Déclarations de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur la politique du transport routier et le développement du transport combiné, Lille le 17 et Paris le 21 octobre 1997.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Congrès de la FNTR le 17 octobre 1997 à Lille. Trentième anniversaire de NOVATRANS le 21 octobre 1997

Texte intégral

Date : 17 octobre 1997
Source : congrès de la FNTR

Monsieur le président,
Madame le président du conseil régional,
Messieurs les parlementaires,
Messieurs les élus,
Monsieur le délégué général,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de participer à la séance de clôture du congrès de la Fédération nationale des transports routiers. C’est pour moi un événement d’importance compte tenu du rôle essentiel que joue votre fédération dans l’évolution du transport routier. C’est une occasion privilégiée d’une rencontre qui en quelque sorte manifeste publiquement cette volonté que j’ai d’une concertation constante et d’une compréhension mutuelle avec la profession, non seulement à mon niveau, mais aussi à celui des responsables de l’administration centrale et des services déconcentrés.

Monsieur le président, vous êtes le dirigeant d’une grande fédération représentative du secteur des transports routiers et par vos propositions, vos initiatives vous vous êtes imposé comme un interlocuteur reconnu et écouté des pouvoirs publics. Et nul ne peut ignorer à quel point, vous vous êtes personnellement impliqué, pour que la profession du transport routier entreprenne vigoureusement sa modernisation dans le sens d’une plus grande transparence pour plus de sécurité, plus de qualité.

« J’ai lu ce matin dans la presse, que vous m’attendiez au “tournant”. Vous êtes bien placé pour savoir que c’est souvent dans les virages que les risques sont les plus grands ! »

Aussi avant de revenir plus en détail sur la façon dont je vois l’évolution du transport routier dans notre économie moderne et d’aborder les actions qu’il convient à mon sens de poursuivre ou d’engager pour conserver à la France et au pavillon routier français toute sa place, je voudrais tout d’abord rappeler les quelques principes sur lesquels je fonde la politique globale des transports de mon ministère.

Pour une approche plurimodale

Je souhaite développer une politique résolument plurimodale au service d’un transport efficace, respectueux du cadre de vie et d’un aménagement équilibré du territoire national. Il ne s’agit pas d’une aspiration abstraite, car le budget des transports pour l’année 1998 comporte déjà des inflexions dans ce sens.

Cette politique s’appuie sur l’idée que chaque mode a des atouts, qu’il faut, non pas opposer entre eux, mais mieux mettre en valeur. Il faut savoir jouer de la complémentarité entre les modes de transport et c’est même le seul moyen de faire face aux besoins grandissants de mobilité en évitant les risques d’asphyxie pour les uns et de déclin pour les autres.

L’accroissement en 1998 de 26 % des crédits du Fonds d’investissement des transports terrestres et des voies navigables, le FITTVN, permettra d’avancer dans cette direction, en augmentant les moyens disponibles pour les différents modes.

Il s’agira notamment de continuer le maillage des grandes infrastructures, en tenant compte des priorités que sont le désenclavement de certaines régions, l’accessibilité des grandes installations portuaires et le développement des communications intra-européennes.

Mais, en même temps, de premières et significatives inflexions seront apportées par rapport à la politique antérieure, basée sur un réseau ferré et routier « à deux vitesses ».

S’agissant en particulier du réseau routier, nous mesurons l’insatisfaction de beaucoup d’usagers, dont vous les transporteurs routiers, qui empruntent des voies rapides, encombrées et à l’éclairage parfois défectueux et qui circulent sur des routes connaissant de forts taux d’accidents ou contribuant, de manière excessive, à des nuisances sonores. Face à cette situation, la croissance des crédits disponibles sera affectée de manière significative à l’amélioration du réseau national. Ainsi, l’ensemble des crédits d’entretien s’élèvera à 3,3 milliards de francs, en augmentation de 4,2 % par rapport à 1997, les crédits routiers augmentant globalement de 1,9 %.

