Texte intégral
Je vous remercie pour votre intervention.
Je vous remercie aussi, et cela ne métonne pas vraiment mais je vais y revenir, de vous voir aussi nombreux ce matin sur ces questions.
Je voudrais vous présenter mes excuses pour être arrivée après le début de cette table-ronde, mais jétais au Conseil des ministres, donc je ne pouvais pas vous rejoindre plus tôt. Je voudrais vous dire aussi à quel point la ministre en charge du logement et de légalité des territoires que je suis est reconnaissante à légard des élus locaux et des maires.
En effet je sais que vous êtes les premiers et les premières sur le front du logement. Cette question du logement, ce bien de première nécessité qui nest pas un bien comme un autre, est extrêmement douloureuse lorsque vous êtes confrontés à des jeunes qui ont des difficultés à sinstaller, qui ne peuvent pas quitter le logement de leurs parents, à des gens qui, parce que leur famille sagrandit, risquent de devoir quitter la commune à laquelle ils sont attachés ; lorsque vous avez à faire des arbitrages très compliqués quand vous lancez une opération de logements, pour pouvoir assumer la réalisation déquipements publics qui doivent aller de pair, et qui sont difficiles parfois à financer Tout cela, je le sais.
Je sais à quel point aussi vous êtes sensibles à ce sujet, à quel point vous êtes mobilisés sur ces questions, et je veux vous assurer de mon soutien et de la vraie préoccupation du gouvernement sur ces questions daménagement et de logement.
Les questions demploi, de logement, sont absolument centrales et tout à fait liées, je le dis parce que nous avons eu récemment un débat sur la question de la compétitivité : une des difficultés de notre pays est le coût du logement. Vous avez pointé laugmentation très importante du coût du foncier, mais des études parues il y a deux jours montrent quaujourdhui, pour devenir propriétaire dans certaines régions, il faut 50 000 euros dapport et 4 000 euros de revenus nets par mois. Vous imaginez bien le nombre de familles qui sont de fait exclues par exemple de laccession à la propriété.
La question du logement social nest pas non plus épuisée puisquil y a aujourdhui en France 1,7 million de familles en situation dêtre demandeuses dun logement social.
Nous sommes donc dans une situation très compliquée, dans laquelle vous êtes en première ligne, et que nous devons prendre à bras-le-corps.
Pour cela, il faut faire feu de tout bois, si jose dire, et agir de façon pragmatique sur lensemble des sujets simultanément : la question du logement ne peut pas être traitée indépendamment de celle de laménagement, de la question foncière, de la question, vous lavez dit, madame la vice-présidente, de lintercommunalité, de la capacité à agir avec souplesse, mais aussi en dépassant certaines échelles, et cest pour cela que nous allons travailler sur un certain nombre de sujets.
Je ne reviens pas sur la loi qui vient dêtre votée hier soir à lAssemblée nationale, qui est une loi à la fois de mobilisation sur le foncier et de renforcement des obligations de construction de logement social. Je dis seulement, sur cette question, quil y a dix ans, douze ans exactement, au moment du débat sur la loi SRU, les débats avaient été extrêmement tendus. Cette obligation dun « plancher » de logement social allait être inatteignable dans les communes situées dans les zones denses et dans les zones tendues, était pour certains une atteinte à la libre administration des collectivités locales Je dois dire, pour men féliciter, mais aussi avec simplicité, que les débats que nous avons eus et je parle à côté du sénateur JARLIER tant à lAssemblée nationale quau Sénat, ont montré que tous ceux qui sexprimaient en défaveur de cette loi ce nétait pas votre cas disaient : « mais la loi que nous avons aujourdhui est très bien, elle suffit ». Cest-à-dire quil ny a plus aujourdhui de critique sur cette nécessité de créer de la mixité sur lensemble du territoire.
Et cest nécessaire parce que lune des questions à laquelle vous devez faire face est la question qui a été pointée ici de la place des petites communes et de léquilibre au sein des intercommunalités, en particulier des communautés de communes. Cest que nous devons être en situation de réparer une aggravation des inégalités que nous pouvons constater depuis dix ans.
La réalité de légalité des territoires, cest que les moyennes, en particulier en ce qui concerne les revenus ou lattractivité économique, se sont rapprochées entre les régions, mais elles se sont creusées au sein des régions. Il y a certains territoires je pense en particulier à certains territoires hyper-ruraux, mais aussi à des territoires au sein même des agglomérations ou des métropoles qui ont décroché par rapport aux territoires voisins. Et cest extrêmement difficile, pour les élus locaux et pour les populations, de faire face à ce sentiment dinégalité croissante entre territoires. Cest pourquoi il faut absolument travailler sur la mutualisation, sur la capacité de disposer des moyens de réponse, et je pense en particulier à lingénierie.
Je veux, devant vous, dire une chose qui nest pas très confortable à dire quand on est ministre, et qui na pas été dite depuis des années : il y a trente ans, en 1982, la compétence urbanisme, et notamment la signature des permis de construire, a été pleinement déléguée aux communes. Mais nous avons conservé au sein des services de lEtat les services dinstruction de ces mêmes permis, avec un double phénomène : je sais que certains dentre vous ont parlé du côté « tatillon », des délais, voire même ont exprimé des insatisfactions à légard de ces services, qui subsistent toujours, trente ans après. Et dans le même temps, vous avez pu constater, et ce nest pas un secret, que les contraintes financières qui pèsent sur lEtat ont conduit à ce que ces services et ces personnels diminuent dannée en année, et sur certains territoires de manière extrêmement importante, ce qui ne permet plus aux personnels des services déconcentrés de lEtat de remplir normalement leurs missions.
Mais cela sest fait sans bruit, sans être assumé, sans dire de façon franche aux communes : « vous avez cette compétence depuis maintenant trente ans, assurez-là pleinement. Prenez-là à bras-le-corps, y compris linstruction ». De fait, nous avons conservé cette compétence théorique que nous navons plus les moyens dassurer, cest une réalité. Donc il faut vraiment que nous nous mettions en situation, lEtat comme les communes, de passer à une autre phase.
