous décrire aujourd'hui ses grandes lignes au moment où commence une nouvelle saison sportive.
C'est en Seine Saint-Denis, vous l'avez dit, que le premier dispositif a été expérimenté avec succès; c'est dans ce département en effet qu'a été institué, en avril 1999, à la direction départementale de la sécurité publique le premier Officier de police référent sport chargé de la prévention et de la lutte contre la violence.
Les contacts et les échanges étroits noués avec tous les partenaires, direction départementale de la jeunesse et des sports, ligue départementale de football, municipalités, clubs et associations sportives, ont conduit à la mise en place de mesures opérationnelles - détection des rencontres sensibles, des sites à risque, organisation de dispositifs d'alerte et de surveillance entres autres - permettant au sport de reprendre enfin ses droits.
Il fallait pérenniser et étendre ce dispositif.
D'abord à d'autres départements choisis parmi ceux dans lesquels étaient recensés les plus nombreux incidents ou présentant des sensibilités particulières. Aujourd'hui 26 départements possèdent un Officier de police référent sport.
Cet échelon départemental est, on l'a vu pour la Seine Saint-Denis, le niveau opérationnel par excellence, celui dans lequel tous les partenaires que j'ai énumérés à l'instant, échangent, en temps réel, des renseignements sur la sensibilité des rencontres et de leur environnement de façon à prendre des mesures préventives auxquelles, j'insiste la dessus, doivent participer l'ensemble des parties prenantes.
Chacun à son niveau doit en effet contribuer à lutter contre la violence dans le sport; il ne s'agit pas, lorsque cela n'est pas nécessaire, de multiplier la présence ou les interventions des services de police mais simplement de coordonner les moyens, les compétences et les responsabilités.
Pour la région Ile-de-France qui présente des particularités liées notamment aux déplacements fréquents de certaines équipes, une structure spécifique de coordination et d'analyse s'imposait. Cette coordination est d'ores et déjà assurée par le Préfet de police qui est chargé de recueillir les informations sur les rencontres interdépartementales à risque et d'en informer les Préfets des départements concernés.
Ce dispositif à deux niveaux, départemental et régional, imposait la création d'une instance nationale disposant d'une vision d'ensemble de la situation et à même de définir une politique globale de sécurité dans le sport.
Ainsi avec Madame la Ministre de la Jeunesse et des sports, je viens de signer un arrêté portant création d'une commission nationale de prévention et de lutte contre la violence dans le sport.
Cette commission co-présidée par Madame la Ministre et par moi-même, a été ouverte aux administrations de nos deux ministères, mais aussi au mouvement sportif, à l'association des Maires de France et aux personnalités qualifiées.
Instance d'analyse, de synthèse et de réflexion, elle contribuera à définir les orientations et les objectifs en matière de prévention et de lutte contre la violence dans le sport et d'établir un bilan des actions menées sur l'ensemble du territoire.
Enfin, au-delà des procédures et structures ainsi mises en place il est également apparu nécessaire d'intégrer la prévention et la lutte contre la violence dans le sport dans les démarches locales de sécurité qui se définissent dans les contrats locaux de sécurité.
Ces contrats conclus entre l'Etat, les collectivités locales les acteurs économiques et associatifs favorisent une démarche globale associant et coordonnant des actions de prévention, d'éducation, de sanction et de solidarité qui concourent à l'objectif de sécurité.
Cette démarche est bien adaptée pour engager un renforcement de l'action de prévention et de lutte contre les formes que revêt la violence dans le sport, en particulier en raison des liens, souvent constatés, entre cette violence et les autres formes de violences urbaines.
La cellule interministérielle d'animation et de suivi des contrats locaux de sécurité publiera, à la fin de ce mois, un mémento destiné à faciliter l'intégration dans les CLS de cette thématique de la lutte contre la violence dans le sport et la mise en uvre des actions très concrètes de prévention.
