Un rapport sénatorial publié le 8 octobre 2025 fait état des obstacles auxquels les filles et les femmes se heurtent dans les disciplines scientifiques et avance des pistes d’amélioration.
Des freins persistants
Alors que filles et garçons ont des résultats similaires en mathématiques en entrant au CP, les garçons ont une avance marquée quatre mois plus tard. L’écart se creuse ensuite car les enfants sont confrontés à des stéréotypes et des biais de genre :
- à la maison, les adultes encouragent plus la stimulation motrice et les jeux compétitifs chez les garçons, et les compétences langagières et sociales chez les filles ;
- à l’école, les garçons prennent davantage la parole. Ils sont interrogés sur des questions de réflexion, et les filles sur des questions de mémorisation ;
- les activités et objets culturels restent genrés (moins de 15% de femmes scientifiques dans les films et les dessins animés).
Au collège, les écarts de niveau se réduisent mais les filles ont moins d’appétence pour les mathématiques. Elles sont moins nombreuses à choisir cette spécialité en lycée général. 17% des bachelières poursuivant des études optent pour des disciplines scientifiques, contre 44% des garçons.
Les femmes représentent 33% des étudiants en sciences fondamentales à l’université, 25% des effectifs de classes préparatoires scientifiques et 20% de ceux des meilleures écoles d’ingénieurs. Elles préfèrent souvent des filières pluridisciplinaires et redoutent la faible mixité des cursus scientifiques, où elles subissent des agissements sexistes.
Dans les métiers scientifiques, les carrières féminines sont ralenties par des discriminations, des inégalités salariales (elles occupent peu de postes à responsabilités) et des violences sexistes et sexuelles (VSS). Une scientifique sur deux déclare avoir été victime de harcèlement sexuel au travail mais seule une sur cinq en a parlé au sein de son institution.
Or, la France doit former au moins 20 000 ingénieures et ingénieurs et 60 000 techniciennes et techniciens de plus chaque année afin de rester compétitive en matière scientifique.
Comment féminiser davantage les sciences ?
Face à ce constat, le rapport préconise :
- de renforcer la formation scientifique des professeurs des écoles, de les sensibiliser aux biais de genre et d’augmenter la représentation des femmes scientifiques dans les médias audiovisuels ;
- de faire connaître les filières scientifiques aux collégiennes et lycéennes, de favoriser l’intervention de femmes scientifiques dans les établissements scolaires, de former leurs personnels à la prévention et à la lutte contre les stéréotypes et d’instituer un service public de l’orientation sensibilisé aux enjeux d’égalité femmes-hommes ;
- d’expérimenter des quotas de filles dans l’enseignement supérieur scientifique, de mieux accompagner les étudiantes et de doter tout établissement d’enseignement supérieur d’un plan de lutte contre les VSS ;
- de faciliter le recrutement et la carrière des femmes et d’amplifier la lutte contre les VSS dans les secteurs scientifiques.