Une étude du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) réalisée en collaboration avec l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT) souligne le rôle important de l’alternance dans l’amélioration des perspectives d’emploi des jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
L'étude, publiée le 27 août 2024, constate cependant l’accès limité à cette voie de formation pour les jeunes issus des QPV.
Un réel atout pour les jeunes des QPV
Si l’alternance facilite l’insertion professionnelle pour tous les jeunes, son impact est plus grand pour ceux qui résident dans les QPV. Les jeunes y sont globalement moins diplômés (26% n'ont aucun diplôme, contre 10% de la population du même âge originaire d’autres quartiers) et rattrapent via cette voie de formation un certain "retard à l'insertion".
Alors que l'écart dans l’accès à l’emploi lors des trois premières années de vie active est de 19 points entre les jeunes de QPV et leurs voisins issus de la voie classique (51% contre 70%), cet écart se réduit à dix points entre les alternants (68% contre 78%).
L’avantage relatif de l’alternance est plus élevé dans le secondaire que dans le supérieur. Parmi les jeunes diplômés du secondaire originaires des QPV, la part des alternants qui ont connu une trajectoire caractérisée par l’emploi dépasse de 19 points celle des jeunes ayant suivi un parcours scolaire sans passer par l'alternance (58% contre 39%). Néanmoins, cet avantage n’est plus que de sept points entre diplômés du supérieur.
Mais l'accès à l'alternance reste difficile
L'inégal accès à l’alternance selon le territoire d’origine perdure au fil de la scolarité. Les jeunes des QPV y accèdent moins fréquemment que leurs voisins (23% contre 33%).
L’éloignement des entreprises, le manque d’information, le manque d’accompagnement lors de la phase de recherche d’une place en organisme de formation mais aussi les préjugés des employeurs sont parmi les facteurs qui expliquent cet écart, selon l'étude.
La fin de troisième est déterminante pour l’orientation vers la voie professionnelle ou la voie générale. Les jeunes des QPV sont plus nombreux à se tourner ou à être orientés vers la voie professionnelle : dans 35% des cas, cette option ne correspondait pas à leur premier vœu de fin de troisième (contre 21% pour leurs voisins). Une fois dans la voie professionnelle, seulement 9% des jeunes originaires des QPV signent un contrat en apprentissage, contre 16% de leurs voisins. L’orientation en certificat d'aptitude professionnelle (CAP) par apprentissage est aussi liée à l’origine sociale des élèves : les enfants d’immigrés, d’origine sociale défavorisée ou scolarisés en éducation prioritaire y sont proportionnellement moins nombreux.
Des actions pour promouvoir l'accès des jeunes à cette voie de formation pourraient par exemple être intégrées dans le cadre des cités éducatives, avec un effort particulier sur l'enseignement secondaire où le bénéfice de l'alternance paraît plus important, conclut l’étude.