Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire et président de l'UMP, sur la proposition de zone franche et de pôle de compétitivité en Guadeloupe, le développement du tourisme et le projet de desserte aérienne assurant la continuité territoriale, Pointe-à-Pitre le 9 mars 2006

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  • Nicolas Sarkozy - Ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire et président de l'UMP

Circonstance : Déplacement aux Antilles les 9 et 10 mars 2006-rencontre avec les acteurs économiques de la Guadeloupe au complexe World Trade Center, le 9

Texte intégral

C'est la deuxième fois que je viens en Guadeloupe en tant que Ministre de l'intérieur, mais la première en qualité de Ministre de l'aménagement du territoire. Cette année, encore un peu plus qu'en 2004, je prends conscience de la richesse de l'archipel de Guadeloupe et de sa spécificité.
Pour comprendre cette terre singulière qui sait être chaleureuse mais aussi parfois dure, je sais qu'il faut faire preuve de raison mais peut-être, davantage encore, de passion. C'est pourquoi je viens vers vous tel que je suis, sans chercher à dissimuler ma nature : je suis un homme libre, passionné et toujours direct. Cela peut déplaire dans des milieux feutrés parisiens. Je suis certain qu'ici, que l'on soit d'accord ou non avec mes idées, le débat sera franc car les guadeloupéens ont du caractère.
Aujourd'hui, c'est à l'avenir qu'il faut consacrer toute notre énergie collective. La situation est complexe, je le sais. Il existe en Guadeloupe, sur le plan économique et social, des spécificités locales que j'apprends progressivement à connaître et à comprendre. Ce dont je suis néanmoins déjà sûr, c'est que la Guadeloupe, comme la France dans son ensemble, attend des changements. Notre pays a besoin de réformes profondes et j'ai confiance dans sa capacité à les conduire.
Notre modèle s'essouffle et les faits nous disent que la société française est bloquée, que ses rêves s'épuisent. Il faut, ici comme ailleurs, changer la façon de faire de la politique, changer la façon de traiter du chômage, changer aussi la façon d'assurer la solidarité. Les guadeloupéens rêvent de faire mieux que leurs parents et d'offrir encore mieux à leurs enfants, ils rêvent d'avoir un emploi, de progresser professionnellement, de créer leur entreprise, de s'acheter un logement ? C'est sur ces rêves que vous bâtirez une société dynamique, ouverte et tolérante.
C'est à la politique d'éclairer la voie concrète qui vous permettra de réaliser ces aspirations. Il n'y a aucune fatalité au chômage même dans un contexte insulaire contraint comme celui de la Guadeloupe. En revanche, cela demande de la volonté, de la continuité et de la sincérité dans les engagements. Il faut que la valeur du travail soit partout restaurée et que l'ensemble des forces vives du territoire progressent dans le même sens.
Je mesure la taille des défis que nous avons à relever ensemble en Guadeloupe. Aucun d'entre eux n'est hors de portée, car l'énergie de ce territoire, de ses femmes et de ses hommes, est immense.
La Guadeloupe a été en effet, durant les années 90, l'un des départements français les plus dynamiques sur le plan économique. Le taux de croissance de la richesse par habitant a été particulièrement élevé, en particulier grâce au rythme soutenu des créations d'entreprises. La richesse de votre région s'est accrue de plus de 27% en 10 ans ! Ces bonnes performances ont permis une amélioration significative du niveau de vie dans l'archipel. Il faut aujourd'hui conforter et amplifier cet élan.
En parcourant l'archipel, on perçoit que l'économie guadeloupéenne est en train de devenir une économie complète, contrairement à certains de ses voisins caribéens qui ont une économie de rente ou polarisée autour d'un secteur. La création régulière d'emplois a permis de passer d'un taux de chômage de 31% en 1999 à environ 24% aujourd'hui. C'est bien mais certainement pas satisfaisant.
La Guadeloupe dispose désormais des conditions d'un développement endogène. Ses atouts sont immenses: son exceptionnel patrimoine naturel, ses infrastructures, ses hommes et ses femmes. Et pourtant, il faut être lucide : les phénomènes récurrents de blocage qui risquent d'enrayer les mécanismes vertueux à l'oeuvre et de compromettre les acquis du développement économique existent toujours. L'enjeu n'est pas de savoir à qui revient la faute mais plutôt que chacun des acteurs concernés fasse sa part du chemin car la Guadeloupe mérite davantage de perspectives.
L'Etat, pour sa part, doit assumer ses missions régaliennes au premier rang desquelles se trouve la sécurité publique. Si le nombre de crimes et délits constatés est globalement en baisse, son niveau demeure trop élevé dans l'absolu. Ce niveau de délinquance est d'autant plus inacceptable que les faits commis sont parfois très graves. C'est la raison pour laquelle je suis venu en Guadeloupe traiter des questions de lutte contre la délinquance générale et de lutte contre l'immigration clandestine, priorité de notre action.
