Texte intégral
Messieurs le Président de lAssemblée des communautés de France,
Monsieur le Préfet de région,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents dagglomération et de communauté,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Merci dabord à vous tous pour votre accueil chaleureux, merci à toi cher Daniel, de mavoir invité à votre congrès, et de me permettre de pouvoir échanger avec les élus pour lesquels lintercommunalité est autant une passion quune réussite au service de nos concitoyens.
La période que nous traversons est un peu agitée. Lon entend beaucoup parler de la réforme intercommunale, Lon entend des discours souvent critiques. Pourtant, vous le savez aussi bien que moi, cette réforme est nécessaire, utile pour nos territoires, attendue par nos concitoyens et quelle a peu à voir avec les critiques de circonstance que jentends ici ou là.
Vous le savez aussi bien que moi, lorsque cette réforme a été présentée et discutée au Parlement, le volet intercommunal a fait lobjet dun large consensus à lAssemblée comme au Sénat à droite comme à gauche.
Or aujourdhui tout le monde paraît avoir oublié ses prises de position dhier Aujourdhui, cette réforme est, pour les uns, une des causes, pour ne pas dire la cause de changement de majorité au Sénat, pour dautres, il faut absolument tout arrêter, remettre tout à plat et pourtant vous comme moi vous savez quelle répond à un besoin impérieux.
Comme la rappelé le Premier ministre vendredi dernier en Indre-et-Loire : la révision de la carte intercommunale est une nécessité pour notre pays « pour que nos communes et nos intercommunalités soient en capacité dexercer les nombreuses compétences quelles détiennent ».
Le Gouvernement ne méconnaît pas les difficultés rencontrées, et je suis venu vous dire que la vivacité de certaines inquiétudes et de certains désaccords est légitime. Mais il faut se donner les moyens de les surmonter, pour dessiner ensemble, avec responsabilité, qui est une marque de fabrique de lAdCF, la coopération entre communes de demain.
I. La réforme de lintercommunalité
* Lintercommunalité ne date pas de la loi de 2010 !
La réforme actuelle, sinscrit dans la continuité dun mouvement lent et progressif de décentralisation engagé depuis plus de 40 ans par les différents gouvernements, de gauche comme de droite, qui a permis dinscrire dans la Constitution en 2003 que : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. ( ) Son organisation est décentralisée ».
La coopération intercommunale est un fait ancien qui na cessé de se développer. Quelques dates de ce mouvement quil est bon de rappeler :
- loi du 31 décembre 1966 : création des "communautés urbaines".
- loi du 13 juillet 1983 : création des "communautés" et "syndicats dagglomération nouvelle", pour regrouper les communes autour des villes nouvelles.
- loi de 1992 relative à l'administration territoriale de la République (dite "loi ATR" ou "loi Joxe") : création des "communautés de communes", destinées au zones rurales, et des "communautés de villes", destinées aux zones urbaines.
- loi dorientation de 1995
- loi du 12 juillet 1999, dite loi « Chevènement »,
- loi de 2002
Mesdames et Messieurs les élus, la décentralisation, tout comme lintercommunalité, ne sont ni de gauche ni de droite. Elles sont devenues aujourdhui le patrimoine commun de notre pays. Elles ont contribué à la vitalité démocratique de notre République, renforcé les libertés locales, libéré les énergies et développé une nouvelle forme de gestion publique, plus proche des citoyens.
Personne aujourdhui nenvisage sérieusement de revenir sur cette avancée. Pour autant, notre organisation territoriale comporte encore quelques faiblesses, soulignées par de nombreux travaux et rapports, qui demandent des adaptations.
Le volet intercommunal de ce courant décentralisateur sinscrit parfaitement dans cette continuité. Le vote de la loi a été consensuel sur ce volet en 2010. Lancien Premier ministre Pierre MAUROY dans un grand journal du soir en janvier 2010 disait : « Je ne nie pas que certains points positifs figurent dans ce projet. Il en est ainsi des dispositions qui organisent l'achèvement de la carte de l'intercommunalité. Il faut poursuivre jusqu'à son terme ce mouvement de regroupement des communes ( ) Il y faudra peut-être du temps. Raison de plus pour en avoir la volonté. »
Nous dressons le même portrait dune décentralisation vivante et utile, mais pénalisée par une trop grande complexité, qui ne facilite pas laccès des citoyens à la démocratie locale et décourage les bonnes volontés.
Chacun sait bien que toute réforme territoriale est difficile. Mais le pire service que nous pourrions rendre aujourdhui à la décentralisation, ce serait de ne rien entreprendre.
Cest en réformant notre organisation territoriale que nous conforterons les libertés locales. En ne faisant rien, nous les affaiblirons.
Cette réforme, son contenu ont fait lobjet pendant plus de 18 mois dintenses débats, de quantités damendements, de nombreuses modifications tant à lAssemblée nationale quau Sénat. Les parlementaires membres de votre association y ont pris une large part, ils ont nourri le projet de loi initial de leur vécu et de leur expérience délus de communautés.
* La méthode que nous vous proposons est celle de progresser, dans la concertation et le consensus.
Depuis un an, les choses ont avancé, les commissions départementales de coopération intercommunale, les CDCI, ont été installées dans la sérénité, les préfets ont présenté leurs projets, les collectivités ont fait connaître leurs avis et les discussions ont commencé.
