Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elisabeth BORNE, bonjour.
ELISABETH BORNE
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Vous êtes ministre du Travail. Evénement aujourd'hui, date importante, nous allons tout savoir sur le pass sanitaire au travail. Elisabeth BORNE, à partir d'aujourd'hui, il devient obligatoire, je dis bien obligatoire, pour les salariés des établissements recevant du public. On est bien d'accord ?
ELISABETH BORNE
Alors, il devient obligatoire pour les salariés des établissements où on le demande aux clients depuis plusieurs semaines…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, dans les établissements où on demande un pass sanitaire aux clients, il devient obligatoire pour les salariés ?
ELISABETH BORNE
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas tous les salariés de cet établissement d'ailleurs ?
ELISABETH BORNE
Alors, les salariés qui sont au contact avec le public, ça veut dire que par exemple, dans un restaurant, je le redis, parce qu'on a eu des questions de la profession, il est obligatoire pour le serveur, mais pas pour le cuisinier, sauf si le cuisinier apporte lui-même les plats, mais donc c'est bien les salariés qui sont en contact avec le public dans les établissements où on demande le pass aux clients.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, établissements privés et publics ?
ELISABETH BORNE
Alors, c'est également public, ça peut être le cas par exemple dans les trains.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les trains, les contrôleurs…
ELISABETH BORNE
Où effectivement les contrôleurs devront avoir un pass sanitaire à partir d'aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le passager ne va pas demander le pass sanitaire du contrôleur ? On ne va pas inverser…
ELISABETH BORNE
Non, non, non, ça ne va pas marcher comme ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un petit sourire, vous savez…
ELISABETH BORNE
Ça ne va pas marcher comme ça, c'est l'employeur qui doit s'assurer que son salarié a bien un pass sanitaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais revenir sur les employeurs et sur les sanctions possibles, et sur les conséquences possibles pour les salariés, Elisabeth BORNE. Mais, il y a quand mêmes des curiosités, pardon, mais les employés des cantines d'entreprises, par exemple, pas besoin de pass sanitaire ?
ELISABETH BORNE
En fait, on n'applique pas le pass sanitaire dans les entreprises, on l'applique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi ?
ELISABETH BORNE
Mais je vous dis, la logique, c'est quand on le demande aux clients, et donc quand les clients qui viennent dans un établissement se disent : on est tous protégés contre le virus, eh bien, les salariés doivent aussi être protégés contre le virus. En entreprise, on n'a pas prévu, et je pense que c'est important, parce que j'ai entendu des bruits, avec les gens qui nous disent : on va bientôt le demander dans les entreprises, non. A l'heure où je vous parle, on n'a pas prévu d'étendre le pass sanitaire à d'autres établissements, et on n'a pas prévu de le demander aux salariés des entreprises de bureaux, des usines, ce n'est pas prévu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A l'heure où vous nous parlez ? Donc peut-être qu'un jour, on demandera ce pass sanitaire ?
ELISABETH BORNE
Ça n'est pas prévu aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, ça n'est pas prévu aujourd'hui. Oui, mais attendez, dans les relais routiers, les relais routiers, les employés qui sont au contact avec le public n'ont pas besoin de pass sanitaire, pourquoi ?
ELISABETH BORNE
Alors, dans les relais routiers, on les avait maintenus ouverts, y compris quand on avait fermé les restaurants, parce qu'on sait que les routiers en ont absolument besoin pour leur travail, on ne le demande pas aux clients, on ne le demande pas aux salariés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est curieux, non ? Et dans les hôtels, les serveurs, les employés qui servent en chambre le petit déjeuner, non plus ?
ELISABETH BORNE
Les employés qui servent dans la salle de restaurant, comme les clients qui mangent dans le restaurant de l'hôtel doivent aussi avoir un pass.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas au petit-déjeuner ?
ELISABETH BORNE
Petit-déjeuner si, si…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aussi ?
ELISABETH BORNE
Mais oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au petit-déjeuner aussi ?