Ce mémento a été élaboré à la suite des travaux de deux séminaires de réflexion sur la prévention et la lutte contre la violence dans le sport organisés à Villetaneuse et à Marseille en juin dernier, qui ont réuni des élus, des représentants de la police et de la gendarmerie, des fonctionnaires du ministère de la jeunesse et des sports, des magistrats, des responsables du mouvement sportif, des arbitres et des présidents de clubs.
Voilà donc, largement résumé, le dispositif que nous avons retenu, dispositif de travail en profondeur et non pas ponctuel, associant de nombreux partenaires et d'abord tous les acteurs du milieu sportif.
Ces initiatives que nous avons prises traduisent de façon très concrète notre volonté à tous de prévenir et chaque fois que nécessaire d'éradiquer la violence dans le sport pour qu'il puisse poursuivre, débarrassé de ce fléau, sa vocation éducative au service de la jeunesse.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 octobre 2000).
Les jeux olympiques qui viennent de s'achever ont illustré tout ce que le sport peut apporter de fraternité, de courage, de respect de l'adversaire, de dépassement de soi, autant de vertus que la violence vient salir et bafouer.
C'est, hélas, quelquefois, une réalité que les pouvoirs publics, mais avec eux l'ensemble de ceux qui organisent ou participent à la vie sportive, ne peuvent ignorer.
Au-delà des événements sportifs de grande ampleur, et il y en a eu beaucoup cette année pour lesquels des mesures de sécurité spécifiques sont mises en place, c'est, je dirai, le sport " au quotidien ", le sport pratiqué dans nos villes et dans nos banlieues, souvent par des jeunes, qu'il faut protéger et préserver de la violence.
Vous avez rappelé, Madame la Ministre, les incidents intervenus en Seine Saint-Denis en avril 1999 : je n'y reviendrai pas. Ils ont été le révélateur d'une situation, certes pas totalement nouvelle mais qu'il n'était plus possible d'admettre : dans aucun domaine il ne peut y avoir de fatalité à la violence, de banalisation de la violence.
Cette violence nous ne la rencontrons pas que dans nos stades ou nos gymnases : elle est trop présente dans notre société, violence gratuite ou acquisitive qui touche souvent les plus fragiles. C'est contre elle que nous devons lutter sans relâche.
C'est par une approche globale des problèmes de sécurité mêlant, tout à la fois, prévention, dissuasion et sanction, que nous parviendrons à lutter efficacement contre la délinquance. Cette approche implique obligatoirement une démarche partenariale qui doit associer la police et la justice bien sûr, mais aussi l'éducation nationale, les collectivités territoriales, les transporteurs, les bailleurs, les travailleurs sociaux et les milieux associatifs et, au cas particulier du sport, les fédérations sportives.
Cette démarche partenariale, cette "coproduction de sécurité", trouve sa traduction concrète tout à la fois dans la police de proximité et dans les contrats locaux de sécurité.
Cette démarche s'intègre naturellement dans les dispositifs mis en place pour prévenir et lutter contre la violence dans le sport.
Je voudrai vous décrire aujourd'hui ses grandes lignes au moment où commence une nouvelle saison sportive.
C'est en Seine Saint-Denis, vous l'avez dit, que le premier dispositif a été expérimenté avec succès; c'est dans ce département en effet qu'a été institué, en avril 1999, à la direction départementale de la sécurité publique le premier Officier de police référent sport chargé de la prévention et de la lutte contre la violence.
Les contacts et les échanges étroits noués avec tous les partenaires, direction départementale de la jeunesse et des sports, ligue départementale de football, municipalités, clubs et associations sportives, ont conduit à la mise en place de mesures opérationnelles - détection des rencontres sensibles, des sites à risque, organisation de dispositifs d'alerte et de surveillance entres autres - permettant au sport de reprendre enfin ses droits.
Il fallait pérenniser et étendre ce dispositif.
