Interview de Mme Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique, à RMC - BFMTV le 16 janvier 2014, sur la réduction des dépenses publiques et la réforme territoriale.

Prononcé le

Média : BFM TV - Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Marylise LEBRANCHU est notre invitée, bonjour…
MARYLISE LEBRANCHU
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marylise LEBRANCHU, ministre de la Réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique. Mais, dites-moi, vous êtes au coeur du…
MARYLISE LEBRANCHU
Ca vous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien ça fait beaucoup ! Vous êtes au coeur du système…
MARYLISE LEBRANCHU
Oui ! Mais c'est cohérent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! C'est cohérent, oui ça on est bien d'accord. Mais depuis avant-hier, depuis la conférence de presse de François HOLLANDE, vous êtes au coeur maintenant de toutes les réformes qui sont engagées. Alors on va être clair, le Président de la République a dit : « on accélère », eh bien nous allons accélérer ensemble. On est d'accord ?
MARYLISE LEBRANCHU
Oui ! D'accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne vais pas vous parler de tournant, je vais vous parler de ligne droite et d'objectif…
MARYLISE LEBRANCHU
On y va !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marylise LEBRANCHU, on y va ?
MARYLISE LEBRANCHU
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on y va. Première question, les économies, les économies – si j'ai bien compris le Président de la République – doivent être faites dans les dépenses de l'Etat, l'Etat dépense trop, on est bien d'accord ?
MARYLISE LEBRANCHU
Alors…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors…
MARYLISE LEBRANCHU
Il faut être très clair…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MARYLISE LEBRANCHU
La dépense de l'Etat a augmenté pendant les 10 dernières années, 52 – 56 du PIB, il faut quand même dire à ceux qui nous regardent ou qui nous écoutent qu'il y a à peu près 21 – 23% c'est « le train de vie » entre guillemets, comme on dit, ou l'investissement de l'Etat et des collectivités territoriales, vous avez… tout le reste c'est de la redistribution, c'est-à-dire c'est des retraites, c'est de la Sécurité Sociale, c'est de la prise en charge des gens au chômage, etc.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'allez pas commencer à me dire qu'on ne peut rien faire ?
MARYLISE LEBRANCHU
C'est…. Attention ! Je n'ai pas dit ça justement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah !
MARYLISE LEBRANCHU
Et vous avez entendu que le Président de la République, prenant en compte la masse déjà de la dépense, a dit : « cotisations sur les salaires pour la branche « famille », c'est-à-dire pour… est-ce que c'est juste ? Sans doute pas ! On va revoir les choses ». Donc, on est en train de regarder l'ensemble du système…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le pacte de responsabilité c'est…
MARYLISE LEBRANCHU
L'ensemble !
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'ensemble…
MARYLISE LEBRANCHU
L'ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a bien compris, on baisse les charges des entreprises…
MARYLISE LEBRANCHU
Cotisations !
JEAN-JACQUES BOURDIN
On fait des économies, ce qui permet… ce qui permet de payer cette baisse des charges et, en contrepartie, les entreprises font du profit et embauchent. C'est…
MARYLISE LEBRANCHU
Embauchent et génèrent de la recette…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Génèrent…
MARYLISE LEBRANCHU
Donc, c'est un cercle vertueux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais…
MARYLISE LEBRANCHU
C'est un cercle vertueux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais moi je veux bien. Mais je m'arrête aux économies…
MARYLISE LEBRANCHU
Arrêtez-vous !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, il y a plusieurs fonctions publiques : il y a la fonction publique d'Etat, la fonction publique territoriale et la fonction hospitalière. Intéressons-nous d'abord à la fonction publique, puisque vous êtes ministre de la Fonction publique, est-ce que vous allez diminuer le nombre de fonctionnaires, oui ou non ?
MARYLISE LEBRANCHU
On est un nombre équivalent d'une année sur l'autre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ? 5 millions en tout, en tout ?
MARYLISE LEBRANCHU
En tout ! Donc, mais attendez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toutes fonctions publiques concernées.
