Texte intégral
LE POINT : La France tarde beaucoup à ratifier le traité d'Amsterdam. Y a-t-il des obstacles ?
Les positions exprimées tant par le président de la République que par le Premier ministre me paraissent assez convergentes pour qu'un débat de ratification, suivi d'un vote par le Congrès, intervienne d'ici à la fin de l'année ou au début de 1999. J'espère que les partis de l'ancienne majorité – qui a négocié ce traité lorsqu'elle était au gouvernement – manifesteront pour une fois leur sens de la responsabilité en l'adoptant. Chez nos partenaires de la gauche plurielle, on retrouve des clivages traditionnels sur l'Europe, mais ils ne me paraissent pas de nature à compromettre la décision, et je crois que le PS votera sans états d'âme, en posant des conditions utiles.
LE POINT : Vous avez pris parti pour l'extension des votes à la majorité, en Europe, même pour la fiscalité… et annoncé que, dans le futur, le budget européen devra être fortement augmenté ! Qui s'exprimait : Pierre Moscovici ou le gouvernement ?
J'ai avancé des idées comme ministre des Affaires européennes, à charge ensuite pour le gouvernement de les reprendre ou non à son compte – et jusqu'ici je n'ai pas été démenti. Mon sentiment, c'est qu'une Europe à vingt ou vingt-cinq, plus hétérogène que celle des Quinze, avec davantage d'inégalités entre les Etats, ne peut pas éluder la question de son identité politique. Je ne veux pas la définir en faisant appel à de vieux concepts – par exemple, le concept fédéraliste – et pourtant, je ne ressens aucun tabou. Le rôle des nations doit demeurer essentiel, mais je crois à la nécessité, à terme d'un « fédéralisme budgétaire » permettant des efforts de redistribution, d'harmonisation et d'investissement plus importants qu'aujourd'hui.
LE POINT : Au sommet de Cardiff, mardi dernier, Jacques Chirac a accusé Bruxelles de vouloir tout réglementer. C'est pour cela que le PS vote pour les chasseurs, contre la loi européenne ?
La directive de 1979 n'a pas été imposée par des « eurocrates irresponsables », mais adoptée par le conseil des ministres, à l'unanimité, France comprise. La proposition de loi UDF est donc incompatible avec le droit européen et, si elle est votée en l'état, la France risque d'être condamnée par la Cour de justice. Mais la loi européenne ne fixe que des objectifs et prévoit toutes sortes de dérogations : par espèces, par périodes, par zones… Au lieu de querelles théologiques – pour ou contre la chasse, l'Europe, etc. -, je préconise donc d'amender la proposition de loi en faisant une application intelligente du principe de subsidiarité.