Publié le 13 novembre 2024, le rapport de la commission des affaires étrangères attire l'attention sur les enjeux stratégiques de l'alimentation, sur la nécessité pour les pays de conserver une souveraineté alimentaire et de renforcer une "coopération internationale imparfaite".
Un quart de la population mondiale concernée par l'insécurité alimentaire
L’insécurité alimentaire "modérée" (accès incertain à la nourriture) concernerait 2,8 milliards de personnes, soit un quart de l'humanité.
Alors que la sous-alimentation avait diminué entre 2005 et 2010 puis s’était stabilisée, la sous-alimentation a progressé dans le monde depuis 2017. Elle toucherait, en 2023, 9,1% de la population mondiale (733 millions de personnes) contre 7,5% en 2019.
En 2023, 281 millions de personnes seraient concernées aussi par une "insécurité alimentaire aigüe" dans 59 pays et territoires contre 193 millions de personnes et 53 pays et territoires en 2021.
Les objectifs de réduction de la faim dans le monde fixés par les Nations unies pour 2030 semblent dès lors inatteignables selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Quant à la malnutrition, elle progresse, y compris dans les pays à revenus intermédiaires. Au-delà de concerner les populations les plus pauvres, elle est un facteur aggravant de pauvreté : retards dans l’éducation, perte de productivité, perte de croissance économique et inégalités de genre, les rapporteurs soulignant que les adolescentes et les femmes sont "particulièrement victimes de la malnutrition".
Guerres, chocs économiques, crise climatique... des facteurs majeurs d'insécurité alimentaire
Dans la période récente, la FAO a identifié trois facteurs majeurs de la hausse de l’insécurité alimentaire. Par ordre d’importance : les conflits armés (Ukraine, Gaza, Soudan...), les chocs économiques (en lien avec la crise sanitaire du Covid-19) et les événements météorologiques extrêmes liés au dérèglement climatique.
L'évolution du secteur agricole est également un facteur à prendre en compte estime le rapport avec l'accaparement du foncier agricole par certains pays au détriment d'autres pays, la concentration des acteurs du monde agricole ou encore les spéculations sur les prix des matières premières.
Face à ce constat, les rapporteurs appellent à :
- renforcer la souveraineté alimentaire dans un contexte de conflits et de tensions internationales, faisant référence aux déstabilisations opérées par la Russie sur le marché des céréales dans le conflit avec l'Ukraine ;
- améliorer la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire.
Le rapport émet ainsi 30 propositions qui concernent la France et l'Union européenne. Parmi celles-ci, les membres de la commission appellent à davantage considérer l'alimentation comme un enjeu stratégique de "soft power" et à réaffirmer la présence française dans les institutions internationales.