Dans certains territoires, lexercice nest pas facile, dans dautres, il est même compliqué. Pour différentes raisons, il y a dabord le calendrier et les délais relativement courts. Il y a ensuite, la réforme de la taxe professionnelle et la mise en place des nouvelles ressources fiscales qui nous privent du recul nécessaire pour apprécier certains impacts des évolutions proposées. Il y a enfin la méthode qui a parfois conduit certains à imaginer que les préfets cherchaient à imposer coûte que coûte les projets quils avaient élaborés.
La loi prévoit que le SDCI est arrêté avant le 31 décembre 2011, pour que le schéma puisse être mis en oeuvre au plus tard le 1er juin 2013, c'est-à-dire terminé suffisamment longtemps avant les élections municipales de mars 2014. Cest le souhait dun grand nombre délus pour éviter toute interférence avec ces échéances. Ces élections verront en effet pour la première fois les conseillers communautaires élus sur les mêmes listes que les conseillers municipaux.
Cest pour à la fois, rassurer et apaiser que le Premier ministre François FILLON a été conduit à redéfinir et préciser la cadre dans lequel devait sinscrire lélaboration des SDCI dans les semaines qui viennent : donner davantage de temps à la concertation partout où cela savère nécessaire, et parvenir dans le cadre dune concertation approfondie et dans un esprit de coproduction entre les élus et les préfets à un consensus le plus large possible et la révision de la carte intercommunale.
Des instructions en ce sens ont été données aux préfets :
1) Dans la loi, la date de décision pour arrêter le schéma a été fixée au 31 décembre 2011. Mais la loi a également prévu lhypothèse où il ny aurait pas de SDCI arrêté après le 1er janvier 2012. En conséquence, si le contexte ne permet pas darrêter le schéma avant la fin de cette année, il est possible de déroger à cette date et de prendre plus de temps.
Mais là où il est possible darrêter le schéma, il faut le faire, en sachant que dans la phase de mise en oeuvre, il sera toujours possible de sen écarter pour coller aux réalités du terrain, ou prendre en compte des évolutions qui nauraient pas été anticipées. La situation nest pas figée. La date du 31 décembre 2011 nest pas un couperet ! Mais prendre le temps nécessaire ce nest pas tout arrêter ou tout freiner.
2) Jinsiste à nouveau sur ce point car il est fondamental : le schéma départemental de coopération intercommunale est le résultat dune coproduction entre le préfet et les élus. Le temps qui reste dici fin décembre doit être mis à profit pour trouver les solutions de consensus, ou à défaut, de compromis acceptables, en concertation avec les élus de la CDCI et tous ceux qui peuvent contribuer à lémergence de solutions.
Jai demandé aux préfets de ne pas hésiter à tenir autant de réunions formelles ou informelles que nécessaire. Au cours de ces rencontres, secteur par secteur, les amendements ou les propositions alternatives au projet de schéma seront examinés et le cas échéant adoptés. Ainsi, un travail progressif permettra de faire émerger un schéma peut être plus modeste en tout cas plus adapté à la réalité actuelle de chaque territoire et de ses élus.
3) Pour aboutir à un SDCI réaliste, il ne faut pas hésiter à revenir sur les projets qui bloquent, sur les propositions trop ambitieuses. La révision de la carte intercommunale ne doit pas être une course au gigantisme
Je voudrais rappeler à cet égard les priorités que nous devons nous attacher à retenir dans les SDCI, priorités qui découlent très directement de la loi.
a) La première priorité est impérative : intégrer les communes isolées dans un EPCI à fiscalité propre, et mettre un terme aux discontinuités et aux enclaves territoriales.
b) la deuxième priorité est un objectif : le seuil de 5 000 habitants pour les communautés de communes doit être interprété avec souplesse, puisque le législateur a prévu des exceptions au regard des circonstances locales, et que ce seuil ne sapplique pas aux zones de montagne dès lors que la viabilité des structures les plus petites est assurée.
c) la troisième priorité est qualitative : il faut rechercher laccord des élus sur la simplification de la carte des EPCI et des syndicats, pour la faire correspondre aux bassins de vie et à une plus grande efficacité des services publics de proximité à moindre coût.
4) Je marrête un instant sur un problème qui se rencontre fréquemment dans lélaboration des schémas : lorsquil existe de petites intercommunalités par la taille mais avec des coefficients dintégration très forts, le risque de lagrandissement est de diluer lexercice des compétences, c'est-à-dire de revenir sur des mises en commun qui fonctionnent bien, pour le plus grand bénéfice des habitants de ces intercommunalités. Lorsquil faut répondre à ces différences fortes de niveau dintégration, il faut bien sûr examiner toutes les solutions juridiques qui permettent de bien répartir les compétences au sein du nouvel EPCI, par exemple en redéfinissant lintérêt communautaire pour les compétences optionnelles. Lorsque ce nest pas possible, la création dun syndicat peut être nécessaire et les préfets ont été invités à y recourir chaque fois que cétait nécessaire.
5) Sagissant justement des syndicats, lobjectif de la loi est de simplifier lorganisation existante, en réduisant leur nombre, notamment par la disparition des syndicats inactifs. La loi ninterdit pas de faire preuve de souplesse, lorsquil faut préserver au niveau adapté lexercice de certaines compétences, en particulier la compétence scolaire. Dans ce domaine, je tiens à le redire, il ny a pas dobjectif quantitatif. Il ne sagit pas de faire -10, -20, -30% mais de faire prévaloir le bon sens et lefficacité !