Passer à une autre phase, cela veut dire considérer néanmoins et je reviendrai sur lintervention du maire de Gassin parce quelle est très intéressante quil faut que nous prenions en considération le fait quil doit être conservé une part, jallais dire presque régalienne, relative au droit des sols, et une expertise, en particulier une expertise de très haut niveau, très pointue, sur des situations très spécifiques. Je veux parler en particulier de la gestion du risque inondation, par exemple : nous avons intérêt à conserver au niveau national une expertise de très haut niveau dont les collectivités ne peuvent pas et ne pourront pas se doter, concernant les risques sur les territoires sensibles, qui soit à disposition des communes qui en ont besoin. Cest de la responsabilité de lEtat dassurer cette mutualisation.
Mais pour les fonctions simples, je me dois de vous dire que celles-ci doivent être prises en compte par les collectivités. Cela ne veut pas dire que toutes les communes devront se doter dun service dinstruction, je sais que ce nest pas possible. Mais quen revanche, la dimension intercommunale et je ferai le lien avec la question du PLU intercommunal doit être mieux prise en compte.
Les grandes collectivités, en particulier les métropoles et je le dis sous le contrôle de Monsieur le président RETIERE qui ma entendue le dire à lAssociation des communautés urbaines de France doivent pouvoir faire bénéficier des communes qui sont à proximité, même si elles ne sont pas dans leur intercommunalité, de ce niveau dexpertise très important quont atteint, par exemple, les agences durbanisme. Il faut le dire, je pense que nous pouvons inventer une autre manière de faire bénéficier lensemble du territoire de cette mutualisation dexpertise qui existe. Je le dis en présence du président des établissements publics : il faut que nous terminions la carte des établissements publics fonciers, et leurs déclinaisons en EPFL [NDLR : établissement public foncier local], qui sont, je pense, loutil déterminant pour sattaquer à ce qui a été pointé sur laugmentation du coût du foncier.
Oui, est-il normal, lorsque la collectivité fait des investissements très importants pour améliorer les transports publics, que la rente foncière dégagée par la plus-value sur ces terrains qui disposent dun meilleurs accès bénéficie aux seuls propriétaires et rende parfois impossible la construction déquipements publics ou de logements sociaux parce que le prix du foncier a tellement augmenté ?
Cette question foncière, nous devons la prendre à bras-le-corps, et pas de manière principielle, de manière très pragmatique et très concrète, et ce nest pas un sujet facile de jallais dire, si je voulais être un peu provocatrice réguler le prix du foncier. On voit bien que cest un changement de réalité par rapport à tout ce que nous connaissons aujourdhui. Néanmoins, à chaque fois que je me déplace, jentends les élus locaux dire que cest lune des difficultés principales à laquelle vous devez faire face. Donc nous devons le prendre en compte, et cette question sera débattue dans le cadre du futur projet de loi, je reviendrai sur le canevas de ce projet. Mais je crois vraiment quil faut décloisonner les expertises, il faut que lensemble de lingénierie jai parlé des EPF, jai parlé des agences durbanismes, des ingénieries de très haut niveau puisse être accessible à lensemble des collectivités locales.
Pour que cela fonctionne mieux, je crois profondément et cest un message que jai envie de vous donner à la fois en ayant été une élue francilienne et en ayant des attaches très profondes en Lozère et dans les Landes, deux territoires où les petites communes rurales doivent assumer beaucoup de choses que lintercommunalité de projet, quest, par essence, un plan local durbanisme, est une force et un confort pour les élus locaux que vous êtes ; une force et un confort, parce que penser à plusieurs, travailler cette solidarité, se mettre autour de la table, crée davantage dintelligence collective, mutualise les coûts de lélaboration des documents durbanisme, disons les choses franchement parce quil faut le dire.
Y compris en zone rurale, ces plans locaux durbanisme intercommunaux seront utiles pour les élus locaux, pour les élus communaux. Je pense quon peut très bien imaginer que cette compétence, notamment celle de la délivrance des permis, soit conservée par les maires, mais que travailler aux plans durbanisme intercommunaux sera une avancée et un confort pour les élus locaux.
Je le dis parce que lexpérience sur les SCoT est assez édifiante. Vous savez que les SCoT sont des projets de territoires bien plus larges, qui nont pas de valeur normative, mais qui sont le lieu délaboration de discussions, de mise en commun, et jai constaté que tous les élus qui ont mis en place ce type de dispositif en sont très heureux, et ces dispositifs, de fait, deviennent la base de la déclinaison territoriale dun projet de territoire.
Ce saut, qui saccompagnera dune mutualisation de lingénierie et dun rapprochement de lingénierie du niveau de proximité, sera extrêmement utile. Et cela va de pair je le dis en tant que ministre avec sans doute un changement de relation entre lEtat et les collectivités locales. Trente ans après le début de la décentralisation effective, le temps de légalité des territoires et dune nouvelle relation basée sur la contractualisation, y compris sur la contractualisation avec les territoires, entre lEtat et les collectivités locales, est importante.
Je pense quil ne doit pas y avoir de relation de défiance ni des uns vis-à-vis des autres, ni des autres vis-à-vis des uns, mais quil doit y avoir une juste répartition des rôles. Le rôle de lEtat, sur ces questions daménagement, sur ces questions de logement, ne doit pas être un rôle dautorité, un rôle uniquement de contrôle froid a posteriori. Il doit être un rôle délaboration conjointe de points dappui pour les communes dans lélaboration de leurs documents, de conseil, daccès à ces ressources dingénierie de très haut niveau dont jai parlé. Il existe, dans les services de lEtat, et je veux leur rendre hommage, des fonctionnaires qui sont extrêmement pointus, précis, de très grande compétence en matière de droit des sols, et je crois quils ne méritent pas le délaissement dont ils ont fait lobjet ces dernières années avec un positionnement peu clair, et je crois vraiment que nous pouvons inventer de nouvelles relations sur ces questions, qui seront utiles pour vous comme pour lEtat.