Mais cette approche intermodale ne concerne pas que les choix budgétaires et les équipements d’infrastructures : elle est essentielle dans la perspective d’un développement durable et soutenable. Le transport combiné, par exemple, connaît des progrès encourageants : il nous faut montrer sur ce sujet beaucoup d’ambition. Comme vous l’avez dit fort justement Monsieur le président.

Nous devons également avoir la préoccupation d’un meilleur respect de l’environnement par le transport de marchandises en ville. Je n’oublie pas les problèmes concrets auxquels vous êtes directement confrontés, comme l’harmonisation des règles de stationnement dans les zones urbanisées ou les restrictions de circulation.

En effet, à l’heure actuelle, la répartition des pouvoirs de police entraîne une disparité de ces règles qui nuisent à une bonne distribution et sont vraisemblablement source de multiplication de transports inutiles. Un très grand effort doit être entrepris sur ce sujet, car ces transports en ville sont évidemment une nécessité, mais en même temps ils ne peuvent échapper aux préoccupations de nos concitoyens ni aux efforts nécessaires pour améliorer la qualité de la vie urbaine.

Les Plans de Déplacements Urbains qui vont être réalisés dans toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants seront l’occasion de traiter globalement et concrètement cette question, avec tous les partenaires concernés : je souhaite que les professionnels soient partie prenante de cette démarche.

Concernant un thème souvent évoqué par la profession, par nous, celui l’autorégulation, je voudrais dire que dans une économie de concurrence, une politique des transports et en particulier des transports routiers repose sur la mise en œuvre d’une bonne régulation.

Nombreux sont ceux, dans votre profession, qui rejettent à juste titre, les excès de l’ultralibéralisme. Il ne s’agit pas de rêver à d’illusoires protections ni de penser à revenir en arrière.

L’assainissement de la profession sur le plan économique et social ne peut se concevoir qu’au travers d’une combinaison entre régulation par l’État et autorégulation de la profession.

Concernant le rôle de l’État, l’encadrement réglementaire de la profession de transporteur routier a connu de profondes évolutions, qu’il s’agit de mener à bon terme en se montrant plus rigoureux et plus cohérent.

Cela concerne d’abord l’accès à la profession : je viens de signer le décret qui va renforcer l’exigence de capacité financière et les conditions d’honorabilité. Nous allons avoir la même approche pour les commissionnaires afin d’éviter un détournement de cette activité essentielle pour la bonne mise en œuvre d’une politique intermodale selon les mêmes critères.

Nous devons aussi mieux encadrer la sous-traitance. À ce propos, je souhaite, comme je l’ai dit lors de la conclusion d’un colloque récent, au CNAM, qu’un guide sur la sous-traitance soit élaboré et qu’il devienne un véritable code de déontologie : nous ferons appel au Comité national routier pour mener à bien ce projet.

Se pose aussi la question du seuil de l’encadrement : ce seuil de 3,5 tonnes va être désormais harmonisé au niveau européen, et j’y reviendrai. Mais il faut se pencher sur le secteur du transport léger, et se prémunir contre les risques d’abus ou de contournement. La direction des transports terrestres a lancé sur ce sujet une mission de réflexion et de propositions, et elle y associera les organisations professionnelles et syndicales.

Parallèlement à ce travail d’ajustement réglementaire, il revient à l’État – et c’est le plus important – d’être le garant de bonne application des règles. Vous pouvez compter sur moi pour donner sur ce sujet les impulsions nécessaires.

C’est en effet aux agents de l’État qu’il appartient de faire les contrôles et de le faire de manière pertinente, à partir du moment où ils constatent les infractions aux règles en vigueur, en l’occurrence à la loi pénale. On semble d’ailleurs ignorer parfois que les agents constatant des infractions à la loi pénale se trouvent de fait placés sous l’autorité des autorités judiciaires et en particulier des parquets qui sont les seuls à même d’apprécier l’opportunité des poursuites (vraies questions) même si évolutions positives.

