Texte intégral
Mesdames et Messieurs les maires,
Avant de madresser à vous tous, je voudrais avoir quelques mots particuliers pour votre président.
Jaimerais, en effet, vous adresser, cher Jacques PELISSARD, toutes mes félicitations pour votre réélection à la tête de lAMF.
Ce nouveau mandat vous donne loccasion de continuer luvre entamée il y a plus de vingt ans, lorsque, jeune maire de Lons-le-Saunier, vous avez intégré le comité directeur de lassociation des maires de France. Au-delà de vos qualités éminentes, je me réjouis quen vous reconduisant dans vos fonctions, vos pairs aient fait le choix non seulement de lexpérience, mais aussi de la hauteur de vues. Hauteur de vues que vous avez démontrées, à nouveau cette année, par la qualité de vos travaux, par la bonne tenue de vos débats à la fois sereins et responsables.
Si lAMF est une institution dynamique, à la crédibilité reconnue, on sait, cher Jacques PÉLISSARD, quelle vous le doit pour une bonne part, parce que vous êtes le président de tous les maires.
Lengagement de Jacques PELISSARD est celui de tous les maires. Tous, en effet, dans la diversité de vos communes et de vos engagements, êtes unis par un même souci, celui de servir nos concitoyens et ici à ce congrès, celui de faire entendre la voix de vos collectivités, ces trente-six mille voix qui font la richesse de notre pays.
Et dans cette richesse, permettez-moi, de saluer tout particulièrement les élus ultramarins en cette année 2011, qui est lannée des Outre-mer.
Je nai jamais eu lhonneur de briguer moi-même un mandat local mais je sais, pour avoir arpenté, à vos côtés, comme préfet longtemps, puis comme ministre, quelques mois, nos villes, nos villages, nos territoires, combien votre action est essentielle, combien elle est cruciale.
Opposer lÉtat et les collectivités territoriales est une tentation facile, particulièrement à lapproche de certaines échéances électorales.
Cest une tentation facile, mais ce serait une erreur.
Il ny a pas, dune part, les problèmes de lEtat et, dautre part, les problèmes des collectivités territoriales.
Il ny a pas, dune part, laction et les moyens de lEtat et, dautre part, laction et les moyens des collectivités territoriales.
Nous sommes tous citoyens dun même pays. Par définition, les préoccupations de caractère national celles qui engagent lavenir de la collectivité toute entière prennent le pas sur les autres. Et, par ailleurs, les collectivités locales se portent mal si lEtat se porte mal, et bien sil se porte bien, et lEtat se porte mal si elles se portent mal et bien si elles se portent bien. Et puis, il y a une même exigence de nos concitoyens : que lEtat et les collectivités territoriales se mobilisent chacun dans son domaine de compétence, mais, ensemble, pour répondre à leurs préoccupations de manière claire, efficace et coordonnée. Les Français attendent de nous que nous travaillions ensemble. Cest notre ambition, dans les actions que nous conduisons avec Marie-Luce PENCHARD et Philippe RICHERT.
1 Nous devons travailler ensemble, dabord, à répondre à leurs attentes.
Et je voudrais évoquer, dans mon domaine de responsabilité, lune de ces attentes, lune des principales, qui concerne la sécurité et la tranquillité publiques. Cest un domaine dans lequel nous agissons et devons continuer à agir en complémentarité.
Peu de principes, il est vrai, sont plus profondément ancrés dans notre droit républicain que la coopération de lÉtat et des maires en matière de sécurité, puisque sa nécessité a été établie dès la Révolution [La définition des pouvoirs de police du maire remonte au décret des 16-24 août 1790 faisant suite à la loi municipale du 16 décembre 1789].
Il y a, à cela, une raison très simple : pour produire ses effets partout sur le territoire, la politique de sécurité définie et conduite par le Gouvernement, au niveau national, doit faire lobjet dune adaptation permanente et précise aux différentes réalités locales.
Cest une réalité que je ne cesse de vérifier à loccasion de mes déplacements et que je ne cesse de marteler : que ce soit dans nos villes, dans nos banlieues ou dans nos campagnes, qui font moins parler delles mais qui ont droit aussi à la sécurité, là où la politique volontaire conduite par lÉtat en matière de sécurité est relayée par un engagement clair du maire, la tranquillité et la qualité de vie de nos concitoyens progressent.
Pour vous aider dans cette tâche, lÉtat a mis à votre disposition des outils nombreux et souples :
* je pense, dabord, à la vidéo-protection, dont lÉtat soutient le déploiement dans vos communes (avec un taux de subvention qui peut aller jusquà 50%).
* je pense, également, au rôle pivot que vous a donné la loi du 5 mars 2007 en matière de prévention de la délinquance. Je pense aux CLSPD et je pense aussi aux conseils des droits et des devoirs des familles, qui sont aujourdhui 234, soit un doublement depuis le début de lannée ;
* je pense, enfin, aux polices municipales, dont les missions et léquipement peuvent être adaptés à la situation particulière de chacune de vos communes. En plein essor, ces services souffraient néanmoins, depuis longtemps, dun véritable déficit de reconnaissance. Des initiatives ont été prises pour combler ce déficit. Le Conseil consultatif des polices municipales présidé par lun des vôtres, Christian ESTROSI, a été réactivé.
Mais le Gouvernement ne se contente pas dappuyer votre engagement en faveur de la sécurité de nos concitoyens : il mène, depuis près de dix ans, une politique volontariste pour faire reculer linsécurité.
Cette politique voulue et encouragée par Nicolas SARKOZY porte ses fruits.