MARYLISE LEBRANCHU
Il y a 5 millions, donc 2 et quelques toutes fonctions publiques concernées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2 et quelques !
MARYLISE LEBRANCHU
Mais ce qui a été décidé par le Président de la République et le Premier ministre au début du mandat c'est qu'on n'a gelé le nombre total au niveau des fonctionnaires publics de l'Etat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De l'Etat ! Combien ?
MARYLISE LEBRANCHU
On a…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien sont-ils ?
MARYLISE LEBRANCHU
On a… C'est à dire 2 millions 3 et quelques…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MARYLISE LEBRANCHU
Mais on a décidé sur ce point de privilégier l'école, la police, la justice et l'emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca, on l'a compris.
MARYLISE LEBRANCHU
Qu'est-ce que ça veut dire ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Globalement…
MARYLISE LEBRANCHU
Eh bien ça veut dire que sur les autres on diminue les emplois et je vous dis que la négociation avec les syndicats est difficile parce qu'il faut que nous soyons extrêmement vigilants, à chaque fois savoir exactement où est le service public efficace pour le redressement du pays. Par exemple vous avez des fonctions de contrôle, contrôle de l'agroalimentaire, contrôle des médicaments, contrôle… Est-ce qu'il faut toucher aux contrôles ? Sans doute pas ! Parce qu'en termes de compétitivité c'est un grand problème, si vous exportez des produits et que vous dites : « je suis en autocontrôle » ça ne marchera pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
MARYLISE LEBRANCHU
Donc Etat garant, Etat protecteur – et c'est normal – Etat contrôle, il faut faire attention à l'organisation territoriale de l'Etat. Et ce qui se passe à bas bruits et qu'on discute assez peu dans ce pays, c'est qu'aujourd'hui avec le Premier ministre et le Président de la République – que j'ai rencontrés dès hier – on se pose la question non seulement de la décentralisation mais d'une meilleure déconcentration de l'Etat, c'est-à-dire comment l'Etat doit être efficace et comment un entrepreneur, un créateur, un citoyen, un journaliste, qui a besoin à un moment donné de quelque chose, comment peut-il se rendre à un endroit où, quelle que soit l'action publique, quelle soit de l'Etat ou des collectivités territoriales, il est certain qu'on va régler son problème ? Ca veut dire qu'on va porter du côté de l'action publique la complexité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca, je comprends.
MARYLISE LEBRANCHU
Mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Simplification à tous les niveaux, j'ai compris…
MARYLISE LEBRANCHU
Une meilleure organisation de la déconcentration de l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et meilleure organisation, oui.
MARYLISE LEBRANCHU
Ce qui veut dire aussi qu'on se pose des questions dans tous les ministères du nombre de fonctionnaires, non pas idéal mais nécessaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors… mais, globalement, le nombre ne bougera pas ?
MARYLISE LEBRANCHU
Je ne peux pas dire ça aujourd'hui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Vous ne pouvez pas dire ça aujourd'hui.
MARYLISE LEBRANCHU
Je ne peux pas dire ça aujourd'hui, parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que le nombre de fonctionnaires pourrait baisser globalement ?
MARYLISE LEBRANCHU
Nous avons décidé de faire des évaluations de politiques publiques, c'est un chantier à bas bruits mais c'est un chantier énorme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais...
MARYLISE LEBRANCHU
Car…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je repose ma question : est-ce que le nombre de fonctionnaires globalement…
MARYLISE LEBRANCHU
Mais ce n'est pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourrait baisser ?
MARYLISE LEBRANCHU
Si je vous réponds comme ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est important, Marylise LEBRANCHU.
MARYLISE LEBRANCHU
J'ai tort. Pourquoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ?
MARYLISE LEBRANCHU
Parce que j'ai des opérateurs, parce que j'ai des agents, parce que j'ai des commissions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je comprends !
MARYLISE LEBRANCHU
Il y a des tas d'endroits comme ça où effectivement on va peut-être fermer quelques outils dans lesquels j'ai à la fois des fonctionnaires mais aussi des non fonctionnaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui
MARYLISE LEBRANCHU
Donc, il faut que je regarde tout ça de près. Pour l'instant, le seul…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il n'est pas certain que le nombre soit maintenu ?