Cest dans ce sens que je souhaite la concertation est en cours voir émerger un commissariat général à légalité des territoires qui ne sera pas une nouvelle structure mais une refonte de ce quest aujourdhui la DATAR, héritage dun temps où lEtat décidait pour les territoires, où il y avait une vraie réflexion prospective extrêmement utile, mais une vision de supériorité sur les élus locaux, il faut le dire. Il faut que lon fasse naître une nouvelle relation, mais qui ne doit pas non plus être une relation de défiance permanente des collectivités locales à légard de lEtat, qui doit être perçu non plus comme une autorité écrasante mais comme un partenaire dans lélaboration de ces projets de territoire.
Je voudrais faire quelques petits points précis :
Sur la question de la foncière, je suis consciente de la difficulté, je le dis aux élus locaux confrontés à cette réalité. Vous avez raison, il y a quelque chose qui dysfonctionne et nous allons aborder ce sujet.
Je le dis aussi, sur la question de lexpérimentation, je crois que nous devons pouvoir, là aussi, aller dans les deux sens, cest-à-dire rendre possible certaines expérimentations, mais faire en sorte que certaines dentre elles puissent être mutualisées quand elles fonctionnent. Je parle librement devant vous, mais par exemple sur des questions liées à lénergie, les territoires à énergie positive qui ont fait la démonstration dans certaines zones rurales, dune mutation très importante, portée dailleurs par les élus et par les habitants de ces territoires, peuvent faire lobjet dun retour dexpérience vers dautres collectivités locales. Là aussi, dans cette nouvelle relation, lEtat peut jouer un rôle important.
Je vous dis quelques mots sur le projet de loi qui va être débattu à la fin du 1er semestre : lidée de ce grand parce quil sera grand en termes dampleur et en termes de substance projet de loi, cest de revoir un certain nombre de questions liées à lurbanisme, au logement, évidemment de travailler sur des questions très concrètes, mais aussi de faire en sorte dêtre dans une démarche de clarification et de simplification.
Je voudrais, par exemple sur ce débat des normes, être assez claire, et peut-être un peu provocatrice parce quil ny a pas ici que des parlementaires mais beaucoup délus locaux, mais les mêmes qui se plaignent parfois des normes sont ceux qui les votent et qui demandent à lEtat de les appliquer. Ce nest pas lEtat, ni les fonctionnaires de lEtat en charge de lapplication de ces normes qui sont les responsables de leur existence, je voudrais le dire avec netteté. Donc il faut aborder ce débat de manière courageuse au niveau parlementaire. Cela veut dire que sur certains sujets il faut être capable de dépasser certaines difficultés.
Sur les normes en matière environnementale : je lai dit à un certain nombre de professionnels, les normes en matière defficacité énergétique ont été depuis les années 70 déterminantes. Ces normes et jy reviendrai, ce sera ma conclusion parce que jai un appel solennel à vous lancer, à vous, élus municipaux ont été très efficaces parce quelles ont fait progresser, à coûts quasiment constants la qualité énergétique des bâtiments.
Laugmentation du coût des opérations est essentiellement liée à laugmentation du coût du foncier, et la question des normes est marginale, exception faite des normes en matière de handicap où chacun constate effectivement que les choses sont compliquées. Mais il faut garder à lesprit lidée que si cette loi a été votée à lunanimité de lAssemblée nationale en 2005, cest bien quelle répond aussi à une attente sociale très forte. Ces deux éléments doivent être pris en compte, ils ont fait progresser les choses.
En revanche, ce qui me semble évident, cest quen matière de droit de lurbanisme notamment, nous avons empilé les dispositifs. Je vais vous donner un exemple : en matière de densification, il y a aujourdhui quatre dispositifs que lon peut insérer dans les PLU, peu connus des élus, qui nécessitent une grande expertise. Je pense que nous allons réussir à faire en matière durbanisme un travail de clarification. Ce sera beaucoup plus simple et cela vous permettra aussi daller plus vite, davoir une meilleure appréhension du droit de lurbanisme. Ce nest pas un travail simple mais je crois que tout le monde est assez daccord sur le fait que nous pouvons le faire.
Il y aura évidemment la question des documents durbanisme qui sera évoquée à ce moment, ou peut-être à loccasion du débat sur la décentralisation, la question est ouverte. Mais, et je compte en fait sur lAssociation des maires de France, sur une forme dévolution concernant ces PLU intercommunaux ; je crois profondément que cela peut être une chance et un point dappui pour les élus locaux. Ce nest pas une approche idéologique, au contraire, cest une approche très pragmatique dans un moment où nous devons nous serrer les coudes, du fait de la nécessité de redresser les finances publiques, à tous les niveaux et aussi au niveau communal. Cest un outil de projet mais aussi un outil de mutualisation de moyens.
Enfin, il y aura aussi des questions très pratiques, je pense à la révision de deux lois très anciennes, la loi de 1970 sur les agences immobilières et les professionnels de limmobilier, qui nécessite dêtre revue, et la loi de 1965 sur les copropriétés, qui elle aussi provoque des situations de blocage assez avérées, en particulier en matière de rénovation mais pas seulement, et nous y travaillons avec la chancellerie. Vous comprendrez bien que tenter de réformer une loi de 1965, cest un exercice de haute voltige, mais je crois que nous allons y arriver.
Je voudrais faire un petit point sur la question de lhabitat indigne, parce que nous souhaitons aussi dans cette loi donner aux élus locaux les moyens dagir. Jai bien vu les résultats de létude concernant qui doit avoir la compétence, mais ce qui est sûr cest quil faut avoir les moyens dagir face aux marchands de sommeil. Tout le monde ici dans cette salle sait ce quest un marchand de sommeil, or cela na aucune qualification juridique aujourdhui. Les élus sont parfois très désarmés devant des gens de très mauvaise foi qui profitent des failles de la loi pour mettre parfois en péril la vie de personnes qui se trouvent dans des situations impossible. Et ce problème est renforcé par la crise du logement. Donc nous donnerons aux élus locaux les moyens dagir face aux marchands de sommeil, moyens dont ils manquent actuellement.
Je voudrais dire une chose à monsieur le maire de Gassin. Tout dabord, lui dire quil a beaucoup de chance de pouvoir bénéficier sur son territoire de la présence des tortues dHermann. Il sagit dune espèce en voie de disparition, reconnue comme en voie dextinction par les instances internationales de protection de la faune.
