Texte intégral
Je veux aussi rendre hommage à trois hommes exemplaires.
D'abord à Antoine Pinay, si dévoué au bien public qu'il devint aux yeux de tous les Français l'incarnation même de la confiance.
A Michel Durafour ensuite. Je n'ai pas toujours partagé ses choix, mais j'ai toujours respecté en lui l'homme de convictions étranger à tout sectarisme. Le mot que l'extrême-droite lui a jeté à la figure, cette insulte répugnante l'a encore grandi. Elle a fait de cet homme un symbole. Elle a tracé la limite que le débat politique ne doit en aucun cas franchir.
Je veux rendre enfin hommage à Lucien Neuwirth, gaulliste de toujours, qui incarne les plus belles valeurs du patriotisme. Sa vie a commencé comme un roman : engagé à 20 ans dans les Forces Françaises Libres, fait prisonnier, condamné à mort, fusillé, il en sort miraculeusement vivant. Nul n'oubliera jamais qu'on doit à son obstination la première loi française sur la contraception. Je veux lui dire ce soir toute mon affection.
A vous tous je veux dire combien il était important à mes yeux d'être parmi vous, à Saint-Etienne, dans cette France dont on ne parle jamais parce qu'elle a cette pudeur des gens humbles qui gardent pour eux leurs joies et leurs souffrances et ne réclament jamais rien d'autre que le droit de vivre dignement de leur travail.
Je salue le Forez, qui tout au long de son histoire, a toujours travaillé, s'est toujours battu et a toujours résisté parce que ses habitants ont toujours eu cet orgueil des hommes libres qui ne veulent devoir leur liberté qu'à eux-mêmes.
Je salue la ville, dix fois championne de France, dont le coeur bat à l'unisson des Verts parce que les magnifiques valeurs qu'ils incarnent sont les siennes.
Je salue la ville où depuis des siècles la dureté du travail a donné à la fraternité un sens qu'elle n'a nulle part ailleurs que dans les villes ouvrières.
La ville de la houille, de la métallurgie et du ruban, Saint-Etienne, la ville noire, est devenue blanche. Elle a lavé la poussière du charbon. Elle a dissipé la fumée de ses usines. Ses vieilles industries se sont transformées, ses vieux métiers en ont engendré de nouveaux. La ville dont les enfants avaient construit la première ligne de chemin de fer d'Europe, inventé la roue libre, la bicyclette, la machine à coudre, la turbine hydraulique, la ville qui durant deux cents ans avait symbolisé la révolution industrielle, l'ingéniosité française et le formidable combat de l'homme moderne pour arracher à la nature de quoi vivre, cette ville-usine, cette ville si longtemps dévorée par la mine a pris la nouvelle révolution industrielle à bras-le-corps.
C'est dans cette ville qui se bat pour vivre, c'est au coeur de cette France qui ne veut pas renoncer, c'est au milieu de tous ces Français qui ne comprennent pas qu'il soit si difficile de gagner sa vie et d'élever ses enfants en travaillant, qui ne comprennent pas qu'on puisse détester la France et prétendre y rester, qu'on cherche toujours des excuses aux voyous, qu'on s'intéresse toujours au sort de ceux qui ne veulent rien faire et jamais au sort de ceux qui font des efforts pour s'en sortir. J'aime cette France là. Je veux parler en son nom. Je veux l'incarner. Je veux la représenter.
C'est ici parmi vous à Saint-Etienne que je voulais être en ce 9 novembre. Le 9 novembre 1970, il y a exactement 36 ans le Général De Gaulle mourait à Colombey-les-deux-Eglises.
Beaucoup de Français, se sont sentis orphelins. Ils se souvenaient que le Général De Gaulle n'avait pas été seulement l'homme du 18 juin, l'âme de la Résistance, le chef de la France libre ; qu'il n'avait pas été seulement celui qui avait sauvé l'honneur de la France et qui lui avait permis de siéger parmi les vainqueurs. Ils se souvenaient qu'il avait été aussi celui qui avait par deux fois évité la guerre civile, celui qui avait créé la Sécurité Sociale, donné le droit de vote aux femmes, achevé la décolonisation, fondé la Ve République, refondé notre monnaie, réconcilié la France et l'Allemagne, mis en oeuvre le marché commun, construit la force de frappe...De Gaulle a toujours été l'homme de la rupture, il a toujours refusé la continuité, les conformismes, l'habitude, les situations acquises. C'est en pensant à cet exemple que j'en appelle à la rupture avec nos échecs, que je refuse la répétition d'un passé qui ne serait plus accordé avec le monde d'aujourd'hui. Que je veux rompre avec une certaine façon de faire de la politique. Je veux créer une nouvelle relation avec les Français faite de respect de la parole donnée, de vérité, d'authenticité, d'honnêteté.
Le Général De Gaulle avait dit : « je ne veux pas de présentation doctrinale du gaullisme parce qu'elle aurait nécessairement la rigidité d'une religion. » Il avait ajouté : « si j'entends marcher librement, je ne marche pas pour autant au hasard. »
Il n'y a pas d'idéologie gaulliste.
Le gaullisme nous parle d'une certaine idée de l'homme et de la politique, à travers l'expérience réussie d'une certaine idée de la France.
C'est une éthique, une morale, un comportement.
C'est le sens de l'Etat.
C'est l'exercice du pouvoir comme un don de soi.
Je ne sais pas ce que dirait, ni ce que ferait le Général De Gaulle dans le monde d'aujourd'hui.
Mais je sais ce qu'il nous a appris à travers ce qu'il a dit et ce qu'il a fait. Il nous a appris que dans le monde tel qu'il est, la France ne peut continuer d'exister que si elle le veut et que face au déclin de la France on n'a jamais le droit de répondre : « je n'y peux rien ». Il nous a enseigné qu'on ne peut rien si l'on ne comprend pas les changements du monde et si l'on n'est pas capable de les mettre au service du pays. Qu'alors on se condamne à subir et non à agir, à être une victime et non un acteur. J'aime trop la France pour la voir dans les habits de la victime, du regret, de la nostalgie.
Le 4 janvier 1948 le Général De Gaulle était venu à Saint-Etienne. A la foule rassemblée il avait dit : « A vous toutes et à vous tous, je veux parler aujourd'hui des lourds soucis qui nous étreignent quant aux conditions de l'existence des Français. Si j'en parle ce n'est point pour gémir, ni maudire. A quoi bon ? C'est pour éclairer le chemin par où nous pouvons en sortir ensemble. Car, je l'affirme, rien n'est perdu ! »
« Rien n'est perdu ! Je veux l'affirmer à mon tour » Jamais !
Si le gaullisme a un sens c'est bien celui là. L'avenir appartient à ceux qui veulent l'étreindre avec passion. C'est cette passion que je vous propose.
Tout est possible pour les peuples et les nations qui veulent demeurer, qui ne renoncent pas, qui ne veulent pas vivre à genoux. C'est mon idée de la France, c'est ma volonté pour les Français, c'est ma conviction.
C'était aussi un 9 novembre. En 1989. Ces milliers de jeunes berlinois sur leur mur arrachant une à une les pierres qui devenaient tout à coup des symboles de la liberté après avoir été ceux de la dictature. Avec la chute du mur, l'Europe se réunifiait enfin dans la paix, dans la liberté et autour des valeurs démocratiques. Quelle victoire pour le projet européen après ce long combat contre le communisme ! Ce communisme dont certains se réclament et qui n'est rien d'autre que l'histoire d'une dictature sanglante qui a fait régner la terreur partout où elle fut mise en oeuvre.
Cet événement a donné un formidable coup d'accélérateur à une mondialisation en gestation depuis plusieurs siècles. Depuis que Christophe Collomb, Vasco de Gama, Jacques Cartier et Magellan ont de façon décisive et irréversible mis l'occident en relation avec d'autres continents. Depuis qu'au XIXème siècle, la révolution industrielle, l'aventure coloniale et la circulation internationale des capitaux ont amplifié les échanges entre les régions du monde. Depuis qu'au XXème siècle, les deux conflits mondiaux, la décolonisation et l'effondrement du bloc soviétique, mais aussi les progrès des technologies de la communication, ont fini de transformer notre planète en un village.
La mondialisation, c'est donc ce mouvement incontournable, puissant, définitif, d'ouverture et d'interdépendance des économies et des sociétés à l'échelle de l'humanité toute entière. C'est une révolution technologique qui raccourcit les distances jusqu'à les abolir. Notre rapport à l'espace et au temps est modifié. L'ubiquité devient concevable. C'est un bouleversement sans précédent, par son ampleur et par sa rapidité, pour des systèmes politiques, économiques et sociaux désormais reliés entre eux et bousculés dans leurs habitudes, leurs certitudes, leurs conformismes.
La mondialisation est un fait. Il serait aussi vain de la nier ou de s'y opposer que de prétendre remettre en cause la loi de la gravité ou arrêter la course des nuages. La question n'est donc pas de savoir si la mondialisation est bonne ou mauvaise. Elle est de savoir si nous y sommes préparés. Si nous nous sommes organisés pour peser sur elle. Elle est de savoir si nous voulons être du côté des gagnants ou de celui des perdants. Le choix existe, car si la mondialisation est un fait, la subir n'est pas une fatalité. C'est nous qui en réaliserons les promesses ou qui en subirons les menaces.
La mondialisation recèle des espoirs et des périls.
Les progrès sont immenses. Jamais la croissance mondiale n'a été aussi forte sur une aussi longue période. Jamais autant d'hommes et de femmes n'ont eu accès au développement, s'arrachant par centaines de millions à la misère. Jamais la science et la technique n'ont avancé aussi vite et ne se sont diffusés plus rapidement. Jamais la conscience universelle de notre condition commune n'avait atteint un tel degré. Jamais nous n'avons été en mesure d'accéder à une telle quantité d'informations. Jamais les idées de liberté et de démocratie ne se sont autant répandues.
Ce nouvel élan planétaire offre des possibilités inédites. Plus de débouchés pour nos entreprises. Des occasions supplémentaires de valoriser nos savoir-faire et nos talents. Des emplois nouveaux dans des secteurs inconnus hier, des activités nouvelles dans des territoires pour lesquels l'éloignement n'est plus forcément un handicap. Des opportunités de création de richesses et d'acquisition de compétences pour nos enfants qui vont vivre dans un monde que notre imagination aurait peiné à dépeindre.
Voici ma conviction. On n'arrêtera pas ce progrès car c'en est un.
Mais dans le même temps je veux être lucide, honnête, franc, sincère. Je refuse toute présentation idyllique de la mondialisation. Je ne ferai pas croire que tout le monde y gagne. Je n'accepte pas d'entendre que tous ceux qui en souffrent n'ont rien compris.
Ce serait refuser de voir la détresse au milieu de l'abondance. Ce serait refuser de voir, derrière l'espérance d'une hausse du niveau de vie pour tous, la précarité qui monte dans les pays qu'on dit riches. Ce serait oublier la misère matérielle et morale de millions d'individus, hommes, femmes et enfants, qui sont encore exploités comme des bêtes de somme pour gagner à peine de quoi survivre. Ce serait oublier la souffrance provoquée par la dégradation des conditions de travail dans les entreprises confrontés à une concurrence de plus en plus âpre. Ce serait oublier les terribles cicatrices infligées à certains territoires et à certaines familles par les restructurations d'activité et les délocalisations. Je veux prononcer ce mot car il décrit une réalité douloureuse et parfois inacceptable. Ce serait refuser de voir derrière les succès, le creusement des inégalités et la montée de la violence.
Je veux être l'homme qui dénonce les injustices pour mieux les combattre. Sans un diagnostic courageux, on ne peut s'attaquer aux causes du mal.
La mondialisation, c'est hélas aussi 15 à 20 millions de travailleurs bon marché et sans protection sociale qui entrent chaque année sur le marché mondial du travail. C'est un dumping économique, social, environnemental et monétaire effréné. C'est une pression migratoire sans limite qui trouve sa source dans les drames de l'Afrique qui n'arrive pas à surmonter son explosion démographique. Le résultat ce sont des émigrants qui s'entassent au péril de leur vie dans des embarcations de fortune.
La mondialisation, c'est le réchauffement climatique et l'acidification des océans, bouleversements lourds de dangers pour les grands équilibres écologiques de la planète, donc osons le dire : pour la survie même de notre espèce.
