Le 25 février 2025, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) a publié le rapport annuel de l’Observatoire national du suicide. L'Observatoire y fait un bilan sur les suicides ainsi que sur les gestes auto-infligés (tentatives de suicide et auto-mutilations) comptabilisés en France.
Si le taux de suicide en France était en baisse constante depuis le milieu des années 1980, il augmente à nouveau légèrement depuis 2021 (augmentation de 0,4 point en 2022). Ainsi, en 2022, il a atteint 13,4 décès pour 100 000 habitants, soit un total de 9 200 suicides. Ce pourcentage est plus élevé que le taux moyen sur l'ensemble des pays de l'Union européenne (UE), qui s'élève à 10,2 pour 100 000 habitants.
Le nombre d'hospitalisation pour gestes auto-infligés, en revanche, est stable sachant que les gestes n'ayant pas conduit à une hospitalisation ne sont pas comptabilisés.
Une vulnérabilité accrue pour certaines catégories de la population
Certaines catégories de la population sont davantage exposées au risque de décès par suicide :
- les hommes, qui se suicident trois fois plus que les femmes ;
- les personnes âgées de 85 à 94 ans (hommes et femmes confondus), dont le taux de suicide est de 35,2 pour 100 000 habitants.
À la croisée du genre et de l'âge, les hommes âgés sont particulièrement vulnérables à ce risque, puisque leur taux de suicide s'élève à 85,9 pour 100 000. L'Observatoire cite à ce sujet les travaux de sociologues qui mettent en lumière l'impact de changements qui précédent certains passages à l'acte (par exemple, une entrée en Ehpad).
Concernant les gestes auto-infligés qui ne mènent pas à un décès, les jeunes femmes, plus précisément, les adolescentes (à partir de 10 ans) et les femmes de moins de 25 ans, y sont de plus en plus exposées. En 2023, le taux d'hospitalisation pour ce motif était quatre fois plus élevé chez les femmes de 15 à 19 ans que chez les jeunes hommes du même âge. Le rapport met en exergue l'influence probable de leur exposition aux violences sexuelles et sexistes ainsi qu'à des injonctions de genre. Le mal-être qui en découle peut s'avérer d'autant plus critique au moment charnière de la puberté.
Fin de vie, prévention et accompagnement des proches
Le rapport aborde la question de la fin de vie, alors qu'un projet de loi relatif à l'accompagnement des malades et de la fin de vie a été déposé en avril 2024 par le gouvernement. L'Observatoire national du suicide insiste sur la nécessité d'articuler les possibilités d'une telle loi avec la prévention du suicide.
À cette fin, le rapport élabore des pistes pour mieux appréhender l'intentionnalité suicidaire et comprendre les parcours de santé et de vie des personnes qui se suicident ou tentent de le faire. Le rapport met également en avant des dispositifs destinés à des populations spécifiques, notamment en milieu scolaire, dans le monde agricole ou dans le milieu carcéral. L'Observatoire appelle enfin à développer les actions de "postvention", à savoir "l'accompagnement et la protection des personnes endeuillées par le suicide d'un proche".
Le numéro national de prévention du suicide est le 3114. Il est accessible 24h sur 24 et 7 jours sur 7, gratuitement, dans toute la France.