Je crois que cette question de la biodiversité ne doit pas être prise de manière caricaturale. Pourquoi ? Parce que si on dit « trois tortues contre cent-vingt logements » on ne sen sort pas ; pas plus que vous ne vous en sortez lorsque vous avez deux dossiers de demande de logement et un seul logement ; lorsque vous avez dun côté une femme seule avec deux enfants et de lautre un homme qui doit quitter le domicile conjugal avec son fils et qui dort dans sa voiture. Il faut faire des arbitrages difficiles et je sais que vous savez à quel point cest délicat.
Il ny a pas de solution évidente. Notamment si lon parle du problème dartificialisation des sols, cest une situation dramatique, et dramatique pour les agriculteurs. La perte dun département tous les sept ans, cest quand même un problème majeur. Cest un problème majeur que dans les bourgs ruraux il soit plus facile de construire à lextérieur des maisons de moins bonne qualité sur des anciens terrains agricoles que de faire de la ville sur la ville ; et on laisse vides des maisons en centre ville qui deviennent des dents creuses, qui vident de sa vie le centre du bourg Bien sûr que cest un sujet difficile !
Mais il faut, même si cela nécessite des modifications législatives, affronter ensemble ce problème et ne pas caricaturer ce débat. Ne pas caricaturer le rôle des fonctionnaires de lEtat, pas plus que légoïsme des élus locaux. Ne pas caricaturer la protection de la biodiversité et la nécessité de construire du logement.
Je pense que cest vraiment en essayant daborder les choses de manière intelligente, sans chercher à trouver quel est le coupable ou lerreur dans le dispositif, que nous trouverons des solutions, et je constate dailleurs que la solution a été trouvée : cela ne me semble pas aberrant dessayer de préserver de la flore qui a réussi à pousser puisque vous avez entretenu un coupe-feu en lisière de zones habitées ; cest une chose absolument essentielle et je pense que cest une très bonne chose que les élus locaux soient en situation déviter le risque incendie pour leur population.
En conclusion, je vais vous lancer un appel :
Le gouvernement va lancer un chantier absolument essentiel qui est celui de la rénovation thermique des bâtiments et de la transition énergétique.
Aujourdhui, nous constatons une aggravation du dérèglement climatique. Cela, chacun le sait, vous avez vu le dernier rapport de la Banque mondiale, il est extrêmement inquiétant. Mais parallèlement, il y a aussi une aggravation de la précarité énergétique. Quest-ce que signifie précarité énergétique ? Cela veut dire majoritairement des personnes âgées qui vivent dans une maison des années 60-70 qui est une passoire thermique, qui nont plus les moyens de se chauffer. Cela veut dire, par conséquent, une difficulté de vie au quotidien, une vie sociale qui saffaiblit parce quon ninvite pas des gens chez soi quand il fait 12 °, cela veut dire aussi des conséquences sur la santé, et plus particulièrement lorsquil sagit de personnes âgées.
Nous allons trouver les moyens dun grand plan de rénovation énergétique, y compris les moyens financiers. Nous allons lever un certain nombre de difficultés qui sont du ressort de lEtat, je pense en particulier à la nécessité de mettre au plus près des territoires un guichet unique, un numéro vert qui permettra à tous les propriétaires de pouvoir interroger de manière très simple et davoir des réponses très simples.
Mais nous avons besoin davoir accès à ces personnes, à ces familles, aux particuliers. Et je pense que ceux qui sont confrontés au quotidien à cette question, cest vous. Ce sont les mairies qui distribuent, dans leurs centres communaux daction sociale des bons ou un peu dargent pour aider à payer la facture énergétique. Cest vous, avec notamment les bulletins municipaux, dont je sais quils sont parmi les presses des plus lues dans ce pays, qui pouvez avoir accès et donner confiance à tous ceux qui noseront pas faire ce pas.
Nous, nous avons la responsabilité de trouver les moyens, mais il faut que les propriétaires occupants en situation difficile aient la volonté de faire la démarche. Pour cela, jai besoin de votre aide, de laide des 36 000 maires de France pour faire en sorte que ce projet soit partagé.
Nous allons trouver les moyens de rendre médiatiquement lisible ce dispositif, pour faire en sorte aussi que les professionnels soient formés, pour quil y ait limplication de tous les secteurs. Cest aussi un enjeu économique majeur, ce sont des dizaines de milliers demplois durables, non délocalisables, au plus près des territoires, dans les TPE et les PME. Cest un chantier majeur et cest sans doute un des chantiers décisifs de ce début de millénaire.
Mon appel est très solennel mais très sincère, et jespère que lAMF pourra être un relais efficace : nous aurons besoin que vous soyez le pivot dinformation qui permettra à tous ceux et toutes celles qui en ont besoin davoir confiance, de se lancer et davoir accès au dispositif dEtat.
Aujourdhui il en existe, je vais vous donner un chiffre : il y a encore 500 millions deuros issus du grand emprunt, qui nont pas été utilisés. Il se trouve que la ministre que je suis a fait comme la tortue avec ce budget en disant « non, non, il ne faut pas le réattribuer », parce que la tentation est forte de se dire que si ce nest pas dépensé, cest quil ny en a pas besoin, on peut en faire autre chose, surtout par les temps qui courent.
Il faut que cet argent soit utile, cest décisif pour lamélioration du quotidien de millions de personnes dans notre pays. Jespère donc que nous trouverons les moyens très opérationnels de faire en sorte que sur lensemble de vos communes vous soyez les ambassadeurs de ce grand projet dans les mois qui viennent.
Dici là, je vous réaffirme mon attention, ma disponibilité. Tous les maires qui ont des problèmes de tortues, dautres animaux, ou des problèmes de logements, ou des problèmes de bouclage de budget seront toujours les bienvenus. Nhésitez pas à mécrire, je pense que cette nouvelle relation entre lEtat et les collectivités locales que jappelle de mes voeux, cest aussi sans doute une relation entre la ministre et les maires.
Nhésitez pas.
Je vous remercie beaucoup.