Des pôles de compétence transport routier se mettent en place au niveau régional, sous l’autorité des préfets, avec les directions régionales de l’équipement et les corps de contrôle que je viens de renforcer, avec la participation des parquets.

De nombreuses instances de concertation existent et je vous engage à développer le dialogue avec les représentants de l’État au niveau local. Vous avez, Monsieur le président, une organisation largement présente au plan régional et local : c’est la force de la FNTR.

Mais la loi a également prévu la possibilité pour les organisations professionnelles de se constituer partie civile, en particulier dans le cas des délits de prix abusivement bas. J’ai demandé que vous soient communiqués tous les éléments nécessaires pour que vous puissiez mettre en œuvre les moyens qui vous sont offerts. Sur ce sujet, comme celui de la responsabilité, nos résultats sont encore modestes mais réels : plusieurs jugements viennent d’être prononcés ou vont l’être. Mais je souhaite qu’un examen soit fait avec vous sur l’efficacité de ces textes et les difficultés rencontrées pour leur application.

S’agissant des sanctions administratives, les commissions des sanctions administratives se réunissent maintenant régulièrement. Les préfets, m’a-t-on dit, ont toujours suivi leurs avis et les recours contentieux n’ont pas remis en cause les décisions prises. Aucune entreprise ne peut se croire au-dessus des lois et je n’hésiterai pas à faire appliquer rigoureusement les règles pour retirer de la profession les entreprises qui font courir un risque à la sécurité routière et pratiquent une concurrence déloyale, au mépris parfois du respect des personnes.

Mais tout bon dispositif de sanctions doit être, complété par un système de prévention. Celui-ci pourrait s’appuyer sur le suivi des impayés et la refonte de la capacité financière.

Ce dispositif de prévention a été initié par la région du Nord – Pas-de-Calais avec la direction régionale de l’équipement, en liaison étroite avec les organisations professionnelles, et va être complété. Une nouvelle expérimentation a lieu également en Bourgogne avant que ce dispositif une fois mis au point soit diffusé dans l’ensemble des régions.

J’en viens à la gestion sociale

Vous avez évoqué, Monsieur le président, cette dimension et sociale les efforts entrepris par la profession depuis plusieurs années.

Je tiens à souligner toute l’importance qu’il convient d’accorder au dialogue employeurs-salariés, dans les entreprises et au niveau de la branche, et à la nécessité de rénover les règles, mais surtout de les appliquer et de les contrôler.

Il faut respecter les engagements, c’est-à-dire appliquer les accords et les décrets et concrétiser tous les protocoles de novembre 1996.

La durée de service des « grands routiers » est orientée à la baisse, mais il faut que la profession poursuive les efforts entrepris depuis 1994 pour mettre effectivement en œuvre les trois dimensions de l’accord de novembre 1994 sur le temps de service des conducteurs « grands routiers » : décompte effectif des temps, rémunération intégrale, diminution programmée.

L’État, pour sa part, continuera à jouer son rôle en matière de contrôle et de sanctions, sur la base de cet accord et sur la base des décrets de décembre 1996. En matière d’aide financière, le dispositif d’allégement des charges mis en place par le décret du 12 mai 1997 fonctionne au bénéfice des entreprises qui appliquent effectivement l’accord de 1994 et les dispositions réglementaires de décembre 1996 sur la transparence des heures travaillées. Je vous confirme que ce dispositif sera prorogé et que, si un accord intervient pour la courte distance, des mesures équivalentes pour cette activité pourraient être élaborées. Je sais que cela ne fait pas toujours l’unanimité. Mais ces dispositifs doivent être compris comme un moyen de tenir compte de la vive concurrence qui se développe dans le secteur et de mettre les entreprises en situation d’assurer le progrès social sans en être pénalisées.