En effet, après avoir connu une progression de plus de 17% entre 1997 et 2002, la délinquance a inversement diminué de 17% entre 2002 et 2010, alors même que la population française augmentait sur la même période de plus de 3 millions de personnes.
Cette baisse sexplique, naturellement, par limplication exemplaire des forces de sécurité : non seulement elles traitent plus daffaire, comme le montre laugmentation de 35% des infractions révélées par lactivité des services, mais en plus elles les élucident, mieux comme le souligne la progression de plus de 40% du taux délucidation.
Cet effort de répression des crimes et des délits, nous allons le poursuivre.
Parallèlement, néanmoins, et parce que la tranquillité de nos concitoyens se nourrit aussi de nos efforts pour accroître le sentiment de sécurité de la population, jai souhaité renforcer la visibilité des forces de sécurité sur la voie publique à la fois dans nos villes comme dans nos villages, en zone police comme en zone gendarmerie.
Accroître la présence policière sur le terrain, cest, naturellement, lobjet de la réforme des patrouilleurs qui sappuie sur un plan de mobilisation ambitieux. Elle a permis, daugmenter de plus de 30.000 par mois le nombre de patrouilles sur le terrain, entre juin et septembre.
Mais leffort de présence et de visibilité des forces de sécurité sur le terrain ne doit pas concerner les seules zones police. Il doit bénéficier à lensemble de nos concitoyens et ne négliger aucun territoire. Cest pourquoi, parallèlement à la réforme des patrouilleurs, jai souhaité réaffirmer limportance du maillage des zones rurales par la gendarmerie nationale.
Dans le domaine de la sécurité civile, aussi, nos concitoyens attendent que lÉtat et les collectivités territoriales unissent leurs efforts pour les protéger toujours plus efficacement.
Je voudrais dailleurs avoir, ici, une pensée chaleureuse et solidaire pour ceux dentre vous qui, dans les Alpes-Maritimes, le Var, la Lozère, lHérault, le Gard, lAude, les Pyrénées-Orientales ou la Corse, ont été confrontés au début du mois, ou encore ces derniers jours, à des intempéries exceptionnelles. Et dans ces circonstances, une fois de plus, jai pu observer le total engagement des maires.
Afin de faciliter et de favoriser la reconstruction de ces territoires durement touchés, il a été choisi de recourir à une procédure accélérée pour prendre, seulement quelques jours après les faits, larrêté de catastrophe naturelle qui ouvre les possibilités dindemnisation aux victimes.
Au-delà des mesures prises pour gérer la crise et ses conséquences, ces inondations ont également démontré lutilité pour les communes détablir, en amont, des plans de prévention du risque inondation [PPRI].
Nous ne pouvons rien, bien sûr, contre la fatalité.
En revanche, nous devons lutter de toutes nos forces contre les risques prévisibles ou contre ceux auxquels il est possible de remédier par des mesures de prévention.
Mais votre rôle en matière de sécurité civile ne se limite pas à la prévention et la gestion des secours. Sans vous, le recrutement des sapeurs-pompiers volontaires ne serait pas le même ne serait-ce dailleurs que parce que vous êtes les employeurs de nombre de ces volontaires. Parce que je sais que nous partageons ensemble le souci doffrir un cadre juridique protecteur à lengagement citoyen des sapeurs-pompiers volontaires, je me réjouis avec vous des avancées réalisées cet été sur ce sujet grâce à ladoption par le Parlement de la loi inspirée par le député Pierre MOREL-à-lHUISSIER, par ailleurs inlassable défenseur de lespace rural.
Les attentes de nos concitoyens ont enfin fortement évolué dans les communes rurales.
Sur ces attentes nouvelles, le Gouvernement est lucide et se sent concerné.
Elles sont celles de ce que les experts appellent les « néo-ruraux » ou les « rurbains », souvent des jeunes couples avec enfants, qui viennent chercher dans nos campagnes, non seulement des conditions de logement plus abordables, mais aussi un mode de vie plus équilibré, plus chaleureux et plus authentique. Avec eux nous assistons, et vous êtes confrontés au redoutable défi que représente une demande de services qui est devenue la même quen milieu urbain.
Pour répondre à leurs attentes beaucoup dentre vous sont préoccupés par le maintien dactivités de service public ou de services aux publics de qualité : offre médicale, services postaux, services bancaires, écoles mais aussi offre numérique de qualité.
Mais ne nous y trompons pas. Lenjeu ce nest pas de défendre lorganisation des services publics dhier mais bien de déployer ceux dont nos concitoyens ressentent le besoin aujourdhui.
LEtat est à votre écoute pour vous aider dans cette tâche. Cest tout lenjeu, par exemple, des 260 maisons de santé pluridisciplinaires destinées aux zones les plus en difficulté ou de la forte augmentation du numerus clausus des étudiants en médecine, décidée il y a quelques années par Xavier BERTRAND afin dabsorber le choc des départs des médecins du baby-boom en retraite. Car il faudra mettre des médecins dans ces maisons de santé !
Cest lenjeu, aussi, des 293 pôles dexcellence rurale, dans lesquels lEtat a investi, à ce jour, 870 millions deuros pour vous aider sur des projets conçus et portés par vos territoires. Cest lenjeu, enfin, du programme national de déploiement du très haut-débit destiné à réduire la fracture numérique, qui prévoit 1 milliard deuros de prêts aux opérateurs privés et 900 M de subventions pour les collectivités territoriales.