D'abord à d'autres départements choisis parmi ceux dans lesquels étaient recensés les plus nombreux incidents ou présentant des sensibilités particulières. Aujourd'hui 26 départements possèdent un Officier de police référent sport.
Cet échelon départemental est, on l'a vu pour la Seine Saint-Denis, le niveau opérationnel par excellence, celui dans lequel tous les partenaires que j'ai énumérés à l'instant, échangent, en temps réel, des renseignements sur la sensibilité des rencontres et de leur environnement de façon à prendre des mesures préventives auxquelles, j'insiste la dessus, doivent participer l'ensemble des parties prenantes.
Chacun à son niveau doit en effet contribuer à lutter contre la violence dans le sport; il ne s'agit pas, lorsque cela n'est pas nécessaire, de multiplier la présence ou les interventions des services de police mais simplement de coordonner les moyens, les compétences et les responsabilités.
Pour la région Ile-de-France qui présente des particularités liées notamment aux déplacements fréquents de certaines équipes, une structure spécifique de coordination et d'analyse s'imposait. Cette coordination est d'ores et déjà assurée par le Préfet de police qui est chargé de recueillir les informations sur les rencontres interdépartementales à risque et d'en informer les Préfets des départements concernés.
Ce dispositif à deux niveaux, départemental et régional, imposait la création d'une instance nationale disposant d'une vision d'ensemble de la situation et à même de définir une politique globale de sécurité dans le sport.
Ainsi avec Madame la Ministre de la Jeunesse et des sports, je viens de signer un arrêté portant création d'une commission nationale de prévention et de lutte contre la violence dans le sport.
Cette commission co-présidée par Madame la Ministre et par moi-même, a été ouverte aux administrations de nos deux ministères, mais aussi au mouvement sportif, à l'association des Maires de France et aux personnalités qualifiées.
Instance d'analyse, de synthèse et de réflexion, elle contribuera à définir les orientations et les objectifs en matière de prévention et de lutte contre la violence dans le sport et d'établir un bilan des actions menées sur l'ensemble du territoire.
Enfin, au-delà des procédures et structures ainsi mises en place il est également apparu nécessaire d'intégrer la prévention et la lutte contre la violence dans le sport dans les démarches locales de sécurité qui se définissent dans les contrats locaux de sécurité.
Ces contrats conclus entre l'Etat, les collectivités locales les acteurs économiques et associatifs favorisent une démarche globale associant et coordonnant des actions de prévention, d'éducation, de sanction et de solidarité qui concourent à l'objectif de sécurité.
Cette démarche est bien adaptée pour engager un renforcement de l'action de prévention et de lutte contre les formes que revêt la violence dans le sport, en particulier en raison des liens, souvent constatés, entre cette violence et les autres formes de violences urbaines.
La cellule interministérielle d'animation et de suivi des contrats locaux de sécurité publiera, à la fin de ce mois, un mémento destiné à faciliter l'intégration dans les CLS de cette thématique de la lutte contre la violence dans le sport et la mise en uvre des actions très concrètes de prévention.
Ce mémento a été élaboré à la suite des travaux de deux séminaires de réflexion sur la prévention et la lutte contre la violence dans le sport organisés à Villetaneuse et à Marseille en juin dernier, qui ont réuni des élus, des représentants de la police et de la gendarmerie, des fonctionnaires du ministère de la jeunesse et des sports, des magistrats, des responsables du mouvement sportif, des arbitres et des présidents de clubs.
Voilà donc, largement résumé, le dispositif que nous avons retenu, dispositif de travail en profondeur et non pas ponctuel, associant de nombreux partenaires et d'abord tous les acteurs du milieu sportif.
Ces initiatives que nous avons prises traduisent de façon très concrète notre volonté à tous de prévenir et chaque fois que nécessaire d'éradiquer la violence dans le sport pour qu'il puisse poursuivre, débarrassé de ce fléau, sa vocation éducative au service de la jeunesse.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 octobre 2000).