Texte intégral
JOURNALISTE - Monsieur le Premier ministre bonsoir.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bonsoir.
JOURNALISTE - Vous êtes en Guadeloupe pour vérifier que les mesures qui touchent le quotidien des Guadeloupéens avancent à la même allure qu'en métropole. Alors avec cet objectif là comment expliquer qu'il a été si difficile de trouver un créneau pour recevoir les présidents des deux collectivités majeures de Guadeloupe ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Là je crois qu'on peut parler de malentendu, dès lors que j'ai reçu l'invitation des deux présidents, j'ai bien sûr souhaité y répondre, c'est bien normal, vous l'avez dit. Je suis soucieux que l'effort que nous avons engagé en matière de croissance, d'emploi, puisse avoir sa traduction non seulement en métropole mais dans tout l'Outre Mer. Donc je suis heureux d'être ici en Guadeloupe pour vérifier cela, je sais qu'il y a des préoccupations spécifiques, des attentes dans le domaine du logement social, en matière de tourisme, en matière de filière banane, donc j'avais le souhait de pouvoir prendre en compte ces préoccupations et de vérifier que nous travaillons tous dans le bon sens.
JOURNALISTE - Comme dans le même temps il n'était pas prévu de rencontre avec les deux présidents de collectivité, et vous rencontriez trois élus UMP de premier plan localement, on était en droit de se demander si c'était le Premier ministre qui se déplaçait ou le leader de la majorité ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est mal connaître le Premier ministre. Vous savez que si j'ai une conviction bien chevillée au coeur, c'est une conviction républicaine. Donc mon souci c'est bien évidemment de répondre à l'ensemble des Guadeloupéens, c'est la conception que je me fais de la république, et je n'ai pas d'autres idées qu'est la fonction qui est la mienne ; Ce que je dis à Paris, en métropole ou ce que je dis en Guadeloupe c'est la même chose, je n'ai pas d'autres préoccupations que de servir mes concitoyens, jusqu'au dernier jour. Donc je suis heureux de le réaffirmer devant vous.
JOURNALISTE - Cette journée de visite a été marquée par des annonces importantes pour ce qui concerne le logement social en particulier, pourquoi a t-il fallu attendre que l'on soit six mois d'une échéance présidentielle pour que le gouvernement prenne en considération le fait que la Guadeloupe et l'Outre Mer cumulent les handicaps, soit en terme de logement social qu'en terme de chômage par exemple ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors j'ai demandé dès mon arrivée à François BAROIN et Jean-Louis BORLOO de faire un audit de la situation en matière de logement social. Nous savons les préoccupations particulières de l'Outre Mer dans ce domaine, nous avons donc eu les résultats de ces deux audits qui ont fait valoir ces spécificités et à partir de là nous avons tiré les conclusions et je suis venu les présenter ici en Guadeloupe. Trois conclusions principales. La première c'est qu'il y a un retard qui est inacceptable que nous devons compenser, et dans les toutes prochaines semaines c'est à dire d'ici le début 2007 nous aurons rattrapé ce retard, c'est à dire que nous aurons fait en sorte que les crédits de paiement permettent de satisfaite aux engagements. Deuxième conclusion très importante, augmenter les moyens. Les moyens sont insuffisants. Quant on prend l'ensemble des contributions au logement social, pour l'Outre Mer, c'est 856 millions d'euros. Eh bien il faut aller plus loin, parce que nous voyons bien les 80 000 logements qui ne sont pas satisfaisants, ont besoin d'être traités et j'ai donc décidé d'augmenter de 20 % cette enveloppe, c'est à dire 120 millions supplémentaires pour les trois prochaines années. Et comme je ne veux pas faire des engagements sur le dos de mes successeurs, j'ai décidé que la moitié de cet engagement supplémentaire se ferait dès l'année 2007, c'est à dire que dès 2007 nous allons apporter 60 millions supplémentaires, puis 30 millions en 2008, et 30 millions en 2009. Et puis enfin parce que s'il y a un problème d'application et de résultat sur le terrain c'est qu'il y a un problème de pilotage politique et de fonctionnement de la mise en oeuvre, de cette politique du logement social. Donc là aussi j'ai voulu tirer les leçons et faire en sorte que dans le cadre du budget du ministère du Logement nous puissions suivre très précisément la contribution apportée à l'Outre Mer. Et j'ai demandé à François BAROIN et Jean-Louis BORLOO de réunir avant le début 2007 une conférence annuelle consacrée au logement social Outre Mer avec les collectivités, l'ensemble des opérateurs qui sera l'outil qui nous permettra de faire le point chaque année, c'est pour vous dire je ne m'engage pas à la légère, chaque année de la situation très concrète au service de nos concitoyens.