2 Dans notre mobilisation commune pour répondre aux attentes de nos concitoyens, nous sommes confrontés aux mêmes contraintes. Aujourdhui, nous ne pouvons ignorer la situation économique et financière mondiale et ses répercussions dans notre pays. Ensemble, solidaires, nous ne le sommes pas seulement face aux exigences de nos concitoyens, nous le sommes aussi face à la crise.
En 2008 déjà, aujourdhui à nouveau, lÉtat se mobilise pour soutenir vos collectivités en leur offrant un point dappui solide dans la tourmente.
LEtat a joué un rôle damortisseur de crise. Alors même quil subissait lui-même une baisse importante de ses recettes (50 M ) lEtat a fait un effort financier important. La réforme du FCTVA a ainsi permis de faire bénéficier près de 20.000 collectivités dun versement anticipé représentant une avance en trésorerie denviron 4 milliards deuros.
Je sais que les sujets financiers occupent une large place dans vos préoccupations, et cest bien légitime. Je ne veux donc pas my dérober. Mais je ne veux pas non plus rentrer dans un débat caricatural.
La vérité cest que le financement des collectivités territoriales constitue une responsabilité majeure de lEtat : 100 milliards deuros y seront consacrés en 2012. Cest bien dun pacte républicain quil sagit.
Comme tout pacte, celui qui unit lEtat et les collectivités territoriales au travers de leurs relations financières a ses exigences.
La première exigence, cest celle de la sécurité.
Cest cette exigence de sécurité qui conduit lEtat à garantir le versement de ces transferts financiers, quand bien même ses propres recettes se réduisent, comme en 2009, sous leffet de la crise.
Cest cette exigence de sécurité qui a conduit à apporter à chaque collectivité, dans le cadre de la suppression de la taxe professionnelle, la garantie de ses ressources. Et pour beaucoup de petites communes, dont les bases de la taxe professionnelle, nétaient assurées que par une ou deux entreprises et donc partiellement très volatiles, cette garantie nest pas un vain mot. Et puis, cette réforme, ne loublions pas, est destinée à aider la compétitivité de nos entreprises industrielles, cest-à-dire la pérennité des emplois dans nos communes.
Cest cette exigence de sécurité qui a conduit le Gouvernement, avec lappui de la Caisse des dépôts et consignations, à mobiliser rapidement une enveloppe de 3 milliards deuros, qui sera portée, comme vous la annoncé le Premier ministre à 5 milliards ; cest la réponse adaptée à linsuffisance des financements offerts par les banques aux collectivités territoriales.
La deuxième exigence, cest celle de la responsabilité. Nous devons assurer aux transferts financiers de lEtat vers les collectivités territoriales une évolution compatible avec les objectifs que nous nous fixons pour réduire nos déficits et maîtriser notre endettement.
Hors fiscalité transférée, les transferts financiers de lEtat ont augmenté en moyenne annuelle de 2,3 % en volume entre 2003 et 2010. Compte tenu du contexte particulièrement exigeant pour nos finances publiques, il a été décidé, en mai 2010, le « gel » des concours financiers de lEtat. Ce nest ni plus, ni moins que la règle que lEtat applique à ses propres dépenses. Et, dans les circonstances financières que nous connaissons, cest le partage de lindispensable effort national que nous devons faire.
La troisième exigence, cest celle de la solidarité.
Jai servi la République dans un grand nombre de territoires, et je connais, comme vous, les très grandes inégalités de ressources, et de charges qui marquent nos collectivités. La péréquation remédie à ces inégalités.
Cette péréquation, elle est dabord assumée par lEtat au travers de ses dotations. Depuis 2004, les deux principales dotations de péréquation communale, la dotation de solidarité urbaine et la dotation de solidarité rurale, ont ainsi plus que doublé. En 2012, le total des dotations de péréquation communales dépassera 3 milliards deuros.
Mais cette péréquation ne doit pas concerner les dotations que verse lEtat. Elle doit aussi sorganiser entre les collectivités elles-mêmes. Cest une des annotations de la réorganisation de la fiscalité locale qui fait suite à la suppression de la taxe professionnelle. Le projet de loi de finances pour 2012, actuellement en cours de discussion, propose donc la création, pour la première fois à léchelle nationale, dun mécanisme de péréquation horizontale, cest-à-dire redistribuant une partie des ressources fiscales des collectivités. Ce fonds national de péréquation des recettes fiscales intercommunales et communales (FPIC), redistribuera 250 millions deuros dès 2012 et atteindra 1 milliard deuros en 2016. Les communes et intercommunalités aux ressources plus faibles et aux charges plus importantes au regard du revenu par habitant seront les bénéficiaires de ce nouveau fonds.
3 Ensemble pour répondre aux attentes de nos concitoyens, ensemble face à la crise, nous sommes enfin ensemble pour moderniser notre organisation territoriale.
Cette modernisation lEtat se lest dabord appliqué à lui-même avant de lappliquer aux autres. Cest assez logique, mais au fait cest assez nouveau.
Cette modernisation passe aussi naturellement, par la réforme des collectivités territoriales dont je rappelle quand même quelle a été votée par le Parlement de la République. Il nétait plus possible que la France vive avec autant niveaux de collectivités exerçant une compétence générale. Dire cela nest faire le procès de personne mais cest dresser un constat que font beaucoup de maires qui ne savent plus à quel saint se vouer pour obtenir une subvention et qui nen peuvent plus des démarches à effectuer et des dossiers à fournir. Cest couteux, cest compliqué, et cela entraîne des délais qui ne correspondent pas à limpératif de rapidité du monde moderne. Et cette modernisation passe aussi par le nouvel élan que nous avons souhaité donner à lintercommunalité.
