Les observations publiées le 25 mars 2025 par la Cour des comptes mettent en lumière la bonne gestion du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de 2013 à 2023 tout en avançant certaines pistes d’optimisation.
Quels constats ?
Le rapport souligne :
- la "situation financière florissante" du CNRS. Sa trésorerie (1,4 milliard d’euros fin 2023) a augmenté de 900 millions en une dizaine d'années. Cependant, sur les 4,4 milliards d’euros dont il disposait au total pour 2023 (reports inclus), il n’a consommé que 4 milliards. Cela s’explique par la pluriannualité des contrats de recherche et de certains investissements et par une gestion décentralisée des ressources propres (au niveau des unités mixtes de recherche – UMR) qui empêche leur mobilisation optimale et leur mutualisation. La Cour appelle le CNRS à mieux mobiliser ses ressources financières ;
- la perte d’attractivité du CNRS pour les chercheurs et les personnels administratifs, malgré sa réputation d’excellence scientifique et des revalorisations salariales récentes. Or, il doit renouveler ses effectifs (départs en retraite des générations du baby-boom) ;
- le "fardeau administratif" pesant sur les chercheurs. La montée en puissance des appels à projets pour les contrats de recherche crée une charge croissante, d’autant plus que le CNRS peine à attirer et à fidéliser les personnels administratifs. L’organisation des UMR, associant plusieurs partenaires (tutelles) dotés de processus et de systèmes d’information (SI) différents, complique la gestion des laboratoires ;
- l’exposition du CNRS aux cybermenaces du fait de son organisation décentralisée et de la faible sensibilisation aux risques. Un projet de SI unifié a été abandonné en 2019 ;
- les efforts déployés par l’organisme pour limiter le risque de non-conformité de ses procédures d’achat aux règles de la commande publique. Il réalise encore trop d’achats hors marché.
Comment améliorer la performance de la recherche publique ?
La Cour préconise notamment de :
- renforcer le rôle du conseil d’administration ;
- fiabiliser les montants de dépenses sur ressources propres inscrits au budget pour réduire leur sous-exécution et de préciser dans les comptes financiers le montant des ressources propres non consommées en fin d’année et l’usage qui en est envisagé ;
- charger les directeurs d’unité de consolider les données financières afin de proposer aux tutelles et aux instituts une utilisation pluriannuelle, le cas échéant mutualisée, des ressources propres ;
- élaborer une stratégie de gestion des ressources humaines permettant d’assurer le pilotage de la masse salariale, le renouvellement des générations et la prise en compte des priorités scientifiques nationales ;
- augmenter les dotations au démarrage des chercheurs pour les aligner sur les standards internationaux ;
- étendre les délégations globales de gestion dans les UMR ;
- sécuriser les SI utilisés par le CNRS ;
- mieux exploiter les possibilités dérogatoires aux règles de la commande publique adaptées à la recherche.