J'ai pour objectif la sécurité et la tranquillité des guadeloupéens au quotidien. La sécurité, c'est d'abord la liberté pour tous d'aller et venir sans redouter l'agression, et c'est aussi la liberté d'entreprendre et la loyauté de la concurrence. En d'autres termes, c'est la base du développement économique.
L'immigration clandestine qui se double, bien souvent, de travail dissimulé porte directement et gravement atteinte à l'équité entre les acteurs économiques. Certains font, sans scrupules, un calcul de court terme et pensent sortir gagnants de ce type de pratiques. En réalité, c'est un jeu perdant/perdant qui aboutit au nivellement vers le bas des conditions de sécurité des travailleurs, à des pertes de richesse pour les collectivités publiques, c'est-à-dire les services publics, et à des pertes de marché inacceptables pour les entreprises vertueuses.
Tout ceci est connu, la règle est simple et elle est le fruit d'acquis sociaux qui sont l'héritage de notre histoire commune. Elle doit donc être respectée et, en matière de lutte contre l'immigration et le travail clandestins, j'entends que l'Etat de droit soit respecté et qu'il n'y ait aucune tolérance en la matière.
De la même manière, une agression commise sur un touriste de passage porte préjudice, au-delà de la victime malheureuse, à l'ensemble du tourisme guadeloupéen et à l'image de l'île. Je n'accepterai pas que cela continue et j'entends faire de la Guadeloupe et plus largement des Antilles françaises une destination touristique sûre. C'est une réputation difficile à gagner mais nous devons, vous et moi, y arriver si l'on veut faire de la Guadeloupe un pôle majeur du tourisme dans la Caraïbe.
Là encore les réponses doivent être multiples. Elles passent par l'aménagement d'infrastructures urbaines adaptées, par le développement de la vidéo surveillance comme à Basse Terre et, bien sûr, par la mobilisation des forces de police qu'elles soient nationales ou municipales aux heures et sur les lieux de fréquentation touristique qui sont généralement bien connus.
Dans ce combat pour le développement économique, l'État vous doit la sécurité. Les collectivités locales et l'Union européenne font aussi avec lui un investissement considérable dans les infrastructures, le tourisme, la pêche, la formation. J'invite les différents acteurs du développement à redoubler d'efforts et d'imagination pour bâtir ensemble des projets d'avenir. Car c'est de votre énergie d'entreprendre et de votre créativité que dépend votre capacité à utiliser au mieux les crédits européens qui vous sont alloués.
Les partenaires sociaux ont, eux aussi, un rôle majeur à jouer. Soyons francs et directs : la Guadeloupe a souffert et souffre toujours d'un niveau de conflictualité particulièrement élevé. La confrontation des idées et des intérêts fait partie de la vie. Le combat syndical est légitime mais il ne peut aboutir à remettre en cause la liberté du travail, à mettre en péril l'outil de production ou à brouiller l'image d'une région entière. Cette image est votre actif le plus précieux et le plus fragile. Elle est très longue à construire, et très facile à détruire.
Je n'accepte, dans aucun département français, que le barrage routier soit une façon coutumière d'engager les discussions sans réelle recherche préalable de dialogue. Ces pratiques sont un poison lent qui attaque jour après jour le tourisme et la confiance des investisseurs, notamment les étrangers, qui éviteront toujours par principe, le risque et l'incertitude.
Cette situation dure depuis trop longtemps alors qu'elle n'a rien d'une fatalité. Il est temps que tous les partenaires, salariés, syndicats, patronat, s'engagent dans une relation gagnant/gagnant qui pourrait se traduire notamment par la mise en place de lieux de résolution des conflits "à froid". Cela veut dire un recours plus systématique aux procédures de médiation et l'organisation de formations communes à l'ensemble des partenaires sociaux. Pourquoi ne pas constituer pour cela un véritable organisme de formation où les employeurs et les salariés apprendront à construire un dialogue mais aussi échangeront sur les questions sociales. Ce véritable apprentissage du dialogue social a démontré son utilité dans d'autres territoires.
Quant à elles, les collectivités locales, accompagnées par l'Etat doivent poursuivre leur mobilisation en faveur de l'aménagement du territoire afin de rééquilibrer les bassins de vie et d'améliorer les infrastructures de liaisons. C'est ce que préconisent, d'ailleurs, le "Schéma d'aménagement régional" et le "Plan d'action stratégique de l'Etat". C'est une des conditions du développement durable de ce territoire.
C'est dans ce cadre sécurisé, apaisé et plus équilibré que la Guadeloupe pourra exprimer ses formidables potentialités. Car votre territoire dispose d'une grande variété de secteurs d'avenir.