JOURNALISTE - Alors qu'en est-il de la dette de 100 millions d'euros de l'Etat vis à vis des opérateurs sociaux qui fait dire aux ...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Quand je parle de rattraper le retard, dès maintenant nous nous engageons à rembourser cette dette, c'est bien le travail que nous allons faire jusqu'au début 2007.
JOURNALISTE - Alors vous dites que ces engagements iront au-delà de la présidentielle, mais seront-ils formalisés avant la présidentielle ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Ils seront formalisés dès maintenant, la décision est prise et la traduction budgétaire, l'engagement que nous prenons pour 2007 des 60 millions et l'engagement ultérieur vous savez bien qu'ils seront formalisés dès maintenant. L'engagement que nous prenons vis à vis de l'Outre Mer nous l'avons inscrit dans la durée et je me suis battu pour que cette politique qui est celle de la loi d'orientation pour l'Outre Mer qui nous engage pour 15 ans eh bien cette politique là en matière de défiscalisation, en matière d'exonération, nous voulons l'inscrire pour la durée. Nous savons les problèmes spécifiques auxquels vous êtes confrontés, nous savons à quel point il est essentiel pour engager ce développement économique et social, nous savons qu'il faut faire cet effort supplémentaire. C'est pour cela que nous sommes prêts à réunir les moyens indispensables pour avancer tous ensembles.
JOURNALISTE - L'un des contentieux constants entre les collectivités locales d'Outre Mer et l'Etat c'est l'évaluation, la réévaluation régulière des charges transférées avec les compétences de la décentralisation, le seront-elles régulièrement, et quels sont vos engagements sur cette question ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est un engagement que nous avons pris. Toute attribution nouvelle, toute action transférée doit être compensée par des charges qui permettront justement d'assumer ces responsabilités.
JOURNALISTE - Ca ce sont les textes mais dans le concret ...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Dans le concret nous affirmons et nous faisons en sorte cela soit vrai, nous avons par ailleurs pris un engagement très fort sur les contrats de projet, vous savez que nous sommes en train d'élaborer les contrats de projet Etat-Région pour les prochaines années, d'ici à la fin de l'année nous aurons rassemblé l'ensemble des ces projets, j'ai fait un geste très fort vis à vis des collectivités puisque j'ai dit que j'étais prêt à prendre en compte de nouveaux projets s'il y en avait, et que j'étais prêt à assouplir les critères qui seraient pris en compte en donnant tout pouvoir à l'Etat pour dans le dialogue avec les collectivités définir d'ici la fin de l'année ses priorités. Donc vous le voyez c'est dans un esprit d'ouverture que nous travaillons avec le souci aussi d'apporter des réponses spécifiques en matière de tourisme, sur la filiale banane, je vais rencontrer un certain nombre des industriels de cette filière. Vous savez à quel point dans notre dialogue avec l'Europe, avec la Commission qui fait des propositions qui doivent aboutir d'ici la fin de l'année nous avons à coeur de défendre les intérêts de l'Outre Mer, et spécifiquement de la Guadeloupe.