Personne ne conteste plus aujourdhui lintercommunalité. Personne ne remet en cause quil faille achever la couverture du territoire et accroître les solidarités financières. Personne ne doute que, sans faire des intercommunalités des « supra-communalités » ni remettre en cause leur lien organique avec les communes, il faille consolider leur assise démocratique elles qui, je le rappelle, pèsent, avec 34 milliards deuros de dépenses en 2009, plus lourd que lensemble des régions [28 Md].
Tout le monde comprend aujourdhui que lintercommunalité ne fragilise pas les communes, mais quau contraire elle est le moyen de porter ensemble des projets que chacun aurait du mal à conduire seul. Soyons clairs : si lon fait exception de quelques communes privilégiées par la nature ou par une implantation économique exceptionnelle dont elles voudraient conserver seules le bénéfice, quel maire peut aujourdhui remplir ses missions, répondre aux attentes de sa population sans lintercommunalité ?
Ceci dit, je veux le redire ici très clairement, il na jamais été dans lintention du Gouvernement de faire le « grand soir » de lintercommunalité et, depuis lorigine, la réforme des collectivités territoriales a été placée sous le double signe de la concertation et du pragmatisme.
Concertation, cela signifie que cette réforme ne se fait pas sans la définition dun projet réellement partagé avec les élus.
Vous le savez bien, que le schéma départemental ait été adopté ou non, tout ne sarrêtera pas au 31 décembre prochain.
* dans tous les départements où la procédure délaboration du schéma aura été menée à son terme dici à la fin de lannée, le schéma sera mis en uvre progressivement avec les consultations des communes et les nécessaires adaptations qui seront établies en CDCI ;
* dans les départements où la concertation naura pas permis daboutir à ladoption dun schéma avant la fin de lannée, les préfets poursuivront la concertation. Cest aussi simple que cela. Ils ne mettront en uvre, dans un premier temps, que les projets qui font dores et déjà consensus, et ils soumettront tous leurs projets darrêtés de périmètre à lavis de la CDCI : cest un engagement qua pris le Premier ministre auprès de vous, et que les préfets respecteront. Sur ce sujet, le Premier ministre vous a aussi confirmé quil veillerait à ce que la proposition de loi de Jacques PELISSARD soit inscrite à lordre du jour du Parlement.
En privilégiant la concertation, le Gouvernement fait aussi le choix du pragmatisme.
Ce pragmatisme guide également notre action pour la modernisation du paysage des syndicats. Il ne faut pas, en effet, supprimer ce qui fonctionne. Il ne faut pas, non plus, que retournent aux communes des compétences quelles nont plus les moyens dexercer.
Notre responsabilité, cest de faire de létape dans laquelle nous sommes engagés une avancée sur le chemin de lintercommunalité ou au contraire que la suppression dun petit syndicat qui ne concerne que deux ou trois communes au sein dun CPCI oblige toutes les autres communes à transférer une compétence quelles assurent très bien. Cest une étape, il y en aura dautres. Le monde ne sest pas fait en un jour. Mais sil est une idée centrale dans la réforme, cest bien que la commune en est devenue léchelon de base de votre territoire. Elle, et elle seule conservera demain avec lEtat une compétence générale. Et cest des communes que procède la légitimité des intercommunalités.
Enfin, je ne peux pas parler de modernisation ou de réforme de ladministration sans parler du moratoire des normes, cest-à-dire la nécessaire simplification des textes et obligations qui parfois congestionnent votre action. Linitiative du sénateur DOLIGE est, à ce titre, pertinente. Ladministration a parfois tendance, en effet, à inventer des règles complexes et détaillées. Nous avons depuis 2007 opéré une vraie révolution silencieuse en créant la commission consultative déducation des normes. Désormais, plus aucun texte qui vous concerne ne peut être pris sans concertation avec vous. La Commission consultative dévaluation des normes, est garante que les collectivités, et en premier lieu les communes, nont pas à subir le carcan de règles pointilleuses, superflues ou devenues inutiles.
Mesdames et Messieurs les maires, la vision de laction de lEtat ne doit pas être segmentée. Dans limpulsion voulue par le président de la République, lEtat est présent dans les territoires par une action qui se développe sur un front large : de la politique de la ville à la lutte contre les inondations, du développement durable à la sécurité publique, du logement social au développement économique, lEtat est à vos côtés dans de nombreuses politiques publiques. Bien sûr, ces politiques changent, elles sadaptent à de nouvelles contraintes, mais ces changements ne doivent en rien être pris comme des désengagements de lEtat. Au contraire, toujours, ils sont motivés par la volonté dadapter les fonctions de lEtat au monde moderne. Ils ont pour objet de garantir la présence et la qualité des services rendus. Le conservatisme, nous le savons, nest pas le meilleur gage du maintien de la qualité et même de la présence des services publics.
Pour tout cela, croyez le bien, les politiques que lEtat développe sur le territoire sont toujours conçues avec le souci qui est le vôtre : être au plus près des besoins de nos concitoyens, et par conséquent à vos côtés, vous qui êtes ceux vers lesquels précisément se tournent spontanément les Français parce que vous incarnez la République au quotidien, et que vous en êtes même le visage connu et apprécié.
Dans ces temps où beaucoup regrettent labsence de civisme, votre rôle, votre sens des responsabilités méritent plus que jamais dêtre honoré. Quil me soit permis, en guise de conclusion, au nom du Gouvernement, de vous rendre cet hommage.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 29 novembre 2011
Avant de madresser à vous tous, je voudrais avoir quelques mots particuliers pour votre président.
