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Investissements bas carbone de la France : sont-ils tous rentables ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Le rapport de Jean Pisani-Ferry et de Selma Mahfouz sur les incidences économiques de l’action pour le climat (2023) évalue les investissements nécessaires à la transition écologique à 66 milliards d’euros nets en moyenne par an, entre 2023 et 2030. Le point sur la rentabilité de ces investissements.

France Stratégie a publié le 7 octobre 2024 une note d’analyse intitulée "Investissements bas carbone : comment les rendre rentables ?". Elle actualise l’estimation des investissements à engager, quantifie ceux qui sont rentables pour les agents économiques ainsi que les transferts monétaires susceptibles de rentabiliser les autres.

Les conclusions du rapport Pisani-Ferry et Mahfouz

Selon ce rapport, parmi les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques :

  • certains induiront des économies d’énergie qui les rendront rentables pour les acteurs privés. Cependant, des ménages pourraient avoir des difficultés à en réaliser certains, en raison de contraintes financières ;
  • d’autres investissements nécessiteront une intervention publique pour devenir viables.

Le rapport recommande une intervention de l’État en vue d’encourager les acteurs économiques à investir rapidement et d’assurer une transition climatique graduelle et maîtrisée. Il appelle le secteur public à financer 50% des investissements d’ici à 2030.

Investissements verts : une rentabilité variable

La note d’analyse se focalise sur deux des cinq secteurs d’activité étudiés par le rapport de 2023, le bâtiment et le transport (routier), car ces secteurs :

  • concentrent 85% des investissements bruts préconisés par le rapport ;
  • contribuent le plus aux émissions de dioxyde de carbone (CO2). Leur décarbonation couvrirait 70% des émissions de CO2 évitables grâce aux investissements suggérés.

Sur les quelque 85 milliards d’euros d’investissements bruts nécessaires en moyenne chaque année de 2024 à 2030 dans le bâtiment et le transport routier, un tiers serait rentable sans intervention publique, si les prix de l’énergie restent à leur niveau de 2024. Leur rentabilité augmenterait au fil du temps, en particulier dans les transports, grâce au progrès technologique dont bénéficient les véhicules électriques.

La rénovation thermique du bâti ne serait pas rentable sans intervention de l’État. Seul le remplacement de chaudières au fioul ou à gaz par des pompes à chaleur présenterait une rentabilité notable.

Quelle intervention publique pour garantir la rentabilité de la transition ?

La rentabilisation de l’ensemble des investissements verts nécessiterait 19 milliards d’euros de transferts par an vers les ménages et les entreprises entre 2024 et 2030, pour les aider à investir. Afin de limiter l’impact sur les finances publiques, l’État pourrait privilégier des incitations réglementaires, des taxes carbone et des malus comme celui qui existe sur les voitures thermiques. Lorsque les aides prennent la forme de subventions, elles doivent être adaptées aux revenus des ménages pour restreindre les effets d’aubaine et inciter les plus modestes à participer à la transition.

Même motivés par la rentabilité d’un investissement, beaucoup de ménages ne disposent pas des liquidités ni de la capacité d’endettement suffisantes pour effectuer ces dépenses. Les moins aisés auront donc besoin d’un soutien supplémentaire.