À partir du 8 février 2023, les trois taux d'intérêt directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) augmentent de 50 points de base pour la deuxième fois consécutive. Les taux d'intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt seront relevés à respectivement 3%, 3,25% et 2,5%. La hausse cumulée depuis l'été dernier s'élève à 300 points de base, une hausse inédite en zone euro qui a renforcé la monnaie unique face au dollar.
La BCE inquiète de l'inflation de base
L'année 2022 a été marquée par une forte hausse de l'inflation, due notamment à la guerre menée par la Russie en Ukraine et à la hausse des prix de l'énergie. Cette hausse dépasse largement l'objectif de la BCE de 2%. Depuis juillet 2022, elle a augmenté à plusieurs reprises ses taux d'intérêt pour faire baisser le niveau des prix : 50 points de base en juillet 2022, 75 points en septembre et en octobre 2022, puis à nouveau 50 points en décembre 2022 et en février 2023.
Toutes les grandes banques centrales occidentales sont engagées dans la voie du resserrement monétaire. La Réserve fédérale américaine (FED) a remonté dès le printemps 2022 ses taux, suivie de la Banque d'Angleterre. La Banque du Japon a été une des dernières à suivre le mouvement en décembre dernier.
En zone euro, le taux d'inflation annuel a reculé en janvier 2023 à 8,5%, contre 9,2% en décembre 2022 et 10,6% en octobre 2022. Mais cette baisse est pour l'instant davantage due à la détente sur les marchés énergétiques qu'à l'action de la BCE. L'inflation de base, c'est-à-dire sans les produits énergétiques et alimentaires, reste en revanche élevée : 5,2% en janvier 2023, au même niveau qu'en décembre 2022 (contre 2,6% un an auparavant).
Une évolution économique plutôt encourageante
Jusqu'où cette hausse des taux ira-t-elle ? La réponse dépend en partie la situation dans les différentes zones. Aux États-Unis, les prix ont nettement baissé, les signes récessifs se multiplient et la FED a commencé à ralentir la hausse des taux.
En zone euro, la situation macroéconomique (consommation, production, emploi, revenu, notamment) montre des signes plutôt encourageants : le produit intérieur brut (PIB) corrigé des variations saisonnières est sorti en hausse de 0,1% dans la zone euro pour le quatrième trimestre 2022 et stable dans l'UE par rapport au trimestre précédent. L'amélioration de la situation pandémique en Chine et celle des chaînes d'approvisionnement mondiales, ainsi que les aides publiques en zone euro expliquent sans doute cette évolution.
Cette meilleure résistance macroéconomique donne plus de marge à la BCE pour poursuivre sa politique de resserrement monétaire. D'autant plus que de nouvelles menaces se profilent : la hausse de prix de certaines matières premières et surtout la perspective de hausses sensibles des salaires, attendues dans les pays européens pour combler les pertes du pouvoir d'achat. Cette hausse des rémunérations pourrait alimenter une nouvelle flambée de l'inflation. La BCE appelle donc à la modération.