Jaimerais, en effet, vous adresser, cher Jacques PELISSARD, toutes mes félicitations pour votre réélection à la tête de lAMF.
Ce nouveau mandat vous donne loccasion de continuer luvre entamée il y a plus de vingt ans, lorsque, jeune maire de Lons-le-Saunier, vous avez intégré le comité directeur de lassociation des maires de France. Au-delà de vos qualités éminentes, je me réjouis quen vous reconduisant dans vos fonctions, vos pairs aient fait le choix non seulement de lexpérience, mais aussi de la hauteur de vues. Hauteur de vues que vous avez démontrées, à nouveau cette année, par la qualité de vos travaux, par la bonne tenue de vos débats à la fois sereins et responsables.
Si lAMF est une institution dynamique, à la crédibilité reconnue, on sait, cher Jacques PÉLISSARD, quelle vous le doit pour une bonne part, parce que vous êtes le président de tous les maires.
Lengagement de Jacques PELISSARD est celui de tous les maires. Tous, en effet, dans la diversité de vos communes et de vos engagements, êtes unis par un même souci, celui de servir nos concitoyens et ici à ce congrès, celui de faire entendre la voix de vos collectivités, ces trente-six mille voix qui font la richesse de notre pays.
Et dans cette richesse, permettez-moi, de saluer tout particulièrement les élus ultramarins en cette année 2011, qui est lannée des Outre-mer.
Je nai jamais eu lhonneur de briguer moi-même un mandat local mais je sais, pour avoir arpenté, à vos côtés, comme préfet longtemps, puis comme ministre, quelques mois, nos villes, nos villages, nos territoires, combien votre action est essentielle, combien elle est cruciale.
Opposer lÉtat et les collectivités territoriales est une tentation facile, particulièrement à lapproche de certaines échéances électorales.
Cest une tentation facile, mais ce serait une erreur.
Il ny a pas, dune part, les problèmes de lEtat et, dautre part, les problèmes des collectivités territoriales.
Il ny a pas, dune part, laction et les moyens de lEtat et, dautre part, laction et les moyens des collectivités territoriales.
Nous sommes tous citoyens dun même pays. Par définition, les préoccupations de caractère national celles qui engagent lavenir de la collectivité toute entière prennent le pas sur les autres. Et, par ailleurs, les collectivités locales se portent mal si lEtat se porte mal, et bien sil se porte bien, et lEtat se porte mal si elles se portent mal et bien si elles se portent bien. Et puis, il y a une même exigence de nos concitoyens : que lEtat et les collectivités territoriales se mobilisent chacun dans son domaine de compétence, mais, ensemble, pour répondre à leurs préoccupations de manière claire, efficace et coordonnée. Les Français attendent de nous que nous travaillions ensemble. Cest notre ambition, dans les actions que nous conduisons avec Marie-Luce PENCHARD et Philippe RICHERT.
1 Nous devons travailler ensemble, dabord, à répondre à leurs attentes.
Et je voudrais évoquer, dans mon domaine de responsabilité, lune de ces attentes, lune des principales, qui concerne la sécurité et la tranquillité publiques. Cest un domaine dans lequel nous agissons et devons continuer à agir en complémentarité.
Peu de principes, il est vrai, sont plus profondément ancrés dans notre droit républicain que la coopération de lÉtat et des maires en matière de sécurité, puisque sa nécessité a été établie dès la Révolution [La définition des pouvoirs de police du maire remonte au décret des 16-24 août 1790 faisant suite à la loi municipale du 16 décembre 1789].
Il y a, à cela, une raison très simple : pour produire ses effets partout sur le territoire, la politique de sécurité définie et conduite par le Gouvernement, au niveau national, doit faire lobjet dune adaptation permanente et précise aux différentes réalités locales.
Cest une réalité que je ne cesse de vérifier à loccasion de mes déplacements et que je ne cesse de marteler : que ce soit dans nos villes, dans nos banlieues ou dans nos campagnes, qui font moins parler delles mais qui ont droit aussi à la sécurité, là où la politique volontaire conduite par lÉtat en matière de sécurité est relayée par un engagement clair du maire, la tranquillité et la qualité de vie de nos concitoyens progressent.
Pour vous aider dans cette tâche, lÉtat a mis à votre disposition des outils nombreux et souples :
* je pense, dabord, à la vidéo-protection, dont lÉtat soutient le déploiement dans vos communes (avec un taux de subvention qui peut aller jusquà 50%).
* je pense, également, au rôle pivot que vous a donné la loi du 5 mars 2007 en matière de prévention de la délinquance. Je pense aux CLSPD et je pense aussi aux conseils des droits et des devoirs des familles, qui sont aujourdhui 234, soit un doublement depuis le début de lannée ;
* je pense, enfin, aux polices municipales, dont les missions et léquipement peuvent être adaptés à la situation particulière de chacune de vos communes. En plein essor, ces services souffraient néanmoins, depuis longtemps, dun véritable déficit de reconnaissance. Des initiatives ont été prises pour combler ce déficit. Le Conseil consultatif des polices municipales présidé par lun des vôtres, Christian ESTROSI, a été réactivé.
Mais le Gouvernement ne se contente pas dappuyer votre engagement en faveur de la sécurité de nos concitoyens : il mène, depuis près de dix ans, une politique volontariste pour faire reculer linsécurité.
Cette politique voulue et encouragée par Nicolas SARKOZY porte ses fruits.