MARYLISE LEBRANCHU
Il n'est… je ne peux pas vous dire ça effectivement, j'aurais tort de vous dire ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MARYLISE LEBRANCHU
Parce que je veux aller au bout d'une démarche, je veux être juste avec ce que me demande… aussi y compris des entrepreneurs, parce qu'on dit toujours : « les entrepreneurs… »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
MARYLISE LEBRANCHU
Ce n'est pas vrai !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi je le sais !
MARYLISE LEBRANCHU
Ils me demandent des infrastructures…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment !
MARYLISE LEBRANCHU
Ils me demandent de l'assainissement, etc., etc., ils me demandent beaucoup de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il y a trop de fonctionnaires en France, je vous pose la question autrement ?
MARYLISE LEBRANCHU
C'est compliqué de dire ça ! Je ne pense pas. Mais je crois qu'il faut qu'on regarde les métiers des…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y en a plus qu'en Allemagne ?
MARYLISE LEBRANCHU
Leur organisation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y en a plus qu'en Allemagne ?
MARYLISE LEBRANCHU
Alors, attention, attention…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, est-ce qu'il y en a plus qu'en Allemagne ?
MARYLISE LEBRANCHU
Non ! Parce qu'ils ont… il faut raisonner en équivalent temps plein payé par l'argent public. Par exemple prenons l'Allemagne ou la Suède, la Suède on me dit toujours : « La Suède, ils ont tout réussi, ils ont beaucoup moins de fonctionnaires ». Oui ! Ils ont beaucoup moins de fonctionnaires. Mais ils ont 126 emplois publics payés par de l'argent public pour 1.000 habitants, nous on en a 90.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et en Allemagne ?
MARYLISE LEBRANCHU
En Allemagne, je ne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup moins !
MARYLISE LEBRANCHU
Je suis à 76 ! Mais je…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup moins ! Oui.
MARYLISE LEBRANCHU
Mais j'ai peur du chiffre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement ! Moins, moins, oui, oui, oui.
MARYLISE LEBRANCHU
Ah bon ! Vous l'aviez, donc je ne me suis pas trompée. Je finis par connaître par coeur le chiffre, ce n'est pas un bon signe. Donc maintenant nous ce qu'on regarde c'est ce qu'ils font…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on pourrait baisser, nous, on pourrait baisser ?
MARYLISE LEBRANCHU
On peut peut-être baisser ! Attention au système de l'école, attention...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à une baisse ?
MARYLISE LEBRANCHU
Si elle est justifiée, les fonctionnaires y seront favorables aussi. Moi j'ai en face de moi des fonctionnaires responsables…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous n'êtes pas contre une baisse du nombre ?
MARYLISE LEBRANCHU
Je suis contre rien, à condition que ce soit efficace…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Je comprends.
MARYLISE LEBRANCHU
Ne pas perdre l'efficacité. Et je voudrais dire quelque chose d'important...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Allez-y, allez-y, allez-y.
MARYLISE LEBRANCHU
C'est que dans ce dialogue que je mène depuis plusieurs mois avec les syndicats, vous avez en face des syndicats de fonctionnaires responsables qui ne défendent pas l'emploi pour l'emploi, qui défendent l'emploi pour l'efficacité, qui ont envie de servir leur pays, qui ont envie d'être utiles à leur pays, donc, si à un moment donné une politique publique n'apparait pas efficace, eux-mêmes seront en accord pour qu'on diminue-là pour augmenter ici. Donc ? Je pense qu'il faut savoir que le dialogue social avec la fonction publique est un dialogue qui fonctionne et qui est efficace.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors parlons d'accélération !
MARYLISE LEBRANCHU
Allons-y !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Continuons. Sur les traitements des fonctionnaires, un mot, ils vont continuer à être gelés ou pas ?
MARYLISE LEBRANCHU
Ils ne seront pas gelés jusqu'à la fin de la mandature…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui !
MARYLISE LEBRANCHU
Si je vous disais ça, je ferais une erreur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ne seront pas gelés jusqu'à la…
MARYLISE LEBRANCHU
Jusqu'à la fin de la mandature.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jusqu'à 2017.
MARYLISE LEBRANCHU
Non ! Vous êtes d'accord…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MARYLISE LEBRANCHU
Vous avez-vous aussi une rémunération…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui, oui, mais bien sûr, bien sûr.
MARYLISE LEBRANCHU
4 ans de gel c'est beaucoup…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca suffit ?
MARYLISE LEBRANCHU
Mais ce que je veux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca suffit ?
MARYLISE LEBRANCHU
Pas tout de suite ! Ce que je veux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
MARYLISE LEBRANCHU
Ce que je fais en même temps…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire pas tout de suite, 2014 gelé…
MARYLISE LEBRANCHU
Eh bien… Est-ce que je peux finir mon truc ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y !
MARYLISE LEBRANCHU
Pas mon truc, pardon, ma réponse. Je suis en train, après un rapport qui s'appelle… (mot incompris)… qui a été commandé par le Premier ministre, de revoir tous les traitements, les carrières, les parcours professionnels, la formation professionnelle, les passerelles d'une fonction publique à une autre, c'est-à-dire qu'on est en train de réécrire de façon dynamique l'histoire de notre fonction publique, et, en fonction de ça - parce que vous savez qu'il y a les traitements, les régimes indemnitaires, il y en a qui sont dans un ministère qui ont 20 points de régime indemnitaire, d'autres en ont 410 – bref, je suis en train de réécrire cette histoire et en réécrivant cette histoire effectivement à un moment il faudra poser la question des rémunérations, des traitements, du régime indemnitaire, le fait qu'il ne soit pas pris en compte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gel pour 2014 donc !
MARYLISE LEBRANCHU
Le gel 2014 a d'ores et déjà été décidé puisque c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca, je le sais. Gel 2015 ?
MARYLISE LEBRANCHU
Si je vous disais : « je suis sûre qu'il y aura un gel en 2015 », je ferais une erreur. J'ai mis sur la table la réécriture des parcours professionnels, y compris avec l'allongement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça sera à réécrit avant la fin 2014 ?
MARYLISE LEBRANCHU
Y compris le travail de nos seniors…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Donc…
MARYLISE LEBRANCHU
Ce sera réécrit… alors on aura 18 mois en tout, mais nous serons déjà bien au coeur du travail au moment de l'été 2014 et, là, vous me réinviterez et je pourrais vous dire ce qui va évoluer dans les parcours de la fonction publique. Parce qu'aujourd‘hui le problème qu'on peut avoir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous pourriez mettre fin au gel en 2015 ?
MARYLISE LEBRANCHU
Si j'ai obtenu… si j'ai obtenu cette réécriture de la fonction publique de manière efficace.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MARYLISE LEBRANCHU
Moi je pense que… vous dire que je ne dégèlerai jamais – ceci étant ce n'est pas… je ne serai pas seule à prendre ce type de décision…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! J'imagine.
MARYLISE LEBRANCHU
Le Premier ministre lui-même seul…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais, ça, j'imagine.
MARYLISE LEBRANCHU
Pourra prendre cette décision. Mais je pense que… vous savez, à bas bruits, ce que nous sommes en train de faire sur la carrière de nos fonctionnaires, sur leur efficacité, sur leur parcours professionnel et le fait qu'ils vont se former pour être plus efficaces et toujours plus efficaces, c'est extrêmement important et les citoyens doivent le savoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marylise LEBRANCHU, vous êtes aussi ministre de la Décentralisation…
MARYLISE LEBRANCHU
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors cette histoire de réduction des dépenses de l'Etat à travers les collectivités territoriales, bon, réduction des dépenses des collectivités territoriales. Hier Thierry MANDON était avec moi et il nous a dit : « on va passer de 22 à 15 Régions »…
MARYLISE LEBRANCHU
Ca, c'est son avis à lui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MARYLISE LEBRANCHU
En tant que parlementaire, parce qu'on n'a pas pris cette décision-là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien parlementaire, il est en charge de la simplification quand même, hein ?