6) Au risque de me répéter, nous irons au-delà du 31 décembre 2011 sil savère quil nest pas possible darrêter un schéma élaboré dans ces conditions dans certains départements.
7) Jai créé auprès de moi une cellule au ministère des collectivités territoriales, qui sera tenue informée par les préfets et par les élus qui le souhaitent des progrès de ces travaux.
Lintercommunalité a été un succès. Il faut franchir cette nouvelle étape en renforçant sa gouvernance, en démocratisant son fonctionnement et en approfondissant son intégration.
Mais, si nous ne parvenons pas à engager la mise en oeuvre de la révision de la carte intercommunale, ce sera la première législature depuis 2 décennies où nous naurons pas fait un pas en avant en matière dintercommunalité et ce, au détriment des citoyens et des territoires ! et au risque de créer un dangereux précédent !
* Permettez-moi de dire un mot sur quelques questions en suspens auxquelles nombre délus locaux sont extrêmement attentifs
Sur le seuil de 500 habitants pour le scrutin de liste aux élections municipales. Actuellement, il est de 3 500 habitants, cest ce que prévoit le droit. Le seuil de 500 habitants a été inscrit sur proposition des élus dans un projet de loi qui na pas encore été discuté au Parlement. Certains, et ils sont nombreux, pensent quil faudrait relever ce seuil.
Le Gouvernement sen remettra sur ce point à la sagesse des parlementaires lorsquils lui en feront la proposition.
Sur les dispositions qui pourraient revues, il en est une à laquelle je suis très favorable : il faut permettre aux membres des bureaux des EPCI actuellement existants qui seraient amenés à fusionner avant 2014 de conserver leur mandat jusquà cette date. Il ne faut pas en effet provoquer de rupture artificielle de la gouvernance, et écarter de leurs responsabilités des élus qui nont pas de raison dêtre forcés à les abandonner.
II. Je voudrais à présent compléter mon propos par quelques mots sur la péréquation du bloc communal qui sera une des grandes nouveautés de la loi de finances pour 2012 pour les collectivités locales, même si ses grands principes en avaient été posés lannée dernière.
La péréquation horizontale, c'est-à-dire entre collectivités de même niveau, prend une ampleur inégalée cette année. Cest un gage de solidarité et déquité. En effet, la loi de finances pour 2012 va préciser le fonctionnement du fonds national de péréquation des recettes fiscales intercommunales et communales (F.P.I.C.). Je veux vous en donner les principes généraux :
- ce fonds redistribuera 250 M, dès lan prochain. Sa montée en charge sera progressive jusquen 2015 pour atteindre plus dun milliard deuros de redistribution.
- les collectivités (intercommunalités ou communes isolées) seront prélevées sur la base dun potentiel financier agrégé, et élargi :
agrégé, car il agrégera les ressources communales et intercommunales du territoire considéré ;
élargi, car il intégrera quelques recettes fiscales supplémentaires, comme le souhaitaient de nombreux élus. Cela me paraît également plus juste.
- Le prélèvement sera organisé par strates. Il portera sur des communes isolées ou sur des « blocs territoriaux », agrégeant les EPCI et leurs communes membres.
Le principe de la stratification fait aujourdhui débat.
Je peux dores et déjà vous dire que ce parti de la stratification est celui de léquité.
Contrairement à ce que jai pu lire ici ou là, il ne pénalise pas les plus petites collectivités : le rapport sur la péréquation communale et intercommunale montre à linverse que la strate des communes et intercommunalités de moins de 10 000 habitants est bénéficiaire nette de cette redistribution.
Mais il faut aussi songer à léquilibre global du système. Or, la comparaison des scénarios « stratifié » et « déstratifié » fait apparaître que ce dernier entraînerait une très forte concentration des contributions. En effet, seules les strates des « blocs territoriaux » de 100 000 à 200 000 habitants et de plus de 200 000 habitants seraient contributrices nettes à la péréquation. Et, pour la dernière strate, la contribution atteindrait 93 M dès 2012, contre 13 M dans le scénario « stratifié ».
Cette concentration et, plus encore, sa montée en puissance jusquen 2015, pourraient alors être remises en cause. Cest pourquoi, pour ma part, je privilégie la stratification, mais cest au Parlement quil reviendra de trancher.
Cette péréquation entre les ressources des collectivités continuera de se développer significativement dans les prochaines années. Elle permettra de renforcer encore léquité entre nos territoires [et aussi de mieux les responsabiliser sur laffectation de cette redistribution].
Un mot sur les besoins de financement des collectivités territoriales.
Depuis cet été, les collectivités territoriales ont éprouvé de grandes difficultés à financer leurs investissements, du fait de la mise en oeuvre par les banques des nouvelles normes prudentielles Bâle III, de la crise financière, mais aussi du retrait de Dexia.
Le Gouvernement a suivi de très près lévolution des conditions de financement des collectivités territoriales. Jai, personnellement, très tôt, reçu les responsables de toutes les banques françaises actives sur ce secteur.