En effet, après avoir connu une progression de plus de 17% entre 1997 et 2002, la délinquance a inversement diminué de 17% entre 2002 et 2010, alors même que la population française augmentait sur la même période de plus de 3 millions de personnes.
Cette baisse sexplique, naturellement, par limplication exemplaire des forces de sécurité : non seulement elles traitent plus daffaire, comme le montre laugmentation de 35% des infractions révélées par lactivité des services, mais en plus elles les élucident, mieux comme le souligne la progression de plus de 40% du taux délucidation.
Cet effort de répression des crimes et des délits, nous allons le poursuivre.
Parallèlement, néanmoins, et parce que la tranquillité de nos concitoyens se nourrit aussi de nos efforts pour accroître le sentiment de sécurité de la population, jai souhaité renforcer la visibilité des forces de sécurité sur la voie publique à la fois dans nos villes comme dans nos villages, en zone police comme en zone gendarmerie.
Accroître la présence policière sur le terrain, cest, naturellement, lobjet de la réforme des patrouilleurs qui sappuie sur un plan de mobilisation ambitieux. Elle a permis, daugmenter de plus de 30.000 par mois le nombre de patrouilles sur le terrain, entre juin et septembre.
Mais leffort de présence et de visibilité des forces de sécurité sur le terrain ne doit pas concerner les seules zones police. Il doit bénéficier à lensemble de nos concitoyens et ne négliger aucun territoire. Cest pourquoi, parallèlement à la réforme des patrouilleurs, jai souhaité réaffirmer limportance du maillage des zones rurales par la gendarmerie nationale.
Dans le domaine de la sécurité civile, aussi, nos concitoyens attendent que lÉtat et les collectivités territoriales unissent leurs efforts pour les protéger toujours plus efficacement.
Je voudrais dailleurs avoir, ici, une pensée chaleureuse et solidaire pour ceux dentre vous qui, dans les Alpes-Maritimes, le Var, la Lozère, lHérault, le Gard, lAude, les Pyrénées-Orientales ou la Corse, ont été confrontés au début du mois, ou encore ces derniers jours, à des intempéries exceptionnelles. Et dans ces circonstances, une fois de plus, jai pu observer le total engagement des maires.
Afin de faciliter et de favoriser la reconstruction de ces territoires durement touchés, il a été choisi de recourir à une procédure accélérée pour prendre, seulement quelques jours après les faits, larrêté de catastrophe naturelle qui ouvre les possibilités dindemnisation aux victimes.
Au-delà des mesures prises pour gérer la crise et ses conséquences, ces inondations ont également démontré lutilité pour les communes détablir, en amont, des plans de prévention du risque inondation [PPRI].
Nous ne pouvons rien, bien sûr, contre la fatalité.
En revanche, nous devons lutter de toutes nos forces contre les risques prévisibles ou contre ceux auxquels il est possible de remédier par des mesures de prévention.
Mais votre rôle en matière de sécurité civile ne se limite pas à la prévention et la gestion des secours. Sans vous, le recrutement des sapeurs-pompiers volontaires ne serait pas le même ne serait-ce dailleurs que parce que vous êtes les employeurs de nombre de ces volontaires. Parce que je sais que nous partageons ensemble le souci doffrir un cadre juridique protecteur à lengagement citoyen des sapeurs-pompiers volontaires, je me réjouis avec vous des avancées réalisées cet été sur ce sujet grâce à ladoption par le Parlement de la loi inspirée par le député Pierre MOREL-à-lHUISSIER, par ailleurs inlassable défenseur de lespace rural.
Les attentes de nos concitoyens ont enfin fortement évolué dans les communes rurales.
Sur ces attentes nouvelles, le Gouvernement est lucide et se sent concerné.
Elles sont celles de ce que les experts appellent les « néo-ruraux » ou les « rurbains », souvent des jeunes couples avec enfants, qui viennent chercher dans nos campagnes, non seulement des conditions de logement plus abordables, mais aussi un mode de vie plus équilibré, plus chaleureux et plus authentique. Avec eux nous assistons, et vous êtes confrontés au redoutable défi que représente une demande de services qui est devenue la même quen milieu urbain.
Pour répondre à leurs attentes beaucoup dentre vous sont préoccupés par le maintien dactivités de service public ou de services aux publics de qualité : offre médicale, services postaux, services bancaires, écoles mais aussi offre numérique de qualité.
Mais ne nous y trompons pas. Lenjeu ce nest pas de défendre lorganisation des services publics dhier mais bien de déployer ceux dont nos concitoyens ressentent le besoin aujourdhui.
LEtat est à votre écoute pour vous aider dans cette tâche. Cest tout lenjeu, par exemple, des 260 maisons de santé pluridisciplinaires destinées aux zones les plus en difficulté ou de la forte augmentation du numerus clausus des étudiants en médecine, décidée il y a quelques années par Xavier BERTRAND afin dabsorber le choc des départs des médecins du baby-boom en retraite. Car il faudra mettre des médecins dans ces maisons de santé !
Cest lenjeu, aussi, des 293 pôles dexcellence rurale, dans lesquels lEtat a investi, à ce jour, 870 millions deuros pour vous aider sur des projets conçus et portés par vos territoires. Cest lenjeu, enfin, du programme national de déploiement du très haut-débit destiné à réduire la fracture numérique, qui prévoit 1 milliard deuros de prêts aux opérateurs privés et 900 M de subventions pour les collectivités territoriales.