ELISABETH BORNE
Oui, au petit-déjeuner, oui, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas ce que j'avais lu, mais bon, peut-être que…
ELISABETH BORNE
En fait, la logique, elle est simple, si on prend un peu de recul, on a des activités qu'on a dû fermer pendant les trois premières vagues de cette crise sanitaire et qu'on veut maintenir ouvertes pendant cette crise, pour maintenir ouverts les restaurants, les cinémas, les musées, eh bien, il faut s'assurer que tous ceux qui s'y rendent sont bien protégés contre le virus qui sont eux-mêmes protégés, enfin, qui ne vont pas non plus contaminer les autres, ça, c'est vrai pour les clients, pour les usagers, et quand on le demande aux clients et aux usagers, et je pense que les Français, ils sont bien au courant des endroits où on demande le pass maintenant depuis plusieurs semaines, quand on le demande aux clients ou aux usagers, on le demande également à partir d'aujourd'hui pour les salariés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés, oui ?
ELISABETH BORNE
Les centres commerciaux, donc, vous avez vu que ce n'est pas systématique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, ce n'est pas systématique, ce sont les préfets qui décident.
ELISABETH BORNE
C'est sur décision du préfet, en particulier quand on a un taux d'incidence supérieur à 200…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais Michel-Edouard LECLERC, qui était mon invité vendredi, demandait la levée de la mesure.
ELISABETH BORNE
Cette mesure, elle pourra être levée si l'épidémie recule, et c'est le cas dans beaucoup de départements en France, donc les préfets ont mis en place ce pass sanitaire dans les centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés quand on avait un taux d'incidence supérieur à 200.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, alors qui va contrôler le pass sanitaire de ses salariés, eh bien, c'est l'employeur évidemment, le salarié risque des sanctions, l'employeur risque aussi des sanctions, notamment une fermeture administrative si ses salariés ne présentent pas, salariés au contact avec le public, ne présentent pas de pass sanitaire. Et le salarié qui ne veut pas se faire vacciner par exemple, qui ne veut pas présenter de pass sanitaire, il risque quoi, une suspension du contrat de travail ?
ELISABETH BORNE
Peut-être, mais je voudrais dire qu'il y avait de l'inquiétude quand on a mis en place le pass sanitaire pour les clients, ce qu'on constate, c'est que ça s'est bien passé, parce que les Français comprennent qu'on n'a pas le choix, si on veut continuer à vivre normalement, si on veut aussi maintenir notre activité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ça encourage la vaccination le pass sanitaire ?
ELISABETH BORNE
Bien sûr, mais c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que les choses soient claires.
ELISABETH BORNE
Mais c'est un des objectifs, vous savez, on a aujourd'hui un outil qu'on n'avait pas dans les vagues précédentes, c'est la vaccination, donc l'objectif, c'est vraiment que tout le monde s'en empare, et moi, je suis confiante pour les salariés, parce que vous savez, il y a aujourd'hui près de 45 millions de salariés, pardon, de Français qui sont totalement vaccinés ; donc tous ces salariés en l'occurrence pourront produire un pass sanitaire sur cette base.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais certains ne veulent pas !
ELISABETH BORNE
Et puis, eh bien, ceux qui ne sont pas encore vaccinés, ils peuvent aussi avoir un test négatif de moins de 3 jours. Et moi, j'insiste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, enfin, ils sont obligés de faire un test tous les 3 jours, quoi, si j'ai bien compris …
ELISABETH BORNE
J'insiste sur le fait qu'on a prévu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Test gratuit tous les 3 jours. Ça va coûter une fortune à l'Etat, ça…
ELISABETH BORNE
Un test tous les 3 jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça continue à coûter une fortune à l'Etat.
ELISABETH BORNE
On a aussi prévu dans la loi beaucoup de solutions pour l'employeur et le salarié, par exemple, que le salarié puisse poser des RTT ou des jours de congés s'il n'est pas encore en situation de produire son pass sanitaire, l'idée, c'est de lui donner du temps pour qu'il trouve le bon chemin…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour qu'il se vaccine…
ELISABETH BORNE
Pour pouvoir produire son pass sanitaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour qu'il se vaccine, quoi, dites carrément les choses !