MARYLISE LEBRANCHU
Voilà ! Mais pas de la simplification des collectivités territoriales.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ! D'accord… bon.
MARYLISE LEBRANCHU
Mais il est parlementaire, donc il a au contraire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes favorable, vous, à une baisse du nombre de Régions ou pas ?
MARYLISE LEBRANCHU
Alors j'en ai discuté à la fois hier soir avec le Président de la République et le Premier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec le Président de la République hier soir !
MARYLISE LEBRANCHU
Et le Premier ministre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors ?
MARYLISE LEBRANCHU
Et le Premier ministre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le Premier ministre ! Très bien.
MARYLISE LEBRANCHU
Bon ! Ce qu'on va faire, parce qu'on ne peut pas aller à la hache, si vous allez à la hache vous risquez de perdre une efficacité pendant 1 ou 2 ans et…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous allez surtout bousculer les élus qui ne veulent pas que tous…
MARYLISE LEBRANCHU
Arrêtez de penser que les élus sont tous irresponsables ! Ils sont responsables…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils sont responsables !
MARYLISE LEBRANCHU
Non ! Ils sont responsables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je ne dis pas qu'ils sont irresponsables, je dis qu'ils sont figés.…
MARYLISE LEBRANCHU
Alors, je finis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je dis que…
MARYLISE LEBRANCHU
Mais non ils ne sont pas figés ! Alors je vais vous dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment ils ne sont pas figés ! Dès que l'on propose une réforme territoriale…
MARYLISE LEBRANCHU
Ce qu'il m'étonne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils disent « non ».
MARYLISE LEBRANCHU
Ce qui m'étonne c'est que la semaine dernière personne ne s'en est occupé, pendant tout un après-midi de 15 h jusqu'à 19 h le soir on a eu un débat, après un rapport parlementaire qui s'appelle « RAFFARIN », Jean-Pierre RAFFARIN-KRATTINGER - donc un homme de l'opposition actuelle, un homme de la majorité – sur quoi ? Sur la réduction du nombre de Régions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au Sénat !
MARYLISE LEBRANCHU
Sur la fusion des collectivités territoriales entre elles, on a eu ce débat pendant des heures, personne n'en a parlé et au Sénat - on dit qu'ils sont très conservateurs – non, ils portent justement l'idée qu'on peut faire mieux. Alors ce que vont proposer sans doute…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, qu'est-ce que vous allez proposer ?
MARYLISE LEBRANCHU
C'est d'avoir une sorte – alors c'est horrible ce que je dis comme mot mais je n'ai pas trouvé meilleur – une sorte de bonus malus pour les collectivités territoriales, en leur disant : « si vous fusionnez, effectivement on vous encouragera, y compris financièrement », mais pas seulement les Régions, parce qu'au fond la réaction des présidents de Région est de dire : « on a des conventions interrégionales de qualité », on me citait par exemple PACA et la Bretagne, une convention…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, si les Régions fusionnent…
MARYLISE LEBRANCHU
Et si… pas seulement les Régions !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui encore ?
MARYLISE LEBRANCHU
Les départements sur les aires métropolitaines, les communes entre elles, les intercommunalités entre elles, aujourd'hui il faut encourager…
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il y a fusion, aide fiscale ?
MARYLISE LEBRANCHU
Encourager. Voilà ! Et, très important…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MARYLISE LEBRANCHU
S'il y a au niveau des intercommunalités - parce que c'est là que la Cour des comptes par exemple à pointer le plus d'augmentation d'emplois et de dépenses de fonctionnement et, donc, de baisse relative de l'investissement - si on mutualise les services, alors on sera mieux pris en compte pour les dotations de l'Etat. On a décidé, déjà depuis plusieurs semaines, de démonter les dotations de l'Etat et de prendre en compte non seulement la réalité du besoin mais aussi la mutualisation des services. Ca veut dire quoi ? Une commune passe son service d'urbanisme à l'intercommunalité - vous savez la communauté de communes, communauté d'agglo – si elle garde les services, il y a des doublons, il faut arrêter, il faut arrêter parce que le temps cadre de la fonction publique est un temps précieux, si elle mutualise les services elle aura davantage de dotation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Donc, si j'ai bien compris…
MARYLISE LEBRANCHU
Encouragement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous encouragez la fusion…
MARYLISE LEBRANCHU
Et la mutualisation des services.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Encouragement fiscal et la mutualisation. Bien ! D'accord, vous l'encourager. Vous l'imposez ou pas ?
