À l'occasion de la publication de l'édition 2025 de son "portrait social de la France", le 18 novembre 2025, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a consacré trois analyses aux hauts et aux très hauts revenus et patrimoines en France.
En 20 ans, le revenu moyen des foyers les plus aisés a plus que doublé en euros courants
D'après l'Insee, entre 2003 et 2022, le revenu moyen des foyers à très hauts revenus a plus que doublé en euros courants (+119%), soit une augmentation 2,6 fois plus forte que pour le reste des foyers fiscaux (+46%). Il est passé de 469 000 euros en 2003 à 1 million d’euros en 2022, soit une croissance annuelle moyenne de 4,7%, contre 2% pour les autres foyers fiscaux.
Cette augmentation est essentiellement portée par les revenus des placements financiers (capitaux mobiliers) des foyers les plus aisés, qui représentent en moyenne en 2022, 47% de l'ensemble de leurs revenus (contre 2% pour les autres foyers). Les traitements, salaires, pensions et retraites ne représentent que 38% des revenus des foyers les plus aisés, alors qu'ils représentent 90% des revenus des autres foyers.
Toutefois, selon les termes de l'Insee : "Sur la période 2003‑2022, les revenus des foyers à très hauts revenus ont, en outre, été plus volatils que ceux du reste de la population, en raison de chocs conjoncturels et de changements législatifs."
La crise des "subprimes" en 2008 et la crise des dettes souveraines en 2012 ont fortement fait baisser les revenus des foyers les plus aisés en 2009 et 2013.
Une part dans l'impôt sur le revenu en hausse mais un effort fiscal contenu
Selon l'Insee, en 2022, les foyers à très hauts revenus contribuent à hauteur de 10,7 milliards d’euros aux recettes d’impôt sur le revenu, soit 13% du total de cet impôt. La dernière tranche d’imposition concerne 93 800 foyers, dont 35 000 sont des foyers à très hauts revenus.
La forte croissance des revenus des plus aisés et la progressivité du barème font que la part de l’impôt sur le revenu payé par les foyers fiscaux à très hauts revenus s’est accrue en vingt ans.
Toutefois, le taux d’imposition moyen des foyers à très hauts revenus a diminué entre 2003 et 2022 en passant de 29,2% à 25,7%. Cela s’explique notamment par :
- la baisse du taux de la dernière tranche de l'impôt sur le revenu qui est passé de 48,09% en 2003 (avec sept tranches d'imposition) à 45% en 2022 (avec cinq tranches d'imposition) ;
- le plafonnement du quotient familial ;
- la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) qui est un impôt proportionnel sur les capitaux mobiliers (ces derniers ne faisant plus partie de l'assiette de l'impôt sur le revenu).