ELISABETH BORNE
Ah, mais je pense que la bonne solution…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'idée, c'est de pousser les salariés à la vaccination…
ELISABETH BORNE
Mais vous savez, enfin, je pense qu'il n'y a pas d'ambiguïté, le président de la République l'a bien dit le 12 juillet, on souhaite qu'un maximum de Français se fassent vacciner, depuis le 12 juillet, il y a 12 millions de Français qui ont été se faire vacciner, donc je pense que ça marche, les Français ont bien compris que si on veut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le pass sanitaire, c'est une façon d'imposer la vaccination obligatoire…
ELISABETH BORNE
Si on veut à la fois faire face à l'épidémie sans devoir refermer des secteurs, je pense que tout le monde aussi en a assez qu'on ferme des restaurants, des cafés, des musées, eh bien, la bonne solution, c'est de se faire vacciner, il n'y a pas de doute.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas de doute, c'est donc une vaccination obligatoire un peu déguisée, mais bon, peu importe. Peu importe. On est bien d'accord, suspension du contrat de travail si le salarié ne veut pas se faire vacciner…
ELISABETH BORNE
Il y a beaucoup de solutions en amont. Donc je le redis, on peut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas de licenciement, on est d'accord ?
ELISABETH BORNE
Alors, l'objectif, c'est évidemment d'éviter à tout prix les licenciements, si certains employeurs envisagent un licenciement, moi je leur dis : on a prévu beaucoup de solutions dans la loi pour éviter ça, que le salarié donc effectivement, il puisse avoir un test négatif de moins de 3 jours, qu'il puisse poser des RTT ou des jours de congés, vous savez, les secteurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il reste chez lui sans travailler ?
ELISABETH BORNE
Il peut poser des jours de congés, et les secteurs dont on est en train de parler, ils ont été fermés de longs mois, donc les salariés ont accumulé des congés, eh bien, ils peuvent les utiliser pour avoir un peu plus de temps pour se conformer à leurs obligations, ils peuvent aussi demander…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Se faire vacciner…
ELISABETH BORNE
Ils peuvent aussi demander à leur employeur s'il peut avoir une affectation temporaire sur un autre poste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans contact avec le public…
ELISABETH BORNE
Où il n'est pas en contact avec le public, où on n'exige pas le pass sanitaire, et ça n'est que si tout ça ne fonctionne pas qu'il pourra avoir le cas échéant une suspension temporaire de son contrat de travail, mais l'objectif, c'est vraiment qu'entre l'employeur et son salarié, on trouve la bonne solution pour que le salarié se conforme à son obligation, et je voudrais le dire, parce que, moi, j'ai beaucoup échangé avec des employeurs, ils se sont vraiment mobilisés, ils ont aussi discuté un par un avec leurs salariés dans beaucoup de secteurs pour que les salariés se fassent vacciner. Et on a aujourd'hui, vous savez, près de 80 % des adultes qui sont vaccinés, donc je pense que ça va bien se passer bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, le quoi qu'il en coûte terminé, terminé ou pas, bon, terminé, le 31, fin des aides exceptionnelles, on est bien d'accord, débloquées depuis mars 2020, mais il va y avoir des exceptions et des prolongations de certaines aides dans des secteurs qui souffrent, certaines mesures donc de soutien seront prolongées, lesquelles ?
ELISABETH BORNE
Alors, avec Bruno LE MAIRE, on voit tout à l'heure tous les secteurs qui ont été fortement affectés par la crise sanitaire, et qui peuvent être concernés par le pass, d'abord, moi, je voudrais dire que sur l'activité partielle, par exemple, tant qu'il y a des restrictions, par exemple les discothèques, elles ont encore des jauges réduites, eh bien, elles bénéficient toujours d'une activité partielle sans aucun reste à charge pour l'employeur… pardon, pour l'entreprise. On a aussi des dispositions pour les secteurs dont l'activité ne redémarre pas ou redémarre peu, par exemple l'évènementiel, évidemment, on n'a pas fait des salons pendant le mois d'août, et donc, on a une disposition aussi, si vous avez une très forte baisse de chiffre d'affaires, 80 % sur 6 mois, eh bien, vous continuez à être pris en charge, et on va échanger avec les secteurs concernés sur la façon dont ils pourront avoir besoin peut-être d'aides pendant plus longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, restauration, hôtellerie, distribution, l'évènementiel, le tourisme, transports, discothèques, cinémas, salles de sport, là, les aides seront prolongées ?
ELISABETH BORNE
Alors, il y a des beaucoup d'entreprises pour lesquelles ça va très bien, où l'activité a repris, donc elles n'auront plus besoin d'aide, l'objectif, ce n'est pas de donner des aides, et je pense que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, en fonction de l'activité de l'entreprise, même pas du secteur…
ELISABETH BORNE
Eh bien, on fera le point secteur par secteur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Secteur par secteur.