JOURNALISTE - Précisément que reste t-il comme marge de manoeuvre à l'Etat sur ces différents secteurs, la banane, le sucre, la canne, quand on connaît la prépondérance des décisions européennes ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Eh bien il nous reste une capacité forte, vous la connaissez, de peser sur Bruxelles. C'est ce que nous avons fait dans notre dialogue avec la Commission, c'est ce qui nous a permis d'avoir une augmentation très substantielle des projets faits par la Commission, cela nous permet aussi de peser dans les grandes négociations internationales, avec Dominique BUSSEREAU et Christine LAGARDE nous avons fait en sorte que les discussions à l'organisation mondiale du commerce permettent de défendre nos territoires du Tamarin. C'est véritablement une ambition française. Vous savez que c'est l'engagement du Président de la République, et c'est l'engagement de tout le gouvernement.
JOURNALISTE - Mais on a également conscience de la crise que traverse l'Europe et de la pression qu'exercent les nouveaux Etats arrivant avec l'élargissement. Quelle place reste-t-il pour l'Outre Mer et...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors prenons deux exemples. L'exemple des contributions européennes aux territoires nationaux, eh bien nous avons réussi à stabiliser ces aides donc de ce point de vue là la contribution européenne reste stable et ça nous nous en félicitons, nous avons besoin de cet argent pour assurer le développement des territoires ultra marins. Prenons l'exemple aussi de la filière banane, eh bien dans ce domaine les propositions qui sont faites par la Commission nous permettent de répondre au besoin de cette filière, je vais le constater tout à l'heure en rencontrant les industriels de la filière, mais je crois qu'il y a aujourd'hui sur la table des propositions solides qui viennent s'ajouter au formidable travail qui a été fait par les industriels. Travail de regroupement dans le cadre d'une union, travail de restructuration aussi, c'est dire qu'aujourd'hui nous sommes suffisamment compétitifs pour permettre justement d'assurer l'avenir de la filière.
JOURNALISTE - La Guadeloupe s'inquiète d'une reconcentration des services publics en Martinique. Il s'agit de la météo, des douanes, de l'aviation civile, de l'établissement français du sang, qu'en est-il exactement ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors notre souhait c'est de faire en sorte qu'il puisse y avoir en permanence une juste répartition à travers les départements d'Outre Mer, donc nous sommes vigilants dans le dialogue que nous avons avec les élus pour faire en sorte que les compétences respectent la vocation et la place de chaque département et de chaque territoire.
JOURNALISTE - Vous connaissez bien la Martinique et la Guadeloupe, vous pesez le caractère historique ... rappeler l'historique que représenterait une reconcentration en Martinique de services déconcentrés en Guadeloupe.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est bien pour ça que nous sommes attentifs à ces questions, et ça fait partie des sujets que nous abordons régulièrement avec les élus, soucieux que nous sommes de cette égalité et de faire en sorte que chaque département puisse avoir les moyens de son propre développement.
JOURNALISTE - Les salaires indexés en Outre Mer on va certainement encore en parler pendant le débat sur le projet de loi de finances, l'actualité sociale attire votre attention là dessus, le gouvernement a t-il une religion arrêtée là dessus, un projet sur lequel il travaille ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Je crois qu'il est important de maintenir ce qui permet de préserver justement les réponses spécifiques apportées à l'Outre Mer, les surémunérations font partie de cela, ils prennent en compte la situation du pouvoir d'achat, ils prennent en compte aussi les contraintes particulières qui peuvent exister sur les fonctionnaires travaillant en Outre Mer. Je crois qu'il est important de ne pas oublier ou négliger cette prise en compte, donc de ce point de vue, je crois qu'il faut être pragmatique, attentif aux réalités.