Bien sûr, les activités traditionnelles ne doivent surtout pas être négligées. Je pense notamment à l'agriculture et, tout particulièrement, à la canne et à la banane qui sont des secteurs importants pour l'économie, l'aménagement du territoire mais aussi le patrimoine culturel de l'archipel.
Mais je suis aussi convaincu que la Guadeloupe a les moyens de s'engager dans une démarche ambitieuse de recherche de qualité dans des secteurs plus nouveaux, seule façon de pouvoir s'imposer sur un marché européen et, a fortiori caribéen, où les coûts de main d'oeuvre et de production sont et seront durablement inférieurs aux nôtres.
Non seulement je suis persuadé que la Guadeloupe peut réussir mais je crois qu'elle peut être une terre d'excellence pour peu, qu'autour des grands enjeux de développement, la mobilisation de tous, soit réelle et transcende les clivages politiques ou syndicaux parfois sclérosants. C'est pourquoi j'observe avec espoir la mobilisation des entreprises, de l'enseignement supérieur et des centres de recherche et de formation guadeloupéens, qui ont tous décidé de fédérer leurs efforts autour de l'innovation. Ils ont signé ce matin une déclaration qui les mobilise pour fonder un projet de pôle de compétitivité. Un pôle de compétitivité, c'est la recherche-développement privée et les laboratoires publics qui s'associent pour développer de nouveaux produits, de nouveaux services, à forte valeur ajoutée. J'ai lancé cette démarche au ministère des Finances il y a 18 mois. Après la métropole, c'est aujourd'hui la Guadeloupe qui s'y engage, et c'est avec plaisir que je demande aujourd'hui à la Datar, devenue la Diact, d'apporter un soutien technique particulier, ici même, à votre démarche.
Je pense, par ailleurs, que le créneau des technologies innovantes est un des secteurs à explorer davantage même si l'économie guadeloupéenne est déjà dynamique en la matière; je pense notamment à la fabrication de logiciels de gestions d'entreprises ou à la conception de sites Internet. L'arrivée du câble "Guadeloupe Numérique", qui sera mis en service prochainement grâce l'implication de tous, permettra de démultiplier le trafic et dès lors de réduire les coûts d'accès.
Je salue l'effort remarquable entrepris en ce domaine et le choix stratégique pertinent que la Guadeloupe a fait d'investir dans cette infrastructure numérique. Et comme il m'apparaît un axe formidable de développement et de désenclavement de votre île, j'investirai les moyens du Ministère de l'aménagement du territoire pour qu'à la Guadeloupe comme dans le reste des départements d'outre-mer, l'Internet à haut débit soit proposé au même prix qu'en métropole, à qualité et débit égal.
Je serai également attentif à cet autre volet de la continuité territoriale qu'est la desserte aérienne. Les conditions dans lesquelles elle s'effectue actuellement ne sont pas pleinement satisfaisantes. Nombreux sont les usagers qui se plaignent de l'insuffisance des sièges offerts, de la qualité des services et du manque de transparence dans la fixation de tarifs par ailleurs jugés trop élevés. C'est d'abord un handicap pour les "Domiens", qu'ils résident Outre-mer ou dans la métropole. Mais c'est aussi un frein au développement de l'économie touristique.
C'est pourquoi j'ai lancé en décembre une mission d'inspection pour examiner les moyens d'améliorer la continuité territoriale entre la métropole et les collectivités d'outre-mer. Je viens de signer la lettre de mission. J'ai demandé en particulier aux inspecteurs d'évaluer la possibilité de plafonner le prix des billets, surtout lorsqu'ils sont achetés à l'aide des subventions publiques. Je crois qu'il faut aussi s'interroger sur les obligations de service public : elles interdisent actuellement de compléter l'offre régulière avec des vols secs charters. Je ne suis pas sûr que cela profite aux ultra marins en période de pointe.
Dans ce dossier difficile, il faut se garder d'initiatives mal calibrées qui déstabiliseraient le marché au détriment de tous. Mais je suis convaincu qu'il est possible de trouver des réponses responsables et volontaristes aux insuffisances actuelles. Je sais combien ce sujet est sensible et important pour vous. La mission me remettra son rapport en mai, je ferai des propositions d'action dans le mois qui suivra.
Enfin, le tourisme apparaît de façon toujours claire comme une voie majeure d'avenir. Il a connu récemment un repli mais vous n?avez pas d'autre choix que de l?inverser et d'effacer ce recul. Le tourisme demeure un secteur majeur de l'économie guadeloupéenne puisqu'il représente près de 3000 entreprises et emploie environ 15 000 personnes.