ELISABETH BORNE
Secteur par secteur, sur les secteurs qui pourraient continuer à avoir une activité moins importante qu'avant la crise, mais vous savez, globalement, on l'a vu au mois d'août, la consommation est très bien repartie, elle est au-dessus de ce qu'elle était en 2019, ça, c'est globalement, ensuite, on va regarder s'il y a des difficultés dans certains secteurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Donc je rappelle les aides, PGE, activité partielle, fonds de solidarité, exonérations de charges, l'activité partielle en baisse ?
ELISABETH BORNE
Alors, elle est en très forte baisse, vous savez qu'on a eu beaucoup de nouvelles, beaucoup de bonnes nouvelles, pardon, sur le front de l'emploi ces dernières semaines, avec des niveaux d'embauches historiques avec une baisse du nombre de demandeurs d'emploi, 270.000 en 3 mois. On a retrouvé le niveau de chômage qu'on avait avant la crise, et on va publier aujourd'hui les chiffres de l'activité partielle de juillet, ils sont effectivement en très forte baisse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et alors, et quel est le chiffre ?
ELISABETH BORNE
Donc c'est 1,6 million de salariés en juin, et on est passé à… pardon, 1,4 million en juin, et on est passé à 600.000 salariés en activité partielle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus que 600.000 au mois de juillet ?
ELISABETH BORNE
Plus que 600.000 au mois de juillet, ça montre là encore que notre activité économique repart très fort.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le télétravail, assouplissement des règles ?
ELISABETH BORNE
Alors, effectivement, le télétravail, ça a été un outil important avant l'été pour limiter la propagation du virus, et on a demandé beaucoup d'efforts aux employeurs et aux salariés qui en avaient un peu assez d'être à 100 % en télétravail, mes équipes ont échangé la semaine dernière avec les organisations patronales et syndicales qui souhaitent toutes qu'on redonne la main aux entreprises maintenant pour fixer les règles en matière de télétravail, qu'on n'ait plus un nombre de jours minimal, eh bien, c'est-ce qu'on va faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Terminé, le nombre de jours minimal
ELISABETH BORNE
Absolument. Donc on va transmettre tout à l'heure aux organisations patronales et syndicales un nouveau projet de protocole qui redonne la main, c'est maintenant à la direction de l'entreprise, en discussion avec les représentants des salariés, de définir les règles en matière de télétravail, donc c'est ce que dira le nouveau protocole qui sera publié demain soir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc assouplissement. Bien, pour réduire les déficits publics, parce que les déficits publics se sont accumulés tout de même ces derniers mois. Vous avez fait le choix au gouvernement de réformer, l'un des choix de réformer le régime des retraites plutôt que d'augmenter les impôts, on est bien d'accord, Elisabeth BORNE ?
ELISABETH BORNE
Alors, je vous confirme qu'on n'a pas du tout de projet d'augmenter les impôts, ça, c'est clair…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est ce que je vous dis, donc la réforme des retraites sera relancée avant la fin de l'année ?
ELISABETH BORNE
Ce qu'a dit le président de la République, c'est que nous ne lancerons pas cette réforme tant que la crise sanitaire ne sera pas derrière nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais enfin, elle commence, semble-t-il, en tout cas, la crise économique s'estompe, vous venez de le dire, donc c'est l'occasion ou jamais peut-être de relancer cette réforme. C'est ce que disent tous les candidats à l'élection présidentielle…
ELISABETH BORNE
On verra. Alors, ce qui est très clair, c'est que la question des retraites, qui était un sujet avant la crise sanitaire le reste, voyez, par exemple, le fait que les seniors travaillent moins dans notre pays, que beaucoup à 55, 57, 59 ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Impossible de retrouver du travail ou de…
ELISABETH BORNE
Soient sortis du marché du travail, c'est un vrai problème qui existait avant la crise et qui existe toujours, le fait qu'on travaille moins, moins longtemps que dans la plupart des pays de l'OCDE, c'était vrai avant la crise, et ça le reste, le fait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et c'est un problème, et c'est un problème !
