Dans son rapport intitulé "La situation des finances publiques" et publié le 13 février 2025, la Cour des comptes alerte sur une dégradation sans précédent des finances publiques et se montre inquiète pour l'avenir. Elle souligne "la réalité d'une dépense publique en roue libre".
Dérive au cœur de la dépense publique en l'absence de choc macroéconomique
Le déficit s'est aggravé et atteint près de 175 milliards d'euros ce qui représente 6,0% du PIB, après 5,5% en 2023 et 4,7% en 2022. La dette publique s'élève désormais à près de 3 300 milliards d'euros. La France est le seul pays en Europe qui a vu une telle dégradation récente.
Si jusqu'à 2023, la Cour constate la faible progression des impôts, des baisses de prélèvements obligatoires non financées et l'absence d'économie structurelles, pour 2024, elle a identifié "le rôle prépondérant d'une dérive du cœur de la dépense publique". En effet, en 2024, hors mesures exceptionnelles de soutien, la dépense a progressé plus rapidement que la croissance, contribuant à dégrader le solde public de 0,9 point de PIB, principalement du côté des collectivités locales et de la protection sociale. Cette hausse des dépenses est le principal facteur de hausse du déficit en 2024.
Un ajustement de 110 milliards pour restaurer la crédibilité des finances publiques
La dégradation des finances publiques est d'autant plus préoccupante qu'elle s'est produite hors récession, accident économique ou crise et que les autres grands pays européens ont réussi à améliorer leurs finances dégradées par la crise des années Covid. En plus, "depuis l'automne 2022, toutes les projections pluriannuelles visant à ramener le déficit sous les 3% de PIB se sont révélées caduques au bout de quelques mois".
Mettre fin à cette "obsolescence accéléré des trajectoires de finances publiques" est le défi auquel est confronté le gouvernement, afin de restaurer la confiance vis-à-vis de ses partenaires européens et afin de ne pas perdre celle des marchés financiers. Après une tension sur les taux d'intérêt des obligations en décembre 2024, la perspective de vote du budget a calmé les marchés et permis à l'Agence France Trésor de placer ces premiers titres de 2025 dans des conditions convenables.
Les textes financiers pour 2025 (budget de l'État, budget de la Sécurité sociale) donnent comme nouvelle cible un déficit de 5,4% en 2025. Mais cette légère amélioration repose exclusivement sur des hausses de prélèvements, le cœur de la dépense continuant de progresser. Sans effort substantiel – la Cour évalue désormais l'effort d'ajustement à 110 milliards à l'horizon 2029 – le ratio d'endettement pourrait dépasser 125% en 2029 selon les projections de la Cour. La charge de la dette risque de devenir "le premier budget de l'État loin devant l'Éducation nationale".