Le Premier ministre a annoncé la mise à disposition par la Caisse des dépôts et consignations de 3 Md de prêts selon des mécanismes identiques à ceux mis en place en 2008. Cette enveloppe correspond à lévaluation des besoins des collectivités territoriales jusquà la fin de lannée et devrait leur permettre de boucler leurs plans de financement pour 2011.
Dans le contexte dincertitudes financières que nous connaissons, je sais que cétait une mesure attendue ; cest aussi une mesure utile, puisque linvestissement des collectivités soutient directement lactivité économique dans nos territoires.
Par ailleurs, dans le cadre du sauvetage de Dexia, vous avez noté que la Caisse des Dépôts et la Banque Postale ont décidé à travers un vecteur commun de se positionner sur le marché du financement des collectivités locales et devraient être en mesure dintervenir dès le début de lannée 2012.
Enfin, vous le savez, il y a également dans les cartons le projet dagence de financement des collectivités locales porté par un certain nombre dassociations de collectivités, et en particulier lAMF. Il fait actuellement lobjet de discussions approfondies avec les services de lEtat.
III. Enfin, et cest un défi à part entière, il faut approfondir lintercommunalité, encourager les mutualisations de services au sein des intercommunalités.
Je voudrais commencer par rétablir une vérité qui me paraît mise à mal par les critiques émises par certains des adversaires de la réforme de la carte intercommunale, et en particulier ceux qui ont des intérêts à ce que rien ne change. Il a été dit en effet que cette réforme sintéresse trop aux périmètres et pas assez aux compétences.
Lorsque vous mavez convié aux « rencontres des présidents dagglo » à Paris le 24 mai dernier, vous avez présenté une étude fort bien faite sur les projets de SDCI. Elle rejoint lanalyse que mon ministère a pu établir des projets présentés par les préfets : aucun na négligé la problématique de la reprise des compétences par un nouvel EPCI né dune fusion. Et lorsque ce travail navait pas été fait avec une précision suffisante, les avis des communes et surtout ceux des EPCI que vous représentez ont permis de dégager des propositions constructives. Il appartient maintenant aux CDCI de sen saisir pour améliorer les projets de schéma.
Jinsiste sur le fait quau moment de la prise de larrêté de périmètre puis de la création dun nouvel EPCI, lanalyse des compétences du futur établissement public devra être partagée entre le préfet et les élus concernés. Il sagit en effet de rationaliser lexercice des compétences au bénéfice des habitants dun bassin de vie, mais sans tomber dans lexcès de complexité en obligeant par exemple certaines communes à reprendre des missions que lintercommunalité remplissait avec efficacité.
Cette question des compétences est aussi inscrite dans la réforme pour les régions et les départements, ce qui nest pas sans incidence pour les communes et les intercommunalités.
Dans chaque région, un schéma dorganisation des compétences et de mutualisation des services, établi par la région et les départements qui la composent, permettra de réorganiser les compétences, de répartir les interventions financières respectives des deux collectivités et dorganiser la mutualisation de leurs services.
Ce schéma permettra aux communes et aux EPCI de disposer dune vision plus claire de qui fait quoi, et de sensibiliser les régions et les départements à la nécessité de travailler ensemble pour appréhender le « bloc communal » dans la réalité et la diversité de ses attentes. Si ce travail est fait dans la concertation, ce sera une vraie chance pour laménagement du territoire et la réalisation de projets véritablement structurants.
Je voudrais à cet égard saluer ceux dentre vous qui se sont lancés avec enthousiasme et efficacité dans la construction de pôles métropolitains. Celui du « Sillon lorrain » a été créé il y a quelques semaines. Il existe une vingtaine dautres projets dont certains sont bien avancés, au stade de la rédaction des projets de statuts.
Je me réjouis également du projet de création de la métropole autour de Nice, qui devrait être effective le 1er janvier 2012.
Ces exemples montrent que les outils créés par la réforme des collectivités territoriales peuvent être efficaces pour franchir une nouvelle étape dans la construction intercommunale, dès lors quil existe une volonté politique forte davancer.
Pour permettre aux EPCI de disposer à lavenir de tous les leviers nécessaires, en particulier sur le plan juridique, il faut se saisir des outils qui facilitent les mutualisations de services et de personnels au sein du bloc communal prévues par la réforme. Je rappelle en effet que la loi prévoit daller au-delà de la mise à disposition de services ou de personnels : elle permet la création de services communs entre un EPCI à fiscalité propre et une ou plusieurs communes membres, et elle prévoit que le président de lEPCI propose un schéma de mutualisation des services.
Mutualiser les services et viser lexcellence requiert de pouvoir sappuyer sur un encadrement supérieur adapté. Je veux également vous dire que jai décidé de faire aboutir très prochainement, avec François Sauvadet, les travaux menés sur le sujet de lencadrement supérieur. Je veux offrir des réponses concrètes aux besoins des collectivités territoriales en matière dencadrement supérieur : ingénieurs de très haut niveau, statuts demplois sur des fonctions directoriales très spécifiques. Je veux à cette occasion pouvoir offrir de nouvelles perspectives aux cadres de haut niveau. Lencadrement supérieur des collectivités sest professionnalisé, il a fait preuve dune grande capacité dadaptation : il y a lieu de le valoriser.
Je fais confiance à votre expérience délus au service dune intercommunalité de projet pour présenter des schémas réalistes mais capables de faire bouger les lignes pas plus ni moins que nécessaire.
Merci de votre attention.
