Déclaration de Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le bilan de la saison touristique 2000, la campagne de promotion axée sur la qualité et la sécurité, l'aide au développement de la formation des jeunes, la fiscalité allégée lors de la transmission des enteprises, sur l'annonce de la création d'un code du tourisme, Agadir, le 24 janvier 2001.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : 43ème congrès du Syndicat national des agents de voyages à Agadir (Maroc) le 24 janvier 2001

Texte intégral

Monsieur le ministre, cher collègue,
Monsieur le président du SNAV,
Monsieur le maire d'Agadir,
Monsieur le président du Groupement régional de l'industrie touristique d'Agadir,
Monsieur le président du Congrès,
Mesdames, messieurs,
Permettez-moi, tout d'abord, de remercier mon ami Monsieur BALDERACCHI, le président du Syndicat national des agents de voyages, pour son invitation à ouvrir les travaux de votre 43èmecongrès.
Permettez-moi aussi de remercier pour leur accueil chaleureux, l'ensemble des représentants du Maroc qui nous font l'honneur d'être parmi nous à l'occasion de ce congrès, et en particulier mon collègue Monsieur OUALALOU, Ministre de l'Économie, des Finances et du Tourisme ainsi que Monsieur EL BOUZIDI, maire de cette belle cité d'Agadir.
En la découvrant, je dois avouer que j'ai été frappée de constater à quel point cette ville, fortement détruite par un séisme il y a 40 ans, est un exemple vivant de reconquête urbaine et de développement touristique réussis, un site à la renommée incontestable et tellement apprécié de nos concitoyens.
Agadir symbolise ainsi les liens forts d'amitié qui unissent depuis longtemps nos deux peuples et nos deux pays.
Permettez-moi enfin, en ce début d'année et à l'aube de ce nouveau siècle, de souhaiter à chacune et chacun d'entre vous, mes meilleurs vux de santé, de bonheur et de prospérité dans toutes vos entreprises.
Que ce troisième millénaire s'ouvre sous les auspices de la paix et de la réconciliation entre les hommes.
Autant de choses - et vous le disiez fort justement dans votre introduction Monsieur BALDERACCHI - que le tourisme devrait favoriser mais j'y reviendrai.
Avant cela, votre congrès me donne l'occasion de tracer l'esquisse d'un premier bilan de la saison 2000.
Comme vous le savez, celle-ci semblait compromise à la fois par les conséquences dramatique des tempêtes et du naufrage de l'Érika de fin 1999 et les mauvaises conditions météorologiques du mois de juillet.
Pourtant grâce à la formidable mobilisation des bénévoles, des élus, des professionnels accompagnés techniquement et financièrement par le gouvernement, nous le savons, la France va une fois de plus battre ses records de fréquentation.
Avec plus de 73 millions de visiteurs étrangers accueillis dans notre pays elle conservera, cette année encore, son titre envié de première destination touristique mondiale.
Les agents de voyage ont naturellement contribué à ce succès.
En termes économiques, votre secteur a même connu en 2000 une progression de son chiffre d'affaire dont on ne peut que se réjouir, d'autant qu'elle ne semble pas exclusivement liée aux festivités du Millenium, mais bien relever d'une croissance désormais durable comme nous le confirment les prévisionnistes internationaux.
J'en veux pour preuve les bons résultats de l'activité billetterie, qui est en augmentation de plus de 10 %, et ceux des reventes de forfaits qui progressent, quant à eux, de plus de 13%.
Par ailleurs, la croissance du transport international s'est poursuivie à un rythme élevé et le transport intérieur affiche lui aussi une hausse sensible.
Pourtant, comme vous le savez, il était de bon ton, par le passé, de diminuer la portée économique de ces records de fréquentation, en leur opposant la faible consommation unitaire de chaque visiteur qui ferait de la France un pays essentiellement de transit.
Eh bien, j'ai le plaisir de vous annoncer que depuis fin 1998, la consommation touristique dans notre pays, croît six fois plus vite que sa fréquentation.
Ce phénomène prend un reflet particulier au regard des résultats de nos concurrents et amis européens, tels que l'Espagne ou l'Italie, qui ne connaissent pas ce mouvement.
Ces résultats doivent évidemment conforter la confiance des professionnels du voyage que vous êtes et les encourager dans leurs efforts.
En effet, ce mouvement n'est pas le fruit du hasard.