JOURNALISTE - Les professionnels du tourisme comme le grand public souhaitent une baisse des tarifs des billets d'avion, cela correspond aux engagements pris par le Président de la République en terme de continuité territoriale, mais on ne voit rien venir sur ce sujet, même après la relance de la concurrence dans le secteur.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Beaucoup a été fait pour faciliter et encourager la continuité territoriale, qu'il s'agisse du passeport mobilité, qu'il s'agisse de la prise en compte du voyage des plus défavorisés avec l'aide des conseils régionaux, je crois que de ce point de vue il y a une réalité qui aujourd'hui est mieux satisfaite qu'auparavant ; Alors il faut aller plus loin, il faut maintenir une offre diversifiée permettant l'acheminement vers les Antilles, là aussi ce sont des dossiers sensibles sur lesquels nous avançons, avec toujours le souci, ce qui implique bien évidemment une politique innovante notamment en matière touristique, d'établir une continuité régulière tout au long de l'année. Nous le savons, il y a des périodes hautes, des périodes basses, l'importance c'est d'essayer de voir comment nous pouvons par exemple en terme d'aménagement de vacances, faire en sorte que le trafic et le tourisme puisse être plus régulier vers les Antilles.
JOURNALISTE - Alors avant de conclure, pouvez vous nous dire en quelques mots si l'approfondissement de la défiscalisation souhaitée par la Chambre de Commerce se fera ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous sommes soucieux de maintenir les engagements qui sont les nôtres. La loi d'orientation a été extrêmement claire, vous savez avec quelle vigueur je me suis battu pour que l'on respecte les engagements qui ont été pris, nous voyons tout bénéfice que les Antilles, que la Guadeloupe tire de cette politique de défiscalisation et d'exonération. je suis soucieux de faire en sorte que nous puissions toujours aller plus loin dans le sens de plus d'efficacité et de plus de justice. Donc là aussi dans le dialogue comme je l'ai fait tout au long des derniers mois avec vos élus, je souhaite bien évidemment que nous puissions constamment améliorer nos dispositifs mais en prenant en compte cette spécificité, en prenant en compte la réalité des besoins, je crois que nous avons besoin en permanence de cette exigence, constater des choses sur place, constater la réalité des choses parce que voir les choses en théorie, ou de façon abstraite, ne rend pas compte de la réalité et des attentes ici sur place.
JOURNALISTE - Alors juste avant de prendre l'avion pour venir en Guadeloupe, vous avez été amené à l'issue du Conseil des Ministres de manière assez exceptionnelle à lancer un appel à l'unité de la majorité. Est-ce pour mettre un terme à des tiraillements qui voyaient le jour de manière trop manifeste.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Le rassemblement, l'unité, c'est un combat de tous les jours. Et je l'ai dit en commençant notre interview ce soir, mon souci c'est que le gouvernement soit au service des Françaises et des Français, en métropole et Outre Mer jusqu'au dernier jour de notre activité. Ca c'est un engagement très fort. Et pour cela nous avons besoin de l'unité et du rassemblement, nous avons fait passer des projets très importants au service des Français pour le pouvoir d'achat, pour l'emploi. Nous devons continuer et nous devons avoir à coeur que ces résultats puissent profiter à tous ; Quand l'emploi baisse, quand la situation du chômage baisse en métropole, quand je vois que les chiffres s'améliorent également en Guadeloupe, en Martinique, eh bien je me dis " nous allons dans la bonne direction ", et nous avons besoin d'aller plus loin. Et c'est ce que je veux faire tout au long des prochains mois.
JOURNALISTE - Pour les chiffres de l'immigration également.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Absolument. Mais vous savez que de ce point de vue là nous avons franchi une étape puisque nous avons une diminution des demandes d'asile, plus de 70 % de baisse, nous avons une augmentation des reconduites aux frontières, plus de 60 % de reconduite en plus, depuis le début de l'année, en ce qui concerne la Guadeloupe, nous avons un accord de retour vers la Dominique, donc de ce point de vue là avec le ministre d'Etat ministre de l'Intérieur nous marquons des points et nous voulons continuer à travailler au service de la Guadeloupe.
JOURNALISTE - Monsieur le Ministre, monsieur le Premier ministre, merci d'avoir répondu à nos questions.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Merci à vous.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 octobre 2006
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bonsoir.
