Conseil des ministres du 18 juin 2003. Orientation et programmation pour la ville et la rénovation urbaine.

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine a présenté un projet de loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine.
La politique de la ville et de rénovation urbaine constitue une priorité majeure destinée à maintenir la cohésion nationale. Le projet de loi marque une étape importante dans la politique sociale du Gouvernement.
La lutte contre les difficultés de toutes natures que connaissent de nombreux quartiers où vivent 6 millions d'habitants, pourra s'appuyer sur l'accord de tous les partenaires concernés, Etat, collectivités locales, organismes HLM, partenaires sociaux. Après qu'un diagnostic partagé a été établi pour simplifier les procédures, accélérer et augmenter les financements, un plan de 5 ans va permettre de modifier les conditions de vie dans ces quartiers. Des objectifs seront fixés dans le cadre de programmes établis pour chacun des 750 territoires classés en zones urbaines sensibles (ZUS) comportant des indicateurs précis, notamment dans les domaines de la santé, l'éducation, l'emploi, la tranquillité et la sécurité publique. L'exécution de ces programmes sera évaluée chaque année et fera l'objet d'un débat au sein de l'assemblée délibérante des collectivités concernées.
Le plan s'articule autour de 4 axes :
1° - Un programme de reconstruction urbaine représentant 30 milliards d'euros d'investissements sur 5 ans
Ce programme va permettre le réaménagement des espaces publics, des voiries, des équipements publics, et, bien sûr, la construction d'un habitat de qualité ou la réhabilitation de logements (avec un objectif de 200 000 constructions de logements locatifs sociaux, 200 000 réhabilitations ou restructurations lourdes, et de 150 000 à 200 000 démolitions de logements vétustes).
L'Agence nationale de rénovation urbaine, qui réunira l'Etat, la Caisse des dépôts et consignations, l'ANAH, l'Union sociale pour l'habitat, et l'Union d'économie sociale du logement gestionnaire du " 1% logement ", globalisera les financements nationaux à hauteur de 1,2 milliard d'euros par an sur 5 ans, et financera les projets de restructuration et de développement global des quartiers. En cas de difficulté, l'agence pourra porter le projet et apporter la majeure partie des financements.
Pour traiter les immeubles collectifs très dégradés et les copropriétés à l'abandon, les pouvoirs d'intervention du préfet et du maire sont renforcés.
Enfin, le projet de loi définit le cadre d'une meilleure gouvernance des sociétés anonymes HLM ainsi que les conditions de participation des collectivités locales et des habitants à leurs instances dirigeantes.
2° - Un soutien à la création d'emplois et à l'activité économique, portant sur 80 000 à 100 000 emplois.
La création de 41 zones franches urbaines (ZFU), qui viendront s'ajouter aux 44 ZFU existantes, va accélérer la dynamique de développement économique dans ces quartiers par l'implantation de petites entreprises, commerces et services. Les entreprises de moins de 50 salariés implantées dans ces quartiers bénéficieront de mesures d'exonération fiscale et sociale ; en contrepartie, un tiers des embauches devront concerner les habitants des quartiers en difficulté. Des actions d'accompagnement impliqueront les communes, les chambres consulaires, les associations d'insertion et les organismes de formation pour compléter ce dispositif au service de l'emploi.
3° - Le traitement des familles surendettées, notamment du fait d'" accidents de la vie " (chômage, veuvage, divorce, maladie).
Près d'un million de familles, dont la plupart vivent dans les quartiers en difficultés, sont en situation de surendettement. L'objet de la réforme du surendettement est de traiter la situation des personnes dans sa globalité et dans un délai rapide. Il s'agit d'éviter aux familles de basculer dans l'exclusion et de leur donner la possibilité d'un nouveau départ. La procédure de rétablissement personnel instituée par la loi s'inspire, en l'améliorant, de la " faillite civile " qui existe en Alsace-Moselle et dans de nombreux pays. Pour les personnes de bonne foi qui sont dans l'incapacité de faire face à leurs dettes, pourront être prononcées la suspension immédiate des poursuites, la vérification des créances, l'ouverture de la procédure de rétablissement personnel (procédure judiciaire, plan de redressement ou liquidation totale avec effacement des dettes ou effacement des dettes sans vente des biens).
Le rôle des commissions de surendettement de la Banque de France sera recentré et renforcé par un accompagnement social et juridique des familles. Le Gouvernement sera attentif à ce que les établissements de crédit ne soient pas incités à diminuer les prêts accordés du fait de ce dispositif.
4° - La solidarité envers les communes les plus pauvres
Une ligne de crédit spécifique dotée de 30 millions d'euros en 2003 permettra à l'Etat de soutenir les communes les plus en difficulté et de les aider à préparer leur projet de renouvellement urbain.
Complément des lois de décentralisation, le projet de loi apporte des réponses concrètes et durables aux villes les plus en difficulté par un changement radical de méthode et l'implication de tous les partenaires.