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BCE et zone euro : un taux directeur toujours à 2%, un euro en hausse

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

Une inflation proche de 2%, une croissance modérée : la Banque centrale européenne (BCE) ne voit pour l'instant pas de raisons de modifier le niveau de ses taux. Mais le décalage s'accroît avec les États-Unis et l'euro s'apprécie face au dollar alors que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, soulignait une très forte incertitude mondiale.

La réunion du 18 décembre 2025 du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) s'est soldée par un statu quo : la BCE a décidé de maintenir son principal taux, le taux de dépôt, à 2%. Il est à ce niveau depuis le 5 juin 2025. La BCE estime que ce niveau est toujours assez neutre en termes d'impacts : ni particulièrement stimulant pour l'économie de la zone euro, ni particulièrement freinant pour l'activité. 
 

Une inflation sous contrôle, une zone euro qui résiste

Depuis un an, le taux d'inflation annuel de la zone euro oscille entre 2 et 2,2%. Selon Eurostat, il s'établissait à 2,2% (estimation) en novembre 2025 contre 2,1% en octobre. Ce niveau est très proche de la cible que la BCE s'est fixée (2%).

La plus forte dynamique est toujours observée du côté des services (+3,5% en novembre 2025), un niveau légèrement inférieur à celui d'il y a un an (+3,9%). Les aliments non transformés ont augmenté de 3,3%, mais la dynamique de leur hausse semble ralentir. Quant à l'énergie, son prix a légèrement reculé sur un an (-0,5%). Les biens industriels sont restés quasi-inchangés (+0,6%). 

Taux d'inflation annuel selon Eurostat dans la zone euro et en France en 2025
 Janv.Fév.MarsAvrilMaiJuinJuilletAoûtSept.Oct.Nov.
Zone euro2,52,32,22,21,92,02,02,02,22,12,2
France1,80,90,90,90,60,90,90,81,10,80,8

En zone euro, la France et Chypre affichent les taux d'inflation les plus bas avec respectivement 0,8% et 0,2% sur un an. Au plus haut du tableau se trouvent l'Estonie (4,7%), la Croatie (4,3%) et l'Autriche (4,1%).

Les indicateurs de la croissance et de l'emploi sont assez solides en zone euro : en comparaison avec le même trimestre de l'année précédente, le PIB et le nombre d'heures travaillées du troisième trimestre 2025, corrigé des variations saisonnières, ont respectivement augmenté de 1,,4% et de 0,8%. La BCE envisage une accélération de la croissance dès l'automne 2026. Elle pourrait surtout être portée par une nette hausse de la dépense publique (notamment en Allemagne).

L'euro se renforce nettement par rapport au dollar

Pour 2026, la BCE doit composer avec plusieurs incertitudes, largement hors de son contrôle :

  • le risque géopolitique (notamment la guerre en Ukraine) et la hausse des droits de douane qui pèsent sur l'activité des entreprises ;
  • la hausse globale de l'endettement des pays développés ;
  • l'instabilité politique en France (absence de majorité parlementaire depuis les élections législatives de l'été 2024) ;
  • la hausse de l'euro par rapport au dollar. 


L'euro s'est apprécié de près de 14% en 2025. Des variations à deux chiffres sur un an sont plutôt rares pour les taux de change des principales monnaies. Il s'agit donc d'une appréciation significative. C'est une bonne nouvelle pour les importations facturées en dollars, qui deviennent moins chères. Mais la hausse de la monnaie unique pénalise les exportateurs européens qui doivent déjà composer avec la hausse des droits de douane imposée à leurs produits par l'administration américaine. Cette situation pourrait peser sur l'activité.

Cette appréciation de l'euro s'explique en partie par l'évolution divergente des taux d'intérêt en zone euro et aux États-Unis : tandis que la BCE maintient stables les siens depuis plusieurs mois, la Réserve fédérale américaine (FED) est engagée dans une baisse de ses taux directeurs, une baisse des taux rendant une monnaie moins attractive. 

Les différences entre la FED et la BCE sont en partie derrière cette évolution. La FED a, contrairement à la BCE, un mandat dual au sujet de sa politique monétaire, non seulement sur la lutte contre l'inflation, mais également en faveur de la croissance et l'emploi. En cas de prolongation de ce différentiel en 2026, l'appréciation de l'euro par rapport au dollar pourrait se renforcer.