La mondialisation ce n'est pas seulement l'ouverture des frontières et le dialogue pacifique entre les cultures. C'est aussi de nouveaux murs qui s'élèvent pour séparer les peuples. C'est l'exacerbation des crispations identitaires, la radicalisation des esprits fragiles ou ignorants, la résurgence des nationalismes les plus sectaires et des fanatismes religieux les plus virulents.
La mondialisation c'est la plus grande abondance et la plus grande frustration, la modernité la plus avancée et l'obscurantisme le plus forcené, qui se confrontent sans échappatoire dans l'immédiateté du temps réel.
Je le dis pour que l'on me croie car on peut toujours essayer d'expliquer à l'ouvrier de l'industrie que les délocalisations « c'est un phénomène marginal ».
On peut toujours dire aux habitants des bassins industriels sinistrés que si l'on détruit des emplois ici ce n'est pas si grave parce qu'on en crée ailleurs.
On peut toujours annoncer aux patrons de PME victimes du dumping et de la contrefaçon que ces distorsions disparaîtront d'elles-mêmes dans 30 ou 40 ans, quand les ouvriers chinois ou indiens auront réclamé leur dû.
On peut toujours le dire...mais à l'arrivée on ne sera pas cru parce que les Français ne se contentent plus de discours. Ils veulent des faits, des actes, des décisions. Je veux être celui qui les propose, qui les imagine et surtout qui les mette en oeuvre. C'est comme cela qu'on endiguera la montée du vote protestataire, le rejet de la mondialisation, le ralliement de couches de plus en plus larges de la population aux thèses protectionnistes.
Tout le problème est là. L'Etat doit protéger sans être protectionniste.
Le mot protection ne me fait pas peur. Je l'assume.
On ne peut pas répondre à la souffrance sociale et aux angoisses légitimes : « c'est triste mais on n'y peut rien ».
On ne peut pas continuer de répondre à l'angoissante question de l'avenir que le marché est tout et la politique rien.
Je n'accepte pas cette vision parce qu'elle est fausse.
L'accepter c'est faire le lit de tous les extrémismes.
Je n'accepte pas l'idée que le combat politique ne sert à rien.
Je n'accepte pas l'idée que la mondialisation soit le nouveau nom de la fatalité.
La politique est impuissante quand elle ne veut rien.
Quand on ne veut rien, on ne peut rien. Voilà ma conviction. Seule la politique peut mettre la mondialisation au service de l'homme. Seule la politique peut prévenir la révolte de l'homme contre une mondialisation dont il a le sentiment qu'elle l'asservit au lieu de le libérer.
L'avenir dépend de nous.
Le pire serait de se résigner et de subir.
Je ne veux pas subir. Je ne suis pas résigné.
Nul ne peut échapper à la mondialisation. Nul ne peut la récuser.
Mais la mondialisation contient le meilleur et le pire.
La mondialisation est pour l'humanité un immense espoir et un terrible danger.
Dans ce monde brutal, plein de bruit, de fureur et de vie, l'humanité se forge un destin grandiose ou une destinée fatale.
Il y a une mondialisation idéale : celle où le progrès de chacun contribue au progrès de tous.
Il y a une mondialisation détestable : celle de la concurrence déloyale et du dumping.
Il y a une mondialisation viable : celle où chacun crée sa propre croissance.
Il y a une mondialisation insoutenable : celle où chacun cherche à prendre la croissance de l'autre et à piller les ressources des générations futures.
Il y a une mondialisation efficace : celle où le but de chacun est d'élever son niveau de vie, d'élargir son marché intérieur, de produire pour consommer, de préserver l'avenir.
Il y a une mondialisation vouée à l'échec : celle où chacun comprime son niveau de vie et restreint son marché intérieur.
Le problème n'est pas de savoir si la mondialisation est trop ou pas assez libérale. Le problème est de savoir si nous sommes prêts à en relever tous les défis. Notre pays a en lui-même toutes les capacités, toutes les ressources et tous les atouts pour les relever avec succès. Mais nous n'avons pas fait tout ce qu'il fallait pour exploiter à plein ce potentiel.
Le monde bouge très vite et nous n'avons pas su bouger au même rythme. Il n'est pas normal que notre croissance soit à ce point inférieure à la croissance mondiale. Il n'est pas normal que nous soyons passés en 25 ans de la 6ème place à a 17ème place mondiale pour ce qui est de la richesse par habitant. Nous étions devant la Suède, le Japon, l'Australie et le Royaume-Uni. Nous sommes désormais derrière eux.
Il faut en finir avec le mythe d'une France frileuse, crispée sur ses acquis, incapable de voir le monde tel qu'il est. En 25 ans la France s'est profondément transformée. Elle est devenue l'un des grands pays les plus ouverts du monde, et dont les salariés sont parmi les plus productifs. Cinquième exportateur mondial, la vente de ses produits et de ses services à l'étranger représente 30% de notre PIB.
Partout en France, à Saint-Etienne comme ailleurs, des millions de Français travaillent dur, innovent, entreprennent. Depuis des décennies les Français n'ont pas ménagé leurs efforts. Ils ont affronté la mondialisation avec courage, ils ont changé leur manière de vivre et de travailler.
Je ne suis pas venu apprendre la vie à ceux qui en éprouvent tous les jours la dureté.
Je ne suis pas venu prêcher, au nom de la mondialisation, la résignation à tous ceux dont les conditions de vie et de travail ne cessent de se dégrader depuis 25 ans, ni expliquer aux ouvrières de la porcelaine que j'ai rencontrées à Limoges et qui se lèvent tous les jours à 4 heures du matin depuis 30 ans qu'elles ne travaillent pas assez pour résister à la concurrence asiatique.
Je ne suis pas venu dire à la mère qui élève seule ses deux enfants qui gagne à peine le SMIC que son salaire est trop élevé.
Je ne suis pas venu vanter à l'ouvrier de l'industrie qui vit sa troisième délocalisation les vertus du libre-échange intégral, ni au cadre auquel on demande toujours plus avec toujours moins de reconnaissance les charmes de la nouvelle économie.
Je ne suis pas venu dire à l'ingénieur de 50 ans qui ne trouve plus de travail que ses prétentions sont excessives quand sur le marché mondial l'ingénieur indien est prêt à faire le même travail pour 10 fois moins cher.
Je ne suis pas venu vous dire de résoudre les défis du XXIème siècle avec les solutions du XIXème siècle.
Je ne suis pas venu vous dire que l'Etat n'a pas d'autre avenir que de s'occuper de la police, de la justice, de la diplomatie et de la défense, en regardant passivement le marché s'occuper de tout le reste. Cela n'existe nulle part au monde. Allez voir aux Etats-Unis ! Allez-voir au Japon ! Allez voir en Chine ou en Corée du Sud ! Y aurait-il donc une fatalité française ou européenne à ce que l'Etat ne puisse plus rien alors qu'il peut partout ailleurs dans le monde ?
La vérité, c'est que la mondialisation exige un Etat fort, une cohésion sociale et territoriale forte, une identité collective forte. Si nous voulons être forts dans la mondialisation, nous ne devons renoncer à rien de cela.
Un Etat fort ce n'est pas un Etat entravé par l'accumulation des déficits et ployant sous le poids de la dette. Ce n'est pas un Etat qui empile les dépenses inefficaces, multiplie les dispositifs inopérants sans jamais les évaluer et porte les prélèvements obligatoires à des niveaux records. Ce n'est pas un Etat qui pénalise le travail, décourage l'initiative, dissuade l'investissement et sanctionne la réussite.
Une société unie, ce n'est pas une société minée par le chômage de masse, la précarité et l'angoisse du lendemain. Ce n'est pas une société fragilisée par l'assistanat, l'égalitarisme et le nivellement par le bas. Ce n'est pas une solidarité bafouée et battue en brèche par la fraude, les abus et les gaspillages en tout genre.
Je suis venu vous dire que si la mondialisation est un fait, ses conséquences négatives ne sont pas une fatalité.
Si l'Etat vit au-dessus de ses moyens, la France vit au-dessous de ses ressources. Elle gaspille son capital humain dans le chômage, la fuite des cerveaux et les 35 heures. Elle ne fait pas travailler ses jeunes ni ses séniors. Ses entreprises préfèrent investir à l'étranger ou racheter leurs actions pour faire monter les cours.
La France est un pays riche où ceux qui travaillent sont de plus en plus pauvres.
La France ne réduira pas son chômage en partageant le travail mais en créant de l'emploi.
Elle ne deviendra pas plus compétitive en dévalorisant le travail mais en le revalorisant.
Elle n'améliorera pas la situation de l'emploi en taxant le travail.
Elle ne réduira pas le chômage grâce aux 35 heures. Parce que c'est le travail qui crée le travail et parce que les 35 heures ont diminué le pouvoir d'achat des salariés. Les 35 heures c'est la régression sociale.
Je propose de supprimer toutes les charges sur les heures supplémentaires de sorte que ceux qui le veulent puissent travailler davantage pour gagner plus. Je propose d'exonérer les patrimoines petits et moyens de tout droit de succession. Pour que le fruit du travail de toute une vie cesse d'être confisqué après avoir été taxé à plusieurs reprises. Parce que je crois à la famille et au droit de transmettre le patrimoine d'une vie de labeur à ses enfants et à ses petits-enfants.
Je suis venu vous proposer une politique où on gagne plus quand on travaille plus.
Je suis venu vous proposer une politique de hausse du pouvoir d'achat et non de réduction du travail.
On ne réduira pas davantage le chômage en continuant à faire supporter au travail tout le poids du financement de la protection sociale.
Les charges sociales excessives dans notre pays pénalisent chaque jour un peu plus la production française. Je propose de faire de la baisse des prélèvements sur le travail l'objectif numéro un de toute notre réforme fiscale. Je souhaite que l'on réfléchisse à la manière dont les importations pourraient être mises à contribution pour financer notre protection sociale et alléger les charges pesant sur le travail. Il faut que nous en parlions avec nos partenaires de l'Union européenne.
Depuis trop longtemps la France cherche à rétablir ses équilibres en diminuant ses dépenses d'investissement au lieu de diminuer ses dépenses courantes. Ce sont les réformes qui feront la croissance. Et c'est la croissance qui permettra la réduction du déficit. Je ne crois pas aux vertus de l'austérité pour l'austérité.
La France sacrifie ses dépenses d'avenir parce qu'on n'a pas le courage de toucher aux dépenses du passé.
Je suis venu vous proposer de tailler dans la dépense improductive et de donner la priorité à l'investissement.
Je suis venu vous proposer de pourchasser tous les gaspillages, de supprimer tous les organismes qui ne servent à rien, de liquider toutes les politiques inefficaces, de combattre toutes les fraudes et les abus, de réformer avec vigueur l'Etat pour qu'il soit plus efficace sur ses missions essentielles. Chaque euro public doit être dépensé avec le même souci du rapport qualité/prix qu'un euro dépensé par les familles françaises. Ainsi nous pourrons investir massivement dans les secteurs prioritaires qui décideront de notre rang dans le monde de demain, l'enseignement supérieur, la recherche, l'énergie, l'environnement.
Je suis venu vous proposer de respecter une règle simple : que seules les dépenses d'investissement puissent être financées par l'emprunt, ce qui veut dire que les dépenses courantes devront être intégralement financées par les recettes courantes, c'est-à-dire les prélèvements obligatoires.
Pour gagner dans la mondialisation, il faut investir plus que les autres et avant les autres.
Je veux une politique qui, en stimulant la croissance et en faisant reculer le chômage, fera monter les salaires et améliorera le pouvoir d'achat.
Je propose qu'on investisse davantage dans l'enseignement supérieur et dans la recherche. Je propose qu'en 2012 l'effort de recherche et d'innovation atteigne 3% du PIB, ce qui représente un investissement supplémentaire pour la puissance publique et les entreprises de 15 milliards d'euros sur 5 ans.
Je propose qu'on réforme en profondeur la gouvernance de nos universités pour leur donner les moyens nécessaires à leur autonomie. Je veux qu'elles s'affirment comme les meilleures universités d'Europe, pour la qualité de l'enseignement prodigué et des diplômes délivrés. Je veux conduire plus de jeunes à l'enseignement supérieur, plus d'étudiants aux diplômes et plus de diplômés à l'emploi.