Source http://www.adcf.org, le 26 octobre 2011
Monsieur le Préfet de région,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents dagglomération et de communauté,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Merci dabord à vous tous pour votre accueil chaleureux, merci à toi cher Daniel, de mavoir invité à votre congrès, et de me permettre de pouvoir échanger avec les élus pour lesquels lintercommunalité est autant une passion quune réussite au service de nos concitoyens.
La période que nous traversons est un peu agitée. Lon entend beaucoup parler de la réforme intercommunale, Lon entend des discours souvent critiques. Pourtant, vous le savez aussi bien que moi, cette réforme est nécessaire, utile pour nos territoires, attendue par nos concitoyens et quelle a peu à voir avec les critiques de circonstance que jentends ici ou là.
Vous le savez aussi bien que moi, lorsque cette réforme a été présentée et discutée au Parlement, le volet intercommunal a fait lobjet dun large consensus à lAssemblée comme au Sénat à droite comme à gauche.
Or aujourdhui tout le monde paraît avoir oublié ses prises de position dhier Aujourdhui, cette réforme est, pour les uns, une des causes, pour ne pas dire la cause de changement de majorité au Sénat, pour dautres, il faut absolument tout arrêter, remettre tout à plat et pourtant vous comme moi vous savez quelle répond à un besoin impérieux.
Comme la rappelé le Premier ministre vendredi dernier en Indre-et-Loire : la révision de la carte intercommunale est une nécessité pour notre pays « pour que nos communes et nos intercommunalités soient en capacité dexercer les nombreuses compétences quelles détiennent ».
Le Gouvernement ne méconnaît pas les difficultés rencontrées, et je suis venu vous dire que la vivacité de certaines inquiétudes et de certains désaccords est légitime. Mais il faut se donner les moyens de les surmonter, pour dessiner ensemble, avec responsabilité, qui est une marque de fabrique de lAdCF, la coopération entre communes de demain.
I. La réforme de lintercommunalité
* Lintercommunalité ne date pas de la loi de 2010 !
La réforme actuelle, sinscrit dans la continuité dun mouvement lent et progressif de décentralisation engagé depuis plus de 40 ans par les différents gouvernements, de gauche comme de droite, qui a permis dinscrire dans la Constitution en 2003 que : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. ( ) Son organisation est décentralisée ».
La coopération intercommunale est un fait ancien qui na cessé de se développer. Quelques dates de ce mouvement quil est bon de rappeler :
- loi du 31 décembre 1966 : création des "communautés urbaines".
- loi du 13 juillet 1983 : création des "communautés" et "syndicats dagglomération nouvelle", pour regrouper les communes autour des villes nouvelles.
- loi de 1992 relative à l'administration territoriale de la République (dite "loi ATR" ou "loi Joxe") : création des "communautés de communes", destinées au zones rurales, et des "communautés de villes", destinées aux zones urbaines.
- loi dorientation de 1995
- loi du 12 juillet 1999, dite loi « Chevènement »,
- loi de 2002
Mesdames et Messieurs les élus, la décentralisation, tout comme lintercommunalité, ne sont ni de gauche ni de droite. Elles sont devenues aujourdhui le patrimoine commun de notre pays. Elles ont contribué à la vitalité démocratique de notre République, renforcé les libertés locales, libéré les énergies et développé une nouvelle forme de gestion publique, plus proche des citoyens.
Personne aujourdhui nenvisage sérieusement de revenir sur cette avancée. Pour autant, notre organisation territoriale comporte encore quelques faiblesses, soulignées par de nombreux travaux et rapports, qui demandent des adaptations.
Le volet intercommunal de ce courant décentralisateur sinscrit parfaitement dans cette continuité. Le vote de la loi a été consensuel sur ce volet en 2010. Lancien Premier ministre Pierre MAUROY dans un grand journal du soir en janvier 2010 disait : « Je ne nie pas que certains points positifs figurent dans ce projet. Il en est ainsi des dispositions qui organisent l'achèvement de la carte de l'intercommunalité. Il faut poursuivre jusqu'à son terme ce mouvement de regroupement des communes ( ) Il y faudra peut-être du temps. Raison de plus pour en avoir la volonté. »
Nous dressons le même portrait dune décentralisation vivante et utile, mais pénalisée par une trop grande complexité, qui ne facilite pas laccès des citoyens à la démocratie locale et décourage les bonnes volontés.
Chacun sait bien que toute réforme territoriale est difficile. Mais le pire service que nous pourrions rendre aujourdhui à la décentralisation, ce serait de ne rien entreprendre.
Cest en réformant notre organisation territoriale que nous conforterons les libertés locales. En ne faisant rien, nous les affaiblirons.
Cette réforme, son contenu ont fait lobjet pendant plus de 18 mois dintenses débats, de quantités damendements, de nombreuses modifications tant à lAssemblée nationale quau Sénat. Les parlementaires membres de votre association y ont pris une large part, ils ont nourri le projet de loi initial de leur vécu et de leur expérience délus de communautés.
* La méthode que nous vous proposons est celle de progresser, dans la concertation et le consensus.
Depuis un an, les choses ont avancé, les commissions départementales de coopération intercommunale, les CDCI, ont été installées dans la sérénité, les préfets ont présenté leurs projets, les collectivités ont fait connaître leurs avis et les discussions ont commencé.