Source http://www.amf.asso.fr, le 23 novembre 2012
Je vous remercie aussi, et cela ne métonne pas vraiment mais je vais y revenir, de vous voir aussi nombreux ce matin sur ces questions.
Je voudrais vous présenter mes excuses pour être arrivée après le début de cette table-ronde, mais jétais au Conseil des ministres, donc je ne pouvais pas vous rejoindre plus tôt. Je voudrais vous dire aussi à quel point la ministre en charge du logement et de légalité des territoires que je suis est reconnaissante à légard des élus locaux et des maires.
En effet je sais que vous êtes les premiers et les premières sur le front du logement. Cette question du logement, ce bien de première nécessité qui nest pas un bien comme un autre, est extrêmement douloureuse lorsque vous êtes confrontés à des jeunes qui ont des difficultés à sinstaller, qui ne peuvent pas quitter le logement de leurs parents, à des gens qui, parce que leur famille sagrandit, risquent de devoir quitter la commune à laquelle ils sont attachés ; lorsque vous avez à faire des arbitrages très compliqués quand vous lancez une opération de logements, pour pouvoir assumer la réalisation déquipements publics qui doivent aller de pair, et qui sont difficiles parfois à financer Tout cela, je le sais.
Je sais à quel point aussi vous êtes sensibles à ce sujet, à quel point vous êtes mobilisés sur ces questions, et je veux vous assurer de mon soutien et de la vraie préoccupation du gouvernement sur ces questions daménagement et de logement.
Les questions demploi, de logement, sont absolument centrales et tout à fait liées, je le dis parce que nous avons eu récemment un débat sur la question de la compétitivité : une des difficultés de notre pays est le coût du logement. Vous avez pointé laugmentation très importante du coût du foncier, mais des études parues il y a deux jours montrent quaujourdhui, pour devenir propriétaire dans certaines régions, il faut 50 000 euros dapport et 4 000 euros de revenus nets par mois. Vous imaginez bien le nombre de familles qui sont de fait exclues par exemple de laccession à la propriété.
La question du logement social nest pas non plus épuisée puisquil y a aujourdhui en France 1,7 million de familles en situation dêtre demandeuses dun logement social.
Nous sommes donc dans une situation très compliquée, dans laquelle vous êtes en première ligne, et que nous devons prendre à bras-le-corps.
Pour cela, il faut faire feu de tout bois, si jose dire, et agir de façon pragmatique sur lensemble des sujets simultanément : la question du logement ne peut pas être traitée indépendamment de celle de laménagement, de la question foncière, de la question, vous lavez dit, madame la vice-présidente, de lintercommunalité, de la capacité à agir avec souplesse, mais aussi en dépassant certaines échelles, et cest pour cela que nous allons travailler sur un certain nombre de sujets.
Je ne reviens pas sur la loi qui vient dêtre votée hier soir à lAssemblée nationale, qui est une loi à la fois de mobilisation sur le foncier et de renforcement des obligations de construction de logement social. Je dis seulement, sur cette question, quil y a dix ans, douze ans exactement, au moment du débat sur la loi SRU, les débats avaient été extrêmement tendus. Cette obligation dun « plancher » de logement social allait être inatteignable dans les communes situées dans les zones denses et dans les zones tendues, était pour certains une atteinte à la libre administration des collectivités locales Je dois dire, pour men féliciter, mais aussi avec simplicité, que les débats que nous avons eus et je parle à côté du sénateur JARLIER tant à lAssemblée nationale quau Sénat, ont montré que tous ceux qui sexprimaient en défaveur de cette loi ce nétait pas votre cas disaient : « mais la loi que nous avons aujourdhui est très bien, elle suffit ». Cest-à-dire quil ny a plus aujourdhui de critique sur cette nécessité de créer de la mixité sur lensemble du territoire.
Et cest nécessaire parce que lune des questions à laquelle vous devez faire face est la question qui a été pointée ici de la place des petites communes et de léquilibre au sein des intercommunalités, en particulier des communautés de communes. Cest que nous devons être en situation de réparer une aggravation des inégalités que nous pouvons constater depuis dix ans.
La réalité de légalité des territoires, cest que les moyennes, en particulier en ce qui concerne les revenus ou lattractivité économique, se sont rapprochées entre les régions, mais elles se sont creusées au sein des régions. Il y a certains territoires je pense en particulier à certains territoires hyper-ruraux, mais aussi à des territoires au sein même des agglomérations ou des métropoles qui ont décroché par rapport aux territoires voisins. Et cest extrêmement difficile, pour les élus locaux et pour les populations, de faire face à ce sentiment dinégalité croissante entre territoires. Cest pourquoi il faut absolument travailler sur la mutualisation, sur la capacité de disposer des moyens de réponse, et je pense en particulier à lingénierie.
Je veux, devant vous, dire une chose qui nest pas très confortable à dire quand on est ministre, et qui na pas été dite depuis des années : il y a trente ans, en 1982, la compétence urbanisme, et notamment la signature des permis de construire, a été pleinement déléguée aux communes. Mais nous avons conservé au sein des services de lEtat les services dinstruction de ces mêmes permis, avec un double phénomène : je sais que certains dentre vous ont parlé du côté « tatillon », des délais, voire même ont exprimé des insatisfactions à légard de ces services, qui subsistent toujours, trente ans après. Et dans le même temps, vous avez pu constater, et ce nest pas un secret, que les contraintes financières qui pèsent sur lEtat ont conduit à ce que ces services et ces personnels diminuent dannée en année, et sur certains territoires de manière extrêmement importante, ce qui ne permet plus aux personnels des services déconcentrés de lEtat de remplir normalement leurs missions.
Mais cela sest fait sans bruit, sans être assumé, sans dire de façon franche aux communes : « vous avez cette compétence depuis maintenant trente ans, assurez-là pleinement. Prenez-là à bras-le-corps, y compris linstruction ». De fait, nous avons conservé cette compétence théorique que nous navons plus les moyens dassurer, cest une réalité. Donc il faut vraiment que nous nous mettions en situation, lEtat comme les communes, de passer à une autre phase.