JOURNALISTE - Vous êtes en Guadeloupe pour vérifier que les mesures qui touchent le quotidien des Guadeloupéens avancent à la même allure qu'en métropole. Alors avec cet objectif là comment expliquer qu'il a été si difficile de trouver un créneau pour recevoir les présidents des deux collectivités majeures de Guadeloupe ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Là je crois qu'on peut parler de malentendu, dès lors que j'ai reçu l'invitation des deux présidents, j'ai bien sûr souhaité y répondre, c'est bien normal, vous l'avez dit. Je suis soucieux que l'effort que nous avons engagé en matière de croissance, d'emploi, puisse avoir sa traduction non seulement en métropole mais dans tout l'Outre Mer. Donc je suis heureux d'être ici en Guadeloupe pour vérifier cela, je sais qu'il y a des préoccupations spécifiques, des attentes dans le domaine du logement social, en matière de tourisme, en matière de filière banane, donc j'avais le souhait de pouvoir prendre en compte ces préoccupations et de vérifier que nous travaillons tous dans le bon sens.
JOURNALISTE - Comme dans le même temps il n'était pas prévu de rencontre avec les deux présidents de collectivité, et vous rencontriez trois élus UMP de premier plan localement, on était en droit de se demander si c'était le Premier ministre qui se déplaçait ou le leader de la majorité ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est mal connaître le Premier ministre. Vous savez que si j'ai une conviction bien chevillée au coeur, c'est une conviction républicaine. Donc mon souci c'est bien évidemment de répondre à l'ensemble des Guadeloupéens, c'est la conception que je me fais de la république, et je n'ai pas d'autres idées qu'est la fonction qui est la mienne ; Ce que je dis à Paris, en métropole ou ce que je dis en Guadeloupe c'est la même chose, je n'ai pas d'autres préoccupations que de servir mes concitoyens, jusqu'au dernier jour. Donc je suis heureux de le réaffirmer devant vous.
JOURNALISTE - Cette journée de visite a été marquée par des annonces importantes pour ce qui concerne le logement social en particulier, pourquoi a t-il fallu attendre que l'on soit six mois d'une échéance présidentielle pour que le gouvernement prenne en considération le fait que la Guadeloupe et l'Outre Mer cumulent les handicaps, soit en terme de logement social qu'en terme de chômage par exemple ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors j'ai demandé dès mon arrivée à François BAROIN et Jean-Louis BORLOO de faire un audit de la situation en matière de logement social. Nous savons les préoccupations particulières de l'Outre Mer dans ce domaine, nous avons donc eu les résultats de ces deux audits qui ont fait valoir ces spécificités et à partir de là nous avons tiré les conclusions et je suis venu les présenter ici en Guadeloupe. Trois conclusions principales. La première c'est qu'il y a un retard qui est inacceptable que nous devons compenser, et dans les toutes prochaines semaines c'est à dire d'ici le début 2007 nous aurons rattrapé ce retard, c'est à dire que nous aurons fait en sorte que les crédits de paiement permettent de satisfaite aux engagements. Deuxième conclusion très importante, augmenter les moyens. Les moyens sont insuffisants. Quant on prend l'ensemble des contributions au logement social, pour l'Outre Mer, c'est 856 millions d'euros. Eh bien il faut aller plus loin, parce que nous voyons bien les 80 000 logements qui ne sont pas satisfaisants, ont besoin d'être traités et j'ai donc décidé d'augmenter de 20 % cette enveloppe, c'est à dire 120 millions supplémentaires pour les trois prochaines années. Et comme je ne veux pas faire des engagements sur le dos de mes successeurs, j'ai décidé que la moitié de cet engagement supplémentaire se ferait dès l'année 2007, c'est à dire que dès 2007 nous allons apporter 60 millions supplémentaires, puis 30 millions en 2008, et 30 millions en 2009. Et puis enfin parce que s'il y a un problème d'application et de résultat sur le terrain c'est qu'il y a un problème de pilotage politique et de fonctionnement de la mise en oeuvre, de cette politique du logement social. Donc là aussi j'ai voulu tirer les leçons et faire en sorte que dans le cadre du budget du ministère du Logement nous puissions suivre très précisément la contribution apportée à l'Outre Mer. Et j'ai demandé à François BAROIN et Jean-Louis BORLOO de réunir avant le début 2007 une conférence annuelle consacrée au logement social Outre Mer avec les collectivités, l'ensemble des opérateurs qui sera l'outil qui nous permettra de faire le point chaque année, c'est pour vous dire je ne m'engage pas à la légère, chaque année de la situation très concrète au service de nos concitoyens.