Dans certains territoires, lexercice nest pas facile, dans dautres, il est même compliqué. Pour différentes raisons, il y a dabord le calendrier et les délais relativement courts. Il y a ensuite, la réforme de la taxe professionnelle et la mise en place des nouvelles ressources fiscales qui nous privent du recul nécessaire pour apprécier certains impacts des évolutions proposées. Il y a enfin la méthode qui a parfois conduit certains à imaginer que les préfets cherchaient à imposer coûte que coûte les projets quils avaient élaborés.
La loi prévoit que le SDCI est arrêté avant le 31 décembre 2011, pour que le schéma puisse être mis en oeuvre au plus tard le 1er juin 2013, c'est-à-dire terminé suffisamment longtemps avant les élections municipales de mars 2014. Cest le souhait dun grand nombre délus pour éviter toute interférence avec ces échéances. Ces élections verront en effet pour la première fois les conseillers communautaires élus sur les mêmes listes que les conseillers municipaux.
Cest pour à la fois, rassurer et apaiser que le Premier ministre François FILLON a été conduit à redéfinir et préciser la cadre dans lequel devait sinscrire lélaboration des SDCI dans les semaines qui viennent : donner davantage de temps à la concertation partout où cela savère nécessaire, et parvenir dans le cadre dune concertation approfondie et dans un esprit de coproduction entre les élus et les préfets à un consensus le plus large possible et la révision de la carte intercommunale.
Des instructions en ce sens ont été données aux préfets :
1) Dans la loi, la date de décision pour arrêter le schéma a été fixée au 31 décembre 2011. Mais la loi a également prévu lhypothèse où il ny aurait pas de SDCI arrêté après le 1er janvier 2012. En conséquence, si le contexte ne permet pas darrêter le schéma avant la fin de cette année, il est possible de déroger à cette date et de prendre plus de temps.
Mais là où il est possible darrêter le schéma, il faut le faire, en sachant que dans la phase de mise en oeuvre, il sera toujours possible de sen écarter pour coller aux réalités du terrain, ou prendre en compte des évolutions qui nauraient pas été anticipées. La situation nest pas figée. La date du 31 décembre 2011 nest pas un couperet ! Mais prendre le temps nécessaire ce nest pas tout arrêter ou tout freiner.
2) Jinsiste à nouveau sur ce point car il est fondamental : le schéma départemental de coopération intercommunale est le résultat dune coproduction entre le préfet et les élus. Le temps qui reste dici fin décembre doit être mis à profit pour trouver les solutions de consensus, ou à défaut, de compromis acceptables, en concertation avec les élus de la CDCI et tous ceux qui peuvent contribuer à lémergence de solutions.
Jai demandé aux préfets de ne pas hésiter à tenir autant de réunions formelles ou informelles que nécessaire. Au cours de ces rencontres, secteur par secteur, les amendements ou les propositions alternatives au projet de schéma seront examinés et le cas échéant adoptés. Ainsi, un travail progressif permettra de faire émerger un schéma peut être plus modeste en tout cas plus adapté à la réalité actuelle de chaque territoire et de ses élus.
3) Pour aboutir à un SDCI réaliste, il ne faut pas hésiter à revenir sur les projets qui bloquent, sur les propositions trop ambitieuses. La révision de la carte intercommunale ne doit pas être une course au gigantisme
Je voudrais rappeler à cet égard les priorités que nous devons nous attacher à retenir dans les SDCI, priorités qui découlent très directement de la loi.
a) La première priorité est impérative : intégrer les communes isolées dans un EPCI à fiscalité propre, et mettre un terme aux discontinuités et aux enclaves territoriales.
b) la deuxième priorité est un objectif : le seuil de 5 000 habitants pour les communautés de communes doit être interprété avec souplesse, puisque le législateur a prévu des exceptions au regard des circonstances locales, et que ce seuil ne sapplique pas aux zones de montagne dès lors que la viabilité des structures les plus petites est assurée.
c) la troisième priorité est qualitative : il faut rechercher laccord des élus sur la simplification de la carte des EPCI et des syndicats, pour la faire correspondre aux bassins de vie et à une plus grande efficacité des services publics de proximité à moindre coût.
4) Je marrête un instant sur un problème qui se rencontre fréquemment dans lélaboration des schémas : lorsquil existe de petites intercommunalités par la taille mais avec des coefficients dintégration très forts, le risque de lagrandissement est de diluer lexercice des compétences, c'est-à-dire de revenir sur des mises en commun qui fonctionnent bien, pour le plus grand bénéfice des habitants de ces intercommunalités. Lorsquil faut répondre à ces différences fortes de niveau dintégration, il faut bien sûr examiner toutes les solutions juridiques qui permettent de bien répartir les compétences au sein du nouvel EPCI, par exemple en redéfinissant lintérêt communautaire pour les compétences optionnelles. Lorsque ce nest pas possible, la création dun syndicat peut être nécessaire et les préfets ont été invités à y recourir chaque fois que cétait nécessaire.
5) Sagissant justement des syndicats, lobjectif de la loi est de simplifier lorganisation existante, en réduisant leur nombre, notamment par la disparition des syndicats inactifs. La loi ninterdit pas de faire preuve de souplesse, lorsquil faut préserver au niveau adapté lexercice de certaines compétences, en particulier la compétence scolaire. Dans ce domaine, je tiens à le redire, il ny a pas dobjectif quantitatif. Il ne sagit pas de faire -10, -20, -30% mais de faire prévaloir le bon sens et lefficacité !