Il est le résultat d'une dynamique générale impulsée par le gouvernement français depuis 1997, articulée autour de la relance de l'économie et de la restauration de la confiance qui s'en est suivie et qui s'est traduite par la création nette d'un million trois cent mille nouveaux emplois.
Notre secteur a su tirer le meilleur profit de cet élan pour diversifier son offre, en améliorer la qualité et les performances et partir à la conquête de nouveaux marchés.
Pour nous tous, cette période de relance a aussi été l'occasion de prendre conscience que qualité de l'offre et productivité économique sont intiment liées à la création et à la pérennisation d'emplois qualifiés.
Permettez moi de ne citer qu'un chiffre pour illustrer ce propos. D'octobre 1999 à octobre 2000, le tourisme français, qui emploie environ un million de salariés directs, a créé plus de 35 000 emplois, soit un rythme de création nette qui s'élève à près du double de celui de l'économie nationale.
Je sais que les agents de voyages et les tours-opérateurs se sont inscrits de manière sensible dans cette dynamique.
Et c'est afin de la poursuivre que je vous invite, dans le cadre du dialogue social auquel vous me savez très attachée, à aborder tous les thèmes relevant de la modernisation de l'emploi dans vos entreprises, de la réduction à l'annualisation du temps de travail, de la formation à la qualification de vos emplois.
Cette modernisation est rendue d'autant plus nécessaire par les évolutions que connaît aujourd'hui le tourisme en France et en Europe.
Je pense en particulier aux nouveaux partenariats industriels mais aussi à la concentration de certains gros tours-opérateurs pour affronter les marchés internationaux.
J'ai d'ailleurs eu, à plusieurs reprises, l'occasion de m'exprimer sur ce sujet. Vous le savez, il y a beaucoup d'inquiétudes et d'interrogations sur les risques de banalisation d'une offre touristique du fait d'une trop forte industrialisation.
C'est pourquoi j'ai appelé à la mobilisation les tours opérateurs français, qui ont un savoir faire spécifique et un plus qualitatif à offrir, à travailler ensemble dans une démarche plus partenariale.
Il nous faut aborder ce nouveau contexte avec sérénité et détermination.
En effet, le formidable réseau de proximité que représentent vos 5000 agences de voyages, constitue votre force et une alternative économique et touristique.
Vous êtes les plus à même d'identifier de nouvelles niches de touristes potentiels au travers d'une offre plus ciblée et enrichie, notamment au niveau du réceptif.
Par ailleurs, je crois depuis longtemps que, créateur d'une production plus qualitative, plus professionnelle et mieux sécurisée, le voyagiste assure pleinement son rôle de concepteur de produits, son rôle de conseiller, d'intermédiaire de proximité, capable d'apporter la meilleure réponse aux attentes de sa clientèle.
C'était, si vous me permettez de le rappeler, le sens de mon propos il y a deux ans à Louxor, lors de votre 41ème congrès.
L'expérience positive que nous avons depuis menée ensemble s'est traduite par la signature d'une convention de partenariat renforcé avec les compagnies nationales de transport lors du salon Top Résa de septembre 1999.
Elle a permis la réalisation d'une première campagne d'information et de promotion auprès du consommateur, sur la mission des agents de voyages, non seulement vers les destinations étrangères mais aussi dans la valorisation de la destination France.
Je vous propose donc, cette année, de donner une nouvelle impulsion à cette campagne en l'axant sur les thèmes de la qualité et de la sécurité et principalement en ce qui concerne la distribution de l'offre touristique française.
J'ai donc le plaisir de vous annoncer que mon ministère augmentera de plus de 20% sa participation financière directe à cette campagne à laquelle se sont associés, dès sa première édition, Air France, la S.N.C.F., la S.N.C.M. et, bien sûr, votre syndicat.
Je profite d'ailleurs de l'occasion que me donne ce congrès pour remercier, avec vous, l'ensemble de ces partenaires.
Cette campagne bénéficiera en outre du savoir faire de Maison de la France que j'ai désigné, en raison de sa récente extension de compétence à la promotion de la destination France auprès de nos concitoyens, comme opérateur de cette nouvelle action.
Cette initiative viendra par ailleurs conforter la mission que je lui ai confiée en faveur de la promotion de la qualité de l'accueil au travers de la campagne "Bonjour".
