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Golfe de Gascogne : comment mieux concilier pêche et protection des dauphins ?

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

Dans l'océan Atlantique, les eaux poissonneuses du golfe de Gascogne abritent des petits cétacés (dauphins, marsouins…) qui sont des espèces protégées. Or, beaucoup meurent pris dans les filets des pêcheurs. Des dispositifs visent à limiter cette mortalité.

Dans un contexte de méfiance de certains pêcheurs à l’égard du travail des scientifiques et des associations de protection de la nature, le Sénat a publié le 9 avril 2025 un rapport d’information sur la pêche dans le golfe de Gascogne. Ce rapport examine les conséquences de la fermeture partielle de la pêche instaurée pour préserver les cétacés, ainsi que les alternatives à l’interdiction.

Les captures accidentelles de petits cétacés

En 2023, le golfe de Gascogne concentre 22% du volume de la pêche française. 1 283 navires français y pêchent à l’aide de divers engins (filets, palangres, dragues…).

Les dauphins se rapprochent de plus en plus des côtes pour suivre les petits poissons pélagiques sur le plateau continental, et leurs populations se dispersent. Pris dans certains engins de pêche, ils meurent rapidement noyés. Les captures accidentelles ont surtout lieu en hiver, les dauphins migrant alors dans le golfe de Gascogne et près des côtes.

Les captures accidentelles augmentent jusqu’en 2023. La moyenne 2016-2022 est deux à trois fois supérieure à la moyenne 1990-2022. 11 330 dauphins sont capturés en 2023. Depuis 2019, les pêcheurs doivent déclarer ces captures puis rejeter à l’eau les carcasses, qui s’échouent sur le rivage.

Au-delà de 4 927 captures accidentelles dans l’ensemble de l’Atlantique Nord-Est, l’état de conservation favorable du dauphin est menacé. Or, le seul golfe de Gascogne en enregistre environ 9 000 de 2019 à 2021 ce qui représente un niveau beaucoup plus élevé que le seuil de 4 927. 

 

La fermeture partielle de la pêche de 2024 à 2026

Un arrêté du 24 octobre 2023 interdit aux navires français munis de certains engins d’opérer dans le golfe de Gascogne entre le 22 janvier et le 20 février, de 2024 à 2026. Le nombre de dauphins morts par capture passe ainsi de 6 100 en moyenne chaque hiver entre 2017 et 2023 à 1 450 durant l’hiver 2024. Le rapport note cependant que cette mesure :

  • est prise sans étude d’impact préalable, trois mois avant sa mise en œuvre ;
  • n’est pas assez européanisée. Elle ne s’applique qu’aux eaux françaises et pas à la zone économique exclusive (ZEE) espagnole ;
  • mobilise des moyens disproportionnés. La fermeture en 2024 met à l’arrêt près de 300 bateaux et induit une perte de chiffres d’affaires de 30 millions d’euros pour toute la filière, dont 16 millions d'euros pour les pêcheurs. Cela fragilise l’emploi et réduit l’attractivité des métiers concernés. 20 millions d’euros sont alloués en 2025 pour indemniser les pêcheurs et les mareyeurs. Le reste de la filière n’en bénéficie pas, ce qui met en péril de nombreuses structures.

Rouvrir la pêche en 2027 tout en préservant les cétacés

Pour rouvrir la pêche en 2027, le rapport appelle à :

  • préparer dès à présent la fermeture de 2026 tout en fixant les modalités d’indemnisation ;
  • chercher à concilier pêche et protection des cétacés. Il s’agit notamment de déployer les dispositifs d’éloignement acoustique (pingers) et d’élargir la fermeture à la ZEE espagnole ;
  • accroître les connaissances scientifiques en équipant davantage de navires de caméras, en créant un institut technique de la pêche et en reconduisant le projet Delmoges (Delphinus Mouvements Gestion).