JOURNALISTE - Alors qu'en est-il de la dette de 100 millions d'euros de l'Etat vis à vis des opérateurs sociaux qui fait dire aux ...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Quand je parle de rattraper le retard, dès maintenant nous nous engageons à rembourser cette dette, c'est bien le travail que nous allons faire jusqu'au début 2007.
JOURNALISTE - Alors vous dites que ces engagements iront au-delà de la présidentielle, mais seront-ils formalisés avant la présidentielle ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Ils seront formalisés dès maintenant, la décision est prise et la traduction budgétaire, l'engagement que nous prenons pour 2007 des 60 millions et l'engagement ultérieur vous savez bien qu'ils seront formalisés dès maintenant. L'engagement que nous prenons vis à vis de l'Outre Mer nous l'avons inscrit dans la durée et je me suis battu pour que cette politique qui est celle de la loi d'orientation pour l'Outre Mer qui nous engage pour 15 ans eh bien cette politique là en matière de défiscalisation, en matière d'exonération, nous voulons l'inscrire pour la durée. Nous savons les problèmes spécifiques auxquels vous êtes confrontés, nous savons à quel point il est essentiel pour engager ce développement économique et social, nous savons qu'il faut faire cet effort supplémentaire. C'est pour cela que nous sommes prêts à réunir les moyens indispensables pour avancer tous ensembles.
JOURNALISTE - L'un des contentieux constants entre les collectivités locales d'Outre Mer et l'Etat c'est l'évaluation, la réévaluation régulière des charges transférées avec les compétences de la décentralisation, le seront-elles régulièrement, et quels sont vos engagements sur cette question ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est un engagement que nous avons pris. Toute attribution nouvelle, toute action transférée doit être compensée par des charges qui permettront justement d'assumer ces responsabilités.
JOURNALISTE - Ca ce sont les textes mais dans le concret ...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Dans le concret nous affirmons et nous faisons en sorte cela soit vrai, nous avons par ailleurs pris un engagement très fort sur les contrats de projet, vous savez que nous sommes en train d'élaborer les contrats de projet Etat-Région pour les prochaines années, d'ici à la fin de l'année nous aurons rassemblé l'ensemble des ces projets, j'ai fait un geste très fort vis à vis des collectivités puisque j'ai dit que j'étais prêt à prendre en compte de nouveaux projets s'il y en avait, et que j'étais prêt à assouplir les critères qui seraient pris en compte en donnant tout pouvoir à l'Etat pour dans le dialogue avec les collectivités définir d'ici la fin de l'année ses priorités. Donc vous le voyez c'est dans un esprit d'ouverture que nous travaillons avec le souci aussi d'apporter des réponses spécifiques en matière de tourisme, sur la filiale banane, je vais rencontrer un certain nombre des industriels de cette filière. Vous savez à quel point dans notre dialogue avec l'Europe, avec la Commission qui fait des propositions qui doivent aboutir d'ici la fin de l'année nous avons à coeur de défendre les intérêts de l'Outre Mer, et spécifiquement de la Guadeloupe.