Passer à une autre phase, cela veut dire considérer néanmoins et je reviendrai sur lintervention du maire de Gassin parce quelle est très intéressante quil faut que nous prenions en considération le fait quil doit être conservé une part, jallais dire presque régalienne, relative au droit des sols, et une expertise, en particulier une expertise de très haut niveau, très pointue, sur des situations très spécifiques. Je veux parler en particulier de la gestion du risque inondation, par exemple : nous avons intérêt à conserver au niveau national une expertise de très haut niveau dont les collectivités ne peuvent pas et ne pourront pas se doter, concernant les risques sur les territoires sensibles, qui soit à disposition des communes qui en ont besoin. Cest de la responsabilité de lEtat dassurer cette mutualisation.
Mais pour les fonctions simples, je me dois de vous dire que celles-ci doivent être prises en compte par les collectivités. Cela ne veut pas dire que toutes les communes devront se doter dun service dinstruction, je sais que ce nest pas possible. Mais quen revanche, la dimension intercommunale et je ferai le lien avec la question du PLU intercommunal doit être mieux prise en compte.
Les grandes collectivités, en particulier les métropoles et je le dis sous le contrôle de Monsieur le président RETIERE qui ma entendue le dire à lAssociation des communautés urbaines de France doivent pouvoir faire bénéficier des communes qui sont à proximité, même si elles ne sont pas dans leur intercommunalité, de ce niveau dexpertise très important quont atteint, par exemple, les agences durbanisme. Il faut le dire, je pense que nous pouvons inventer une autre manière de faire bénéficier lensemble du territoire de cette mutualisation dexpertise qui existe. Je le dis en présence du président des établissements publics : il faut que nous terminions la carte des établissements publics fonciers, et leurs déclinaisons en EPFL [NDLR : établissement public foncier local], qui sont, je pense, loutil déterminant pour sattaquer à ce qui a été pointé sur laugmentation du coût du foncier.
Oui, est-il normal, lorsque la collectivité fait des investissements très importants pour améliorer les transports publics, que la rente foncière dégagée par la plus-value sur ces terrains qui disposent dun meilleurs accès bénéficie aux seuls propriétaires et rende parfois impossible la construction déquipements publics ou de logements sociaux parce que le prix du foncier a tellement augmenté ?
Cette question foncière, nous devons la prendre à bras-le-corps, et pas de manière principielle, de manière très pragmatique et très concrète, et ce nest pas un sujet facile de jallais dire, si je voulais être un peu provocatrice réguler le prix du foncier. On voit bien que cest un changement de réalité par rapport à tout ce que nous connaissons aujourdhui. Néanmoins, à chaque fois que je me déplace, jentends les élus locaux dire que cest lune des difficultés principales à laquelle vous devez faire face. Donc nous devons le prendre en compte, et cette question sera débattue dans le cadre du futur projet de loi, je reviendrai sur le canevas de ce projet. Mais je crois vraiment quil faut décloisonner les expertises, il faut que lensemble de lingénierie jai parlé des EPF, jai parlé des agences durbanismes, des ingénieries de très haut niveau puisse être accessible à lensemble des collectivités locales.
Pour que cela fonctionne mieux, je crois profondément et cest un message que jai envie de vous donner à la fois en ayant été une élue francilienne et en ayant des attaches très profondes en Lozère et dans les Landes, deux territoires où les petites communes rurales doivent assumer beaucoup de choses que lintercommunalité de projet, quest, par essence, un plan local durbanisme, est une force et un confort pour les élus locaux que vous êtes ; une force et un confort, parce que penser à plusieurs, travailler cette solidarité, se mettre autour de la table, crée davantage dintelligence collective, mutualise les coûts de lélaboration des documents durbanisme, disons les choses franchement parce quil faut le dire.
Y compris en zone rurale, ces plans locaux durbanisme intercommunaux seront utiles pour les élus locaux, pour les élus communaux. Je pense quon peut très bien imaginer que cette compétence, notamment celle de la délivrance des permis, soit conservée par les maires, mais que travailler aux plans durbanisme intercommunaux sera une avancée et un confort pour les élus locaux.
Je le dis parce que lexpérience sur les SCoT est assez édifiante. Vous savez que les SCoT sont des projets de territoires bien plus larges, qui nont pas de valeur normative, mais qui sont le lieu délaboration de discussions, de mise en commun, et jai constaté que tous les élus qui ont mis en place ce type de dispositif en sont très heureux, et ces dispositifs, de fait, deviennent la base de la déclinaison territoriale dun projet de territoire.
Ce saut, qui saccompagnera dune mutualisation de lingénierie et dun rapprochement de lingénierie du niveau de proximité, sera extrêmement utile. Et cela va de pair je le dis en tant que ministre avec sans doute un changement de relation entre lEtat et les collectivités locales. Trente ans après le début de la décentralisation effective, le temps de légalité des territoires et dune nouvelle relation basée sur la contractualisation, y compris sur la contractualisation avec les territoires, entre lEtat et les collectivités locales, est importante.
Je pense quil ne doit pas y avoir de relation de défiance ni des uns vis-à-vis des autres, ni des autres vis-à-vis des uns, mais quil doit y avoir une juste répartition des rôles. Le rôle de lEtat, sur ces questions daménagement, sur ces questions de logement, ne doit pas être un rôle dautorité, un rôle uniquement de contrôle froid a posteriori. Il doit être un rôle délaboration conjointe de points dappui pour les communes dans lélaboration de leurs documents, de conseil, daccès à ces ressources dingénierie de très haut niveau dont jai parlé. Il existe, dans les services de lEtat, et je veux leur rendre hommage, des fonctionnaires qui sont extrêmement pointus, précis, de très grande compétence en matière de droit des sols, et je crois quils ne méritent pas le délaissement dont ils ont fait lobjet ces dernières années avec un positionnement peu clair, et je crois vraiment que nous pouvons inventer de nouvelles relations sur ces questions, qui seront utiles pour vous comme pour lEtat.