Je ne doute pas que cette nouvelle campagne de promotion de la destination France renforcera, si besoin était, la qualité de la relation qui lie le SNAV à mon Ministère.
En effet, Monsieur BALDERACCHI, vous avez souligné lors de votre intervention, , la transparence et la loyauté qui marquent cette relation.
J'y suis très sensible, car vous savez mon attachement à cette démarche de dialogue et de partenariat que j'ai initiée avec l'ensemble des acteurs de la grande famille du tourisme.
Dans cet esprit, vous m'avez interrogée sur un certain nombre de préoccupations de la profession.
Concernant la formation initiale, je veux tout d'abord vous assurer, Monsieur le président, de la pérennité du soutien que mon ministère apporte à vos initiatives en faveur du développement de la formation des jeunes.
Car je connais les difficultés rencontrées par vos entreprises pour le recrutement de jeunes aux compétences adaptées à la complexité de vos métiers.
S'agissant du BTS tourisme, nous travaillons ensemble, avec le ministère chargé de l'Éducation Nationale, à sa réforme depuis de nombreux mois.
Je suis heureuse de vous informer que ces travaux viennent d'aboutir et que les certifications de deux nouveaux diplômes sont en cours d'élaboration.
En effet, deux nouveaux BTS, l'un axé sur la vente des produits touristiques - qui vous concerne directement -, l'autre spécialisé dans l'animation du patrimoine, seront mis en application pour la rentrée 2001.
Pour autant, face à l'évolution rapide des besoins, des savoirs, des connaissances et surtout des outils, il nous faut nous attacher, au delà de cette réforme enfin aboutie, à mettre en uvre un observatoire permanent des besoins de qualification de la profession.
Cet observatoire devrait être à même de favoriser l'adaptation et l'évolution permanente des instruments de formation initiale et continue à vos métiers.
A cet égard, j'ai fait inscrire dans le budget 2001 de mon ministère des crédits pour le soutien aux industries touristiques et la formation aux emplois, qui me permettront de vous accompagner très concrètement dans ces démarches.
Je suis heureuse de souligner d'ailleurs que pour la troisième année consécutive, et avec une croissance de 16 %, ce budget enregistrera le record d'augmentation de l'ensemble des budgets ministériels.
En plus des moyens nouveaux qu'elle donne à mes services, je crois que cette évolution doit être perçue comme une véritable reconnaissance politique de notre secteur.
Concernant, Monsieur le président, vos interrogations sur la fiscalité de la transmission des entreprises, je peux vous dire que le gouvernement a bien pris la mesure de ce sujet important pour la pérennité des PME, notamment les plus petites d'entre elles.
Il a ainsi inscrit dans la Loi de finances 2000 deux mesures significatives.
La première est une réduction de 11,4 à 4,8 % des droits de mutation sur la session des fonds de commerce.
La seconde est la division par deux de la valeur de l'entreprise pour le calcul des droits de mutation dans le cadre d'une reprise de celle-ci par un ou plusieurs héritiers directs.
Bien évidemment, ces deux mesures bénéficieront aux professionnels du voyage et je vous invite à me faire part de leur impact dans vos entreprises.
Vous avez par ailleurs évoqué, Monsieur le Président, la nécessaire évolution de la loi de 1992 qui vous apparaît déjà dépassée, notamment en ce qui concerne le positionnement concurrentiel entre opérateurs privés et associatifs.
Je sais, à quel point la crise que notre pays a connu depuis le milieu des années 70, a pu orienter, malgré elles, un certain nombre de structures associatives vers une dérive les conduisant parfois à prendre des distances par rapport à leur objet social et engendrant, ici ou là, des problèmes de positionnement par rapport au secteur marchand.
Chacun sait ici qu'il s'agit de situations marginales et souvent complexes dont la résolution progressive, ne peut relever que d'une prise en compte interministérielle.
C'est pourquoi, dès septembre 1998 et en liaison avec l'Union nationale des associations de tourisme (UNAT) qui est un de vos partenaires, j'ai tenu à préciser les modalités d'application du droit fiscal à ces associations.
Et je peux dire aujourd'hui, après une année fiscale d'application que les associations organisatrices de voyages sont désormais assujetties à la même fiscalité que vous. Je pense bien sûr à l'impôt sur les sociétés et à la TVA.