ELISABETH BORNE
Le fait qu'on ait des Français qui ont travaillé toute leur vie et qui ont des pensions très faibles, c'est un problème. Donc le président de la République nous a demandé de reprendre les concertations sur ces sujets, et on aura l'occasion d'évoquer cette réforme des retraites parmi d'autres sujets dans les rencontres qu'on a mercredi et jeudi avec chaque organisation patronale et syndicale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qui veut dire que vous relancez cette réforme, que les choses se discutent avec les syndicats…
ELISABETH BORNE
Ça veut dire qu'on souhaite reprendre les discussions, mais le président l'a également dit : on ne lancera pas cette réforme tant que la crise sanitaire ne sera pas derrière nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, l'âge de départ à la retraite sera repoussé ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, il n'y a pas de doute que, on a besoin de travailler plus longtemps, à la fois pour équilibrer notre système de retraite, et puis, aussi, pour avoir une meilleure compétitivité de notre économie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le nombre de trimestres de cotisation sera augmenté ?
ELISABETH BORNE
Je vous dis qu'on a besoin de travailler plus longtemps, c'est un des aspects, tout comme le travail des seniors, tout comme la nécessité d'avoir des pensions dignes quand on a travaillé toute sa vie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais bien sûr. Réforme de l'assurance chômage, application le 1er octobre, vous confirmez ?
ELISABETH BORNE
Donc, je vous confirme, vous savez, cette réforme, elle est largement rentrée en application depuis le 1er juillet avec notamment le bonus-malus pour inciter les entreprises à proposer des contrats plus longs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oubliées les remarques du Conseil d'Etat ?
ELISABETH BORNE
Mais le Conseil d'Etat a suspendu le nouveau mode de calcul de l'allocation chômage en considérant que la situation économique n'était pas bonne. Donc on va – on a eu beaucoup d'indications très positives sur la situation économique, je le disais, des embauches record, une baisse du nombre de demandeurs d'emploi, un chômage qui est revenu à son niveau d'avant-crise – donc on va ressaisir le Conseil d'Etat en faisant valoir tous ces éléments sur la bonne situation économique et du marché de l'emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Elisabeth BORNE, deux sujets encore, le pouvoir d'achat, sujet important s'il en est, l'emploi aussi, on a des problèmes de main-d'oeuvre dans de nombreux secteurs. Il va falloir augmenter, j'imagine, l'alternance, l'apprentissage, 560.000 apprentis en France, plus d'un million en Allemagne, ce qui pose problème, on est en retard au niveau de l'apprentissage, encore, mais je voudrais, l'Allemagne, l'Allemagne a besoin de main-d'oeuvre étrangère, la Russie a besoin de main-d'oeuvre étrangère, ce que personne ne souligne, mais la France aussi a besoin de main-d'oeuvre étrangère, d'immigration du travail ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, ce que je peux vous dire, c'est que, d'abord, notre objectif, c'est former les demandeurs d'emploi, c'est la priorité, on met 15 milliards d'euros dans le quinquennat pour former les demandeurs d'emploi, on n'a jamais autant formé les demandeurs d'emploi, c'est de s'assurer que les jeunes ont bien les compétences dont nos entreprises ont besoin, donc ça, c'est l'apprentissage, vous l'avez dit, on a battu les records là aussi à la rentrée 2020, on a maintenu des aides, donc des aides jusqu'à 8.000 euros quand vous embauchez un apprenti, ça veut dire que la première année ne vous coûte quasiment rien, et ça permet de former des jeunes qui ont les compétences dont les entreprises ont besoin, et pour le jeune, c'est souvent un job à la clef…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien d'apprentis en 2021 ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, on a été à 500…
JEAN-JACQUES BOURDIN
560.000…
ELISABETH BORNE
526.000, eh bien, l'objectif, c'est qu'on fasse encore mieux, parce que je pense que c'est vraiment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On fera mieux cette année, 2021 ?
ELISABETH BORNE
Moi, je souhaite qu'on fasse mieux, c'est un défi parce que c'était déjà un excellent chiffre, mais en tout cas, on a maintenu des aides…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'on fera mieux ?
ELISABETH BORNE
C'est mon objectif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça, j'imagine.
ELISABETH BORNE
Et pour ça, on maintient des aides aux entreprises, jusqu'à la fin de l'année pour que l'embauche d'un apprenti ne leur coûte quasiment rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elisabeth BORNE, est-ce qu'on a besoin d'une immigration économique en France ?
ELISABETH BORNE
Mais aujourd'hui, ce n'est pas une immigration économique mais on a des secteurs qui font appel…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a des pays qui en ont besoin …
ELISABETH BORNE
A de la main-d'oeuvre étrangère, moi, je dis, on a aussi des Français qui sont prêts à travailler, en tout cas, on fait tout pour leur donner les bonnes compétences.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, le pouvoir d'achat, les jeunes, les jeunes, important, le 12 juillet, Emmanuel MACRON promettait la création du revenu d'engagement, ce revenu d'engagement qui sera créé avant la fin du quinquennat, j'imagine.