Cest dans ce sens que je souhaite la concertation est en cours voir émerger un commissariat général à légalité des territoires qui ne sera pas une nouvelle structure mais une refonte de ce quest aujourdhui la DATAR, héritage dun temps où lEtat décidait pour les territoires, où il y avait une vraie réflexion prospective extrêmement utile, mais une vision de supériorité sur les élus locaux, il faut le dire. Il faut que lon fasse naître une nouvelle relation, mais qui ne doit pas non plus être une relation de défiance permanente des collectivités locales à légard de lEtat, qui doit être perçu non plus comme une autorité écrasante mais comme un partenaire dans lélaboration de ces projets de territoire.
Je voudrais faire quelques petits points précis :
Sur la question de la foncière, je suis consciente de la difficulté, je le dis aux élus locaux confrontés à cette réalité. Vous avez raison, il y a quelque chose qui dysfonctionne et nous allons aborder ce sujet.
Je le dis aussi, sur la question de lexpérimentation, je crois que nous devons pouvoir, là aussi, aller dans les deux sens, cest-à-dire rendre possible certaines expérimentations, mais faire en sorte que certaines dentre elles puissent être mutualisées quand elles fonctionnent. Je parle librement devant vous, mais par exemple sur des questions liées à lénergie, les territoires à énergie positive qui ont fait la démonstration dans certaines zones rurales, dune mutation très importante, portée dailleurs par les élus et par les habitants de ces territoires, peuvent faire lobjet dun retour dexpérience vers dautres collectivités locales. Là aussi, dans cette nouvelle relation, lEtat peut jouer un rôle important.
Je vous dis quelques mots sur le projet de loi qui va être débattu à la fin du 1er semestre : lidée de ce grand parce quil sera grand en termes dampleur et en termes de substance projet de loi, cest de revoir un certain nombre de questions liées à lurbanisme, au logement, évidemment de travailler sur des questions très concrètes, mais aussi de faire en sorte dêtre dans une démarche de clarification et de simplification.
Je voudrais, par exemple sur ce débat des normes, être assez claire, et peut-être un peu provocatrice parce quil ny a pas ici que des parlementaires mais beaucoup délus locaux, mais les mêmes qui se plaignent parfois des normes sont ceux qui les votent et qui demandent à lEtat de les appliquer. Ce nest pas lEtat, ni les fonctionnaires de lEtat en charge de lapplication de ces normes qui sont les responsables de leur existence, je voudrais le dire avec netteté. Donc il faut aborder ce débat de manière courageuse au niveau parlementaire. Cela veut dire que sur certains sujets il faut être capable de dépasser certaines difficultés.
Sur les normes en matière environnementale : je lai dit à un certain nombre de professionnels, les normes en matière defficacité énergétique ont été depuis les années 70 déterminantes. Ces normes et jy reviendrai, ce sera ma conclusion parce que jai un appel solennel à vous lancer, à vous, élus municipaux ont été très efficaces parce quelles ont fait progresser, à coûts quasiment constants la qualité énergétique des bâtiments.
Laugmentation du coût des opérations est essentiellement liée à laugmentation du coût du foncier, et la question des normes est marginale, exception faite des normes en matière de handicap où chacun constate effectivement que les choses sont compliquées. Mais il faut garder à lesprit lidée que si cette loi a été votée à lunanimité de lAssemblée nationale en 2005, cest bien quelle répond aussi à une attente sociale très forte. Ces deux éléments doivent être pris en compte, ils ont fait progresser les choses.
En revanche, ce qui me semble évident, cest quen matière de droit de lurbanisme notamment, nous avons empilé les dispositifs. Je vais vous donner un exemple : en matière de densification, il y a aujourdhui quatre dispositifs que lon peut insérer dans les PLU, peu connus des élus, qui nécessitent une grande expertise. Je pense que nous allons réussir à faire en matière durbanisme un travail de clarification. Ce sera beaucoup plus simple et cela vous permettra aussi daller plus vite, davoir une meilleure appréhension du droit de lurbanisme. Ce nest pas un travail simple mais je crois que tout le monde est assez daccord sur le fait que nous pouvons le faire.
Il y aura évidemment la question des documents durbanisme qui sera évoquée à ce moment, ou peut-être à loccasion du débat sur la décentralisation, la question est ouverte. Mais, et je compte en fait sur lAssociation des maires de France, sur une forme dévolution concernant ces PLU intercommunaux ; je crois profondément que cela peut être une chance et un point dappui pour les élus locaux. Ce nest pas une approche idéologique, au contraire, cest une approche très pragmatique dans un moment où nous devons nous serrer les coudes, du fait de la nécessité de redresser les finances publiques, à tous les niveaux et aussi au niveau communal. Cest un outil de projet mais aussi un outil de mutualisation de moyens.
Enfin, il y aura aussi des questions très pratiques, je pense à la révision de deux lois très anciennes, la loi de 1970 sur les agences immobilières et les professionnels de limmobilier, qui nécessite dêtre revue, et la loi de 1965 sur les copropriétés, qui elle aussi provoque des situations de blocage assez avérées, en particulier en matière de rénovation mais pas seulement, et nous y travaillons avec la chancellerie. Vous comprendrez bien que tenter de réformer une loi de 1965, cest un exercice de haute voltige, mais je crois que nous allons y arriver.
Je voudrais faire un petit point sur la question de lhabitat indigne, parce que nous souhaitons aussi dans cette loi donner aux élus locaux les moyens dagir. Jai bien vu les résultats de létude concernant qui doit avoir la compétence, mais ce qui est sûr cest quil faut avoir les moyens dagir face aux marchands de sommeil. Tout le monde ici dans cette salle sait ce quest un marchand de sommeil, or cela na aucune qualification juridique aujourdhui. Les élus sont parfois très désarmés devant des gens de très mauvaise foi qui profitent des failles de la loi pour mettre parfois en péril la vie de personnes qui se trouvent dans des situations impossible. Et ce problème est renforcé par la crise du logement. Donc nous donnerons aux élus locaux les moyens dagir face aux marchands de sommeil, moyens dont ils manquent actuellement.
Je voudrais dire une chose à monsieur le maire de Gassin. Tout dabord, lui dire quil a beaucoup de chance de pouvoir bénéficier sur son territoire de la présence des tortues dHermann. Il sagit dune espèce en voie de disparition, reconnue comme en voie dextinction par les instances internationales de protection de la faune.