La concurrence est néanmoins plus dure qu'auparavant et il est irréaliste de lutter sur le seul terrain des prix quand les charges d'exploitation auxquels doivent faire face les entreprises de tourisme des départements français des Antilles sont si nettement supérieures à celles des îles étrangères de l'arc antillais. C'est donc sur le plan de la qualité qu'il faut se distinguer, c'est-à-dire notamment sur l'état du bâti, la diversité de l'offre touristique et la chaleur de l'accueil. Chaque salarié du secteur touristique doit avoir conscience qu'il est porteur de l'image de son île. C'est une réelle et permanente responsabilité.
Cependant, je vais être sincère : je suis persuadé que même si les efforts fournis localement en termes de qualité et d?innovation sont importants, ce seul axe d'effort ne suffira pas. Il faut donner à l'économie locale les moyens d'un développement plus endogène, c'est-à-dire la possibilité d'un développement ancré dans son contexte régional et moins exclusivement tourné vers la métropole.
Pour que les échanges économiques soient plus équilibrés et qu'ils soient davantage tournés vers les pays proches qui ont, pour la plupart, des coûts de fonctionnement très nettement inférieurs aux nôtres, il faut agir sur la fiscalité des entreprises en l'adaptant au contexte local. L'objectif est de réduire, au moins pour une part, l'écart de compétitivité avec les entreprises des pays environnants. C'est en générant davantage d'activités productives que l'on créera plus d?emplois durables.
C'est pour cela qu'après avoir travaillé depuis plusieurs mois à cette question avec certains d?entre vous, je pense qu'une formule de zone franche novatrice serait opportune car elle aurait le mérite de la simplicité et un fort pouvoir d'attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers. Mais attention ! L'idée n'est pas de faire de la Guadeloupe un paradis fiscal artificiel qui dénaturerait l'identité du territoire et serait d'ailleurs probablement irréalisable, compte tenu des contraintes européennes en la matière.
L'idée serait de faire de la Guadeloupe une « zone franche globale » durant un certain nombre d'années, le temps qu'un réel décollage économique général s'opère. Les entreprises exerçant une activité réelle sur le territoire martiniquais se verraient exonérées d'impôt sur les sociétés, selon des modalités à préciser. Cette exonération s'étendrait à la taxe professionnelle dans une proportion à définir en partenariat avec les collectivités locales. En ce qui concerne les charges sociales, les mesures d'exonération prévues par la Loi d?orientation pour l'Outre-mer (LOPOM) seraient maintenues dans leur principe.
Ce dispositif global et puissant devrait être évalué au bout de quelques années. S'il fonctionne, ce que je crois, il faudra le maintenir jusqu'à ce que la Guadeloupe porte son économie à un niveau proche de la moyenne de l'Union européenne. C'est alors, toujours sur l'ensemble du territoire, une « zone franche d'activité », concentrée sur les seuls secteurs les plus porteurs, qui prendrait progressivement le relais de la « zone franche globale ».
Un tel système, qui doit être parfaitement respectueux des acquis sociaux, aurait bien entendu, un coût en terme de « manque à gagner fiscal » mais le gain économique et social qui en découlerait serait probablement, à terme, bien supérieur! Je pense, pour ma part, que le contexte très spécifique de la Guadeloupe légitime une approche de cette nature. Ce n'est finalement que l'application, à ce territoire, du principe « d'égalité des chances ».
Il ne faut pas se le cacher, ce projet est très ambitieux et complexe à porter, notamment auprès de Bruxelles, mais je suis convaincu que l'enjeu mérite que l'on s'engage dans la bataille. Ce qui est en jeu, ce n'est pas « une mesure fiscale de plus », c'est la fondation d'un projet économique nouveau qui, pour produire tous ses effets, exigera des acteurs économiques locaux d'importants efforts.
Sur le chemin qui reste à parcourir, je voudrais vous dire de la façon la plus simple, mais aussi la plus sincère, que vous pourrez toujours compter sur moi et sur ma volonté d'impulser le changement partout où cela est nécessaire.
La France doit vivre avec le grand large. A cet égard, vous êtes, et vous serez plus encore demain, j?en suis sûr, l'un des pivots de l'influence française et européenne dans la région. Entre le continent nord-américain et le continent sud-américain dont l'essor est engagé, vous êtes à la frontière de tous les possibles, de toutes les opportunités. Avec l'appui de la métropole, il vous revient de les saisir en vous mobilisant et en exploitant de façon originale les voies de votre développement.
Mesdames et messieurs, j'en ai la conviction, ce chemin vous allez l'emprunter ! Et nous l'emprunterons ensemble car notre pays ne divise pas ses efforts ni sa solidarité. La France est plurielle, mais elle n'a qu'un cap et qu'une ambition collective autour de laquelle nous bâtirons nos espérances.

Source http://www.interieur.gouv.fr, le 14 mars 2006