6) Au risque de me répéter, nous irons au-delà du 31 décembre 2011 sil savère quil nest pas possible darrêter un schéma élaboré dans ces conditions dans certains départements.
7) Jai créé auprès de moi une cellule au ministère des collectivités territoriales, qui sera tenue informée par les préfets et par les élus qui le souhaitent des progrès de ces travaux.
Lintercommunalité a été un succès. Il faut franchir cette nouvelle étape en renforçant sa gouvernance, en démocratisant son fonctionnement et en approfondissant son intégration.
Mais, si nous ne parvenons pas à engager la mise en oeuvre de la révision de la carte intercommunale, ce sera la première législature depuis 2 décennies où nous naurons pas fait un pas en avant en matière dintercommunalité et ce, au détriment des citoyens et des territoires ! et au risque de créer un dangereux précédent !
* Permettez-moi de dire un mot sur quelques questions en suspens auxquelles nombre délus locaux sont extrêmement attentifs
Sur le seuil de 500 habitants pour le scrutin de liste aux élections municipales. Actuellement, il est de 3 500 habitants, cest ce que prévoit le droit. Le seuil de 500 habitants a été inscrit sur proposition des élus dans un projet de loi qui na pas encore été discuté au Parlement. Certains, et ils sont nombreux, pensent quil faudrait relever ce seuil.
Le Gouvernement sen remettra sur ce point à la sagesse des parlementaires lorsquils lui en feront la proposition.
Sur les dispositions qui pourraient revues, il en est une à laquelle je suis très favorable : il faut permettre aux membres des bureaux des EPCI actuellement existants qui seraient amenés à fusionner avant 2014 de conserver leur mandat jusquà cette date. Il ne faut pas en effet provoquer de rupture artificielle de la gouvernance, et écarter de leurs responsabilités des élus qui nont pas de raison dêtre forcés à les abandonner.
II. Je voudrais à présent compléter mon propos par quelques mots sur la péréquation du bloc communal qui sera une des grandes nouveautés de la loi de finances pour 2012 pour les collectivités locales, même si ses grands principes en avaient été posés lannée dernière.
La péréquation horizontale, c'est-à-dire entre collectivités de même niveau, prend une ampleur inégalée cette année. Cest un gage de solidarité et déquité. En effet, la loi de finances pour 2012 va préciser le fonctionnement du fonds national de péréquation des recettes fiscales intercommunales et communales (F.P.I.C.). Je veux vous en donner les principes généraux :
- ce fonds redistribuera 250 M, dès lan prochain. Sa montée en charge sera progressive jusquen 2015 pour atteindre plus dun milliard deuros de redistribution.
- les collectivités (intercommunalités ou communes isolées) seront prélevées sur la base dun potentiel financier agrégé, et élargi :
agrégé, car il agrégera les ressources communales et intercommunales du territoire considéré ;
élargi, car il intégrera quelques recettes fiscales supplémentaires, comme le souhaitaient de nombreux élus. Cela me paraît également plus juste.
- Le prélèvement sera organisé par strates. Il portera sur des communes isolées ou sur des « blocs territoriaux », agrégeant les EPCI et leurs communes membres.
Le principe de la stratification fait aujourdhui débat.
Je peux dores et déjà vous dire que ce parti de la stratification est celui de léquité.
Contrairement à ce que jai pu lire ici ou là, il ne pénalise pas les plus petites collectivités : le rapport sur la péréquation communale et intercommunale montre à linverse que la strate des communes et intercommunalités de moins de 10 000 habitants est bénéficiaire nette de cette redistribution.
Mais il faut aussi songer à léquilibre global du système. Or, la comparaison des scénarios « stratifié » et « déstratifié » fait apparaître que ce dernier entraînerait une très forte concentration des contributions. En effet, seules les strates des « blocs territoriaux » de 100 000 à 200 000 habitants et de plus de 200 000 habitants seraient contributrices nettes à la péréquation. Et, pour la dernière strate, la contribution atteindrait 93 M dès 2012, contre 13 M dans le scénario « stratifié ».
Cette concentration et, plus encore, sa montée en puissance jusquen 2015, pourraient alors être remises en cause. Cest pourquoi, pour ma part, je privilégie la stratification, mais cest au Parlement quil reviendra de trancher.
Cette péréquation entre les ressources des collectivités continuera de se développer significativement dans les prochaines années. Elle permettra de renforcer encore léquité entre nos territoires [et aussi de mieux les responsabiliser sur laffectation de cette redistribution].
Un mot sur les besoins de financement des collectivités territoriales.
Depuis cet été, les collectivités territoriales ont éprouvé de grandes difficultés à financer leurs investissements, du fait de la mise en oeuvre par les banques des nouvelles normes prudentielles Bâle III, de la crise financière, mais aussi du retrait de Dexia.
Le Gouvernement a suivi de très près lévolution des conditions de financement des collectivités territoriales. Jai, personnellement, très tôt, reçu les responsables de toutes les banques françaises actives sur ce secteur.
Le Premier ministre a annoncé la mise à disposition par la Caisse des dépôts et consignations de 3 Md de prêts selon des mécanismes identiques à ceux mis en place en 2008. Cette enveloppe correspond à lévaluation des besoins des collectivités territoriales jusquà la fin de lannée et devrait leur permettre de boucler leurs plans de financement pour 2011.