JOURNALISTE - Précisément que reste t-il comme marge de manoeuvre à l'Etat sur ces différents secteurs, la banane, le sucre, la canne, quand on connaît la prépondérance des décisions européennes ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Eh bien il nous reste une capacité forte, vous la connaissez, de peser sur Bruxelles. C'est ce que nous avons fait dans notre dialogue avec la Commission, c'est ce qui nous a permis d'avoir une augmentation très substantielle des projets faits par la Commission, cela nous permet aussi de peser dans les grandes négociations internationales, avec Dominique BUSSEREAU et Christine LAGARDE nous avons fait en sorte que les discussions à l'organisation mondiale du commerce permettent de défendre nos territoires du Tamarin. C'est véritablement une ambition française. Vous savez que c'est l'engagement du Président de la République, et c'est l'engagement de tout le gouvernement.
JOURNALISTE - Mais on a également conscience de la crise que traverse l'Europe et de la pression qu'exercent les nouveaux Etats arrivant avec l'élargissement. Quelle place reste-t-il pour l'Outre Mer et...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors prenons deux exemples. L'exemple des contributions européennes aux territoires nationaux, eh bien nous avons réussi à stabiliser ces aides donc de ce point de vue là la contribution européenne reste stable et ça nous nous en félicitons, nous avons besoin de cet argent pour assurer le développement des territoires ultra marins. Prenons l'exemple aussi de la filière banane, eh bien dans ce domaine les propositions qui sont faites par la Commission nous permettent de répondre au besoin de cette filière, je vais le constater tout à l'heure en rencontrant les industriels de la filière, mais je crois qu'il y a aujourd'hui sur la table des propositions solides qui viennent s'ajouter au formidable travail qui a été fait par les industriels. Travail de regroupement dans le cadre d'une union, travail de restructuration aussi, c'est dire qu'aujourd'hui nous sommes suffisamment compétitifs pour permettre justement d'assurer l'avenir de la filière.
JOURNALISTE - La Guadeloupe s'inquiète d'une reconcentration des services publics en Martinique. Il s'agit de la météo, des douanes, de l'aviation civile, de l'établissement français du sang, qu'en est-il exactement ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors notre souhait c'est de faire en sorte qu'il puisse y avoir en permanence une juste répartition à travers les départements d'Outre Mer, donc nous sommes vigilants dans le dialogue que nous avons avec les élus pour faire en sorte que les compétences respectent la vocation et la place de chaque département et de chaque territoire.
JOURNALISTE - Vous connaissez bien la Martinique et la Guadeloupe, vous pesez le caractère historique ... rappeler l'historique que représenterait une reconcentration en Martinique de services déconcentrés en Guadeloupe.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est bien pour ça que nous sommes attentifs à ces questions, et ça fait partie des sujets que nous abordons régulièrement avec les élus, soucieux que nous sommes de cette égalité et de faire en sorte que chaque département puisse avoir les moyens de son propre développement.
JOURNALISTE - Les salaires indexés en Outre Mer on va certainement encore en parler pendant le débat sur le projet de loi de finances, l'actualité sociale attire votre attention là dessus, le gouvernement a t-il une religion arrêtée là dessus, un projet sur lequel il travaille ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Je crois qu'il est important de maintenir ce qui permet de préserver justement les réponses spécifiques apportées à l'Outre Mer, les surémunérations font partie de cela, ils prennent en compte la situation du pouvoir d'achat, ils prennent en compte aussi les contraintes particulières qui peuvent exister sur les fonctionnaires travaillant en Outre Mer. Je crois qu'il est important de ne pas oublier ou négliger cette prise en compte, donc de ce point de vue, je crois qu'il faut être pragmatique, attentif aux réalités.