MARYLISE LEBRANCHU
On vient d'imposer de façon lourde Paris, Lyon, Marseille, des métropoles…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous ne l'imposez pas ?
MARYLISE LEBRANCHU
On encourage ! Parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous encouragez. Pas de loi donc, vous n'imposez pas par la loi ?
MARYLISE LEBRANCHU
Alors la loi écrira effectivement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MARYLISE LEBRANCHU
Parce qu'il faut que je…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y aura une loi ?
MARYLISE LEBRANCHU
Oui ! Il y aura une loi, elle va arriver… alors avril - mai parce que ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc que dira la loi ?
MARYLISE LEBRANCHU
La loi dira d'abord une augmentation des compétences des Régions, moi je suis ravie parce que je suis une régionaliste qui demande un Etat fort depuis longtemps – Région, Métropole, on a un coût de compétitivité important - augmentation des compétences des Régions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des compétences ! Oui !
MARYLISE LEBRANCHU
On discute sur la formation professionnelle, c'est très important pour l'avenir, sur l'économie, sur les aides directes par exemple il faut qu'il y ait un seul… une seule collectivité territoriale chargée des aides directes pour les entreprises, internationalisation, etc., export, donc vous savez tout le volet développement économique, innovation, enseignement supérieur, recherche, connaissance, Région…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MARYLISE LEBRANCHU
Renforcement de la Région ; idée d'un travail précis Région – Métropole, parce que c'est important de tirer tout le monde ; mais aussi respect de tous les autres territoires, parce qu'on en a besoin, parce que l'économie agroalimentaire est un des grands facteurs d'équilibre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous encouragez.
MARYLISE LEBRANCHU
De la balance commerciale de la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai compris !
MARYLISE LEBRANCHU
Donc département solidarité territoriale, parce qu'il faut que notre agriculture, notre agroalimentaire et notre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, il y aura une loi.
MARYLISE LEBRANCHU
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura une loi…
MARYLISE LEBRANCHU
Il y aura une loi, claire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et si les élus locaux font obstacle que se passe-t-il ?
MARYLISE LEBRANCHU
C'est le Parlement qui vote la loi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! D'accord.
MARYLISE LEBRANCHU
Et je pense que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous imposerez, vous imposerez ces fusions quoi, eh bien oui?
MARYLISE LEBRANCHU
On l'a fait pour la métropole avec difficulté, moi je l'ai fait Aix-Marseille…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous imposerez ces fusions ?
MARYLISE LEBRANCHU
Aix-Marseille Provence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord ! Par la loi ?
MARYLISE LEBRANCHU
Eh bien il faut avancer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut en passer par là ?
MARYLISE LEBRANCHU
Il faut avancer. Mais vous voyez, comme vous dites, imposer c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Parce qu'il est…
MARYLISE LEBRANCHU
Il n'y aura pas un couperet ! Mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui ! Mais, Marylise LEBRANCHU, c'est ça, il faut avoir le courage, il faut y aller, non ?
MARYLISE LEBRANCHU
Alors moi je… moi ça va d'autant bien pour moi que je suis une des seules, quand il y avait eu le fameux rapport LAMBERT il y a des années…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MARYLISE LEBRANCHU
A avoir écrit que la clause générale de compétences…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je me souviens !
MARYLISE LEBRANCHU
Pour les Régions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai lu ça en préparant votre interview.