Dans le contexte dincertitudes financières que nous connaissons, je sais que cétait une mesure attendue ; cest aussi une mesure utile, puisque linvestissement des collectivités soutient directement lactivité économique dans nos territoires.
Par ailleurs, dans le cadre du sauvetage de Dexia, vous avez noté que la Caisse des Dépôts et la Banque Postale ont décidé à travers un vecteur commun de se positionner sur le marché du financement des collectivités locales et devraient être en mesure dintervenir dès le début de lannée 2012.
Enfin, vous le savez, il y a également dans les cartons le projet dagence de financement des collectivités locales porté par un certain nombre dassociations de collectivités, et en particulier lAMF. Il fait actuellement lobjet de discussions approfondies avec les services de lEtat.
III. Enfin, et cest un défi à part entière, il faut approfondir lintercommunalité, encourager les mutualisations de services au sein des intercommunalités.
Je voudrais commencer par rétablir une vérité qui me paraît mise à mal par les critiques émises par certains des adversaires de la réforme de la carte intercommunale, et en particulier ceux qui ont des intérêts à ce que rien ne change. Il a été dit en effet que cette réforme sintéresse trop aux périmètres et pas assez aux compétences.
Lorsque vous mavez convié aux « rencontres des présidents dagglo » à Paris le 24 mai dernier, vous avez présenté une étude fort bien faite sur les projets de SDCI. Elle rejoint lanalyse que mon ministère a pu établir des projets présentés par les préfets : aucun na négligé la problématique de la reprise des compétences par un nouvel EPCI né dune fusion. Et lorsque ce travail navait pas été fait avec une précision suffisante, les avis des communes et surtout ceux des EPCI que vous représentez ont permis de dégager des propositions constructives. Il appartient maintenant aux CDCI de sen saisir pour améliorer les projets de schéma.
Jinsiste sur le fait quau moment de la prise de larrêté de périmètre puis de la création dun nouvel EPCI, lanalyse des compétences du futur établissement public devra être partagée entre le préfet et les élus concernés. Il sagit en effet de rationaliser lexercice des compétences au bénéfice des habitants dun bassin de vie, mais sans tomber dans lexcès de complexité en obligeant par exemple certaines communes à reprendre des missions que lintercommunalité remplissait avec efficacité.
Cette question des compétences est aussi inscrite dans la réforme pour les régions et les départements, ce qui nest pas sans incidence pour les communes et les intercommunalités.
Dans chaque région, un schéma dorganisation des compétences et de mutualisation des services, établi par la région et les départements qui la composent, permettra de réorganiser les compétences, de répartir les interventions financières respectives des deux collectivités et dorganiser la mutualisation de leurs services.
Ce schéma permettra aux communes et aux EPCI de disposer dune vision plus claire de qui fait quoi, et de sensibiliser les régions et les départements à la nécessité de travailler ensemble pour appréhender le « bloc communal » dans la réalité et la diversité de ses attentes. Si ce travail est fait dans la concertation, ce sera une vraie chance pour laménagement du territoire et la réalisation de projets véritablement structurants.
Je voudrais à cet égard saluer ceux dentre vous qui se sont lancés avec enthousiasme et efficacité dans la construction de pôles métropolitains. Celui du « Sillon lorrain » a été créé il y a quelques semaines. Il existe une vingtaine dautres projets dont certains sont bien avancés, au stade de la rédaction des projets de statuts.
Je me réjouis également du projet de création de la métropole autour de Nice, qui devrait être effective le 1er janvier 2012.
Ces exemples montrent que les outils créés par la réforme des collectivités territoriales peuvent être efficaces pour franchir une nouvelle étape dans la construction intercommunale, dès lors quil existe une volonté politique forte davancer.
Pour permettre aux EPCI de disposer à lavenir de tous les leviers nécessaires, en particulier sur le plan juridique, il faut se saisir des outils qui facilitent les mutualisations de services et de personnels au sein du bloc communal prévues par la réforme. Je rappelle en effet que la loi prévoit daller au-delà de la mise à disposition de services ou de personnels : elle permet la création de services communs entre un EPCI à fiscalité propre et une ou plusieurs communes membres, et elle prévoit que le président de lEPCI propose un schéma de mutualisation des services.
Mutualiser les services et viser lexcellence requiert de pouvoir sappuyer sur un encadrement supérieur adapté. Je veux également vous dire que jai décidé de faire aboutir très prochainement, avec François Sauvadet, les travaux menés sur le sujet de lencadrement supérieur. Je veux offrir des réponses concrètes aux besoins des collectivités territoriales en matière dencadrement supérieur : ingénieurs de très haut niveau, statuts demplois sur des fonctions directoriales très spécifiques. Je veux à cette occasion pouvoir offrir de nouvelles perspectives aux cadres de haut niveau. Lencadrement supérieur des collectivités sest professionnalisé, il a fait preuve dune grande capacité dadaptation : il y a lieu de le valoriser.
Je fais confiance à votre expérience délus au service dune intercommunalité de projet pour présenter des schémas réalistes mais capables de faire bouger les lignes pas plus ni moins que nécessaire.
Merci de votre attention.
Source http://www.adcf.org, le 26 octobre 2011