Je veux des campus universitaires attractifs et rayonnants, agréables à vivre pour les étudiants, les enseignants, les chercheurs, situés à la pointe de la recherche produisant et diffusant les connaissances les plus avancées dans l'économie et la société.
Nous devons nous mobiliser pour faire revenir tous les talents, scientifiques, chefs d'entreprise, cadres de haut niveau, artistes, car nous aurons besoin de tout le monde pour faire gagner la France.
Ensemble nous allons le faire, je vous le promets, nous allons étonner le monde. Nous ne devons pas redouter la compétition, en nous repliant sur nous-mêmes et en restant sur la défensive. Nous avons toutes les cartes en main pour passer à l'offensive et reprendre notre destin en main. "Dans la compétition des peuples, faute de laquelle l'humanité serait vouée à mourir, nous voulons avoir notre place et, à l'occasion, l'emporter". Voilà ce qu'écrivait le Général de Gaulle en 1961.
Je veux m'inscrire dans cette tradition.
Je propose que l'Etat se donne les moyens de mettre en oeuvre une politique du plein emploi. Ce que d'autres pays ont fait je suis convaincu que nous pouvons le réaliser. Notre position géographique, notre vitalité démographique, la richesse de notre patrimoine culturel, une qualité de vie internationalement reconnue, un niveau d'équipement et des services publics que beaucoup dans le monde nous envient, des savoir-faire industriels et technologiques incomparables, des hommes et des femmes qualifiés qui n'ont pas perdu le sens de l'effort, voilà autant de lignes de force que nous devons maintenant privilégier. La France, ce n'est pas seulement le pays des 35 heures, des clandestins, des bus incendiés et du RMI!
Je propose que l'Etat actionnaire joue son rôle, pas seulement en préparant des privatisations pour desserrer l'étau de la dette mais en n'oubliant pas qu'il doit aussi être un Etat stratège, garant de la préservation de nos intérêts industriels et technologiques fondamentaux.
C'est ce que font les Américains avec l'intelligence économique et avec les dépenses du Pentagone. C'est ce que les Japonais font avec le MITI. C'est ce que les Chinois font avec leur gestion politique de transfert de technologies. C'est ce que la France et avec elle l'Europe ne font plus ou plus suffisamment. C'est ce que nous avons commencé à faire avec les pôles de compétitivité, avec l'agence nationale de la recherche, avec l'agence nationale de l'innovation industrielle. Il faut aller beaucoup plus loin.
Je propose de supprimer la taxe professionnelle qui pénalise jusqu'à la caricature les investissements les plus productifs et les plus innovants. Je propose de la remplacer par une contribution dont l'assiette serait moins stigmatisante pour l'effort d'investissement et selon des modalités permettant de garder un lien avec le territoire d'implantation.
Je propose de doubler les crédits dédiés au financement de l'effort de recherche des entreprises, en concentrant davantage ces moyens supplémentaires sur les PME. Je propose que les PME bénéficient d'un accès privilégié à la commande publique et qu'une part des marchés attribués leur soit explicitement réservée. Cette politique a fait ses preuves aux Etats-Unis depuis un demi-siècle. Je ne vois pas pourquoi l'Europe et la France s'interdiraient par principe d'appliquer ce qui a marché ailleurs.
Je ne peux pas accepter, parce que c'est une perte irréparable qu'une mauvaise conjoncture fasse disparaître un métier qui repose sur une longue tradition de savoir-faire. Il y a 25 ans on nous expliquait que la sidérurgie était condamnée, que Renault était voué à la faillite, et on annonçait déjà que la banque serait la sidérurgie de demain. Il n'y a pas si longtemps c'est toute la "vieille économie" qui était menacée de disparaître. Aujourd'hui ce serait l'agriculture. Mais l'économie est cyclique et la vérité d'hier n'est pas toujours celle du lendemain. Ceux qui avaient prévu cela se sont trompés.
Je propose que l'Etat se dote d'un outil financier adossé à la Caisse des Dépôts permettant de prendre temporairement et de façon ciblée des participations pour aider les entreprises stratégiques à passer une phase difficile alors qu'on les accule à mettre la clé sous la porte ou à aller se vendre à des fonds étrangers qui n'ont d'autre but que de s'emparer de leur technologie.
Je ne peux accepter que tant d'hommes soient broyés par la logique économique ou laissés pour compte parce qu'ils ne correspondent plus aux critères de performance du marché, parce que c'est un effroyable gaspillage humain. Je ne peux pas accepter l'idée d'abandonner à leur malheur des territoires et des hommes frappés par le sort alors que très souvent il suffirait de peu de chose pour les remettre en selle.
On ne protège pas les Français si on décourage l'embauche en rendant le droit du travail excessivement rigide et le coût du licenciement exorbitant dans un monde où la réactivité de l'entreprise est la condition de sa survie.
Je propose qu'on protège moins les emplois et davantage les personnes. Moins le poste de travail que le parcours professionnel.
C'est tout le sens de la sécurité sociale professionnelle. Qui ne voit que dans le système actuel tout le monde est perdant, les entreprises qui ne disposent pas de la souplesse nécessaire pour s'adapter aux fluctuations de l'activité, les salariés dont la protection n'existe qu'en apparence et qui ne se sont jamais sentis dans une telle situation d'insécurité. Cette sécurité sociale professionnelle est un système gagnant-gagnant qui repose sur trois piliers indissociables. Premier pilier : la création d'un contrat de travail unique, procurant aux salariés des droits se renforçant avec le temps, offrant aux employeurs davantage de souplesse et de visibilité quant aux conditions de la rupture du contrat. Deuxième pilier : des services de l'emploi rendus plus performants par une réforme profonde de leur organisation et de leurs modes d'intervention. Il nous faut regrouper l'ANPE et l'UNEDIC, en instaurant une véritable logique de résultats.
Troisième pilier : des droits à formation tout au long de la vie sensiblement étoffés, à travers la création d'un compte épargne formation individuel.
Ma conception de la sécurité sociale professionnelle, c'est aussi une plus grande exigence dans la préservation de l'équilibre entre les droits et les devoirs. Toute personne au chômage qui satisfera à l'obligation dûment vérifiée d'une recherche active d'un emploi verra ses droits à indemnisation préservés. Je propose que pour les bas salaires, ces droits ne puissent être inférieurs à leurs salaires antérieurs. Mais en cas de manquement à cette obligation, par exemple en cas de refus d'un emploi correspondant aux qualifications de la personne ces droits devront être réduits. En cas de refus répétés, ils devront être supprimés. Il est temps de parler vrai. La solidarité c'est pour aider ceux qui veulent s'en sortir, pas pour protéger ceux qui ne font rien.
Quant aux entreprises, je réclame la modulation du taux de l'I.S. de sorte que celles qui créent de l'emploi et investissent soient avantagées.
Enfin, si nous voulons aider nos concitoyens à mieux vivre les changements professionnels, il faut arrêter de compliquer la mobilité. Comment se déplacer pour prendre un nouvel emploi, quand les droits de mutation grèvent tout achat ou toute vente de logement ? Je propose que ces droits de mutation soient supprimés dès lors que la mobilité est liée à une contrainte professionnelle.
Je propose que l'Etat se donne les moyens d'intervenir plus rapidement dans les bassins d'emplois en difficulté en créant une agence de réindustrialisation en mesure d'investir, dans des activités nouvelles, avec des moyens financiers et humains importants. Je souhaite que tous les territoires sans exception puissent profiter des meilleures compétences pour reclasser les salariés touchés et recréer de l'activité.
Il faut dire la vérité aux Français : sauf à fermer les frontières et à se condamner au déclin, il n'y a aucun moyen d'interdire les délocalisations. Mais nous devons tout faire pour mieux les prévenir. Personne ne doit être laissé au bord du chemin. Nous devons garantir à chaque salarié et à chaque territoire qu'en cas d'accident, la collectivité nationale sera au rendez-vous et prendra toutes les dispositions non seulement pour atténuer le drame social mais pour donner une chance d'un nouveau développement économique.
Les entreprises resteront si elles y trouvent une forte incitation à investir et à embaucher, un réseau de sous-traitance, de services, d'institutions, d'infrastructures assez dense pour les ancrer dans le territoire, une politique ambitieuse d'innovation, un système d'enseignement supérieur performant. Par dessus tout, un pays qui accueille ceux qui veulent créer de la richesse. Une société qui voit dans le patrimoine une possibilité de développer des emplois, pas une cause de jalousie. Une collectivité qui se réjouit de la réussite de ses membres.
La France armée pour la mondialisation, ce ne sont pas des services publics régulièrement paralysés par des grèves aux motivations de plus en plus aléatoires. Il est temps d'instaurer un vrai service minimum garanti par la loi et d'application effective. Il est temps de prévoir l'obligation systématique d'un vote à bulletin secret après le 8ème jour d'une grève ininterrompue.
La France armée pour la mondialisation et le changement, ce n'est pas non plus un dialogue social bloqué et caricatural, figé dans un jeu de rôle permanent entre d'un côté des pouvoirs publics qui consultent pour la forme, de l'autre, des syndicats qui refusent souvent d'endosser les réformes qu'ils réclament toutefois de pouvoir négocier. Il est temps de moderniser le dialogue social. En refondant la représentativité des syndicats sur des critères démocratiques incontestables, c'est-à-dire sur les élections professionnelles. En ouvrant la liberté de présentation des candidatures dès le premier tour. En faisant de la négociation entre les partenaires sociaux le préalable obligatoire de toute intervention du législateur sur les questions touchant au droit du travail, aux relations sociales, à la formation professionnelle et aux retraites.
Il nous faut une croissance durable.
Le plus grand enjeu de civilisation en ce début de XXIe siècle c'est de réussir à mettre l'économie, la science et la technique au service d'un développement durable. Le développement durable ce n'est pas la fin du travail, c'est l'emploi durable. Ce n'est pas le rejet de la technique, c'est la technologie propre. Ce n'est pas l'abolition du marché, c'est le principe pollueur-payeur.
Je propose de faire du développement durable le critère de toutes nos politiques publiques en changeant nos modes de décision, de production, de transport. En mettant des objectifs environnementaux dans la commande publique. En investissant massivement dans la recherche et le développement des énergies renouvelables et des énergies nouvelles. En investissant dans le nucléaire qui ne produit pas de gaz à effet de serre.
Puisque dans l'économie globale, il nous faut trouver des sources de financement pour développer les technologies propres je propose à nos partenaires européens la création d'une fiscalité écologique sur les pollutions qui taxerait aussi les importations en provenance des pays tiers. Son produit serait intégralement affecté au budget de l'Union européenne, pour financer la recherche et l'innovation industrielle dans les énergies et les technologies propres.
Si la France doit puiser en elle-même pour mieux relever les défis de la mondialisation, elle ne peut néanmoins tout résoudre seule. Elle doit conjuguer ses efforts avec d'autres pour peser plus fortement sur les évolutions en cours.
Face à la mondialisation et aux forces immenses qu'elle met en oeuvre, la France a besoin de l'Europe. C'est à cette échelle que nous parviendrons à agir de manière décisive sur le cours des événements.
L'Europe est la seule entité capable d'encadrer la toute-puissance du marché. La seule capable de transformer la mondialisation de l'intérieur. La seule capable de se mesurer aux pays-continents avides de puissance. La seule capable dans le cadre d'un dialogue transatlantique apaisé de pondérer la vision mondiale de notre allié américain.
Encore faut-il que l'Europe ne renonce pas à assumer cette ambition politique. Encore faut-il que le projet européen se rapproche des citoyens et se réconcilie avec eux.
Nous avons fait la PAC, nous avons fait le marché unique, nous avons fait l'euro pour pouvoir mieux agir ensemble. Mais aujourd'hui, au lieu de progresser, l'Europe stagne.
Au lieu d'agir, elle subit.
Au lieu d'exprimer une volonté, elle tergiverse et se désunit.
Quand les autres cherchent à se protéger et se montrent offensifs, l'Europe se désarme et parfois se dérobe.
En votant non à la constitution européenne, les Français n'ont pas dit non à l'Europe mais ils ont porté un jugement sur la manière dont elle fonctionne.
Je suis un Européen convaincu.
J'ai toujours dit oui à l'Europe.
J'ai dit oui au marché unique.
J'ai dit oui à l'euro.
J'ai dit oui à la Constitution européenne.
J'ai dit oui pour agir, pas pour subir.
Mais quand je regarde le monde, partout je vois de la volonté politique. Partout je vois de la décision et de l'action. Partout mais pas assez en Europe.
Je ne peux pas accepter une Europe qui met la politique de côté quand tous les autres ne cessent d'en faire.
Je ne peux pas accepter une Europe qui se complaise dans l'impuissance au lieu de fabriquer de la puissance.
Je ne peux pas accepter une Europe qui soit la victime expiatoire de la mondialisation.
C'est parce que je suis un Européen convaincu que je suis venu vous dire mon souhait d'une Europe politique qui s'assume comme telle.
Ce qui n'est plus possible, c'est l'absence de gouvernement économique qui fait de l'Euro une monnaie sans boussole et sans objectifs partagés. C'est une Banque Centrale Européenne qui n'accepte que du bout des lèvres de dialoguer avec les autorités politiques légitimes de l'Europe, comme le déplore Jean-Claude Juncker lui-même.
Ce qui n'est plus possible, c'est une politique monétaire qui ne se préoccupe pas suffisamment de la croissance et du chômage. C'est une politique monétaire qui reste sourde aux évolutions préoccupantes de la parité avec d'autres grandes monnaies mondiales.
Ce qui n'est plus possible, c'est que grâce aux aides européennes certains Etats membres puissent pratiquer le dumping fiscal.
Ce qui n'est plus possible, c'est que les taux de l'impôt sur les sociétés puissent être abaissés sans demander l'avis de personne mais qu'il faille obtenir l'unanimité pour être autorisé à abaisser le taux de la TVA sur des prestations pourtant non délocalisables comme la restauration ou le bâtiment.
Ce qui n'est plus possible, c'est une politique de la concurrence qui fait obstacle à toute politique industrielle.
Ce qui n'est plus possible, c'est une Europe qui se dilue dans un élargissement sans fin et qui n'a pas de frontière.
Ce qui n'est plus possible, c'est une Europe qui ne puisse pas envisager d'avoir une grande politique de recherche sans renoncer à être une grande puissance agricole.
Ce qui n'est plus possible, c'est que la préférence européenne soit devenue "un gros mot" quand je vois chaque jour les signes d'une préférence américaine, d'une préférence canadienne, d'une préférence chinoise ou d'une préférence indienne. La réciprocité doit redevenir la règle dans les rapports entre l'Union européenne et les autres régions du monde.
Je ne vois pas d'objection à ce que la SNCF attribue des marchés à des entreprises canadiennes dès lors que les entreprises françaises peuvent avoir accès aux mêmes marchés dans les métropoles canadiennes. Aujourd'hui, je constate que ce n'est pas le cas.
Ce qui n'est plus possible, c'est qu'un pays membre puisse décider unilatéralement la régularisation massive d'immigrés clandestins sans demander l'avis de personne.
Ce qui n'est plus possible, c'est la règle de l'unanimité qui paralyse l'Europe.
Je veux une Europe qui protège les Européens comme tous les autres pays protègent leurs ressortissants.
Car si l'Europe ne se protège pas assez, c'est le protectionnisme qui triomphera, les égoïsmes nationaux qui prévaudront, et le projet européen qui se délitera.
L'Europe a besoin de protections même si je déteste l'idée du protectionnisme.
Si l'Europe ne se donne pas les moyens d'être un acteur de la mondialisation mais se contente d'en subir les effets,
Si l'Europe ne se donne pas les moyens d'investir massivement,
Si l'Europe ne se donne pas les moyens de maîtriser l'immigration,
Si la mondialisation continue d'être l'excuse de tous ses abandons et l'alibi de tous ses renoncements au lieu d'être la raison d'être et l'aiguillon de sa volonté, elle sera balayée par le vent de l'histoire et la colère des peuples.
La montée des populismes et des extrémismes, le vote protestataire, la résurgence de la xénophobie, du racisme et du nationalisme sont les signes inquiétants d'un profond malaise qu'il faut prendre au sérieux.
L'Europe doit à nouveau croire en elle et concrétiser son ambition d'être un acteur politique majeur du monde de demain. Elle ne doit pas craindre d'affirmer son identité spécifique et celle des Etats qui la composent.
Ceux qui réussissent dans la mondialisation ne sont pas ceux qui se contentent d'imiter les autres parce qu'ils ne croient pas en eux, mais ceux qui savent tirer le meilleur parti d'eux-mêmes parce qu'ils croient suffisamment en eux.
L'Europe des pères fondateurs croyait en elle. Elle croyait dans ses valeurs et dans sa cause. Elle avait mis en commun son charbon et son acier. Organisé une politique agricole commune. Posé le principe d'une préférence communautaire. Permis à Airbus d'exister. A la volonté des Etats, elle ajoutait une volonté commune. L'Europe de Monnet, de Schuman et de Gaspéri c'était davantage de volonté collective, et non pas moins.
Aujourd'hui l'avenir ne se joue plus dans le charbon et dans l'acier mais dans l'énergie, l'environnement, les biotechnologies, l'espace... Mais c'est la même nécessité qui s'impose.
L'Europe qui a confiance en elle, c'est l'Europe qui joue pleinement le jeu de la subsidiarité. C'est l'Europe qui se dote d'un gouvernement économique. C'est l'Europe qui donne des bornes à son élargissement. C'est l'Europe qui renonce à la règle de l'unanimité pour fonctionner efficacement. C'est l'Europe qui restaure sa capacité de décision politique. C'est l'Europe qui bâtit des stratégies de croissance et d'innovation coopératives. C'est l'Europe qui unit ses forces pour entrer de plain-pied dans la société de la connaissance à travers la mise en oeuvre de l'agenda de Lisbonne. C'est l'Europe qui participe à la constitution d'un réseau de pôles d'excellence universitaires, qui développe Erasmus et la mobilité des étudiants. C'est l'Europe qui unit ses forces pour mieux assumer ses responsabilités dans le domaine de la sécurité et de la défense.
C'est aussi l'Europe dans laquelle les Etats capables et volontaires qui expriment une volonté commune, qui veulent agir ensemble et non plus subir, ne sont pas empêchés par les autres de le faire.
Voilà l'Europe que je veux.
La mondialisation que la France veut promouvoir c'est d'abord celle qui réunit les conditions de la paix, qui fait triompher les libertés qui repose sur des conditions équitables et mutuellement profitables. Aujourd'hui les plus grands dangers qui pèsent sur la paix du monde sont dans la dégradation de l'environnement et dans le sous-développement. Les guerres de la faim et de l'eau qui menacent le monde pourraient bien être terribles. Les grandes migrations de population ont déjà commencé et tous les murs du monde ne les arrêteront pas.
Le co-développement durable est la seule issue possible à la tragédie qui se noue.
Pour se développer l'Afrique n'a pas d'abord besoin que ses agriculteurs produisent pour exporter en Europe. Elle a d'abord besoin de se nourrir. Elle a d'abord besoin de l'autosuffisance alimentaire. Elle a besoin d'une agriculture vivrière davantage que d'une agriculture spéculative. Elle a besoin d'éducation, de santé, d'administration, de droit, de sécurité et d'infrastructures essentielles.
Le co-développement, c'est le développement solidaire au lieu d'être antagoniste.
C'est la reconnaissance d'un intérêt commun.
C'est le partage de la technologie, de la connaissance, des compétences, des médicaments.
C'est le libre échange négocié et régulé.
C'est une immigration choisie, c'est-à-dire concertée, décidée ensemble, organisée ensemble, maîtrisée ensemble.
C'est la compréhension, le respect, la coopération.
Il suppose que le monde accepte de se préoccuper du sort des générations futures et pas seulement de la rentabilité à court terme.
Le monde a besoin d'un nouvel humanisme fondé sur la responsabilité plutôt que sur la précaution, sur la compréhension et le respect plutôt que sur la rivalité, sur la fraternité plutôt que sur l'égoïsme, sur l'esprit plus que sur la matière.
La France a vocation à promouvoir ce nouvel humanisme.
Elle a vocation à promouvoir le dialogue des cultures, mais sans jamais abdiquer son identité et ses valeurs.
Elle a vocation à rappeler au monde que le capitalisme a besoin pour être accepté de répondre à une exigence spirituelle et morale.
Je propose que la France prenne la tête du combat mondial pour le co-développement en y engageant chaque année des milliers de jeunes Français dans le cadre du service civique obligatoire que j'ai proposé.
Elle doit donner au monde l'exemple d'un développement durable et d'une société de modération, renvoyant dos à dos la dangereuse utopie d'une croissance zéro, la myopie du marché et le productivisme effréné.
La France a vocation à être dans le camp de la paix et de la démocratie. Elle a vocation à défendre les droits des peuples à disposer d'eux-mêmes. Elle a vocation à être du côté de la justice et des droits de l'homme.
La mondialisation telle que la France la souhaite passe par la réforme du fonctionnement de l'ONU et de l'ensemble des institutions internationales. Les grands pays émergents doivent être mieux représentés dans les organes de décision. Cela passe par la création à côté de l'organisation mondiale du commerce d'une organisation distincte dédiée à l'environnement et dotée des mêmes pouvoirs juridictionnels. Cela passe par la reconnaissance du statut spécifique de l'agriculture dans les règles qui gouvernent les relations commerciales internationales.
Je veux une France indépendante et libre de son destin. Comme je veux une Europe indépendante et capable d'agir de façon autonome.
La mondialisation que la France souhaite, je voudrais enfin dire qu'elle ne peut advenir dans la rupture avec les Etats-Unis. Qui peut croire que c'est sans eux que nous pourrons faire prévaloir les valeurs démocratiques qui sont les nôtres.
Quelles que soient les erreurs commises par cette grande démocratie, et elle en a commis, nul ne peut souhaiter qu'elle fût un jour affaiblie au point de ne plus pouvoir jouer son rôle sur la scène internationale.
Oserais-je rappeler ce qu'avait déclaré en 1960 le Général De Gaulle devant le Congrès des Etats-Unis, lui qui n'avait jamais marchandé l'indépendance française ? « La France pour sa part a choisi. Elle a choisi d'être du côté des peuples libres. Elle a choisi d'y être avec vous (...). Ce qui a conduit et maintient la France à vos côtés c'est, avant tout, son âme millénaire, sa tradition qui fait d'elle un champion de la liberté, son idéal qui a pour nom les droits de l'homme, sa conviction qu'en fin de compte l'ordre du monde exige la démocratie dans le domaine national et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sur le plan international. Or c'est cela même qui est également la lumière, l'inspiration, l'esprit du peuple américain. »
Il avait ajouté : « Américains, sachez-le ! Rien ne compte davantage pour la France que la raison, la résolution, l'amitié du grand peuple des Etats-Unis. Je suis venu vous le dire ».
Presque un demi-siècle plus tard, cette donnée fondamentale de la politique mondiale demeure, au-delà des vicissitudes de l'histoire et des désaccords qui peuvent exister.
Ce que doit être le but de la politique française, le Général De Gaulle l'avait résumé un jour ainsi : l'unité nationale, européenne, mondiale... Les moyens ont changé. L'objectif est toujours le même.
L'unité mondiale, la France la veut. Elle la veut par le multilatéralisme, par le droit et par la coopération.
L'unité de l'Europe, la France la veut. Elle la veut par l'action, par la solidarité et par la réciprocité.
L'unité de la France, ce devrait être le premier but de toute politique française.
La France n'est forte que lorsqu'elle est rassemblée et lorsque les Français croient en elle.
Nous ne bâtirons pas notre succès sur la repentance, le reniement de soi ou le dénigrement systématique de tout ce que nous sommes.
Notre histoire, notre culture, nos valeurs, notre langue, le rapport si particulier que nous entretenons avec les idées et avec la pensée, notre conception de la liberté et de l'égalité, notre conception de la nation, de l'Etat, du service public, du droit et même notre esprit cartésien ne sont pas des handicaps.
Ce sont nos atouts.
Je veux rendre aux Français la fierté d'être Français.
Je veux réconcilier les Français avec la France et avec le monde.
Je veux réconcilier les Français avec la politique.
Je veux nouer entre eux et la politique une nouvelle relation.
Je veux qu'ils se sentent de nouveau appartenir à une nation qui les protège, à une République qui les unit, à un Etat qui les respecte, à une Europe qui leur permet de compter sur la scène du monde.
Voilà ce que je vous propose de construire ensemble. Voici le pacte pour la France que je vous présente. Source http://www.u-m-p.org, le 10 novembre 2006
D'abord à Antoine Pinay, si dévoué au bien public qu'il devint aux yeux de tous les Français l'incarnation même de la confiance.
A Michel Durafour ensuite. Je n'ai pas toujours partagé ses choix, mais j'ai toujours respecté en lui l'homme de convictions étranger à tout sectarisme. Le mot que l'extrême-droite lui a jeté à la figure, cette insulte répugnante l'a encore grandi. Elle a fait de cet homme un symbole. Elle a tracé la limite que le débat politique ne doit en aucun cas franchir.
Je veux rendre enfin hommage à Lucien Neuwirth, gaulliste de toujours, qui incarne les plus belles valeurs du patriotisme. Sa vie a commencé comme un roman : engagé à 20 ans dans les Forces Françaises Libres, fait prisonnier, condamné à mort, fusillé, il en sort miraculeusement vivant. Nul n'oubliera jamais qu'on doit à son obstination la première loi française sur la contraception. Je veux lui dire ce soir toute mon affection.
A vous tous je veux dire combien il était important à mes yeux d'être parmi vous, à Saint-Etienne, dans cette France dont on ne parle jamais parce qu'elle a cette pudeur des gens humbles qui gardent pour eux leurs joies et leurs souffrances et ne réclament jamais rien d'autre que le droit de vivre dignement de leur travail.
Je salue le Forez, qui tout au long de son histoire, a toujours travaillé, s'est toujours battu et a toujours résisté parce que ses habitants ont toujours eu cet orgueil des hommes libres qui ne veulent devoir leur liberté qu'à eux-mêmes.
Je salue la ville, dix fois championne de France, dont le coeur bat à l'unisson des Verts parce que les magnifiques valeurs qu'ils incarnent sont les siennes.
Je salue la ville où depuis des siècles la dureté du travail a donné à la fraternité un sens qu'elle n'a nulle part ailleurs que dans les villes ouvrières.
La ville de la houille, de la métallurgie et du ruban, Saint-Etienne, la ville noire, est devenue blanche. Elle a lavé la poussière du charbon. Elle a dissipé la fumée de ses usines. Ses vieilles industries se sont transformées, ses vieux métiers en ont engendré de nouveaux. La ville dont les enfants avaient construit la première ligne de chemin de fer d'Europe, inventé la roue libre, la bicyclette, la machine à coudre, la turbine hydraulique, la ville qui durant deux cents ans avait symbolisé la révolution industrielle, l'ingéniosité française et le formidable combat de l'homme moderne pour arracher à la nature de quoi vivre, cette ville-usine, cette ville si longtemps dévorée par la mine a pris la nouvelle révolution industrielle à bras-le-corps.
C'est dans cette ville qui se bat pour vivre, c'est au coeur de cette France qui ne veut pas renoncer, c'est au milieu de tous ces Français qui ne comprennent pas qu'il soit si difficile de gagner sa vie et d'élever ses enfants en travaillant, qui ne comprennent pas qu'on puisse détester la France et prétendre y rester, qu'on cherche toujours des excuses aux voyous, qu'on s'intéresse toujours au sort de ceux qui ne veulent rien faire et jamais au sort de ceux qui font des efforts pour s'en sortir. J'aime cette France là. Je veux parler en son nom. Je veux l'incarner. Je veux la représenter.
C'est ici parmi vous à Saint-Etienne que je voulais être en ce 9 novembre. Le 9 novembre 1970, il y a exactement 36 ans le Général De Gaulle mourait à Colombey-les-deux-Eglises.
Beaucoup de Français, se sont sentis orphelins. Ils se souvenaient que le Général De Gaulle n'avait pas été seulement l'homme du 18 juin, l'âme de la Résistance, le chef de la France libre ; qu'il n'avait pas été seulement celui qui avait sauvé l'honneur de la France et qui lui avait permis de siéger parmi les vainqueurs. Ils se souvenaient qu'il avait été aussi celui qui avait par deux fois évité la guerre civile, celui qui avait créé la Sécurité Sociale, donné le droit de vote aux femmes, achevé la décolonisation, fondé la Ve République, refondé notre monnaie, réconcilié la France et l'Allemagne, mis en oeuvre le marché commun, construit la force de frappe...De Gaulle a toujours été l'homme de la rupture, il a toujours refusé la continuité, les conformismes, l'habitude, les situations acquises. C'est en pensant à cet exemple que j'en appelle à la rupture avec nos échecs, que je refuse la répétition d'un passé qui ne serait plus accordé avec le monde d'aujourd'hui. Que je veux rompre avec une certaine façon de faire de la politique. Je veux créer une nouvelle relation avec les Français faite de respect de la parole donnée, de vérité, d'authenticité, d'honnêteté.
Le Général De Gaulle avait dit : « je ne veux pas de présentation doctrinale du gaullisme parce qu'elle aurait nécessairement la rigidité d'une religion. » Il avait ajouté : « si j'entends marcher librement, je ne marche pas pour autant au hasard. »
Il n'y a pas d'idéologie gaulliste.
Le gaullisme nous parle d'une certaine idée de l'homme et de la politique, à travers l'expérience réussie d'une certaine idée de la France.
C'est une éthique, une morale, un comportement.
C'est le sens de l'Etat.
C'est l'exercice du pouvoir comme un don de soi.
Je ne sais pas ce que dirait, ni ce que ferait le Général De Gaulle dans le monde d'aujourd'hui.
Mais je sais ce qu'il nous a appris à travers ce qu'il a dit et ce qu'il a fait. Il nous a appris que dans le monde tel qu'il est, la France ne peut continuer d'exister que si elle le veut et que face au déclin de la France on n'a jamais le droit de répondre : « je n'y peux rien ». Il nous a enseigné qu'on ne peut rien si l'on ne comprend pas les changements du monde et si l'on n'est pas capable de les mettre au service du pays. Qu'alors on se condamne à subir et non à agir, à être une victime et non un acteur. J'aime trop la France pour la voir dans les habits de la victime, du regret, de la nostalgie.
Le 4 janvier 1948 le Général De Gaulle était venu à Saint-Etienne. A la foule rassemblée il avait dit : « A vous toutes et à vous tous, je veux parler aujourd'hui des lourds soucis qui nous étreignent quant aux conditions de l'existence des Français. Si j'en parle ce n'est point pour gémir, ni maudire. A quoi bon ? C'est pour éclairer le chemin par où nous pouvons en sortir ensemble. Car, je l'affirme, rien n'est perdu ! »
« Rien n'est perdu ! Je veux l'affirmer à mon tour » Jamais !
Si le gaullisme a un sens c'est bien celui là. L'avenir appartient à ceux qui veulent l'étreindre avec passion. C'est cette passion que je vous propose.
Tout est possible pour les peuples et les nations qui veulent demeurer, qui ne renoncent pas, qui ne veulent pas vivre à genoux. C'est mon idée de la France, c'est ma volonté pour les Français, c'est ma conviction.
C'était aussi un 9 novembre. En 1989. Ces milliers de jeunes berlinois sur leur mur arrachant une à une les pierres qui devenaient tout à coup des symboles de la liberté après avoir été ceux de la dictature. Avec la chute du mur, l'Europe se réunifiait enfin dans la paix, dans la liberté et autour des valeurs démocratiques. Quelle victoire pour le projet européen après ce long combat contre le communisme ! Ce communisme dont certains se réclament et qui n'est rien d'autre que l'histoire d'une dictature sanglante qui a fait régner la terreur partout où elle fut mise en oeuvre.
Cet événement a donné un formidable coup d'accélérateur à une mondialisation en gestation depuis plusieurs siècles. Depuis que Christophe Collomb, Vasco de Gama, Jacques Cartier et Magellan ont de façon décisive et irréversible mis l'occident en relation avec d'autres continents. Depuis qu'au XIXème siècle, la révolution industrielle, l'aventure coloniale et la circulation internationale des capitaux ont amplifié les échanges entre les régions du monde. Depuis qu'au XXème siècle, les deux conflits mondiaux, la décolonisation et l'effondrement du bloc soviétique, mais aussi les progrès des technologies de la communication, ont fini de transformer notre planète en un village.
La mondialisation, c'est donc ce mouvement incontournable, puissant, définitif, d'ouverture et d'interdépendance des économies et des sociétés à l'échelle de l'humanité toute entière. C'est une révolution technologique qui raccourcit les distances jusqu'à les abolir. Notre rapport à l'espace et au temps est modifié. L'ubiquité devient concevable. C'est un bouleversement sans précédent, par son ampleur et par sa rapidité, pour des systèmes politiques, économiques et sociaux désormais reliés entre eux et bousculés dans leurs habitudes, leurs certitudes, leurs conformismes.
La mondialisation est un fait. Il serait aussi vain de la nier ou de s'y opposer que de prétendre remettre en cause la loi de la gravité ou arrêter la course des nuages. La question n'est donc pas de savoir si la mondialisation est bonne ou mauvaise. Elle est de savoir si nous y sommes préparés. Si nous nous sommes organisés pour peser sur elle. Elle est de savoir si nous voulons être du côté des gagnants ou de celui des perdants. Le choix existe, car si la mondialisation est un fait, la subir n'est pas une fatalité. C'est nous qui en réaliserons les promesses ou qui en subirons les menaces.
La mondialisation recèle des espoirs et des périls.
Les progrès sont immenses. Jamais la croissance mondiale n'a été aussi forte sur une aussi longue période. Jamais autant d'hommes et de femmes n'ont eu accès au développement, s'arrachant par centaines de millions à la misère. Jamais la science et la technique n'ont avancé aussi vite et ne se sont diffusés plus rapidement. Jamais la conscience universelle de notre condition commune n'avait atteint un tel degré. Jamais nous n'avons été en mesure d'accéder à une telle quantité d'informations. Jamais les idées de liberté et de démocratie ne se sont autant répandues.
Ce nouvel élan planétaire offre des possibilités inédites. Plus de débouchés pour nos entreprises. Des occasions supplémentaires de valoriser nos savoir-faire et nos talents. Des emplois nouveaux dans des secteurs inconnus hier, des activités nouvelles dans des territoires pour lesquels l'éloignement n'est plus forcément un handicap. Des opportunités de création de richesses et d'acquisition de compétences pour nos enfants qui vont vivre dans un monde que notre imagination aurait peiné à dépeindre.
Voici ma conviction. On n'arrêtera pas ce progrès car c'en est un.
Mais dans le même temps je veux être lucide, honnête, franc, sincère. Je refuse toute présentation idyllique de la mondialisation. Je ne ferai pas croire que tout le monde y gagne. Je n'accepte pas d'entendre que tous ceux qui en souffrent n'ont rien compris.
Ce serait refuser de voir la détresse au milieu de l'abondance. Ce serait refuser de voir, derrière l'espérance d'une hausse du niveau de vie pour tous, la précarité qui monte dans les pays qu'on dit riches. Ce serait oublier la misère matérielle et morale de millions d'individus, hommes, femmes et enfants, qui sont encore exploités comme des bêtes de somme pour gagner à peine de quoi survivre. Ce serait oublier la souffrance provoquée par la dégradation des conditions de travail dans les entreprises confrontés à une concurrence de plus en plus âpre. Ce serait oublier les terribles cicatrices infligées à certains territoires et à certaines familles par les restructurations d'activité et les délocalisations. Je veux prononcer ce mot car il décrit une réalité douloureuse et parfois inacceptable. Ce serait refuser de voir derrière les succès, le creusement des inégalités et la montée de la violence.
Je veux être l'homme qui dénonce les injustices pour mieux les combattre. Sans un diagnostic courageux, on ne peut s'attaquer aux causes du mal.
La mondialisation, c'est hélas aussi 15 à 20 millions de travailleurs bon marché et sans protection sociale qui entrent chaque année sur le marché mondial du travail. C'est un dumping économique, social, environnemental et monétaire effréné. C'est une pression migratoire sans limite qui trouve sa source dans les drames de l'Afrique qui n'arrive pas à surmonter son explosion démographique. Le résultat ce sont des émigrants qui s'entassent au péril de leur vie dans des embarcations de fortune.
La mondialisation, c'est le réchauffement climatique et l'acidification des océans, bouleversements lourds de dangers pour les grands équilibres écologiques de la planète, donc osons le dire : pour la survie même de notre espèce.
La mondialisation ce n'est pas seulement l'ouverture des frontières et le dialogue pacifique entre les cultures. C'est aussi de nouveaux murs qui s'élèvent pour séparer les peuples. C'est l'exacerbation des crispations identitaires, la radicalisation des esprits fragiles ou ignorants, la résurgence des nationalismes les plus sectaires et des fanatismes religieux les plus virulents.
La mondialisation c'est la plus grande abondance et la plus grande frustration, la modernité la plus avancée et l'obscurantisme le plus forcené, qui se confrontent sans échappatoire dans l'immédiateté du temps réel.
Je le dis pour que l'on me croie car on peut toujours essayer d'expliquer à l'ouvrier de l'industrie que les délocalisations « c'est un phénomène marginal ».
On peut toujours dire aux habitants des bassins industriels sinistrés que si l'on détruit des emplois ici ce n'est pas si grave parce qu'on en crée ailleurs.
On peut toujours annoncer aux patrons de PME victimes du dumping et de la contrefaçon que ces distorsions disparaîtront d'elles-mêmes dans 30 ou 40 ans, quand les ouvriers chinois ou indiens auront réclamé leur dû.
On peut toujours le dire...mais à l'arrivée on ne sera pas cru parce que les Français ne se contentent plus de discours. Ils veulent des faits, des actes, des décisions. Je veux être celui qui les propose, qui les imagine et surtout qui les mette en oeuvre. C'est comme cela qu'on endiguera la montée du vote protestataire, le rejet de la mondialisation, le ralliement de couches de plus en plus larges de la population aux thèses protectionnistes.
Tout le problème est là. L'Etat doit protéger sans être protectionniste.
Le mot protection ne me fait pas peur. Je l'assume.
On ne peut pas répondre à la souffrance sociale et aux angoisses légitimes : « c'est triste mais on n'y peut rien ».
On ne peut pas continuer de répondre à l'angoissante question de l'avenir que le marché est tout et la politique rien.
Je n'accepte pas cette vision parce qu'elle est fausse.
L'accepter c'est faire le lit de tous les extrémismes.
Je n'accepte pas l'idée que le combat politique ne sert à rien.
Je n'accepte pas l'idée que la mondialisation soit le nouveau nom de la fatalité.
La politique est impuissante quand elle ne veut rien.
Quand on ne veut rien, on ne peut rien. Voilà ma conviction. Seule la politique peut mettre la mondialisation au service de l'homme. Seule la politique peut prévenir la révolte de l'homme contre une mondialisation dont il a le sentiment qu'elle l'asservit au lieu de le libérer.
L'avenir dépend de nous.
Le pire serait de se résigner et de subir.
Je ne veux pas subir. Je ne suis pas résigné.
Nul ne peut échapper à la mondialisation. Nul ne peut la récuser.
Mais la mondialisation contient le meilleur et le pire.
La mondialisation est pour l'humanité un immense espoir et un terrible danger.
Dans ce monde brutal, plein de bruit, de fureur et de vie, l'humanité se forge un destin grandiose ou une destinée fatale.
Il y a une mondialisation idéale : celle où le progrès de chacun contribue au progrès de tous.
Il y a une mondialisation détestable : celle de la concurrence déloyale et du dumping.
Il y a une mondialisation viable : celle où chacun crée sa propre croissance.
Il y a une mondialisation insoutenable : celle où chacun cherche à prendre la croissance de l'autre et à piller les ressources des générations futures.
Il y a une mondialisation efficace : celle où le but de chacun est d'élever son niveau de vie, d'élargir son marché intérieur, de produire pour consommer, de préserver l'avenir.
Il y a une mondialisation vouée à l'échec : celle où chacun comprime son niveau de vie et restreint son marché intérieur.
Le problème n'est pas de savoir si la mondialisation est trop ou pas assez libérale. Le problème est de savoir si nous sommes prêts à en relever tous les défis. Notre pays a en lui-même toutes les capacités, toutes les ressources et tous les atouts pour les relever avec succès. Mais nous n'avons pas fait tout ce qu'il fallait pour exploiter à plein ce potentiel.
Le monde bouge très vite et nous n'avons pas su bouger au même rythme. Il n'est pas normal que notre croissance soit à ce point inférieure à la croissance mondiale. Il n'est pas normal que nous soyons passés en 25 ans de la 6ème place à a 17ème place mondiale pour ce qui est de la richesse par habitant. Nous étions devant la Suède, le Japon, l'Australie et le Royaume-Uni. Nous sommes désormais derrière eux.
Il faut en finir avec le mythe d'une France frileuse, crispée sur ses acquis, incapable de voir le monde tel qu'il est. En 25 ans la France s'est profondément transformée. Elle est devenue l'un des grands pays les plus ouverts du monde, et dont les salariés sont parmi les plus productifs. Cinquième exportateur mondial, la vente de ses produits et de ses services à l'étranger représente 30% de notre PIB.
Partout en France, à Saint-Etienne comme ailleurs, des millions de Français travaillent dur, innovent, entreprennent. Depuis des décennies les Français n'ont pas ménagé leurs efforts. Ils ont affronté la mondialisation avec courage, ils ont changé leur manière de vivre et de travailler.
Je ne suis pas venu apprendre la vie à ceux qui en éprouvent tous les jours la dureté.
Je ne suis pas venu prêcher, au nom de la mondialisation, la résignation à tous ceux dont les conditions de vie et de travail ne cessent de se dégrader depuis 25 ans, ni expliquer aux ouvrières de la porcelaine que j'ai rencontrées à Limoges et qui se lèvent tous les jours à 4 heures du matin depuis 30 ans qu'elles ne travaillent pas assez pour résister à la concurrence asiatique.
Je ne suis pas venu dire à la mère qui élève seule ses deux enfants qui gagne à peine le SMIC que son salaire est trop élevé.
Je ne suis pas venu vanter à l'ouvrier de l'industrie qui vit sa troisième délocalisation les vertus du libre-échange intégral, ni au cadre auquel on demande toujours plus avec toujours moins de reconnaissance les charmes de la nouvelle économie.
Je ne suis pas venu dire à l'ingénieur de 50 ans qui ne trouve plus de travail que ses prétentions sont excessives quand sur le marché mondial l'ingénieur indien est prêt à faire le même travail pour 10 fois moins cher.
Je ne suis pas venu vous dire de résoudre les défis du XXIème siècle avec les solutions du XIXème siècle.
Je ne suis pas venu vous dire que l'Etat n'a pas d'autre avenir que de s'occuper de la police, de la justice, de la diplomatie et de la défense, en regardant passivement le marché s'occuper de tout le reste. Cela n'existe nulle part au monde. Allez voir aux Etats-Unis ! Allez-voir au Japon ! Allez voir en Chine ou en Corée du Sud ! Y aurait-il donc une fatalité française ou européenne à ce que l'Etat ne puisse plus rien alors qu'il peut partout ailleurs dans le monde ?
La vérité, c'est que la mondialisation exige un Etat fort, une cohésion sociale et territoriale forte, une identité collective forte. Si nous voulons être forts dans la mondialisation, nous ne devons renoncer à rien de cela.
Un Etat fort ce n'est pas un Etat entravé par l'accumulation des déficits et ployant sous le poids de la dette. Ce n'est pas un Etat qui empile les dépenses inefficaces, multiplie les dispositifs inopérants sans jamais les évaluer et porte les prélèvements obligatoires à des niveaux records. Ce n'est pas un Etat qui pénalise le travail, décourage l'initiative, dissuade l'investissement et sanctionne la réussite.
Une société unie, ce n'est pas une société minée par le chômage de masse, la précarité et l'angoisse du lendemain. Ce n'est pas une société fragilisée par l'assistanat, l'égalitarisme et le nivellement par le bas. Ce n'est pas une solidarité bafouée et battue en brèche par la fraude, les abus et les gaspillages en tout genre.
Je suis venu vous dire que si la mondialisation est un fait, ses conséquences négatives ne sont pas une fatalité.
Si l'Etat vit au-dessus de ses moyens, la France vit au-dessous de ses ressources. Elle gaspille son capital humain dans le chômage, la fuite des cerveaux et les 35 heures. Elle ne fait pas travailler ses jeunes ni ses séniors. Ses entreprises préfèrent investir à l'étranger ou racheter leurs actions pour faire monter les cours.
La France est un pays riche où ceux qui travaillent sont de plus en plus pauvres.
La France ne réduira pas son chômage en partageant le travail mais en créant de l'emploi.
Elle ne deviendra pas plus compétitive en dévalorisant le travail mais en le revalorisant.
Elle n'améliorera pas la situation de l'emploi en taxant le travail.
Elle ne réduira pas le chômage grâce aux 35 heures. Parce que c'est le travail qui crée le travail et parce que les 35 heures ont diminué le pouvoir d'achat des salariés. Les 35 heures c'est la régression sociale.
Je propose de supprimer toutes les charges sur les heures supplémentaires de sorte que ceux qui le veulent puissent travailler davantage pour gagner plus. Je propose d'exonérer les patrimoines petits et moyens de tout droit de succession. Pour que le fruit du travail de toute une vie cesse d'être confisqué après avoir été taxé à plusieurs reprises. Parce que je crois à la famille et au droit de transmettre le patrimoine d'une vie de labeur à ses enfants et à ses petits-enfants.
Je suis venu vous proposer une politique où on gagne plus quand on travaille plus.
Je suis venu vous proposer une politique de hausse du pouvoir d'achat et non de réduction du travail.
On ne réduira pas davantage le chômage en continuant à faire supporter au travail tout le poids du financement de la protection sociale.
Les charges sociales excessives dans notre pays pénalisent chaque jour un peu plus la production française. Je propose de faire de la baisse des prélèvements sur le travail l'objectif numéro un de toute notre réforme fiscale. Je souhaite que l'on réfléchisse à la manière dont les importations pourraient être mises à contribution pour financer notre protection sociale et alléger les charges pesant sur le travail. Il faut que nous en parlions avec nos partenaires de l'Union européenne.
Depuis trop longtemps la France cherche à rétablir ses équilibres en diminuant ses dépenses d'investissement au lieu de diminuer ses dépenses courantes. Ce sont les réformes qui feront la croissance. Et c'est la croissance qui permettra la réduction du déficit. Je ne crois pas aux vertus de l'austérité pour l'austérité.
La France sacrifie ses dépenses d'avenir parce qu'on n'a pas le courage de toucher aux dépenses du passé.
Je suis venu vous proposer de tailler dans la dépense improductive et de donner la priorité à l'investissement.
Je suis venu vous proposer de pourchasser tous les gaspillages, de supprimer tous les organismes qui ne servent à rien, de liquider toutes les politiques inefficaces, de combattre toutes les fraudes et les abus, de réformer avec vigueur l'Etat pour qu'il soit plus efficace sur ses missions essentielles. Chaque euro public doit être dépensé avec le même souci du rapport qualité/prix qu'un euro dépensé par les familles françaises. Ainsi nous pourrons investir massivement dans les secteurs prioritaires qui décideront de notre rang dans le monde de demain, l'enseignement supérieur, la recherche, l'énergie, l'environnement.
Je suis venu vous proposer de respecter une règle simple : que seules les dépenses d'investissement puissent être financées par l'emprunt, ce qui veut dire que les dépenses courantes devront être intégralement financées par les recettes courantes, c'est-à-dire les prélèvements obligatoires.
Pour gagner dans la mondialisation, il faut investir plus que les autres et avant les autres.
Je veux une politique qui, en stimulant la croissance et en faisant reculer le chômage, fera monter les salaires et améliorera le pouvoir d'achat.
Je propose qu'on investisse davantage dans l'enseignement supérieur et dans la recherche. Je propose qu'en 2012 l'effort de recherche et d'innovation atteigne 3% du PIB, ce qui représente un investissement supplémentaire pour la puissance publique et les entreprises de 15 milliards d'euros sur 5 ans.
Je propose qu'on réforme en profondeur la gouvernance de nos universités pour leur donner les moyens nécessaires à leur autonomie. Je veux qu'elles s'affirment comme les meilleures universités d'Europe, pour la qualité de l'enseignement prodigué et des diplômes délivrés. Je veux conduire plus de jeunes à l'enseignement supérieur, plus d'étudiants aux diplômes et plus de diplômés à l'emploi.
Je veux des campus universitaires attractifs et rayonnants, agréables à vivre pour les étudiants, les enseignants, les chercheurs, situés à la pointe de la recherche produisant et diffusant les connaissances les plus avancées dans l'économie et la société.
Nous devons nous mobiliser pour faire revenir tous les talents, scientifiques, chefs d'entreprise, cadres de haut niveau, artistes, car nous aurons besoin de tout le monde pour faire gagner la France.
Ensemble nous allons le faire, je vous le promets, nous allons étonner le monde. Nous ne devons pas redouter la compétition, en nous repliant sur nous-mêmes et en restant sur la défensive. Nous avons toutes les cartes en main pour passer à l'offensive et reprendre notre destin en main. "Dans la compétition des peuples, faute de laquelle l'humanité serait vouée à mourir, nous voulons avoir notre place et, à l'occasion, l'emporter". Voilà ce qu'écrivait le Général de Gaulle en 1961.
Je veux m'inscrire dans cette tradition.
Je propose que l'Etat se donne les moyens de mettre en oeuvre une politique du plein emploi. Ce que d'autres pays ont fait je suis convaincu que nous pouvons le réaliser. Notre position géographique, notre vitalité démographique, la richesse de notre patrimoine culturel, une qualité de vie internationalement reconnue, un niveau d'équipement et des services publics que beaucoup dans le monde nous envient, des savoir-faire industriels et technologiques incomparables, des hommes et des femmes qualifiés qui n'ont pas perdu le sens de l'effort, voilà autant de lignes de force que nous devons maintenant privilégier. La France, ce n'est pas seulement le pays des 35 heures, des clandestins, des bus incendiés et du RMI!
Je propose que l'Etat actionnaire joue son rôle, pas seulement en préparant des privatisations pour desserrer l'étau de la dette mais en n'oubliant pas qu'il doit aussi être un Etat stratège, garant de la préservation de nos intérêts industriels et technologiques fondamentaux.
C'est ce que font les Américains avec l'intelligence économique et avec les dépenses du Pentagone. C'est ce que les Japonais font avec le MITI. C'est ce que les Chinois font avec leur gestion politique de transfert de technologies. C'est ce que la France et avec elle l'Europe ne font plus ou plus suffisamment. C'est ce que nous avons commencé à faire avec les pôles de compétitivité, avec l'agence nationale de la recherche, avec l'agence nationale de l'innovation industrielle. Il faut aller beaucoup plus loin.
Je propose de supprimer la taxe professionnelle qui pénalise jusqu'à la caricature les investissements les plus productifs et les plus innovants. Je propose de la remplacer par une contribution dont l'assiette serait moins stigmatisante pour l'effort d'investissement et selon des modalités permettant de garder un lien avec le territoire d'implantation.
Je propose de doubler les crédits dédiés au financement de l'effort de recherche des entreprises, en concentrant davantage ces moyens supplémentaires sur les PME. Je propose que les PME bénéficient d'un accès privilégié à la commande publique et qu'une part des marchés attribués leur soit explicitement réservée. Cette politique a fait ses preuves aux Etats-Unis depuis un demi-siècle. Je ne vois pas pourquoi l'Europe et la France s'interdiraient par principe d'appliquer ce qui a marché ailleurs.
Je ne peux pas accepter, parce que c'est une perte irréparable qu'une mauvaise conjoncture fasse disparaître un métier qui repose sur une longue tradition de savoir-faire. Il y a 25 ans on nous expliquait que la sidérurgie était condamnée, que Renault était voué à la faillite, et on annonçait déjà que la banque serait la sidérurgie de demain. Il n'y a pas si longtemps c'est toute la "vieille économie" qui était menacée de disparaître. Aujourd'hui ce serait l'agriculture. Mais l'économie est cyclique et la vérité d'hier n'est pas toujours celle du lendemain. Ceux qui avaient prévu cela se sont trompés.
Je propose que l'Etat se dote d'un outil financier adossé à la Caisse des Dépôts permettant de prendre temporairement et de façon ciblée des participations pour aider les entreprises stratégiques à passer une phase difficile alors qu'on les accule à mettre la clé sous la porte ou à aller se vendre à des fonds étrangers qui n'ont d'autre but que de s'emparer de leur technologie.
Je ne peux accepter que tant d'hommes soient broyés par la logique économique ou laissés pour compte parce qu'ils ne correspondent plus aux critères de performance du marché, parce que c'est un effroyable gaspillage humain. Je ne peux pas accepter l'idée d'abandonner à leur malheur des territoires et des hommes frappés par le sort alors que très souvent il suffirait de peu de chose pour les remettre en selle.
On ne protège pas les Français si on décourage l'embauche en rendant le droit du travail excessivement rigide et le coût du licenciement exorbitant dans un monde où la réactivité de l'entreprise est la condition de sa survie.
Je propose qu'on protège moins les emplois et davantage les personnes. Moins le poste de travail que le parcours professionnel.
C'est tout le sens de la sécurité sociale professionnelle. Qui ne voit que dans le système actuel tout le monde est perdant, les entreprises qui ne disposent pas de la souplesse nécessaire pour s'adapter aux fluctuations de l'activité, les salariés dont la protection n'existe qu'en apparence et qui ne se sont jamais sentis dans une telle situation d'insécurité. Cette sécurité sociale professionnelle est un système gagnant-gagnant qui repose sur trois piliers indissociables. Premier pilier : la création d'un contrat de travail unique, procurant aux salariés des droits se renforçant avec le temps, offrant aux employeurs davantage de souplesse et de visibilité quant aux conditions de la rupture du contrat. Deuxième pilier : des services de l'emploi rendus plus performants par une réforme profonde de leur organisation et de leurs modes d'intervention. Il nous faut regrouper l'ANPE et l'UNEDIC, en instaurant une véritable logique de résultats.
Troisième pilier : des droits à formation tout au long de la vie sensiblement étoffés, à travers la création d'un compte épargne formation individuel.
Ma conception de la sécurité sociale professionnelle, c'est aussi une plus grande exigence dans la préservation de l'équilibre entre les droits et les devoirs. Toute personne au chômage qui satisfera à l'obligation dûment vérifiée d'une recherche active d'un emploi verra ses droits à indemnisation préservés. Je propose que pour les bas salaires, ces droits ne puissent être inférieurs à leurs salaires antérieurs. Mais en cas de manquement à cette obligation, par exemple en cas de refus d'un emploi correspondant aux qualifications de la personne ces droits devront être réduits. En cas de refus répétés, ils devront être supprimés. Il est temps de parler vrai. La solidarité c'est pour aider ceux qui veulent s'en sortir, pas pour protéger ceux qui ne font rien.
Quant aux entreprises, je réclame la modulation du taux de l'I.S. de sorte que celles qui créent de l'emploi et investissent soient avantagées.
Enfin, si nous voulons aider nos concitoyens à mieux vivre les changements professionnels, il faut arrêter de compliquer la mobilité. Comment se déplacer pour prendre un nouvel emploi, quand les droits de mutation grèvent tout achat ou toute vente de logement ? Je propose que ces droits de mutation soient supprimés dès lors que la mobilité est liée à une contrainte professionnelle.
Je propose que l'Etat se donne les moyens d'intervenir plus rapidement dans les bassins d'emplois en difficulté en créant une agence de réindustrialisation en mesure d'investir, dans des activités nouvelles, avec des moyens financiers et humains importants. Je souhaite que tous les territoires sans exception puissent profiter des meilleures compétences pour reclasser les salariés touchés et recréer de l'activité.
Il faut dire la vérité aux Français : sauf à fermer les frontières et à se condamner au déclin, il n'y a aucun moyen d'interdire les délocalisations. Mais nous devons tout faire pour mieux les prévenir. Personne ne doit être laissé au bord du chemin. Nous devons garantir à chaque salarié et à chaque territoire qu'en cas d'accident, la collectivité nationale sera au rendez-vous et prendra toutes les dispositions non seulement pour atténuer le drame social mais pour donner une chance d'un nouveau développement économique.
Les entreprises resteront si elles y trouvent une forte incitation à investir et à embaucher, un réseau de sous-traitance, de services, d'institutions, d'infrastructures assez dense pour les ancrer dans le territoire, une politique ambitieuse d'innovation, un système d'enseignement supérieur performant. Par dessus tout, un pays qui accueille ceux qui veulent créer de la richesse. Une société qui voit dans le patrimoine une possibilité de développer des emplois, pas une cause de jalousie. Une collectivité qui se réjouit de la réussite de ses membres.
La France armée pour la mondialisation, ce ne sont pas des services publics régulièrement paralysés par des grèves aux motivations de plus en plus aléatoires. Il est temps d'instaurer un vrai service minimum garanti par la loi et d'application effective. Il est temps de prévoir l'obligation systématique d'un vote à bulletin secret après le 8ème jour d'une grève ininterrompue.
La France armée pour la mondialisation et le changement, ce n'est pas non plus un dialogue social bloqué et caricatural, figé dans un jeu de rôle permanent entre d'un côté des pouvoirs publics qui consultent pour la forme, de l'autre, des syndicats qui refusent souvent d'endosser les réformes qu'ils réclament toutefois de pouvoir négocier. Il est temps de moderniser le dialogue social. En refondant la représentativité des syndicats sur des critères démocratiques incontestables, c'est-à-dire sur les élections professionnelles. En ouvrant la liberté de présentation des candidatures dès le premier tour. En faisant de la négociation entre les partenaires sociaux le préalable obligatoire de toute intervention du législateur sur les questions touchant au droit du travail, aux relations sociales, à la formation professionnelle et aux retraites.
Il nous faut une croissance durable.
Le plus grand enjeu de civilisation en ce début de XXIe siècle c'est de réussir à mettre l'économie, la science et la technique au service d'un développement durable. Le développement durable ce n'est pas la fin du travail, c'est l'emploi durable. Ce n'est pas le rejet de la technique, c'est la technologie propre. Ce n'est pas l'abolition du marché, c'est le principe pollueur-payeur.
Je propose de faire du développement durable le critère de toutes nos politiques publiques en changeant nos modes de décision, de production, de transport. En mettant des objectifs environnementaux dans la commande publique. En investissant massivement dans la recherche et le développement des énergies renouvelables et des énergies nouvelles. En investissant dans le nucléaire qui ne produit pas de gaz à effet de serre.
Puisque dans l'économie globale, il nous faut trouver des sources de financement pour développer les technologies propres je propose à nos partenaires européens la création d'une fiscalité écologique sur les pollutions qui taxerait aussi les importations en provenance des pays tiers. Son produit serait intégralement affecté au budget de l'Union européenne, pour financer la recherche et l'innovation industrielle dans les énergies et les technologies propres.
Si la France doit puiser en elle-même pour mieux relever les défis de la mondialisation, elle ne peut néanmoins tout résoudre seule. Elle doit conjuguer ses efforts avec d'autres pour peser plus fortement sur les évolutions en cours.
Face à la mondialisation et aux forces immenses qu'elle met en oeuvre, la France a besoin de l'Europe. C'est à cette échelle que nous parviendrons à agir de manière décisive sur le cours des événements.
L'Europe est la seule entité capable d'encadrer la toute-puissance du marché. La seule capable de transformer la mondialisation de l'intérieur. La seule capable de se mesurer aux pays-continents avides de puissance. La seule capable dans le cadre d'un dialogue transatlantique apaisé de pondérer la vision mondiale de notre allié américain.
Encore faut-il que l'Europe ne renonce pas à assumer cette ambition politique. Encore faut-il que le projet européen se rapproche des citoyens et se réconcilie avec eux.
Nous avons fait la PAC, nous avons fait le marché unique, nous avons fait l'euro pour pouvoir mieux agir ensemble. Mais aujourd'hui, au lieu de progresser, l'Europe stagne.
Au lieu d'agir, elle subit.
Au lieu d'exprimer une volonté, elle tergiverse et se désunit.
Quand les autres cherchent à se protéger et se montrent offensifs, l'Europe se désarme et parfois se dérobe.
En votant non à la constitution européenne, les Français n'ont pas dit non à l'Europe mais ils ont porté un jugement sur la manière dont elle fonctionne.
Je suis un Européen convaincu.
J'ai toujours dit oui à l'Europe.
J'ai dit oui au marché unique.
J'ai dit oui à l'euro.
J'ai dit oui à la Constitution européenne.
J'ai dit oui pour agir, pas pour subir.
Mais quand je regarde le monde, partout je vois de la volonté politique. Partout je vois de la décision et de l'action. Partout mais pas assez en Europe.