Je crois que cette question de la biodiversité ne doit pas être prise de manière caricaturale. Pourquoi ? Parce que si on dit « trois tortues contre cent-vingt logements » on ne sen sort pas ; pas plus que vous ne vous en sortez lorsque vous avez deux dossiers de demande de logement et un seul logement ; lorsque vous avez dun côté une femme seule avec deux enfants et de lautre un homme qui doit quitter le domicile conjugal avec son fils et qui dort dans sa voiture. Il faut faire des arbitrages difficiles et je sais que vous savez à quel point cest délicat.
Il ny a pas de solution évidente. Notamment si lon parle du problème dartificialisation des sols, cest une situation dramatique, et dramatique pour les agriculteurs. La perte dun département tous les sept ans, cest quand même un problème majeur. Cest un problème majeur que dans les bourgs ruraux il soit plus facile de construire à lextérieur des maisons de moins bonne qualité sur des anciens terrains agricoles que de faire de la ville sur la ville ; et on laisse vides des maisons en centre ville qui deviennent des dents creuses, qui vident de sa vie le centre du bourg Bien sûr que cest un sujet difficile !
Mais il faut, même si cela nécessite des modifications législatives, affronter ensemble ce problème et ne pas caricaturer ce débat. Ne pas caricaturer le rôle des fonctionnaires de lEtat, pas plus que légoïsme des élus locaux. Ne pas caricaturer la protection de la biodiversité et la nécessité de construire du logement.
Je pense que cest vraiment en essayant daborder les choses de manière intelligente, sans chercher à trouver quel est le coupable ou lerreur dans le dispositif, que nous trouverons des solutions, et je constate dailleurs que la solution a été trouvée : cela ne me semble pas aberrant dessayer de préserver de la flore qui a réussi à pousser puisque vous avez entretenu un coupe-feu en lisière de zones habitées ; cest une chose absolument essentielle et je pense que cest une très bonne chose que les élus locaux soient en situation déviter le risque incendie pour leur population.
En conclusion, je vais vous lancer un appel :
Le gouvernement va lancer un chantier absolument essentiel qui est celui de la rénovation thermique des bâtiments et de la transition énergétique.
Aujourdhui, nous constatons une aggravation du dérèglement climatique. Cela, chacun le sait, vous avez vu le dernier rapport de la Banque mondiale, il est extrêmement inquiétant. Mais parallèlement, il y a aussi une aggravation de la précarité énergétique. Quest-ce que signifie précarité énergétique ? Cela veut dire majoritairement des personnes âgées qui vivent dans une maison des années 60-70 qui est une passoire thermique, qui nont plus les moyens de se chauffer. Cela veut dire, par conséquent, une difficulté de vie au quotidien, une vie sociale qui saffaiblit parce quon ninvite pas des gens chez soi quand il fait 12 °, cela veut dire aussi des conséquences sur la santé, et plus particulièrement lorsquil sagit de personnes âgées.
Nous allons trouver les moyens dun grand plan de rénovation énergétique, y compris les moyens financiers. Nous allons lever un certain nombre de difficultés qui sont du ressort de lEtat, je pense en particulier à la nécessité de mettre au plus près des territoires un guichet unique, un numéro vert qui permettra à tous les propriétaires de pouvoir interroger de manière très simple et davoir des réponses très simples.
Mais nous avons besoin davoir accès à ces personnes, à ces familles, aux particuliers. Et je pense que ceux qui sont confrontés au quotidien à cette question, cest vous. Ce sont les mairies qui distribuent, dans leurs centres communaux daction sociale des bons ou un peu dargent pour aider à payer la facture énergétique. Cest vous, avec notamment les bulletins municipaux, dont je sais quils sont parmi les presses des plus lues dans ce pays, qui pouvez avoir accès et donner confiance à tous ceux qui noseront pas faire ce pas.
Nous, nous avons la responsabilité de trouver les moyens, mais il faut que les propriétaires occupants en situation difficile aient la volonté de faire la démarche. Pour cela, jai besoin de votre aide, de laide des 36 000 maires de France pour faire en sorte que ce projet soit partagé.
Nous allons trouver les moyens de rendre médiatiquement lisible ce dispositif, pour faire en sorte aussi que les professionnels soient formés, pour quil y ait limplication de tous les secteurs. Cest aussi un enjeu économique majeur, ce sont des dizaines de milliers demplois durables, non délocalisables, au plus près des territoires, dans les TPE et les PME. Cest un chantier majeur et cest sans doute un des chantiers décisifs de ce début de millénaire.
Mon appel est très solennel mais très sincère, et jespère que lAMF pourra être un relais efficace : nous aurons besoin que vous soyez le pivot dinformation qui permettra à tous ceux et toutes celles qui en ont besoin davoir confiance, de se lancer et davoir accès au dispositif dEtat.
Aujourdhui il en existe, je vais vous donner un chiffre : il y a encore 500 millions deuros issus du grand emprunt, qui nont pas été utilisés. Il se trouve que la ministre que je suis a fait comme la tortue avec ce budget en disant « non, non, il ne faut pas le réattribuer », parce que la tentation est forte de se dire que si ce nest pas dépensé, cest quil ny en a pas besoin, on peut en faire autre chose, surtout par les temps qui courent.
Il faut que cet argent soit utile, cest décisif pour lamélioration du quotidien de millions de personnes dans notre pays. Jespère donc que nous trouverons les moyens très opérationnels de faire en sorte que sur lensemble de vos communes vous soyez les ambassadeurs de ce grand projet dans les mois qui viennent.
Dici là, je vous réaffirme mon attention, ma disponibilité. Tous les maires qui ont des problèmes de tortues, dautres animaux, ou des problèmes de logements, ou des problèmes de bouclage de budget seront toujours les bienvenus. Nhésitez pas à mécrire, je pense que cette nouvelle relation entre lEtat et les collectivités locales que jappelle de mes voeux, cest aussi sans doute une relation entre la ministre et les maires.
Nhésitez pas.
Je vous remercie beaucoup.
Source http://www.amf.asso.fr, le 23 novembre 2012