L’accord de janvier 1995 sur la formation obligatoire des conducteurs est important pour l’amélioration de la qualification des conducteurs et le développement de la sécurité. Sur le plan du contrôle, les professionnels seront rapidement saisis d’un projet d’instruction pour l’application effective des sanctions prévues par le décret du 31 mai 1997. En outre, afin d’assurer l’équité de la concurrence, je souhaite généraliser par la voie législative la formation obligatoire aux artisans et au compte propre. Je reviendrais sur la question du financement !

Respecter les engagements, c’est aussi concrétiser tous les protocoles de novembre 1996.

Certains protocoles ont déjà été mis en œuvre. C’est le cas pour le raccourcissement du délai de carence maladie et le paiement des frais de déplacement ; les règles de circulation du dimanche ont été modifiées ; et le congé de fin d’activité des conducteurs routiers de marchandises est en place. Je confirme à ce sujet que la part du financement de l’État est bien inscrite au budget de 1998, comme cela l’a été pour 1997, et je m’étonne d’entendre encore des interrogations sur ce sujet.

Mais les négociations sont encore en cours sur le droit syndical et les conditions de travail des conducteurs de courte distance. Il est de l’intérêt de tous que ces négociations aboutissent assez rapidement.

Je n’ai pas la religion des dates butoir, et du tout ou rien : il faut que ces négociations se poursuivent en allant au fond des choses, et pour trouver des solutions adaptées. Le rôle normal de l’État est, non pas d’interférer dans les négociations, mais de créer les conditions de leur succès. Cela dit, il est évident que si les circonstances l’y obligent, l’État se doit d’assumer ses responsabilités.

Parallèlement à cette évolution de la régulation économique et sociale, différentes mesures d’accompagnement ont été prises par l’État et je tiens à vous confirmer que tous les engagements de l’État seront tenus : les aides au regroupement, les fonds régionaux d’aides au conseil et le financement de la formation.

J’en viens à la défense du pavillon français

La compétitivité de nos entreprises et de nos PME au plan européen suppose une harmonisation par le haut. Nous avons déjà obtenu en juin une avancée avec l’adoption de l’appareil de contrôle électronique pour l’ensemble de l’Europe. Il a fallu un travail opiniâtre pour arriver à cette étape avec la participation de tous. Nous nous battons avec la même opiniâtreté pour l’harmonisation des règles sur le temps de service et la formation professionnelle. D’ores-et-déjà, nous avons obtenu que la Commission élabore un « livre blanc », et au cours du conseil des ministres européens, le 9 octobre, il y a eu un débat sur ce sujet pour orienter les propositions que la Commission doit nous faire sur le règlement 38.20/93. Qui aurait cru, il y a quelques mois, que cela eût été possible ? Même si nous savons tous les obstacles qui demeurent.

En ce qui concerne l’encadrement réglementaire de la profession, nous venons d’obtenir lors de ce même conseil des ministres que les entreprises soient astreintes aux conditions d’accès à la profession à partir du moment où elles utilisent des véhicules de plus de 3,5 tonnes, alignant ainsi le régime communautaire, qui ne concernait jusqu’alors que les véhicules de plus de six tonnes, sur le régime français.

Pour la promotion du pavillon français, avec l’Association française du transport routier international et les autres organisations professionnelles, c’est désormais une action collective que les professionnels vont mener avec l’appui de mon administration et de celles de mes collègues concernés, en particulier des finances et du commerce extérieur.

Au plan international, les entreprises françaises ont bien défendu leur part de marché, mais je suis tout à fait d’accord qu’il faut rester en permanence attentif. À ce propos, comme sur d’autres dossiers, je souhaite que les instances professionnelles dont le Comité national routier à la tête duquel, Monsieur le président, vous avez été réélu très récemment, jouent un rôle moteur. Son fonctionnement et son organisation sont en cours de refonte et il va se voir doté d’un comité scientifique chargé de garantir la qualité et la pertinence des programmes d’étude, des méthodes mises en œuvre et des outils d’analyse. Ce comité, ainsi renouvelé, devra en liaison avec tous les autres organismes comportant, en particulier, le service des études et des statistiques du ministère, observer l’activité et toutes les paramètres économiques de ce secteur, non seulement au plan national, mais également au plan européen car c’est à ce niveau que se situe maintenant le marché.