2 Dans notre mobilisation commune pour répondre aux attentes de nos concitoyens, nous sommes confrontés aux mêmes contraintes. Aujourdhui, nous ne pouvons ignorer la situation économique et financière mondiale et ses répercussions dans notre pays. Ensemble, solidaires, nous ne le sommes pas seulement face aux exigences de nos concitoyens, nous le sommes aussi face à la crise.
En 2008 déjà, aujourdhui à nouveau, lÉtat se mobilise pour soutenir vos collectivités en leur offrant un point dappui solide dans la tourmente.
LEtat a joué un rôle damortisseur de crise. Alors même quil subissait lui-même une baisse importante de ses recettes (50 M ) lEtat a fait un effort financier important. La réforme du FCTVA a ainsi permis de faire bénéficier près de 20.000 collectivités dun versement anticipé représentant une avance en trésorerie denviron 4 milliards deuros.
Je sais que les sujets financiers occupent une large place dans vos préoccupations, et cest bien légitime. Je ne veux donc pas my dérober. Mais je ne veux pas non plus rentrer dans un débat caricatural.
La vérité cest que le financement des collectivités territoriales constitue une responsabilité majeure de lEtat : 100 milliards deuros y seront consacrés en 2012. Cest bien dun pacte républicain quil sagit.
Comme tout pacte, celui qui unit lEtat et les collectivités territoriales au travers de leurs relations financières a ses exigences.
La première exigence, cest celle de la sécurité.
Cest cette exigence de sécurité qui conduit lEtat à garantir le versement de ces transferts financiers, quand bien même ses propres recettes se réduisent, comme en 2009, sous leffet de la crise.
Cest cette exigence de sécurité qui a conduit à apporter à chaque collectivité, dans le cadre de la suppression de la taxe professionnelle, la garantie de ses ressources. Et pour beaucoup de petites communes, dont les bases de la taxe professionnelle, nétaient assurées que par une ou deux entreprises et donc partiellement très volatiles, cette garantie nest pas un vain mot. Et puis, cette réforme, ne loublions pas, est destinée à aider la compétitivité de nos entreprises industrielles, cest-à-dire la pérennité des emplois dans nos communes.
Cest cette exigence de sécurité qui a conduit le Gouvernement, avec lappui de la Caisse des dépôts et consignations, à mobiliser rapidement une enveloppe de 3 milliards deuros, qui sera portée, comme vous la annoncé le Premier ministre à 5 milliards ; cest la réponse adaptée à linsuffisance des financements offerts par les banques aux collectivités territoriales.
La deuxième exigence, cest celle de la responsabilité. Nous devons assurer aux transferts financiers de lEtat vers les collectivités territoriales une évolution compatible avec les objectifs que nous nous fixons pour réduire nos déficits et maîtriser notre endettement.
Hors fiscalité transférée, les transferts financiers de lEtat ont augmenté en moyenne annuelle de 2,3 % en volume entre 2003 et 2010. Compte tenu du contexte particulièrement exigeant pour nos finances publiques, il a été décidé, en mai 2010, le « gel » des concours financiers de lEtat. Ce nest ni plus, ni moins que la règle que lEtat applique à ses propres dépenses. Et, dans les circonstances financières que nous connaissons, cest le partage de lindispensable effort national que nous devons faire.
La troisième exigence, cest celle de la solidarité.
Jai servi la République dans un grand nombre de territoires, et je connais, comme vous, les très grandes inégalités de ressources, et de charges qui marquent nos collectivités. La péréquation remédie à ces inégalités.
Cette péréquation, elle est dabord assumée par lEtat au travers de ses dotations. Depuis 2004, les deux principales dotations de péréquation communale, la dotation de solidarité urbaine et la dotation de solidarité rurale, ont ainsi plus que doublé. En 2012, le total des dotations de péréquation communales dépassera 3 milliards deuros.
Mais cette péréquation ne doit pas concerner les dotations que verse lEtat. Elle doit aussi sorganiser entre les collectivités elles-mêmes. Cest une des annotations de la réorganisation de la fiscalité locale qui fait suite à la suppression de la taxe professionnelle. Le projet de loi de finances pour 2012, actuellement en cours de discussion, propose donc la création, pour la première fois à léchelle nationale, dun mécanisme de péréquation horizontale, cest-à-dire redistribuant une partie des ressources fiscales des collectivités. Ce fonds national de péréquation des recettes fiscales intercommunales et communales (FPIC), redistribuera 250 millions deuros dès 2012 et atteindra 1 milliard deuros en 2016. Les communes et intercommunalités aux ressources plus faibles et aux charges plus importantes au regard du revenu par habitant seront les bénéficiaires de ce nouveau fonds.
3 Ensemble pour répondre aux attentes de nos concitoyens, ensemble face à la crise, nous sommes enfin ensemble pour moderniser notre organisation territoriale.
Cette modernisation lEtat se lest dabord appliqué à lui-même avant de lappliquer aux autres. Cest assez logique, mais au fait cest assez nouveau.
Cette modernisation passe aussi naturellement, par la réforme des collectivités territoriales dont je rappelle quand même quelle a été votée par le Parlement de la République. Il nétait plus possible que la France vive avec autant niveaux de collectivités exerçant une compétence générale. Dire cela nest faire le procès de personne mais cest dresser un constat que font beaucoup de maires qui ne savent plus à quel saint se vouer pour obtenir une subvention et qui nen peuvent plus des démarches à effectuer et des dossiers à fournir. Cest couteux, cest compliqué, et cela entraîne des délais qui ne correspondent pas à limpératif de rapidité du monde moderne. Et cette modernisation passe aussi par le nouvel élan que nous avons souhaité donner à lintercommunalité.