Dans une seconde étape, je travaille actuellement à la normalisation de leur situation quant aux conditions d'accès aux métiers du voyage, qu'il s'agisse de la garantie ou de la licence.
A titre d'exemple, je peux d'ores et déjà vous indiquer que je souhaite voir évoluer la loi de 1992 vers une interprétation plus restreinte des régimes dérogatoires à la licence.
Au delà, vous savez combien, toutes ces évolutions du droit du tourisme, qu'elles soient législatives ou réglementaires, sont extrêmement délicates à mener du fait du caractère diffus des textes qui encadrent nos activités.
C'est ce qui m'a amenée à prendre la décision de regrouper et consolider l'ensemble de ces éléments dans un document juridique unique, le Code du tourisme, qui favorisera la lisibilité et la prise en compte du secteur touristique dans toute sa dimension.
J'ai, chargé le Conseil national du tourisme de porter la concertation sur l'ensemble du champs du futur code et je sais que vos représentants prennent une part active à ces travaux.
Pour finir, j'ai noté parmi les ateliers de ce congrès qu'un sujet particulièrement important était inscrit à l'ordre du jour, à savoir : les destinations à risques.
Depuis les drames de Louxor et Bagnoles, nous travaillons avec votre syndicat à l'élaboration d'une véritable politique de gestion de ce type de destinations.
Cela m'a conduite à présenter, lors du salon Top Résa 2000, le nouveau dispositif mis en place par le gouvernement autour de deux points particuliers : la prévention et l'accompagnement.
Concernant la prévention, nous avons créé le Comité technique d'information des voyageurs (CTIV) qui est un outil de dialogue réunissant, sous ma présidence, aussi bien des professionnels que des représentants de l'État, notamment du ministère des Affaires étrangères.
Depuis bientôt trois ans cet outil a démontré son efficacité à de nombreuses reprises et a permis de trouver, dans des situations particulières, un point d'équilibre entre intérêts économiques et sécurité de nos concitoyens voyageant à l'étranger.
Plus récemment - et singulièrement à la suite de l'accident de Bagnoles en Espagne - , j'ai fait inscrire le ministère du Tourisme au sein du Conseil national d'aide aux victimes (CNAV), présidé par ma collègue ministre de la Justice.
Et ce, afin de permettre aux touristes victimes d'accidents collectifs, de bénéficier d'un accompagnement médical, psychologique et juridique à moyen et long terme, en relais de l'intervention contractuelle des sociétés d'assistance.
Je crois pouvoir dire que cette initiative, dans des conditions dramatiques hélas, a été particulièrement remarquée et appréciée par les familles des victimes et les autorités allemandes lors de l'accident du Concorde.
Elle est, à mon sens, une des marques de l'esprit de responsabilité, mais surtout d'humanité qui caractérise et qui doit caractériser notre industrie touristique.
Monsieur le ministre,
Monsieur le maire,
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs,
je ne saurais conclure cette intervention sans aborder un sujet qui me tient particulièrement à cur, je veux parler d'éthique.
Dans le secteur du tourisme, comme dans d'autres qui font actuellement débat, les valeurs et le sens que nous donnons à nos activités économiques et sociales prennent, vous le savez, de plus en plus d'importance.
Ainsi, le Code mondial d'éthique, adopté lors de l'assemblée générale de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) en septembre 1999, marque la volonté de promouvoir, partout dans le monde, un tourisme responsable et durable, au bénéfice de tous : les États, les opérateurs touristiques, les touristes, mais aussi et surtout les populations locales.
La France s'est beaucoup investie dans l'élaboration de ce code mondial et j'ai naturellement souhaité le faire vivre sur notre territoire, en signant, en septembre dernier, sa déclinaison française avec les 15 principales fédérations professionnelles, au premier rang desquels le SNAV et les principaux opérateurs privés représentants près de 60 % de l'activité économique du secteur dans notre pays.
Il vous appartient désormais de faire vivre au quotidien ce code d'éthique dans chacune de vos agences et je sais voir compter sur vous.
Je crois qu'il est bien du rôle de la France, dont la notoriété touristique est en grande partie due à son patrimoine et à sa culture, d'être ainsi à la pointe de la promotion de ces valeurs, dignes de son histoire et de son humanisme.
C'est, je crois, une des volontés de votre congrès et de votre organisation.
Aussi, je vous souhaite, le plus sincèrement, plein succès dans vos travaux.

Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 9 mars 2001)