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Droits des personnes handicapées : la France ne respecte pas la Charte sociale européenne

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Manque d'accompagnement, élèves sans solution de scolarisation, transports inaccessibles, refus de soin... La France ne respecte pas les droits fondamentaux des personnes handicapées. C'est ce que souligne une décision du Conseil de l'Europe rendue publique le 17 avril 2023.

Le Comité européen des droits sociaux (CEDS), institution du Conseil de l'Europe, a établi la violation des droits des personnes en situation de handicap et de leurs familles par la France. Dans une décision sur les droits des personnes handicapées rendue en décembre 2022 mais dévoilée publiquement le 17 avril 2023, le Comité affirme que la liberté et la dignité des personnes en situation de handicap ne sont pas respectées correctement en France.

Non respect des droits des personnes en situation de handicap

Le Comité européen des droits sociaux, une structure du Conseil de l'Europe basée à Strasbourg, a annoncé le 17 avril 2023 avoir conclu à l'unanimité que la France enfreint plusieurs articles de la Charte sociale européenne, un texte qui garantit les droits sociaux et économiques fondamentaux.

Il y a, entre autres, violation de l'article 15§3 de la Charte "en raison du manquement des autorités à adopter des mesures efficaces dans un délai raisonnable" en ce qui concerne :

  • l'accès aux services d'aide sociale et aux aides financières ;
  • l'accessibilité des bâtiments, des installations et des transports publics ;
  • le développement et l'adoption d'une politique coordonnée pour l'intégration sociale et la participation à la vie de la communauté des personnes handicapées.

Il y a également violation de l'article 16 de la Charte au motif que la pénurie de services d'aide et le manque d'accessibilité des bâtiments, des installations et des transports publics ont pour effet de faire vivre de nombreuses familles dans des conditions précaires, ce qui équivaut à un manque de protection de la famille.

La décision fait suite à une réclamation collective déposée en 2018 auprès du CEDS par quatre associations qui œuvrent en faveur des personnes ayant un handicap.

La Charte sociale européenne

La Charte sociale européenne est un traité du Conseil de l'Europe qui garantit les droits sociaux et économiques fondamentaux. Ce texte est le pendant de la Convention européenne des droits de l'homme, qui se réfère aux droits civils et politiques. Cette charte garantit un large éventail de droits liés à l'emploi, au logement, à la santé, à l'éducation, à la protection sociale et aux services sociaux.

Une absence de "politique cohérente et coordonnée en matière de handicap"

Dans sa longue décision argumentée, le Conseil de l'Europe constate que la France enfreint d'autres articles de la Charte sociale européenne :

  • violation de l'article 15§1 de la Charte en raison de l'absence de mesures efficaces contre les "problèmes persistants et anciens" liés à l'inclusion des enfants et adolescents handicapés dans les écoles ordinaires ;
  • violation de l'article 11§1 de la Charte au motif que les autorités françaises n'ont pas adopté de mesures adéquates pour remédier aux "problèmes de longue date" liés à l'accès des personnes handicapées aux services de santé.

La loi sur l'égalité des droits et la participation des personnes handicapées a été promulguée le 11 février 2005.

Elle réforme la loi de 1975, texte fondateur pour l’intégration des personnes handicapées et leur participation à la vie sociale.

La loi de 2005 fait évoluer le concept de prise en charge du handicap au-delà d’une approche strictement médicale.

Elle a pour but de faciliter le maintien des personnes handicapées en milieu ordinaire.

Fondée sur l’inclusion, la loi poursuit plusieurs objectifs autour des principes d’accessibilité et de compensation individualisée.

Généraliser l’accessibilité des bâtiments, des espaces publics et des transports.

Faciliter les démarches administratives et professionnelles avec la création des maisons départementales des personnes handicapées.

Revaloriser les ressources de la personne handicapée telles que l’allocation aux adultes handicapés (AAH).

Créer un droit à la compensation du handicap.

Renforcer l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés dans le secteur privé comme dans la fonction publique.

Reconnaître à tout enfant handicapé le droit d’être inscrit dans l’école dont relève son domicile.

Depuis 2005, la mise en œuvre de la loi se heurte à plusieurs difficultés.

La généralisation de l’accessibilité a été freinée par l’ampleur des coûts et des travaux nécessaires.

Plusieurs outils ont été créés pour amplifier le mouvement, dont les agendas d’accessibilité programmée pour les collectivités territoriales et les entreprises.

Si les enfants handicapés sont davantage scolarisés en milieu ordinaire, leur accompagnement est jugé insuffisant.

Plusieurs mesures ont été prises pour favoriser un accueil plus inclusif et mieux prendre en compte les besoins des enfants.

L’obligation d'emploi des travailleurs handicapés stagne, loin du taux de 6% prévu par la loi.

Malgré la mobilisation de moyens financiers et juridiques, leur taux de chômage reste deux fois supérieur à celui de la population générale.