Il y a également l’harmonisation de la fiscalité transport pour laquelle nous ne sommes pas toujours de très bons élèves puisque nous sommes le seul État européen à ne pas avoir transposé la directive relative à la taxe sur les véhicules dite taxe à l’essieu en France. Nous sommes sous la menace d’une condamnation, et il faudra nous résigner à franchir le pas, faute de quoi nous nous exposerions à de graves difficultés à Bruxelles, et sans doute à l’incompréhension de nos concitoyens.

Sur la directive « énergies » qui doit se substituer aux directives actuelles sur les accises, je suis partisan du relèvement des taux minima qui est prévu car c’est un bon moyen pour ramener la fiscalité de certains pays au niveau de la moyenne où se situe la fiscalité française.

Pour notre propre TIPP, vous savez la position que j’ai prise lors du dernier débat gouvernemental, que nous avons connu sur ce sujet : ma position a été essentiellement dictée par la concurrence européenne et la préoccupation de la défense de nos entreprises et de l’emploi dans ce contexte.

Toutes ces questions d’harmonisation devront être également analysées à l’occasion de l’examen des candidatures de certains pays d’Europe centrale et orientale qui ont encore un très long chemin à faire et pour lequel il est de notre intérêt de les y aider.

Nous sommes engagés dans un mouvement de changement irréversible dans lequel les organisations professionnelles et en particulier la vôtre sont tout particulièrement impliquées. Elles le sont à trois titres : tout d’abord celui de la formation de vos adhérents ; celui de relais et de partenaires des orientations et de la politique européenne et de la politique des transports en France ensuite ; votre rôle est enfin d’informer et d’alerter les pouvoirs publics et plus particulièrement moi-même et mon administration, sur les difficultés rencontrées et sur les solutions possibles. C’est ce qui se fait, parfois avec vigueur et c’est normal, au niveau français, mais cela vaut aussi au niveau européen.

D’une manière générale, je trouve très souhaitable que les organisations professionnelles et syndicales expriment clairement leurs préoccupations auprès des pouvoirs publics français et européens notamment pour valoriser les atouts du transport routier et faire valoir son rôle en matière d’efficacité économique et d’emploi. À l’inverse, il faut aussi qu’une organisation responsable comme la vôtre puisse entendre les préoccupations de l’opinion publique et des élus.

C’est sur cette base que je vous propose de poursuivre notre dialogue franc et constructif. C’est dans cet esprit que je me situerai avec vous dès les prochaines semaines et pour l’avenir en faveur d’une politique des transports efficace où le transport routier a toute sa place.

En terminant, comme je vous l’ai dit, je souhaite vous informer pour le financement de la formation et vous annoncer une bonne nouvelle : le relèvement de la taxe parafiscale destinée à la formation professionnelle aura bien lieu comme souhaité par la profession. Dans les prochains jours devrait être publié le décret concernant cette taxe.

Monsieur le président, permettez-moi de vous féliciter encore une fois pour votre réélection à la tête de la FNTR.

Je vous remercie de votre attention.


Date : 21 octobre 1997
30e anniversaire de Novatrans

Monsieur le président,
Messieurs les députés,
Messieurs les présidents,
Messieurs les directeurs généraux,
Mesdames et Messieurs,

Monsieur Berthod, vous avez rappelez que, dès les premiers jours de mon arrivée, je vous ai fait connaître mon acceptation de votre invitation à cet anniversaire. Je l’ai fait d’autant plus volontiers que je crois en l’avenir de l’intermodalité et de la complémentarité qui me paraissent être un atout pour chacun des modes de transport.

Venant juste après le congrès de la FNTR et trois jours avant la présentation du budget des transports à l’Assemblée nationale, cette manifestation consacrée au trentième anniversaire de Novatrans, me paraît particulièrement bienvenue pour me permettre de faire avec vous le point sur la politique de l’État en matière de transport combiné.