JOURNALISTE - Les professionnels du tourisme comme le grand public souhaitent une baisse des tarifs des billets d'avion, cela correspond aux engagements pris par le Président de la République en terme de continuité territoriale, mais on ne voit rien venir sur ce sujet, même après la relance de la concurrence dans le secteur.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Beaucoup a été fait pour faciliter et encourager la continuité territoriale, qu'il s'agisse du passeport mobilité, qu'il s'agisse de la prise en compte du voyage des plus défavorisés avec l'aide des conseils régionaux, je crois que de ce point de vue il y a une réalité qui aujourd'hui est mieux satisfaite qu'auparavant ; Alors il faut aller plus loin, il faut maintenir une offre diversifiée permettant l'acheminement vers les Antilles, là aussi ce sont des dossiers sensibles sur lesquels nous avançons, avec toujours le souci, ce qui implique bien évidemment une politique innovante notamment en matière touristique, d'établir une continuité régulière tout au long de l'année. Nous le savons, il y a des périodes hautes, des périodes basses, l'importance c'est d'essayer de voir comment nous pouvons par exemple en terme d'aménagement de vacances, faire en sorte que le trafic et le tourisme puisse être plus régulier vers les Antilles.
JOURNALISTE - Alors avant de conclure, pouvez vous nous dire en quelques mots si l'approfondissement de la défiscalisation souhaitée par la Chambre de Commerce se fera ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous sommes soucieux de maintenir les engagements qui sont les nôtres. La loi d'orientation a été extrêmement claire, vous savez avec quelle vigueur je me suis battu pour que l'on respecte les engagements qui ont été pris, nous voyons tout bénéfice que les Antilles, que la Guadeloupe tire de cette politique de défiscalisation et d'exonération. je suis soucieux de faire en sorte que nous puissions toujours aller plus loin dans le sens de plus d'efficacité et de plus de justice. Donc là aussi dans le dialogue comme je l'ai fait tout au long des derniers mois avec vos élus, je souhaite bien évidemment que nous puissions constamment améliorer nos dispositifs mais en prenant en compte cette spécificité, en prenant en compte la réalité des besoins, je crois que nous avons besoin en permanence de cette exigence, constater des choses sur place, constater la réalité des choses parce que voir les choses en théorie, ou de façon abstraite, ne rend pas compte de la réalité et des attentes ici sur place.
JOURNALISTE - Alors juste avant de prendre l'avion pour venir en Guadeloupe, vous avez été amené à l'issue du Conseil des Ministres de manière assez exceptionnelle à lancer un appel à l'unité de la majorité. Est-ce pour mettre un terme à des tiraillements qui voyaient le jour de manière trop manifeste.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Le rassemblement, l'unité, c'est un combat de tous les jours. Et je l'ai dit en commençant notre interview ce soir, mon souci c'est que le gouvernement soit au service des Françaises et des Français, en métropole et Outre Mer jusqu'au dernier jour de notre activité. Ca c'est un engagement très fort. Et pour cela nous avons besoin de l'unité et du rassemblement, nous avons fait passer des projets très importants au service des Français pour le pouvoir d'achat, pour l'emploi. Nous devons continuer et nous devons avoir à coeur que ces résultats puissent profiter à tous ; Quand l'emploi baisse, quand la situation du chômage baisse en métropole, quand je vois que les chiffres s'améliorent également en Guadeloupe, en Martinique, eh bien je me dis " nous allons dans la bonne direction ", et nous avons besoin d'aller plus loin. Et c'est ce que je veux faire tout au long des prochains mois.
JOURNALISTE - Pour les chiffres de l'immigration également.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Absolument. Mais vous savez que de ce point de vue là nous avons franchi une étape puisque nous avons une diminution des demandes d'asile, plus de 70 % de baisse, nous avons une augmentation des reconduites aux frontières, plus de 60 % de reconduite en plus, depuis le début de l'année, en ce qui concerne la Guadeloupe, nous avons un accord de retour vers la Dominique, donc de ce point de vue là avec le ministre d'Etat ministre de l'Intérieur nous marquons des points et nous voulons continuer à travailler au service de la Guadeloupe.
JOURNALISTE - Monsieur le Ministre, monsieur le Premier ministre, merci d'avoir répondu à nos questions.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Merci à vous.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 octobre 2006