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Baisse des droits audiovisuels du football français : quelles conséquences ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Un rapport du Sénat analyse les conséquences financières du retrait, en 2020, de Mediapro, le diffuseur officiel de la Ligue de football professionnel (LFP). La baisse importante des droits audiovisuels reversés aux clubs ces dernières années interroge sur la viabilité du modèle économique des clubs de football français.

Avec 35 recommandations, le rapport déposé le 29 octobre 2024 au Sénat, intitulé "Football-business : stop ou encore ?", propose de :

  • réformer la gouvernance du football en France ;
  • améliorer le contrôle et le suivi du budget des clubs ;
  • renforcer les exigences en matière d’éthique et de bonne gestion. 

Une forte diminution des recettes du football

Les droits audiovisuels sont passés de 1,154 milliard d’euros en 2018 à 403,5 millions d’euros en 2024-2025 pour les droits domestiques liés à la Ligue 1. Cela représente un manque à gagner important pour les clubs, qui ont construit leurs budgets sans anticiper la forte baisse du montant des droits. Les clubs ont subi une perte globale de 1,6 milliard d’euros entre 2020 et 2023.

Après le départ du diffuseur Mediapro en 2020, la LFP a lancé un plan de développement du championnat, concluant un accord avec le fonds d'investissement CVC Capital partners. Cet accord a été réalisé dans le but de compenser la perte liée au départ de Mediapro mais aussi afin de concurrencer les quatre autres grands championnats européens (Angleterre, Espagne, Allemagne et Italie). Le fonds a investi 1,5 milliard d’euros dans le football français en échange d'une participation de 13% dans la filiale commerciale créée par la LFP. 

Or, le championnat a par ailleurs été victime des conséquences de la pandémie de Covid-19. En 2020, la LFP à été obligée d'arrêter le championnat français en cours de saison. Toutefois, l'État a pris en charge l'essentiel des effets immédiats de la pandémie : aides à la billetterie (75 millions d'euros - M€), réductions de charges (520 M€), prêts garantis par l'État pour les clubs (550 M€) et pour la LFP (225 M€).

Quel développement pour les années à venir ?

Les droits audiovisuels du football français sont très inférieurs à ceux, par exemple, de la Premier league anglaise, dont les droits de diffusion télévisuels s’élèvent à 3,9 milliards d’euros annuels

De plus, le nombre d’abonnés moyen en France pour le football se situe autour de 500 000 alors que la rentabilité serait atteinte avec 1,5 million d'abonnés. 

Face à ce constat, le rapport établit des pistes pour assurer la pérennité du football français. Cela implique un meilleur encadrement des décisions de la LFP, en imposant l’obligation de rendre mieux compte de la situation à la Fédération et à l’État dans le cadre d’un rapport annuel.

Le rapport du Sénat propose aussi d’instaurer des pratiques de bonne gestion, par exemple en créant une obligation de déclaration des conflits d’intérêts au sein de la LFP ou en instaurant un plafond de rémunération du président de la Ligue. Une enveloppe de 37,5 M€ a ainsi été consacrée, non pas au développement des clubs, mais à la rémunération des conseils et des dirigeants de la LFP. Selon le rapport du Sénat, le président de la Ligue a quant à lui bénéficié d’un bonus de 3 millions d’euros et "triplé son salaire" pendant deux ans.