Comme le notait déjà voici quinze ans la LOTI, le transport combiné est en effet une des principales voies d’avenir qui se présente à nous pour faire face à l’accroissement des échanges et de la demande de transport de fret, et pour assurer un développement équilibré des différents modes de transport.

En associant de façon complémentaire la sécurité et la fiabilité du fer pour la partie centrale du parcours à la souplesse de la route pour les transports terminaux, ce mode de transport présente en effet des avantages importants pour la collectivité car il constitue une bonne réponse aux problèmes de congestion, de renforcement de la sécurité et de protection de l’environnement.

Particulièrement bien adapté aux transports de masse à plus de 500 kilomètres, le transport combiné est promis à des développement nouveaux du fait de l’ouverture des frontières européennes et de l’organisation des entreprises à l’échelle internationale et nous avons entendu à l’instant l’importance de ces questions.

J’ai noté, Monsieur le président, vos attentes à l’égard de la SNCF en même temps que votre prise en compte de l’effort déjà réalisé par cette entreprise en matière de transport combiné.

Je veux indiquer à ce sujet que le débat engagé à l’intérieur de la SNCF et entre la SNCF et ses partenaires, à propos de ce que j’appelle « la réforme de la réforme », vise notamment à lui permettre de se mobiliser davantage encore autour d’un projet industriel tourné vers l’avenir et de façon prioritaire d’abord vers ses clients en ce qui concerne le fret.

En effet, la volonté d’assurer le développement de cette technique efficace et rationnelle implique des efforts au plan des équipements et de leur fonctionnement, et demande que soit portée une attention toute particulière à la qualité de service afin que soient garanties aux chargeurs, aux opérateurs et aux transporteurs routiers, des prestations adaptées à leurs besoins.

Comme vous l’avez souligné, Monsieur le président ces efforts sont à réaliser par toutes les familles professionnelles du transport et concernent aussi, au-delà des infrastructures et des équipements, la capacité à s’organiser et à se coordonner sur tout une chaîne d’opérations.

Parlant des efforts de tous, je n’oublie évidemment pas ceux qui reviennent à l’État, et en particulier au ministère dont j’ai la charge.

Tout d’abord, qu’il soit clair que s’il a eu des craintes et des rumeurs infondées, je profite de l’occasion qui m’est donnée pour vous confirmer que l’action engagée par les pouvoirs publics en vue de développer et d’améliorer l’offre de transport combiné sera poursuivie selon des modalités renouvelées en cours d’examen.

Ainsi, l’aide au développement de transport combiné sera maintenue dans les actions du FITTVN. J’ai aussi demandé que l’on étudie la possibilité d’augmenter les crédits consacrés aux investissements dans les terminaux de transport.

Cela m’amène à dire un mot du rapport qui avait été commandé par mon prédécesseur à Monsieur le député Daubresse, qui est je crois aujourd’hui présent parmi nous.

Je voudrais d’emblée le remercier pour son travail qui est à mes yeux tout à fait utile, et qui va nous aider à définir les orientations pour l’avenir.

L’un des principaux mérites de ce rapport est d’établir une distinction claire entre les terminaux de transport combinés autour des zones actives, qui sont essentiels pour accompagner et traiter correctement la croissance du trafic, et les plateformes intermodales qui répondent à des enjeux internationaux.

Compte tenu des moyens disponibles, je souhaite – et je crois que cela répond à votre vœux, Monsieur le président – que l’on engage à court terme les opérations de modernisation et d’extension des terminaux qui arrivent à saturation.

Les grands chantiers devront faire l’objet d’un programme spécifique. Je propose que sur ce point nous poursuivions ensemble, et avec tous les acteurs concernés, la réflexion pour dégager des priorités, en même temps que pour étudier les clefs de financement.

Disant cela, soyez assuré que je n’oublie pas que l’action menée sur le territoire national doit bien entendu se prolonger au plan international, au niveau des réseaux comme à celui des États, afin de mettre en place des projets d’intérêt commun qui contribueront à l’installation progressive du réseau de transport transeuropéen.