Personne ne conteste plus aujourdhui lintercommunalité. Personne ne remet en cause quil faille achever la couverture du territoire et accroître les solidarités financières. Personne ne doute que, sans faire des intercommunalités des « supra-communalités » ni remettre en cause leur lien organique avec les communes, il faille consolider leur assise démocratique elles qui, je le rappelle, pèsent, avec 34 milliards deuros de dépenses en 2009, plus lourd que lensemble des régions [28 Md].
Tout le monde comprend aujourdhui que lintercommunalité ne fragilise pas les communes, mais quau contraire elle est le moyen de porter ensemble des projets que chacun aurait du mal à conduire seul. Soyons clairs : si lon fait exception de quelques communes privilégiées par la nature ou par une implantation économique exceptionnelle dont elles voudraient conserver seules le bénéfice, quel maire peut aujourdhui remplir ses missions, répondre aux attentes de sa population sans lintercommunalité ?
Ceci dit, je veux le redire ici très clairement, il na jamais été dans lintention du Gouvernement de faire le « grand soir » de lintercommunalité et, depuis lorigine, la réforme des collectivités territoriales a été placée sous le double signe de la concertation et du pragmatisme.
Concertation, cela signifie que cette réforme ne se fait pas sans la définition dun projet réellement partagé avec les élus.
Vous le savez bien, que le schéma départemental ait été adopté ou non, tout ne sarrêtera pas au 31 décembre prochain.
* dans tous les départements où la procédure délaboration du schéma aura été menée à son terme dici à la fin de lannée, le schéma sera mis en uvre progressivement avec les consultations des communes et les nécessaires adaptations qui seront établies en CDCI ;
* dans les départements où la concertation naura pas permis daboutir à ladoption dun schéma avant la fin de lannée, les préfets poursuivront la concertation. Cest aussi simple que cela. Ils ne mettront en uvre, dans un premier temps, que les projets qui font dores et déjà consensus, et ils soumettront tous leurs projets darrêtés de périmètre à lavis de la CDCI : cest un engagement qua pris le Premier ministre auprès de vous, et que les préfets respecteront. Sur ce sujet, le Premier ministre vous a aussi confirmé quil veillerait à ce que la proposition de loi de Jacques PELISSARD soit inscrite à lordre du jour du Parlement.
En privilégiant la concertation, le Gouvernement fait aussi le choix du pragmatisme.
Ce pragmatisme guide également notre action pour la modernisation du paysage des syndicats. Il ne faut pas, en effet, supprimer ce qui fonctionne. Il ne faut pas, non plus, que retournent aux communes des compétences quelles nont plus les moyens dexercer.
Notre responsabilité, cest de faire de létape dans laquelle nous sommes engagés une avancée sur le chemin de lintercommunalité ou au contraire que la suppression dun petit syndicat qui ne concerne que deux ou trois communes au sein dun CPCI oblige toutes les autres communes à transférer une compétence quelles assurent très bien. Cest une étape, il y en aura dautres. Le monde ne sest pas fait en un jour. Mais sil est une idée centrale dans la réforme, cest bien que la commune en est devenue léchelon de base de votre territoire. Elle, et elle seule conservera demain avec lEtat une compétence générale. Et cest des communes que procède la légitimité des intercommunalités.
Enfin, je ne peux pas parler de modernisation ou de réforme de ladministration sans parler du moratoire des normes, cest-à-dire la nécessaire simplification des textes et obligations qui parfois congestionnent votre action. Linitiative du sénateur DOLIGE est, à ce titre, pertinente. Ladministration a parfois tendance, en effet, à inventer des règles complexes et détaillées. Nous avons depuis 2007 opéré une vraie révolution silencieuse en créant la commission consultative déducation des normes. Désormais, plus aucun texte qui vous concerne ne peut être pris sans concertation avec vous. La Commission consultative dévaluation des normes, est garante que les collectivités, et en premier lieu les communes, nont pas à subir le carcan de règles pointilleuses, superflues ou devenues inutiles.
Mesdames et Messieurs les maires, la vision de laction de lEtat ne doit pas être segmentée. Dans limpulsion voulue par le président de la République, lEtat est présent dans les territoires par une action qui se développe sur un front large : de la politique de la ville à la lutte contre les inondations, du développement durable à la sécurité publique, du logement social au développement économique, lEtat est à vos côtés dans de nombreuses politiques publiques. Bien sûr, ces politiques changent, elles sadaptent à de nouvelles contraintes, mais ces changements ne doivent en rien être pris comme des désengagements de lEtat. Au contraire, toujours, ils sont motivés par la volonté dadapter les fonctions de lEtat au monde moderne. Ils ont pour objet de garantir la présence et la qualité des services rendus. Le conservatisme, nous le savons, nest pas le meilleur gage du maintien de la qualité et même de la présence des services publics.
Pour tout cela, croyez le bien, les politiques que lEtat développe sur le territoire sont toujours conçues avec le souci qui est le vôtre : être au plus près des besoins de nos concitoyens, et par conséquent à vos côtés, vous qui êtes ceux vers lesquels précisément se tournent spontanément les Français parce que vous incarnez la République au quotidien, et que vous en êtes même le visage connu et apprécié.
Dans ces temps où beaucoup regrettent labsence de civisme, votre rôle, votre sens des responsabilités méritent plus que jamais dêtre honoré. Quil me soit permis, en guise de conclusion, au nom du Gouvernement, de vous rendre cet hommage.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 29 novembre 2011