Qu'est-ce que l'État-providence ?

Protection sociale

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L’essentiel

  • L’État-providence est couramment opposé à l’État-gendarme, qui limite l'action de l’État aux fonctions régaliennes (justice, police, défense, monnaie, etc.).
  • Le système français de protection sociale vise à prémunir la population contre les risques sociaux (santé, vieillesse, famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion sociale, dépendance). 

En détail

L'État-providence désigne :

  • au sens large, l’ensemble des interventions économiques et sociales de l’État ;
  • dans un sens plus restreint, uniquement l’intervention de l’État dans le domaine social, qui vise à assurer un niveau minimal de bien-être à la population, en particulier à travers le système de protection sociale.

On oppose couramment cette notion à celle de "l’État-gendarme", qui limite le rôle de l’État à des fonctions régaliennes (du ressort exclusif de l’État : justice, police, défense nationale, diplomatie...).

L'expression aurait été employée pour la première fois en 1864 par le député Émile Ollivier. Il rejetait le développement de l’intervention de l’État, qu'il jugeait négatif et opposait aux solidarités traditionnelles (famille, communautés, corporations...). Les réflexions sur ce sujet ont évolué à la suite de la création :

  • des premiers systèmes d’assurance sociale mis en place à la fin du XIXe siècle, notamment le système de Bismarck en Allemagne ;
  • du système d'assistance sociale mis en place en Grande-Bretagne, inspiré d'un rapport de William Beveridge (publié en 1942), et influencé par les idées de l’économiste John Maynard Keynes.

En France, la première loi en matière d'assurance voit le jour dès la fin du XIXe siècle, prévoyant la réparation des accidents du travail (1898). Deux lois de 1928 et de 1930 sur les assurances sociales instaurent une couverture obligatoire des risques vieillesse, maladie, maternité, décès et invalidité pour les salariés dont la rémunération ne dépasse pas un certain plafond.

La mise en place d’un État-providence en France s'est réellement concrétisée après la Seconde Guerre mondiale, par la création de la sécurité sociale (ordonnances du 4 et du 19 octobre 1945). Les systèmes de protection sociale se généralisent et une politique de redistribution des revenus, par le biais de prélèvements obligatoires, est engagée.

Le système français de protection sociale conjugue aujourd'hui les dimensions d’assistance et d’assurance sociales, et protège de différents "risques" (santé, vieillesse, famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion sociale, dépendance).

Depuis la fin des années 1970, on parle de "crise de l'État-providence". Le ralentissement de la croissance, la montée du chômage et les difficultés de financement de la protection sociale remettent en cause son efficacité et sa capacité d'adaptation aux nouveaux besoins sociaux (exclusion, vieillissement démographique). Malgré ces difficultés, l’État-providence demeure un garant de la cohésion sociale.

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