Dans le cadre de la réforme en préparation de la loi sur l’aménagement du territoire de février 1995, le Gouvernement français étudie la possibilité d’introduire dans cette loi la notion de schéma intermodal de transport.

Dans un esprit similaire, au plan européen, un document est en cours de rédaction par la Commission à propos des mesures envisageables pour intégrer les terminaux intermodaux dans le réseau de transport transeuropéen. J’ai demandé à mes services de veiller avec une attention particulière à ce que les intérêts des opérateurs français soient bien pris en compte.

Nous œuvrons en particulier, pour que soient examinés et pris en compte dans ce cadre les problèmes spécifiques aux passages frontaliers, et notamment ceux posés par le franchissement du massif alpin et des Pyrénées.

Vous avez sans doute noté que s’agissant du massif alpin, le récent sommet franco-italien nous avait donné l’occasion, à mon collègue italien et à moi-même, de confirmer notre attachement à l’avancement du projet d’un tunnel ferroviaire transalpin, essentiel pour améliorer à terme le traitement des flux dans cette zone dans une perspective d’avenir. Nous souhaitons aller sur ce dossier vers des décisions aussi rapprochées que possible. Et dans l’attente, nous avons demandé à nos entreprises ferroviaires françaises et italiennes d’œuvrer pour accroître la capacité de la liaison existante.

Je pense aussi que les corridors de fret ferroviaire, auxquels nous travaillons là encore d’une façon concrète avec les réseaux voisins de la France, constitueront également une opportunité pour les opérateurs du transport combiné en réduisant de manière significative les temps de parcours. Les corridors ne doivent pas être seulement orientés dans la direction Nord-Sud, mais également Ouest-Est, la bonne desserte de nos grandes installations portuaires restant pour nous une priorité essentielle.

Enfin, Monsieur le président, puisque vous avez fait à juste titre référence au programme de recherche Predit, présidé par Monsieur Bussereau, sur les transports terrestres – et il est vrai que l’effort de recherche est nécessaire dans le secteur qui nous intéresse aujourd’hui – je veux vous assurer que cet effort sera poursuivi de manière soutenue.

Voilà donc les quelques orientations que je voulais rappeler, sachant encore une fois que ma conviction et mon souhait sont que, dans ce domaine qui implique plus que tout autre que soient coordonnées l’action publique et l’initiative privée, nous travaillons de concert aussi bien pour les réalisations de court terme que sur le moyen et le long terme. Tant il est vrai qu’en la matière la dimension pluriannuelle est incontournable.

Permettez-moi pour terminer de féliciter Novatrans (et ceux qui ont fait le petit film qui nous a été présenté en introduction) pour le parcours accompli depuis trente ans, grâce à une collaboration réussie entre transporteurs routiers réunis au sein de FNTR et la SNCF.

Permettez-moi aussi de vous remercier, Monsieur le président, pour l’action inlassable que vous menez vous-même depuis de nombreuses années à la présidence de Novatrans pour la promotion du transport combiné.

Le fait que cette manifestation suit de quelques jours l’inauguration de la nouvelle cour à portique de Noisy-le-Sec est un signe fort de la confiance de l’entreprise dans son avenir.

Je souhaite que votre action, conjuguée à celle de l’État, et à celle des régions que je n’oublie pas, permette de progresser vers un système de transport combiné efficace, bien géré et économique tout en restant attentif à la sécurité.

Parce que votre activité s’intègre parfaitement dans les objectifs des pouvoirs publics en ce qui concerne les transports de marchandises, vous pouvez et vous pourrez compter sur mon intérêt et sur mon appui.

Encore toutes mes félicitations pour vos trente ans d’existence, je ne sais pas où nous en serons, à titre personnel, dans trente ans, mais je suis sûr qu’en ce qui le concerne le transport combiné à un grand avenir devant lui.