Je ne peux pas accepter une Europe qui met la politique de côté quand tous les autres ne cessent d'en faire.
Je ne peux pas accepter une Europe qui se complaise dans l'impuissance au lieu de fabriquer de la puissance.
Je ne peux pas accepter une Europe qui soit la victime expiatoire de la mondialisation.
C'est parce que je suis un Européen convaincu que je suis venu vous dire mon souhait d'une Europe politique qui s'assume comme telle.
Ce qui n'est plus possible, c'est l'absence de gouvernement économique qui fait de l'Euro une monnaie sans boussole et sans objectifs partagés. C'est une Banque Centrale Européenne qui n'accepte que du bout des lèvres de dialoguer avec les autorités politiques légitimes de l'Europe, comme le déplore Jean-Claude Juncker lui-même.
Ce qui n'est plus possible, c'est une politique monétaire qui ne se préoccupe pas suffisamment de la croissance et du chômage. C'est une politique monétaire qui reste sourde aux évolutions préoccupantes de la parité avec d'autres grandes monnaies mondiales.
Ce qui n'est plus possible, c'est que grâce aux aides européennes certains Etats membres puissent pratiquer le dumping fiscal.
Ce qui n'est plus possible, c'est que les taux de l'impôt sur les sociétés puissent être abaissés sans demander l'avis de personne mais qu'il faille obtenir l'unanimité pour être autorisé à abaisser le taux de la TVA sur des prestations pourtant non délocalisables comme la restauration ou le bâtiment.
Ce qui n'est plus possible, c'est une politique de la concurrence qui fait obstacle à toute politique industrielle.
Ce qui n'est plus possible, c'est une Europe qui se dilue dans un élargissement sans fin et qui n'a pas de frontière.
Ce qui n'est plus possible, c'est une Europe qui ne puisse pas envisager d'avoir une grande politique de recherche sans renoncer à être une grande puissance agricole.
Ce qui n'est plus possible, c'est que la préférence européenne soit devenue "un gros mot" quand je vois chaque jour les signes d'une préférence américaine, d'une préférence canadienne, d'une préférence chinoise ou d'une préférence indienne. La réciprocité doit redevenir la règle dans les rapports entre l'Union européenne et les autres régions du monde.
Je ne vois pas d'objection à ce que la SNCF attribue des marchés à des entreprises canadiennes dès lors que les entreprises françaises peuvent avoir accès aux mêmes marchés dans les métropoles canadiennes. Aujourd'hui, je constate que ce n'est pas le cas.
Ce qui n'est plus possible, c'est qu'un pays membre puisse décider unilatéralement la régularisation massive d'immigrés clandestins sans demander l'avis de personne.
Ce qui n'est plus possible, c'est la règle de l'unanimité qui paralyse l'Europe.
Je veux une Europe qui protège les Européens comme tous les autres pays protègent leurs ressortissants.
Car si l'Europe ne se protège pas assez, c'est le protectionnisme qui triomphera, les égoïsmes nationaux qui prévaudront, et le projet européen qui se délitera.
L'Europe a besoin de protections même si je déteste l'idée du protectionnisme.
Si l'Europe ne se donne pas les moyens d'être un acteur de la mondialisation mais se contente d'en subir les effets,
Si l'Europe ne se donne pas les moyens d'investir massivement,
Si l'Europe ne se donne pas les moyens de maîtriser l'immigration,
Si la mondialisation continue d'être l'excuse de tous ses abandons et l'alibi de tous ses renoncements au lieu d'être la raison d'être et l'aiguillon de sa volonté, elle sera balayée par le vent de l'histoire et la colère des peuples.
La montée des populismes et des extrémismes, le vote protestataire, la résurgence de la xénophobie, du racisme et du nationalisme sont les signes inquiétants d'un profond malaise qu'il faut prendre au sérieux.
L'Europe doit à nouveau croire en elle et concrétiser son ambition d'être un acteur politique majeur du monde de demain. Elle ne doit pas craindre d'affirmer son identité spécifique et celle des Etats qui la composent.
Ceux qui réussissent dans la mondialisation ne sont pas ceux qui se contentent d'imiter les autres parce qu'ils ne croient pas en eux, mais ceux qui savent tirer le meilleur parti d'eux-mêmes parce qu'ils croient suffisamment en eux.
L'Europe des pères fondateurs croyait en elle. Elle croyait dans ses valeurs et dans sa cause. Elle avait mis en commun son charbon et son acier. Organisé une politique agricole commune. Posé le principe d'une préférence communautaire. Permis à Airbus d'exister. A la volonté des Etats, elle ajoutait une volonté commune. L'Europe de Monnet, de Schuman et de Gaspéri c'était davantage de volonté collective, et non pas moins.
Aujourd'hui l'avenir ne se joue plus dans le charbon et dans l'acier mais dans l'énergie, l'environnement, les biotechnologies, l'espace... Mais c'est la même nécessité qui s'impose.
L'Europe qui a confiance en elle, c'est l'Europe qui joue pleinement le jeu de la subsidiarité. C'est l'Europe qui se dote d'un gouvernement économique. C'est l'Europe qui donne des bornes à son élargissement. C'est l'Europe qui renonce à la règle de l'unanimité pour fonctionner efficacement. C'est l'Europe qui restaure sa capacité de décision politique. C'est l'Europe qui bâtit des stratégies de croissance et d'innovation coopératives. C'est l'Europe qui unit ses forces pour entrer de plain-pied dans la société de la connaissance à travers la mise en oeuvre de l'agenda de Lisbonne. C'est l'Europe qui participe à la constitution d'un réseau de pôles d'excellence universitaires, qui développe Erasmus et la mobilité des étudiants. C'est l'Europe qui unit ses forces pour mieux assumer ses responsabilités dans le domaine de la sécurité et de la défense.
C'est aussi l'Europe dans laquelle les Etats capables et volontaires qui expriment une volonté commune, qui veulent agir ensemble et non plus subir, ne sont pas empêchés par les autres de le faire.
Voilà l'Europe que je veux.
La mondialisation que la France veut promouvoir c'est d'abord celle qui réunit les conditions de la paix, qui fait triompher les libertés qui repose sur des conditions équitables et mutuellement profitables. Aujourd'hui les plus grands dangers qui pèsent sur la paix du monde sont dans la dégradation de l'environnement et dans le sous-développement. Les guerres de la faim et de l'eau qui menacent le monde pourraient bien être terribles. Les grandes migrations de population ont déjà commencé et tous les murs du monde ne les arrêteront pas.
Le co-développement durable est la seule issue possible à la tragédie qui se noue.
Pour se développer l'Afrique n'a pas d'abord besoin que ses agriculteurs produisent pour exporter en Europe. Elle a d'abord besoin de se nourrir. Elle a d'abord besoin de l'autosuffisance alimentaire. Elle a besoin d'une agriculture vivrière davantage que d'une agriculture spéculative. Elle a besoin d'éducation, de santé, d'administration, de droit, de sécurité et d'infrastructures essentielles.
Le co-développement, c'est le développement solidaire au lieu d'être antagoniste.
C'est la reconnaissance d'un intérêt commun.
C'est le partage de la technologie, de la connaissance, des compétences, des médicaments.
C'est le libre échange négocié et régulé.
C'est une immigration choisie, c'est-à-dire concertée, décidée ensemble, organisée ensemble, maîtrisée ensemble.
C'est la compréhension, le respect, la coopération.
Il suppose que le monde accepte de se préoccuper du sort des générations futures et pas seulement de la rentabilité à court terme.
Le monde a besoin d'un nouvel humanisme fondé sur la responsabilité plutôt que sur la précaution, sur la compréhension et le respect plutôt que sur la rivalité, sur la fraternité plutôt que sur l'égoïsme, sur l'esprit plus que sur la matière.
La France a vocation à promouvoir ce nouvel humanisme.
Elle a vocation à promouvoir le dialogue des cultures, mais sans jamais abdiquer son identité et ses valeurs.
Elle a vocation à rappeler au monde que le capitalisme a besoin pour être accepté de répondre à une exigence spirituelle et morale.
Je propose que la France prenne la tête du combat mondial pour le co-développement en y engageant chaque année des milliers de jeunes Français dans le cadre du service civique obligatoire que j'ai proposé.
Elle doit donner au monde l'exemple d'un développement durable et d'une société de modération, renvoyant dos à dos la dangereuse utopie d'une croissance zéro, la myopie du marché et le productivisme effréné.
La France a vocation à être dans le camp de la paix et de la démocratie. Elle a vocation à défendre les droits des peuples à disposer d'eux-mêmes. Elle a vocation à être du côté de la justice et des droits de l'homme.
La mondialisation telle que la France la souhaite passe par la réforme du fonctionnement de l'ONU et de l'ensemble des institutions internationales. Les grands pays émergents doivent être mieux représentés dans les organes de décision. Cela passe par la création à côté de l'organisation mondiale du commerce d'une organisation distincte dédiée à l'environnement et dotée des mêmes pouvoirs juridictionnels. Cela passe par la reconnaissance du statut spécifique de l'agriculture dans les règles qui gouvernent les relations commerciales internationales.
Je veux une France indépendante et libre de son destin. Comme je veux une Europe indépendante et capable d'agir de façon autonome.
La mondialisation que la France souhaite, je voudrais enfin dire qu'elle ne peut advenir dans la rupture avec les Etats-Unis. Qui peut croire que c'est sans eux que nous pourrons faire prévaloir les valeurs démocratiques qui sont les nôtres.
Quelles que soient les erreurs commises par cette grande démocratie, et elle en a commis, nul ne peut souhaiter qu'elle fût un jour affaiblie au point de ne plus pouvoir jouer son rôle sur la scène internationale.
Oserais-je rappeler ce qu'avait déclaré en 1960 le Général De Gaulle devant le Congrès des Etats-Unis, lui qui n'avait jamais marchandé l'indépendance française ? « La France pour sa part a choisi. Elle a choisi d'être du côté des peuples libres. Elle a choisi d'y être avec vous (...). Ce qui a conduit et maintient la France à vos côtés c'est, avant tout, son âme millénaire, sa tradition qui fait d'elle un champion de la liberté, son idéal qui a pour nom les droits de l'homme, sa conviction qu'en fin de compte l'ordre du monde exige la démocratie dans le domaine national et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sur le plan international. Or c'est cela même qui est également la lumière, l'inspiration, l'esprit du peuple américain. »
Il avait ajouté : « Américains, sachez-le ! Rien ne compte davantage pour la France que la raison, la résolution, l'amitié du grand peuple des Etats-Unis. Je suis venu vous le dire ».
Presque un demi-siècle plus tard, cette donnée fondamentale de la politique mondiale demeure, au-delà des vicissitudes de l'histoire et des désaccords qui peuvent exister.
Ce que doit être le but de la politique française, le Général De Gaulle l'avait résumé un jour ainsi : l'unité nationale, européenne, mondiale... Les moyens ont changé. L'objectif est toujours le même.
L'unité mondiale, la France la veut. Elle la veut par le multilatéralisme, par le droit et par la coopération.
L'unité de l'Europe, la France la veut. Elle la veut par l'action, par la solidarité et par la réciprocité.
L'unité de la France, ce devrait être le premier but de toute politique française.
La France n'est forte que lorsqu'elle est rassemblée et lorsque les Français croient en elle.
Nous ne bâtirons pas notre succès sur la repentance, le reniement de soi ou le dénigrement systématique de tout ce que nous sommes.
Notre histoire, notre culture, nos valeurs, notre langue, le rapport si particulier que nous entretenons avec les idées et avec la pensée, notre conception de la liberté et de l'égalité, notre conception de la nation, de l'Etat, du service public, du droit et même notre esprit cartésien ne sont pas des handicaps.
Ce sont nos atouts.
Je veux rendre aux Français la fierté d'être Français.
Je veux réconcilier les Français avec la France et avec le monde.
Je veux réconcilier les Français avec la politique.
Je veux nouer entre eux et la politique une nouvelle relation.
Je veux qu'ils se sentent de nouveau appartenir à une nation qui les protège, à une République qui les unit, à un Etat qui les respecte, à une Europe qui leur permet de compter sur la scène du monde.
Voilà ce que je vous propose de construire ensemble. Voici le pacte pour la France que je vous présente. Source http://www.u-m-p.org, le 10 novembre 2006