Image principale 1
Image principale 1
© S. Leitenberger - stock.adobe.com

Efficacité énergétique des logements : un budget estimé à 8 milliards d'euros par an jusqu'en 2050

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Le Conseil d’analyse économique (CAE) a évalué, à travers une modélisation, l’impact des différentes aides publiques à la rénovation des logements et leur adéquation avec l’objectif, fixé dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), de généralisation de la norme "bâtiment basse consommation" d’ici 2050.

Le secteur du bâtiment génère 20% des émissions de gaz à effet de serre, dues pour une grande partie au chauffage des bâtiments résidentiels.

La SNBC a fixé la trajectoire de 370 000 rénovations énergétiques de logements par an jusqu’en 2030 puis de 700 000 rénovations chaque année jusqu’en 2050 pour atteindre, à cet horizon, la généralisation des "bâtiments basse consommation" (BBC). Sur l’année 2022, l’Agence nationale de l’habitat (Anah) faisait état de 66 000 logements rénovés en performance énergétique.

La note du Conseil d’analyse économique (CAE) de juin 2024 évalue, au sein du parc privé, la part de logements pour laquelle l’investissement nécessaire pour la rénovation énergétique est "rentable" du point de vue des particuliers qui engagent les travaux mais aussi "socialement" du point de vue environnemental et de la santé. 

Des barrières à l'investissement pour les ménages

La modélisation et les calculs de rentabilité tiennent compte des différents critères : surface des logements, types de travaux à réaliser, habitat collectif ou individuel, revenus des ménages…

Les bénéfices liés aux économies sur la consommation d’énergie sont évalués sur 25 ans, à prix constant du kilowattheure.

En l’absence de toute aide publique, l’investissement pour la rénovation énergétique est rentable pour 26% du stock de résidences principales avec pour effet une réduction des émissions de CO2 d’environ 28% par rapport à 2018.

Certaines barrières peuvent toutefois limiter la rentabilité des investissements et abaisser le taux de rentabilité à 5% : 

  • une sous-estimation, par les ménages, des bénéfices générés sur le long terme ;
  • le rationnement des crédits par les banques lorsque les mensualités sont importantes ;
  • les possibilités limitées, dans le parc locatif, de répercuter le coût des travaux dans les loyers, a fortiori lorsque les travaux nécessitent le relogement du locataire ;
  • des difficultés d'ordre réglementaires pour les travaux qui nécessitent l’accord de la copropriété dans un habitat collectif.

Mieux évaluer les gains énergétiques

Selon la note, une subvention de 2 à 3 milliards par an jusqu'en 2050 permettrait d'étendre la rentabilité pour 55% du parc de logement (6 milliards en levant les barrières à l'investissement) en prenant en compte la rentabilité "sociale" en matière de santé et d'environnement. L’économie générée en émissions de CO2 s’élèverait alors à 70% du niveau de 2018. 

Les analystes recommandent qu’une priorité soit donnée à l’élimination des passoires énergétiques, facilement identifiables et pour lesquelles les gains en termes d’économie et de santé justifient des subventions importantes.

Concernant les différents dispositifs d’aide (MaPrimeRénov’, éco-prêt à taux zéro, TVA à taux réduit, primes liées aux certificats d’économie d’énergie...), la note évoque le besoin de mieux évaluer leur efficacité en mesurant les économies d’énergies réelles plutôt que les gains théoriques. L'observation vaut aussi pour le diagnostic de performance énergétique (DPE) pour lequel un écart de 70% peut être constaté entre les performances énergétiques déclarées et les performances réelles.

Forts de ces observations, les analystes de la note proposent de consolider mais aussi de redéployer les aides à la rénovation.