MARYLISE LEBRANCHU
Voilà ! Donc, c'est exactement ce que j'avais proposé depuis longtemps, donc moi je suis plutôt ravie de me retrouver dans cette idée de spécialisation, de schéma prescriptif, de choses qui s'imposent et qui sont claires entre toutes nos collectivités territoriales.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Bon.
MARYLISE LEBRANCHU
Et vous savez les élus ne sont pas désespérés du tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Enfin vous allez faire face à des conservatismes, à des…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Je viendrais vous raconter encore…
MARYLISE LEBRANCHU
Enfin nous verrons bien, nous verrons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Vous avez des choses à raconter, parce que vous les avez subis ces conservatismes, je le sais. Marylise LEBRANCHU, vous êtes proche de Martine AUBRY…
MARYLISE LEBRANCHU
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Et vous le revendiquez, vous l'assumez…
MARYLISE LEBRANCHU
Oui ! Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Je regarde le programme de François HOLLANDE actuellement, ce qu'il a annoncé avant-hier : baisse des cotisations sociales des entreprises, on encourage l'offre, on est bien d'accord - c'est ce que disait Nicolas SARKOZY dans son programme - allègements de cotisations sociales pour les entreprises, suppression des cotisations familiales, même programme entre les deux. Que disait François HOLLANDE quand Nicolas SARKOZY faisait cette proposition : « Comment imaginez que quelques points de moins de cotisations patronales pourraient d'un seul coup améliorer nos échanges extérieurs », voilà ce que disait François HOLLANDE - et je continue – les emplois aidés, même chose, François HOLLANDE des emplois aidés, Nicolas SARKOZY des emplois aidés. La réforme territoriale, mais François HOLLANDE fait ce que Nicolas SARKOZY voulait faire, ce qu'il n'a pas fait jusqu'au bout, qu'est-ce que j'ai encore ? Et les socialistes à l'époque disaient : réforme stupide qui n'a pour but que de réduire le nombre de collectivités, gérées par la gauche…
MARYLISE LEBRANCHU
Oui, le conseiller territorial, c'était un truc idiot.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Harmonisation fiscale avec l'Allemagne, mais Nicolas SARKOZY l'avait proposée, il ne l'a pas fait.
MARYLISE LEBRANCHU
Oui, eh bien, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va voir si François HOLLANDE arrive à le faire, c'est impossible…
MARYLISE LEBRANCHU
Ce qui est extrêmement important…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très difficile…
MARYLISE LEBRANCHU
C'est l'action de François HOLLANDE au niveau européen, et naturellement, Jean-Marc AYRAULT, avec l'Allemagne, a un rôle tout à fait particulier. Ce qu'il fallait obtenir, et sur lequel, franchement, on n'insiste peut-être pas assez, c'est l'arrivée du smic allemand, en Bretagne, la grande crise dont on a parlé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce n'est pas vous qui l'avez obtenu le smic allemand, non ?
MARYLISE LEBRANCHU
Si je peux me permettre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont les Allemands, non ? C'est l'opposition en Allemagne, non ?
MARYLISE LEBRANCHU
L'excellente relation de François HOLLANDE, de Jean-Marc AYRAULT avec Martin SCHULZ, avec un certain nombre de grands acteurs du SPD, on aboutit à quoi ? A cet accord que Martine AUBRY avait signé avec Sigmar GABRIEL, rappelez-vous, en juillet 2011, en disant : le SPD s'engage sur un smic, parce que la France le demande. C'était une grande victoire du Parti socialiste français. Depuis, François HOLLANDE n'a eu de cesse de l'obtenir. Et quand on voit que maintenant, on va avoir ce smic allemand, que Michel SAPIN, sous l'autorité du Premier ministre et du président de la République, a décidé de traquer tous ceux qui utilisent la directive des travailleurs détachés pour la concurrence déloyale, alors, il y a quand même à dire de notre côté une prise en compte d'une forme importante de justice par rapport aux bas salaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Marylise LEBRANCHU…
MARYLISE LEBRANCHU
Mais qui va aussi nous aider sur la concurrence, ça va nous aider…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marylise LEBRANCHU, simplification des normes, Nicolas SARKOZY aussi la voulait, bon, enfin, je ne vais pas continuer…
MARYLISE LEBRANCHU
Oui, il m'a laissé un dossier de 600…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La France gouvernée à gauche ou à droite, les solutions ne seraient-elles pas les mêmes ? Vous, vous êtes socialiste…
MARYLISE LEBRANCHU
Je peux vous dire quelque chose de simple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marylise LEBRANCHU ?