ELISABETH BORNE
Mais je vous confirme que j'y travaille d'arrache-pied…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, je sais…
ELISABETH BORNE
Depuis des mois. L'objectif, vous savez, c'est ce qu'on a fait avec le plan « 1 jeune 1 solution », c'est de s'assurer que les jeunes ne sont pas les victimes de la crise, et ça marche, puisque le taux d'activité des jeunes n'a jamais été aussi important depuis de nombreuses années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, expliquons, il s'agit d'aider les 16-25 ans en difficulté professionnelle, ce n'est pas RSA Jeunes, on est bien d'accord, pour les moins de 25 ans, ce n'est pas un RSA Jeunes. Ça s'adresse à combien de jeunes à peu près de 16-25 ans ?
ELISABETH BORNE
Alors c'est de l'ordre d'un million de jeunes, un million de jeunes, et l'objectif, c'est d'accompagner chaque jeune pour qu'il puisse élaborer son projet professionnel, vous savez, il y a des jeunes qui ne savent pas du tout ce qu'ils veulent faire, eh bien, de les aider à savoir quel métier ils veulent faire, et puis, de les aider ensuite à réaliser ce projet professionnel…
JEAN-JACQUES BOURDIN
… Formation, stage en entreprise…
ELISABETH BORNE
Donc qu'il puisse avoir un accompagnement avec effectivement, si c'est nécessaire, de la formation, et on a augmenté beaucoup les formations pour les jeunes dans les métiers de demain, par exemple, la transition écologique, le numérique, donc on a augmenté ces formations, on veut que les jeunes aient un accompagnement personnalisé, et quand ils en ont besoin, qu'ils aient une allocation jusqu'à 500 euros par mois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
500 euros si pas de travail et 300 euros si le jeune est chez ses parents.
ELISABETH BORNE
Ça dépend des niveaux de revenus des parents, s'il est rattaché au foyer fiscal de ses parents, mais donc, l'objectif, c'est que, aucun jeune ne renonce à une formation ou à un parcours vers l'emploi parce qu'il aurait des difficultés financières, et je pense que c'est très important d'aider les jeunes à rentrer dans la vie professionnelle, on est dans notre pays malheureusement à un niveau de jeunes qui ne sont ni en formation ni en emploi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ni en études…
ELISABETH BORNE
Qui est plus élevé par exemple qu'en Allemagne ou aux Pays-Bas, eh bien, vraiment, je pense que c'est essentiel que dans notre pays, on accompagne mieux les jeunes, et on va pouvoir s'appuyer sur le plan « 1 jeune 1 solution » pour aller encore plus loin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Revenu d'engagement, donc, ça va s'appeler le revenu d'engagement, ça va s'appeler le…
ELISABETH BORNE
C'est comme ça que le président de la République l'a appelé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, d'accord, mais ça va s'appeler... Donc vous dites, avant la fin, là, vous y travaillez, ça sera présenté quand officiellement ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, c'est le président de la République qui le présentera dans le courant du mois de septembre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans le courant du mois de septembre, il y aura des contreparties ou pas demandées ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, l'objectif, c'est effectivement que le jeune homme s'engage, c'est une logique de droits et devoirs, le jeune s'engage dans un parcours et en contrepartie, eh bien, on fait le nécessaire pour qu'il n'ait pas des difficultés financières, donc il peut avoir droit à une allocation s'il en a besoin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la seule contrepartie, c'est que le jeune s'engage dans un parcours, quoi, pas de…
ELISABETH BORNE
Eh bien…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est déjà pas mal, c'est beaucoup, mais pas de bénévolat, pas de service civique, non ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, le service civique, c'est une des solutions pour aider le jeune à rentrer dans la vie professionnelle ou en tout cas à s'engager, à avoir une activité, et en tout cas, l'objectif, c'est vraiment qu'on signe une sorte de contrat avec le jeune, il s'engage, et nous nous engageons derrière lui à l'accompagner et à lui donner une allocation s'il en a besoin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Elisabeth BORNE d'être venue nous voir ce matin, ministre du Travail, de l'Emploi.
Source : service d'information du gouvernement, le 15 septembre 2021