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Violences dans le milieu culturel : le rapport accablant d'une commission d'enquête parlementaire

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

"Culture du viol", "omerta", "déni collectif", acceptation de "l'inacceptable"... le rapport de la commission d'enquête sur les violences commises dans le monde de la culture (cinéma, audiovisuel, spectacle vivant, mode ou encore publicité) alerte sur leur ampleur et sur la nécessité d'y remédier.

Le 9 avril 2025, la commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité a publié son rapport

La commission, créée en mai 2024 puis interrompue à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale, avait été relancée par une résolution du 9 octobre 2024. Son objectif était de faire un état des lieux des violences commises dans le monde de la culture, d'identifier "les mécanismes et les défaillances qui permettent ces violences" et d'établir "les responsabilités de chaque acteur en la matière". 

L'objectif de la commission : recueillir la parole des victimes et responsabiliser les professionnels

Dans le rapport de la commission présidée par la députée Sandrine Rousseau, cette dernière explique les objectifs de cette enquête : 

  • "analyser les ressorts psychologiques, sociologiques, économiques et juridiques" qui créent un climat favorable au déploiement des violences dans le monde de la culture ;
  • "recueillir avec bienveillance la parole des innombrables victimes" ;
  • "confronter les professionnels du secteur à leurs responsabilités" ;
  • réfléchir en conséquence à d'éventuelles évolutions juridiques et législatives. 

La commission avait été mise en place sous l'impulsion de l'actrice Judith Godrèche, qui a elle-même témoigné avoir été victime de violences sexuelles dans le milieu du cinéma, alors qu'elle était mineure. 

85 auditions et tables rondes ont été organisées au cours des travaux de la commission d'enquête. Plusieurs professionnels des secteurs concernés ont été entendus, ainsi que de nombreux témoins.

Les conclusions de la commission : des violences "systémiques, endémiques et persistantes"

À l'issue des travaux menés, la commission conclut que les violences commises dans le secteur culturel sont "systémiques, endémiques et persistantes". Parmi les multiples facteurs favorisant ces violences dans ce milieu spécifique, le rapport cite notamment : 

  • la très forte hiérarchisation qui caractérise ces milieux et la concentration de l'autorité aux postes à responsabilité ;
  • la vulnérabilité des victimes, en particulier lorsqu'elles sont jeunes, mais aussi en raison de la précarité du statut d'intermittent du spectacle ;   
  • les conditions de travail (travail de nuit, plages horaires longues, exigences artistiques...) ;
  • le recours à des techniques d'apprentissage fondées sur de la maltraitance.

Le rapport alerte sur la situation des enfants, décrivant une "absence totale de préoccupation pour la protection des mineurs évoluant dans le milieu culturel". Il met également en lumière "un sexisme ambiant" et "un racisme latent".

Face à ces violences, les dénonciations demeurent trop rares, en raison entre autres des "manœuvres de silenciation", des menaces de représailles, voire des procédures-bâillons employées aussi bien à l'égard des victimes elles-mêmes que des témoins.

La commission d'enquête émet 86 recommandations, parmi lesquelles : réglementer l'organisation des castings, encadrer les scènes d'intimité, interdire de sexualiser des mineurs à l'écran, accroître le recours à un référent "violences sexuelles", rendre systématique le déclenchement d'une enquête en cas de plainte... La commission appelle également au lancement d'une vaste enquête de victimisation afin de disposer d'éléments statistiques et objectifs.