MARYLISE LEBRANCHU
Oui, je suis socialiste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Vous êtes sociale libérale ?
MARYLISE LEBRANCHU
Non, je ne suis pas sociale libérale. Jean-Marc AYRAULT non plus…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, vous êtes sociale démocrate ?
MARYLISE LEBRANCHU
Sociale démocrate, eh bien, ça ne m'a jamais gênée, parce que je me souviens quand j'étais très jeune d'excellents bouquins sur la sociale démocratie de Gilles MARTINET, qui montraient à quel point c'était à gauche.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors, donc vous êtes satisfaite ?
MARYLISE LEBRANCHU
Moi, je suis satisfaite, pourquoi ? Je l'ai écrit il n'y a pas très longtemps…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La politique de l'offre, il faut que les entreprises améliorent leurs marges, on est d'accord ?
MARYLISE LEBRANCHU
Ce n'est pas « améliorent leurs marges », c'est « puissent investir »…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, c'est ce qu'a dit le président de la République, il a dit que les marges étaient trop faibles…
MARYLISE LEBRANCHU
Oui, mais pourquoi ? Oui, mais pourquoi est-ce qu'il dit ça ? Ce n'est pas les marges pour les marges, c'est les marges pour l'investissement et pour l'innovation dans les entreprises. Ce qui manque en France, c'est l'investissement industriel. Si vous prenez tous les indicateurs de notre économie, celui qui nous fait le plus peur, c'est la baisse de l'investissement dans les entreprises. Si vous baissez l'investissement dans les entreprises, ça veut dire que l'innovation n'est pas au rendez-vous, et que votre produit ne va pas être le meilleur sur le marché, et ça, c'est essentiel. Mais reprenez les choses, quand – je l'ai écrit aussi il y a quelque temps – il y a un moment important de la conférence de presse du président de la République, c'est quand il redit qu'à partir de cette nécessité de l'économie, ce que nous voulons faire, c'est garder le modèle français, nouveau modèle français du 21ème siècle, disait le Premier ministre, garder le modèle français, c'est-à-dire garder cette solidarité, et pour sauver notre modèle français, il faut effectivement un certain nombre d'efforts et d'économies par ailleurs. Et c'est ça la grande différence avec Nicolas SARKOZY, ce que je lui reprochais, c'était de dire : la Sécurité sociale, c'est de plus en plus lourd, de plus en plus lourd, et d'ouvrir la porte aux assurances privées, et vous savez, quand, comme disait Martine AUBRY, quand la carte bancaire remplace la carte VITALE, alors le pays n'a plus cette grande fierté, et nous allons garder cette grande fierté, tout en réussissant le combat économique. On se donne un challenge énorme, violent peut-être, difficile, mais enthousiasmant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et dites-moi, Martine AUBRY serait formidable pour conduire ce challenge, non ?
MARYLISE LEBRANCHU
On a un Premier ministre, pourquoi voulez-vous qu'on aille en chercher un autre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord, non, non, non, mais je ne sais pas, moi…
MARYLISE LEBRANCHU
Franchement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez envie qu'elle revienne au niveau national ? Oui ? Oui ?
MARYLISE LEBRANCHU
Mais je pense que Martine AUBRY…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle va revenir ? Est-ce qu'elle reviendra ?
MARYLISE LEBRANCHU
Martine AUBRY n'est pas partie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Elle reviendra donc. Non, elle n'est pas partie…
MARYLISE LEBRANCHU
Martine AUBRY, elle parle, elle n'est jamais partie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle n'a pas besoin de revenir. Bon, merci Marylise LEBRANCHU. Il est 08h56. Merci.
MARYLISE LEBRANCHU
C'est moi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 janvier 2014