Image principale 1
Image principale 1
© Fottoo - stock.adobe.com

Le traitement des matières et des déchets radioactifs dans les discours publics

Temps de lecture  7 minutes

Par : La Rédaction

La question du devenir des matières et des déchets de l’industrie nucléaire se pose depuis de longues années. Vie-publique.fr vous propose de relire une sélection de discours publics sur le sujet de la gestion et du stockage des déchets radioactifs.

Face à la saturation des centres de stockage et aux problématiques environnementales liées à la gestion des déchets radioactifs, les solutions mises en œuvre ou programmées font l’objet de nombreuses évaluations scientifiques. 

Ces sujets ont été placés au cœur de l'élaboration de la cinquième édition du plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR) dont le rapport de préparation avait été remis en mars 2022.

De la fin du 19e siècle à l’aube de la 2e Guerre mondiale, de grandes découvertes ont favorisé la recherche sur l’énergie nucléaire.

Découverte de la radioactivité, du polonium et du radium puis de la fission de l’uranium.

En 1945, le général de Gaulle crée le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avec un objectif.

Relancer les recherches sur l’énergie atomique dans le secteur de la défense mais aussi de l’industrie et de la science.

Un programme électronucléaire débute en 1952 avec le lancement d’une première série de centrales.

En 1973, le premier choc pétrolier incite la France, très dépendante des énergies fossiles, à se doter d’une importante industrie nucléaire.

Plusieurs dizaines de centrales sont construites pour assurer l’approvisionnement électrique de la France.

Dans les années 1970, les premiers mouvements antinucléaires alertent sur les risques environnementaux et sanitaires.

En 1986, l’explosion d’un réacteur à Tchernobyl (Ukraine) provoque un nuage radioactif qui se répand sur une grande partie de l’Europe.

En 2001, est créé l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) chargé d’apporter son expertise sur les risques nucléaires et radiologiques.

En 2006, la loi relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire crée l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité indépendante.

Plusieurs lois en 1991 et 2006 cherchent à encadrer la gestion et le stockage des déchets radioactifs.

En 2011, l’accident de Fukushima (Japon) relance le débat sur la sécurité des centrales et sur l’avenir de la filière électronucléaire.

La question de la durée de vie des installations nucléaires se pose.

La France possède 56 réacteurs dont la prolongation dépend de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Après de multiples retards, le réacteur EPR de troisième génération situé à Flamanville (Manche) doit être mis en service fin 2022.

À Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne centrale encore en service a été mise à l’arrêt en 2020, après plus de 40 ans de fonctionnement.

En 2018, la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production électrique d'ici 2035.

Choix de l'énergie nucléaire

Le choix du nucléaire comme pilier de la production d’électricité en France a été fait à la suite de la crise pétrolière en 1973. Si le nucléaire est une énergie décarbonée, cette source d'énergie produit néanmoins des matières et des déchets radioactifs. Il s'agit donc de produire le moins possible de déchets et de les gérer au mieux afin qu’ils altèrent le moins possible l'environnement.

Gestion des matières et des déchets radioactifs

La "matière radioactive" représente, au sens de l’article L542-1-1 du code de l'environnement, la substance radioactive pour laquelle une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée (le cas échéant après traitement). En revanche, le "déchet radioactif" est une substance radioactive pour laquelle aucune utilisation ultérieure n’est prévue ou envisagée.

Trois axes de gestion sont fixés par les textes qui encadrent la gestion des éléments radioactifs de moyenne et de haute activité à vie longue :

1. l'entreposage en surface offre une solution temporaire en attendant la transmutation ou le stockage des déchets radioactifs en profondeur. Or, les sites existants arrivent bientôt à saturation.

2. la séparation-transmutation est une technique qui permet de séparer, au sein du combustible nucléaire usé, les éléments potentiellement réutilisables tels que l'uranium et le plutonium, en utilisant des réacteurs.

3. le stockage en couche géologique profonde est une solution pérenne pour les déchets radioactifs ultimes ne pouvant être stockés en surface ou en faible profondeur, pour des raisons de sûreté nucléaire ou de radioprotection.

Recherche autour du traitement des déchets radioactifs à vie longue

Les déchets à vie longue représentent 10% du volume total des déchets pour 99,9% de la radioactivité totale. Ces déchets sont conditionnés et entreposés par leurs producteurs, dans l’attente d’un site de stockage définitif.

L’enfouissement dans des couches géologiques profondes étant considéré comme la solution la plus pertinente, des études géologiques sont menées dès les années 1980 pour choisir un lieu de stockage sûr. Devant les fortes protestations locales formulées à l'encontre de ces projets, le député Christian Bataille fut chargé par le Premier ministre de rédiger en 1990 un rapport d’évaluation sur les différentes voies de recherche empruntées pour assurer la gestion de ces déchets.

Pour répondre à ces questions, la loi du 30 décembre 1991 appelée "Loi Bataille" relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs est adoptée. Elle est modifiée et complétée par la loi du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs.

Projet de stockage Cigéo à Bure

La loi du 25 juillet 2016 précise les modalités de création d'une installation de stockage réversible en couche géologique profonde. La mise en service du projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique pour les déchets) de l’Andra, situé en Meuse/Haute-Marne est prévue pour 2035.

Ce projet suscite une forte opposition de la part de la population locale et d’associations écologistes qui craignent une contamination radioactive des eaux et des sols. Le site de Cigéo devrait accueillir, après essais approfondis dans le laboratoire de recherche souterrain de Bure-Saudron, les déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL) existants et à venir. Le 8 juillet 2022 est paru au Journal officiel le décret reconnaissant d'utilité publique le projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires.